La grève des incinérateurs de déchets va peser sur les impôts

Depuis le 23 janvier, les incinérateurs sont à l'arrêt. En région parisienne, les poubelles s'accumulent, et la facture va être lourde pour le contribuable.

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Depuis le premier week-end de février, la grève fait déborder les poubelles à Paris, comme ici dans le 20e arrondissement.

Depuis le premier week-end de février, la grève fait déborder les poubelles à Paris, comme ici dans le 20e arrondissement.

© Marie Magnin / Hans Lucas

Temps de lecture : 3 min

Des poubelles pleines qui attendent désespérément d'être vidées, des sacs qui s'accumulent sur les trottoirs… Depuis le premier week-end de février, il faut slalomer entre les déchets pour marcher dans certains arrondissements de la capitale. La mairie pointe du doigt la grève du personnel des incinérateurs contre la réforme des retraites, qui dure depuis le 23 janvier.

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Depuis cette date, six des sept fours d'Issy-les-Moulineaux, Ivry-sur-Seine et Saint-Ouen, permettant de détruire les 6 000 tonnes quotidiennes des habitants de Paris et de la petite couronne, sont restés à l'arrêt. Le Syctom, qui gère le traitement des déchets, a dû envoyer une partie de ses poubelles à des incinérateurs voisins d'Île-de-France, et surtout en enfouir une bonne partie en décharge. « Une catastrophe écologique », comme il l'expliquait au Point.

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Paris a pris du retard dans la collecte

Mais cette solution n'a duré qu'un temps : les fosses permettant de décharger les camions-poubelles en attendant de renvoyer, dans des camions à la contenance plus importante, les déchets à l'enfouissement se sont vite retrouvées pleines. À la demande du Syctom, la préfecture a réquisitionné, vendredi 31 janvier, du personnel pour gérer ces fosses, et permettre aux camions de continuer de venir vider leurs déchets et de ramasser les poubelles des habitants.

À Paris, pourtant, elles ont continué de déborder la semaine suivante. « Depuis la réquisition de vendredi, les 84 autres communes qui dépendent du Syctom ont ramassé leurs poubelles sans problème », fait remarquer Jacques Gautier, président du gestionnaire. Du côté de la mairie, on reconnaît que les trajets plus longs imposés aux camions-poubelles pour rejoindre les sites en fonctionnement, et la file d'attente pour les décharger, ont « énormément retardé » la collecte dans certains arrondissements.

« Les poubelles à Paris, c'est 3 000 tonnes par jour, et chaque jour de retard a un impact sur le suivant », explique Paul Simondon, adjoint à la maire de Paris chargé de la propreté. Sans compter que, depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites en décembre, les garages ont parfois été bloqués, et les agents en grève. « À chaque fois, on demande l'intervention des forces de l'ordre pour débloquer. On le fait pour le côté sanitaire, mais en aucun cas ce n'est une réponse au niveau social », précise-t-il, ajoutant avoir « demandé à l'État de prendre ses responsabilités, puisque c'est un mouvement qui le concerne ».

Quarante bennes supplémentaires et des équipes de nuit ont été déployées pour résorber le retard, assure Paul Simondon. Une nouvelle réquisition du préfet, qui permet le redémarrage des deux fours d'Issy-les-Moulineaux, devrait aider en prenant en charge 1 800 tonnes de déchets par jour.

Une facture de 10 millions d'euros

Après la question sanitaire viendra celle de la facture. Le Syctom a alerté dès le début de la grève : elle va coûter cher. Entre le surcoût pour l'enfouissement des déchets et le manque à gagner – les incinérateurs vendent la chaleur produite au réseau de chauffage urbain –, « la grève nous aura coûté 10 à 11 millions d'euros en deux semaines, assure Jacques Gautier. C'est l'argent du contribuable. L'an prochain, on va renoncer à des investissements, mais il faudra augmenter la taxe d'enlèvement des ordures ménagères ».

Lire aussi Comment la CGT ruine la France

« On veut étouffer le mouvement, qui rend visible une contestation [contre la réforme des retraites, NDLR] devenue moins visible, mais qui est toujours soutenue », dénonce de son côté Julien Lambert, de la CGT-Énergie, qui s'étonne de « la vitesse de la deuxième réquisition ». « Ça n'enlèvera pas la détermination des grévistes », prévient-il. La suite du mouvement, pour le moment voté jusqu'au vendredi 7 février à 22 heures, dépendra de l'évolution de la situation. « Si tout le monde est réquisitionné d'ici là, on devra changer de manière de faire, mais on sait être innovants pour manifester. »

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Commentaires (43)

  • jpljpl

    Ce pourrait être une très belle ville mais en réalité c'est une ville repoussante ! Je déteste !

  • chakras

    Un collectif ne pourrait attaquer la ville pour non respect des normes d hygiène?

  • MAHAKHALA

    UNE SECTE DONT LA SEULE VOCATION EST D'OBTENIR TOUJOURS PLUS POUR DES PRIVILÉGIÉS

    par la menace et la prise en otage de millions de français pas autant privilégiés