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Coronavirus : la France tente de modifier sa stratégie de dépistage

Depuis que l'épidémie de coronavirus est déclarée, la France privilégie une politique combinant confinement et tests ciblés. L'élargissement de la détection souhaité aujourd'hui par le gouvernement risque de se heurter au manque de moyens.

Limitée dans sa capacité de diagnostics, la France mène des tests ciblés, mais cherche à monter en puissance dans le dépistage.
Limitée dans sa capacité de diagnostics, la France mène des tests ciblés, mais cherche à monter en puissance dans le dépistage. (Quentin Top/Sipa)

Par Nathalie Silbert, Solveig Godeluck

Publié le 24 mars 2020 à 06:02Mis à jour le 24 mars 2020 à 09:20

« Testez, testez, testez ! » Alors que la pandémie s'étend , le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé la semaine dernière à tous les Etats de dépister massivement les malades du coronavirus. « La France doit désormais suivre cette voie et faire évoluer rapidement sa capacité de dépistage », a reconnu samedi le ministre de la Santé, Olivier Véran, ouvrant la voie à un changement de stratégie.

En France, 60.000 diagnostics Covid-19 ont été réalisés depuis le début de la crise. La capacité est d'environ 5.000 tests par jour, selon Olivier Véran, mais elle va « monter en puissance, c'est un impératif de santé publique », pour « être en mesure de multiplier les tests au moment de la levée du confinement ». En comparaison, la Corée du Sud et l'Allemagne ont développé une capacité plus de deux fois supérieure par jour, qui leur a permis d'isoler en amont un grand nombre de porteurs de virus, ce qui a contribué à circonscrire la mortalité.

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Après avoir été critiqué sur le manque de masques , Olivier Véran doit désormais se défendre face aux accusations de rationnement de tests diagnostics. « Nous avons fait un usage rationnel, raisonnable et raisonné » de ces outils, a-t-il argumenté, en rappelant qu'au stade pré-épidémique, l'ensemble des « cas-contacts » des patients Covid-19 avaient été dépistés, et même l'ensemble des malades en réanimation avec des troubles respiratoires.

Depuis le stade épidémique, les tests sont réservés aux publics âgés ou à risque, et à la détection de nouveaux foyers infectieux. « Il ne faut pas dépister systématiquement, mais baser le suivi sur des symptômes. Car on mobilise des professionnels de santé pour prélever et des réactifs pour réaliser les tests », a-t-il expliqué.

Dépendance aux importations

Au stade 4, celui de la levée du confinement, il faudra réaliser beaucoup plus de tests quotidiennement. Un arrêté a été pris, le 7 mars 2020, pour habiliter les laboratoires de ville, en plus des centres hospitaliers. « Tous les laboratoires ne sont pas en mesure de le faire, prévient cependant le Dr Claude Cohen, président du Syndicat national des médecins biologistes. Il faut avoir des installations de type P2 et des masques pour protéger les personnels. » En Ile-de-France, l'Agence régionale de santé est seulement en train d'établir la liste des structures habilitées.

De plus, il faut produire ces tests. Or la France est pour l'heure limitée par sa dépendance aux importations des réactifs, faute de production nationale. La Chine et les Etats-Unis figurent parmi ses principaux fournisseurs. Mais « la machine de production s'est arrêtée en Chine et les Etats-Unis les gardent pour eux », a expliqué le président du comité scientifique, Jean-François Delfraissy, dans « Le Monde ».

« Nous ne demandons pas forcément un dépistage plus massif. Mais nous voulons au moins avoir les moyens de répondre à la demande », indique Morgane Moulis, vice-présidente du syndicat des jeunes biologistes médicaux.

Pénurie sur le terrain

« La semaine dernière, j'ai pu faire 200 tests. Mais il m'en aurait fallu de 200 à 300 supplémentaires. Aujourd'hui, c'est plus précieux que l'or. On les reçoit au compte-gouttes », confirme Pierre-Adrien Bihl, membre du même syndicat et responsable de la microbiologie au laboratoire Biorhin, à Mulhouse. Selon lui, « les matériels de prélèvement commencent eux aussi à manquer ». « L'un des fournisseurs, Copan, est une société italienne dont les usines sont à l'arrêt. Et Becton Dickinson doit actuellement fournir en priorité le marché américain ».

Sur le terrain, des initiatives originales commencent toutefois à voir le jour. Pour éviter les interactions avec les patients souffrant de pathologies autres que le coronavirus, des laboratoires de ville ont créé des « drive corona », à l'image de celui inauguré vendredi à Lisses, en Essonne, où les particuliers sont dépistés depuis leur voiture.

« Plus on teste, plus on a des chances d'avoir les vrais chiffres de personnes infectées et donc, la capacité de décider d'isoler de façon sélective », estime le Dr Pierre-Adrien Bihl, interrogatif sur la capacité de la France à s'engager dans cette voie.

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VIDEO. Vu du ciel, l'impact du coronavirus est très visible

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>>> La France face à l'épidémie de coronavirus. Quelle est la situation épidémiologique ? Quelles sont les mesures décidées pour limiter la propagation ? Pour soutenir l'économie ? Réponses ici dans le dossier spécial des « Echos » .

Nathalie Silbert et Solveig Godeluck

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