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Bruno Le Maire révise la croissance 2024 à la baisse à 1 % et met l'Etat à la diète

Le ministre de l'Economie et des Finances table désormais sur une hausse de 1 % du PIB cette année, loin des 1,4 % avancés jusque-là. Il a confirmé un plan d'économies de 10 milliards d'euros cette année.

Bruno Le Maire, Ministre de l'Economie et des Finances.
Bruno Le Maire, Ministre de l'Economie et des Finances. (Alexandra Bonnefoy/REA)

Par Nathalie Silbert, Isabelle Ficek

Publié le 18 févr. 2024 à 20:22Mis à jour le 19 févr. 2024 à 10:21

L'heure de vérité a sonné. Invité ce dimanche soir au journal télévisé de TF1, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a dévoilé le nouveau chiffre de la croissance attendu par le gouvernement pour la France en 2024. Il table désormais sur une hausse de 1 % du PIB cette année, loin des 1,4 % avancés jusque-là.

Pour le gouvernement, il devenait urgent de corriger le tir. « Plus vite on est sincère, mieux c'est », reconnaissait avant le week-end un conseiller gouvernemental alors que les institutions internationales ont toutes revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour l'Hexagone ces derniers temps.

Objectif de déficit maintenu à 4,4 % du PIB

Après le Fonds monétaire international qui est passé de 1,3 % à 1 %, la Commission européenne a dégradé son objectif de 0,3 point la semaine dernière pour le ramener à 0,9 %, un chiffre similaire à celui envisagé par la Banque de France. Plus pessimiste, l'OCDE n'attend plus qu'une hausse de 0,6 % du PIB cette année en France.

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De fait, depuis le second semestre 2023, l'activité économique dans l'Hexagone stagne. Pourtant, la France a démarré l'année 2024 avec un acquis de croissance limité à 0, 1 %. Et les prochains mois s'annoncent moroses. « L'économie française résiste mieux que les économies des autres pays développés », a néanmoins souligné Bruno Le Maire, justifiant la révision par « le nouveau contexte géopolitique » et « une croissance qui ralentit un peu partout dans le monde avec des révisions significatives au Royaume-Uni, en Allemagne et encore plus en Chine. »

La révision des ambitions françaises complique sérieusement l'équation de Bercy. « Moins de croissance, c'est moins de recettes fiscales », insiste-t-il. Déjà confronté à un exercice 2023 qui s'est passé moins bien que prévu, le ministre de l'Economie ne remet pas en cause l'objectif de rétablir les finances publiques dès cette année en ramenant le déficit à 4,4 % du PIB. Mais la marche va être un peu plus haute. Ce d'autant que la facture s'est alourdie ces derniers jours avec de nouvelles aides promises aux agriculteurs, aux entreprises du BTP, etc.

Pour tenir la feuille de route, Bruno Le Maire a confirmé ce dimanche le lancement d'un plan d'économies, à hauteur de 10 milliards d'euros dès cette année comme le révélaient « Les Echos » début février. Celles-ci seront exclusivement réalisées par l'Etat. « La voie […] du courage et de la responsabilité », a-t-il plaidé, rejetant au passage la « voie de la facilité » qui aurait été celle des hausses d'impôts.

Annulation de crédits

Dans le détail, via deux décrets qui seront pris dans les prochains jours, des annulations de crédit à hauteur de 5 milliards d'euros vont être engagées dans tous les ministères, tandis que les 5 autres milliards d'économies seront trouvées dans les politiques publiques. Entre autres, les opérateurs de l'Etat - France Compétence, Business France, l'Agence nationale de la cohésion des territoires, le CNES, etc. - seront mis à contribution à hauteur de 1 milliard d'euros. Par ailleurs, l'aide publique au développement sera réduite de 800 millions d'euros.

Enfin, les montants dévolus à MaPrimRenov'passeront de 3,5 milliards d'euros en 2023 à 4 milliards cette année, au lieu des 5 milliards initialement envisagés.

La partition est compliquée. Bruno Le Maire doit faire vite alors qu'au printemps, les agences de notation seront appelées à rendre un nouveau verdict sur la dette hexagonale. C'est en tout cas un dossier qui donne des sueurs froides à l'exécutif. Une dégradation de la note tricolore juste avant les élections européennes en juin prochain serait du plus mauvais effet.

Depuis plusieurs jours, l'hôte de Bercy préparait les esprits à cette dégradation. « Après le Covid, la relance, la sortie de l'inflation, notre sujet maintenant, souligne un ministre, c'est de retrouver des finances saines, sinon va dans le mur. Le plus dur est devant nous. »

Après les élections européennes

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Le gouvernement, après plusieurs réunions au sommet ces derniers jours à l'Elysée comme à Matignon entre le Premier ministre Gabriel Attal et Bruno Le Maire, a pour l'instant décidé de ne pas en passer par un collectif budgétaire. « Je me garde la possibilité d'un projet de loi de finances rectificative à l'été prochain en fonction de la conjoncture et de l'évolution des taux d'intérêt », a indiqué néanmoins l'hôte de Bercy. Soit après les élections européennes.

La question avait été discutée lors du premier séminaire du gouvernement Attal au complet. Après une longue présentation par Bruno Le Maire d'une situation moins bonne que prévu, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait mis en garde contre les risques politiques d'un collectif budgétaire, avec un 49.3 inévitable à la clé et une motion de censure extrêmement périlleuse. « Il ne faut pas donner aux oppositions la bonne excuse pour nous faire prendre la sortie d'autoroute, elles n'attendent que ça », rapporte un poids lourd du gouvernement.

Nathalie Silbert et Isabelle Ficek

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