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Coronavirus : à Pékin, le débat monte sur l'ampleur de la relance économique

Tous les économistes s'attendent à ce que le gouvernement chinois multiplie les mesures de soutien dans les semaines à venir. Alors que la reprise de la production reste la priorité, plusieurs d'entre eux appellent à des mesures en faveur de la consommation.

Face à la crise, la banque centrale chinoise a très vite réagi en utilisant une panoplie d'instruments monétaires et injectant plus de 200 milliards d'euros de liquidités dans le système bancaire dans l'espoir de faciliter l'octroi de crédits et prêts spéciaux aux PME.
Face à la crise, la banque centrale chinoise a très vite réagi en utilisant une panoplie d'instruments monétaires et injectant plus de 200 milliards d'euros de liquidités dans le système bancaire dans l'espoir de faciliter l'octroi de crédits et prêts spéciaux aux PME. (Koki Kataoka/AP/SIPA)

Par Frédéric Schaeffer

Publié le 3 mars 2020 à 11:13Mis à jour le 3 mars 2020 à 16:37

« Je n'ai jamais eu de vacances aussi longues de ma vie, explique Xiaoping, patron d'un salon de coiffure à Changzhou, dans la province chinoise du Jiangsu. Je n'ai pas été autorisé à rouvrir avant le 25 février et, depuis, je n'ai pas plus de 5 clients par jour. Je peux tenir encore deux mois comme ça, mais, après, cela sera très dur. »

Des millions de petites entreprises menacées

Des millions de TPE et PME sont menacés de faillite en Chine alors que la reprise du travail reste difficile et que les Chinois rechignent à sortir consommer par peur du virus. Seules 30 % des PME ont repris leur activité, indiquait le ministère de l'Industrie en début de semaine dernière. Un coup dur, sachant que ces dernières représentent 60 % de l'économie chinoise.

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Face à cette menace de crise économique et sociale, Pékin multiplie depuis un mois les mesures de soutien du côté de l'offre. La Banque centrale a très vite réagi, utilisant une panoplie d'instruments monétaires et injectant plus de 200 milliards d'euros de liquidités dans le système bancaire dans l'espoir de faciliter l'octroi de crédits et prêts spéciaux aux PME. Depuis, le gouvernement chinois a aussi encouragé les provinces et municipalités qui le peuvent à procéder à des reports de taxes, de cotisations d'assurance sociale ou encore a demandé aux bailleurs de faire preuve de souplesse dans la perception de loyers pour tenter d'apporter un peu d'oxygène à des entreprises privées généralement peu aidées par les grandes institutions bancaires d'Etat.

Soutenir la consommation

Alors que la Chine vient de publier des indicateurs avancés (PMI) témoignant en février d'un choc comparable à celui de la crise financière de 2008 , tous les économistes s'attendent à ce que Pékin multiplie les mesures de soutien dans les semaines à venir. Mais le débat monte sur l'ampleur du stimulus et sur les leviers d'actions possibles. Si la priorité reste la reprise de la production, Cao Heping, professeur à l'Université de Beida à Pékin, appelle à prendre des mesures en faveur de la consommation, premier moteur de la croissance chinoise et « relativement le plus facile à améliorer ».

Même son de cloche du côté des économistes de Société Générale : « Jusqu'à présent, une grande partie du soutien politique a été consacrée à la réduction des coûts des entreprises et à l'octroi d'aides pour leur survie. C'est la bonne approche lorsque le problème principal est une rupture de l'approvisionnement. Cependant, une fois qu'il devient clair que la demande, à la fois l'investissement et la consommation, est trop lente à se relancer - ce qui semble de plus en plus le danger -, nous pensons que les décideurs politiques déploieront rapidement un plan de stimulation de la demande », écrivent-ils dans une note récente

Peu de marges de manoeuvre

Mais de quelle marge de manoeuvre dispose Pékin ? Si les prochains indicateurs sont aussi mauvais, « la Chine devra envisager un plan de relance massif qui pourrait excéder 4.000 milliards de yuans (574 milliards de dollars) annoncés en 2008 », explique un éditorialiste dans le journal officiel anglophone « Global Times ». Tao Wang, chez UBS, est bien plus prudent : « Nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement chinois envisage de faire « tout ce qu'il faut » pour atteindre un taux de croissance prédéterminé, contrairement à ce que croient les marchés ».

Le gouvernement chinois dit espérer une reprise rapide de l'activité en « V ». Mais confronté à une dette galopante , Pékin n'a pas la même marge de manoeuvre qu'en 2008.

Frédéric Schaeffer (Correspondant à Pékin)

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