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Décryptage

Aux Pays-Bas, l'extrême droite de Geert Wilders à l'épreuve de la normalisation

Arrivé en tête des législatives de novembre, Geert Wilders tente de former une coalition de gouvernement avec trois autres partis de la droite et du centre. Les négociations sont difficiles, même si Wilders a mis en sourdine ses propositions les plus extrêmes.

Le PVV de Geert Wilders est arrivé en tête des législatives du 22� novembre avec plus de 23 % des voix.
Le PVV de Geert Wilders est arrivé en tête des législatives du 22 novembre avec plus de 23 % des voix. (Yves Herman/Reuters)

Par Vincent Collen

Publié le 8 janv. 2024 à 09:00Mis à jour le 8 janv. 2024 à 14:10

Aux Pays-Bas, même les politologues les plus aguerris ont été surpris. Le PVV, parti d'extrême droite dirigé par Geert Wilders, est arrivé en tête aux élections législatives le 22 novembre dernier. Avec plus de 23 % des voix, il a fait nettement mieux que ce que laissaient penser les sondages.

Quelques jours avant le scrutin, les enquêtes d'opinion le donnaient encore en quatrième position ! Il est vrai que les électeurs néerlandais, réputés pour leur vote particulièrement volatil, ont l'habitude de ce genre de surprises, favorisées par un scrutin à la proportionnelle et un paysage politique morcelé à l'extrême.

Longues et difficiles négociations

Reste qu'une telle percée de l'extrême droite est inédite dans l'histoire du royaume, gouverné depuis l'après-guerre par des partis modérés. Avec 37 élus à la chambre basse du Parlement, vingt de plus qu'aux élections précédentes, le PVV est très nettement devant le VVD du Premier ministre centriste sortant, Mark Rutte, qui n'a obtenu que 24 sièges.

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Il n'est pas certain, toutefois, que Geert Wilders devienne Premier ministre, car il est loin d'avoir la majorité absolue (76 sièges) au Parlement. Wilders tente de construire une coalition avec le VVD, le NSC de centre droit de Pieter Omtzigt et le Mouvement citoyen-paysan BBB. De longues et difficiles négociations ont été entamées, et les experts s'attendent à ce qu'elles durent encore plusieurs mois.

Stratégie de normalisation

Toute la question est de savoir si ces trois partis accepteront de gouverner avec lui. « Wilders se présente aujourd'hui comme quelqu'un de beaucoup plus modéré qu'avant et prêt à faire des compromis, explique Sam van der Staak, directeur du programme Europe pour le think tank International Idea. Il veut devenir une alternative crédible aux partis de gouvernement traditionnels. C'est indispensable dans un pays où les coalitions sont la règle. »

Le député à la chevelure peroxydée, trublion de la vie politique néerlandaise depuis près de vingt ans, a donc mis en veilleuse ses propositions les plus extrêmes, comme la sortie des Pays-Bas de l'Union européenne, l'interdiction du Coran, une certaine ambivalence vis-à-vis de Vladimir Poutine ou encore la fin du financement des médias publics. « Une stratégie de normalisation qui est proche de celle de Marine Le Pen en France », observe Sam van der Staak.

Sans assurance, à ce jour, que cela suffise pour amadouer les partis avec lesquels il négocie. Certains, comme le VVD centriste, se situent très loin de lui idéologiquement. Peu avant Noël, au Sénat néerlandais, un vote sur un fonds pour le climat a mis en lumière les profondes divisions entre les potentiels alliés sur les questions environnementales : le VVD a voté pour, tandis que le mouvement citoyen-paysan et le parti de Geert Wilders ont voté contre. « Il y a de bonnes chances pour que les négociations se poursuivent », estime toutefois l'expert d'International Idea.

Protection policière

Geert Wilders restera-t-il sur cette ligne plus modérée s'il arrive au pouvoir ? C'est la question qui divise les Néerlandais aujourd'hui. Le chef du PVV mène son combat depuis plus de vingt ans. Menacé de mort, il est sous protection policière permanente et vit dans un logement à l'épreuve des balles.

« Sa propre existence a été transformée par ses prises de position. On peut douter qu'il les abandonne aussi facilement », estime Sam van der Staak. En attendant, Wilders grimpe encore dans les sondages : les derniers en date créditent son parti de 29 % des voix.

Vincent Collen

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