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SONDAGE EXCLUSIF - Une majorité de Français reconnaît les mérites du nucléaire

L'idée qu'il faut un « mix énergétique » équilibré entre énergies renouvelables et nucléaire s'est installée dans l'opinion publique, selon un sondage d'Elabe pour « Les Echos », qui dénote d'un rééquilibrage du débat. 52 % des Français jugent que la France devrait tout à la fois développer ces deux sources d'approvisionnement.

52 % des personnes interrogées par Elabe jugent que la France devrait à la fois développer les énergies renouvelables et construire de nouvelles centrales nucléaires.
52 % des personnes interrogées par Elabe jugent que la France devrait à la fois développer les énergies renouvelables et construire de nouvelles centrales nucléaires. (Boris HORVAT/AFP)

Par Muryel Jacque

Publié le 4 nov. 2021 à 16:42Mis à jour le 5 nov. 2021 à 15:38

« Tout nucléaire » ou « tout renouvelable » ? Ces positions tranchées, qui ont longtemps prévalu en France, semblent avoir fait leur temps. Alors que l'atome s'est invité par surprise dans la campagne présidentielle et qu'Emmanuel Macron s'en est fait ces derniers mois un défenseur ardent, dans une forme d'« en même temps », les Français sont aujourd'hui majoritaires à privilégier la solution d'un « mix énergétique » marchant sur deux jambes.

Selon un sondage Elabe pour « Les Echos », l'Institut Montaigne et Radio Classique publié ce jeudi, 52 % des personnes interrogées jugent ainsi que la France devrait tout à la fois développer les énergies renouvelables et construire de nouvelles centrales nucléaires pour remplacer les anciennes et rénover les existantes.

Les partisans exclusifs du nucléaire, qui voudraient stopper le développement du solaire ou de l'éolien, représentent 10 % de la population. A l'inverse, l'idée d'une sortie progressive du nucléaire, avec priorité donnée aux renouvelables - soit ce que proposent peu ou prou Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon - rassemble 37 % de la population.

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Bien entendu, les clivages politiques sont loin d'être effacés sur cette question : les sympathisants de la majorité présidentielle (67 %) et de la droite (70 %) penchent largement pour un mix énergétique conciliant nucléaire et renouvelable, quand les sympathisants d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) (73 %) et de La France insoumise (56 %) préfèrent le scénario du tout renouvelable. A gauche, ce scénario est approuvé à 55 %.

Si le débat public sur le sujet reste marqué politiquement et s'il continue de partager les Français, il s'est « désidéologisé », constate le président d'Elabe, Bernard Sananès. « On ne brûle pas l'un pour l'autre », note l'analyste. Il estime que « l'opinion publique a finalement intégré une part de pragmatisme, elle se met sur un point d'équilibre ». En quelque sorte, elle opte pour une solution de compromis. Une perception que l'exécutif gardera certainement en tête dans les mois qui viennent.

Fin octobre, le gestionnaire du réseau électrique RTE a en effet prévenu que quel que soit le scénario énergétique pour lequel la France opterait, il devrait permettre de répondre à une forte hausse des besoins en électricité dans les décennies à venir.

Dans une vaste étude qui doit servir de base aux autorités pour trancher sur l'avenir du nucléaire et des renouvelables, RTE assure qu'atteindre la neutralité carbone est « impossible » sans développer les énergies renouvelables de manière significative, mais il souligne aussi que le lancement de nouveaux réacteurs EPR constitue une voie moins chère pour y parvenir.

Clivage générationnel

Un temps inaudible, la parole qui mettait en avant les aspects positifs du nucléaire « est redevenue forte », soulève Bernard Sananès. La crise du Covid est passée par là, remettant l'enjeu de la souveraineté au coeur des préoccupations, un enjeu devenu « consensuel », souligne le sondeur. En conséquence, les Français sont actuellement, d'après l'enquête d'Elabe, 73 % à juger que le nucléaire garantit l'indépendance énergétique de la France.

Ils sont en revanche une minorité à le voir comme une énergie sûre (49 %) ou propre (44 %). Sur un temps long, Elabe pointe que l'image du nucléaire « est en recul sur ses points forts », de 7 points sur sa capacité à assurer l'indépendance énergétique et de 4 points sur son coût. A l'inverse, elle s'améliore sur ses points les plus faibles, comme la sûreté (+4 points) et l'impact environnemental (+7 points).

Sur ces questions, l'avantage va très majoritairement aux énergies renouvelables, 79 % des sondés les jugeant sûres et 74 % propres. Mais elles ne parviennent pas à convaincre sur leur coût puisque les Français ne sont que 39 % à penser qu'elles sont « bon marché ».

L'enquête fait en outre apparaître un vrai clivage générationnel sur l'avenir du nucléaire. Quand les plus de 65 ans sont 67 % à voir le nucléaire comme une « énergie du futur », les moins de 35 ans sont seulement 44 %. Sur cette question, toutes les tranches d'âge s'accordent en revanche à dire que les énergies renouvelables « ont de l'avenir », avec une moyenne de 82 % de Français qui en sont convaincus.

Muryel Jacque

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