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Niveau scolaire : la France, élève moyenne de la classe européenne

« Le niveau d'ensemble baisse », estime le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye. Une récente étude officielle tempère ce constat alarmiste. La France se classe dans la moyenne européenne. Pour Eric Charbonnier, expert à l'OCDE, les résultats ne sont « pas si catastrophiques ».

En France, 43,5 % des élèves de 4e ont des compétences numériques jugées insuffisantes.
En France, 43,5 % des élèves de 4e ont des compétences numériques jugées insuffisantes. (Shutterstock)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 28 déc. 2022 à 14:03Mis à jour le 28 déc. 2022 à 17:51

Alors, ça monte ou ça baisse ? « Disons-le clairement : le niveau d'ensemble baisse ! » a alerté Pap Ndiaye dans une récente tribune au « Monde ». Le ministre de l'Education nationale veut se servir de ce constat pour « réformer l'école ». « Le niveau des élèves remonte ! » lançait pourtant son prédécesseur Jean-Michel Blanquer, fin 2019, dans une interview au « JDD » .

Comment s'y retrouver ? Une étude du service statistique du ministère, publiée le même jour que la tribune de Pap Ndiaye, replace les résultats dans le contexte européen. « Environ 21 % des élèves âgés de 15 ans n'ont pas un niveau suffisant de compétences en compréhension de l'écrit, culture mathématique et culture scientifique », lit-on ainsi dans « L'Europe de l'éducation en chiffres » . Ces élèves ont un niveau de performances inférieur au niveau 2, ce qui signifie qu'ils ne sont pas « capables d'utiliser leurs compétences en lecture pour acquérir des connaissances et résoudre des problèmes pratiques ».

Moins de 15 % d'élèves faiblement compétents en 2030

La France compte toutefois un peu moins d'élèves faiblement compétents que la moyenne de l'Union européenne, où 22,5 % d'adolescents n'atteignent pas le seuil des compétences minimales en compréhension de l'écrit (22,9 % en mathématiques et 22,3 % en sciences). Entre 2009 et 2018, date de la dernière enquête PISA relative aux acquis des élèves âgés de 15 ans, la part de ceux ayant de faibles compétences a augmenté de 3 points parmi les vingt-sept Etats membres. Mais cette part est restée stable en France, tandis qu'elle était en hausse en Finlande (+5 points) ou aux Pays-Bas (+10 points).

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Les résultats de l'Allemagne sont jugés « proches » de ceux de la France, tandis que l'Espagne et l'Italie sont « dans des situations plus difficiles ». Dans la dernière enquête PISA (2018) - la prochaine est attendue en décembre 2023 -, seules l'Estonie, la Finlande et la Pologne ont réussi à avoir moins de 15 % d'élèves faiblement compétents dans les trois domaines évalués par l'enquête (lecture, mathématiques et sciences). La part de ces élèves faibles est appelée à diminuer, l'Union européenne s'étant fixé un objectif maximal de 15 % à l'horizon 2030.

15 millions

d'heures d'enseignement sont aujourd'hui perdues en raison de « l'incapacité du système [éducatif] à remplacer les professeurs absents, qu'ils soient malades ou mobilisés par la formation ou les corrections d'examens », selon le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye.

Les lycéens français, « au-dessus de la moyenne »

« La performance des élèves en France n'est pas aussi catastrophique que cela, même si on peut mettre une alerte sur le niveau des mathématiques », relativisait Eric Charbonnier, expert éducation à l'OCDE, début décembre, lors d'un débat organisé par le Conseil d'évaluation de l'école. Il évoquait des résultats « très légèrement au-dessus de la moyenne de l'OCDE en compréhension de l'écrit, en mathématiques et en sciences ».

En matière numérique, la France est davantage à la traîne : 43,5 % des élèves de quatrième ont des compétences numériques insuffisantes, souligne l'étude ministérielle, contre 33 % en Allemagne, 16 % au Danemark et 51 % au Luxembourg. Ce sont autant d'élèves qui ne savent pas « utiliser efficacement un ordinateur pour collecter, gérer, produire et communiquer des informations » à la maison ou à l'école. C'est la fin du mythe des « digital natives ». L'Union européenne s'est donné pour objectif de limiter la part des élèves faiblement compétents en matière numérique, à moins de 15 % d'ici à 2030. Pour l'instant, seuls six pays européens ont évalué cette compétence.

Le collège, « sujet de préoccupation majeur »

Au-delà de la classe de quatrième, le niveau scolaire au collège est « un sujet de préoccupation majeur », insistait Pap Ndiaye début novembre. « A l'entrée en 6e , environ 20 % des élèves sont en difficulté scolaire, voire en grande difficulté scolaire », poursuivait-il. Dans sa réforme à venir, il veut « consolider ou approfondir » le français et les mathématiques en 6e. Les classes de 5e, 4e et 3e « feront l'objet d'une concertation », pour intégrer les promesses présidentielles sur l'orientation et le sport.

Quant au travail mené au primaire - l'accent mis sur le français et les mathématiques et le dédoublement des petites classes dans l'éducation prioritaire -, « il faut lui laisser le temps de se matérialiser et de produire ses effets », estime Pap Ndiaye. L'écart de niveau entre les premiers élèves ayant bénéficié des dédoublements de classe en septembre 2017 (REP+) et d'autres de l'éducation prioritaire n'en ayant pas bénéficié (REP) s'est réduit, en fin de CE1, de 38 % en mathématiques et de 16 % en français, selon Thierry Rocher, chargé de l'évaluation au service statistique du ministère.

Cet effet de rattrapage se prolonge-t-il au collège, pour ces mêmes élèves qui sont entrés en 6e en septembre dernier ? « Les analyses sont en cours », répond-il, en prévenant déjà qu'il faudra tenir compte de la crise sanitaire qui a eu « un impact plus fort dans les établissements les plus défavorisés ».

Marie-Christine Corbier

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