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La France : 15 % des dépenses sociales mondiales

Par Julien Damon (sociologue, chroniqueur aux « Echos »)

Publié le 13 oct. 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

La France est hypersocialisée et hyperendettée. Le constat sonne rabâché et les controverses à ces deux sujets ressassées. Une manière originale de présenter les problèmes est de souligner les proportions, en se comparant à l'échelle du monde. Il ne s'agit pas de fournir ici de nouvelles données détaillées (elles abondent) mais de fixer les idées (qui importent davantage). Si, dit-on, on pourrait faire dire n'importe quoi aux chiffres, ce n'est pas vrai des ordres de grandeur.

Les agences internationales (Banque mondiale et FMI aux premiers rangs) compilent, agrègent, analysent, critiquent. Les appareils statistiques recueillent des informations toujours plus fournies. Situer la France ne nécessite pas de l'économétrie ou de la comptabilité publique élaborées. Pour un ordre d'idées, la règle de trois demeure un excellent outil.

La France, avec ses 65 millions d'habitants, compte donc environ pour 1 % de la population humaine. Le PIB mondial, en 2011, est d'environ 50.000 milliards d'euros. Le PIB français, avec ses 2.000 milliards, s'élève donc à 4 % du PIB mondial. Voilà. Ce n'est pas compliqué. On pourrait raffiner, pour davantage de rigueur et des précisions après la virgule, mais cela ne changerait pas grand-chose à cette proportion de 4 %, d'ailleurs très stable depuis les années 1950.

Plus innovante, l'Organisation internationale du travail estime, dans un captivant travail récent, que les dépenses sociales représentent, au total, dans le monde 9 % de ce PIB. Donc, en gros, 4.500 milliards d'euros passent en dépenses sociales. Il s'agit là de retraites, d'assurance-chômage, d'accidents du travail, de prestations familiales, de couverture santé, etc.

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La France se situe au premier rang mondial (ou dispute ce titre avec le Danemark) en ce qui concerne la part de sa richesse nationale affectée à la protection sociale. On tourne autour de 33 % du PIB. En 2011, ce sont 670 milliards d'euros, soit 15 % des 4.500 milliards de dépenses sociales mondiales. Bien des précisions et révisions pourraient être apportées, mais l'ordre de grandeur est assez clair. Dans l'absolu, rien ne permet de tirer immédiatement de ce constat qu'il y a trop en France et pas assez ailleurs, ou bien pas assez ailleurs et juste ce qu'il faut en France. Cependant, pour se faire une religion, il est bon de connaître ces proportions...

Il est aussi possible de se surprendre avec l'endettement public. En 2011, l'endettement public mondial se monte à 35.000 milliards d'euros. Avec ses presque 2.000 milliards (l'équivalent de son PIB), la France ne compte que pour 6 % de la dette publique mondiale (contre 26 % pour les Etats-Unis, ou 24 % pour le Japon). Nous semblons donc, relativement, bien plus socialement dépensiers que publiquement surendettés. Naturellement, tout est dans la qualité, le contenu et l'orientation, de la dépense sociale (compensation ou investissement) comme de la dette publique (selon qu'elle est ou non détenue par des nationaux). L'image qui ressort de ces rapides règles de trois a toutefois de quoi surprendre. Moins de 1 % de la population mondiale consomme et finance (ce sont deux façons complémentaires de voir la question) environ 15 % de la protection sociale mondiale, tout en devant rembourser 6 % de la dette publique totalisée dans le monde. La statistique est certainement moins pesante que la situation.

Julien Damon

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