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Lipton Ice Tea, mayonnaise Amora… Carrefour va épingler les produits coupables de shrinkflation à partir de lundi

Comme annoncé par son PDG, l’enseigne de grande distribution signalera, par des affiches en rayons, les produits touchés par une augmentation des prix et une réduction des quantités. A compter du 11 septembre.
par Jacques Pezet
publié le 8 septembre 2023 à 10h57

Dès lundi, les clients de Carrefour devraient voir fleurir des affichettes de 13 par 13 centimètres sur certains produits, avec cette mention : «Ce produit a vu son grammage baisser et le tarif pratiqué par notre fournisseur augmenter. Nous nous engageons à renégocier ce tarif.» Seront ainsi épinglés, entre autres, les paquets de chips Lays (PepsiCo), les bouteilles de Lipton Ice Tea (PepsiCo) qui ne font plus qu’1,25 litre (au lieu 1,5 litre précédemment), la mayonnaise Amora (Unilever) ou encore les dosettes de café Dolce Gusto Grande Intenso (Nescafé).

Cette opération avait été annoncée mercredi 6 septembre par le PDG du groupe Carrefour, Alexandre Bompard. Invité de l’émission C dans l’air sur France 5, il avait vivement dénoncé la shrinkflation, technique marketing qui consiste à baisser le poids d’un article tout en maintenant à l’identique (ou augmentant) son prix de vente (une pratique que Carrefour a pu avoir dans un passé encore récent). Alexandre Bompard avait cité comme (mauvais) exemples : «Nos amis de Pepsi Cola, [qui] ont des chips qui s’appellent Lays, ils les ont baissées de 15 grammes, ils ont augmenté de 30% le chiffre. Nos amis d’Unilever, avec les très jolies glaces qu’on aime beaucoup, les Magnum, les Carte d’or, ça a baissé de 200 millilitres et ça augmente de 20%. C’est ça la shrinkflation».

«Name and shame»

«Dès lundi, avait poursuivi le dirigeant de Carrefour, j’ai demandé à ce que dans tous les magasins, il y ait une étiquette sur tous les produits sur lesquels on a de la shrinkflation, en disant ce produit a vu son contenant baisser et son prix augmenter. Comme ça, on va avoir une information, la plus fiable possible pour les consommateurs, parce que c’est inacceptable de faire ça pour le consommateur.» Reprenant la séquence sur son compte X (anciennement Twitter), il a promis que ce marquage aura lieu «sur tous les produits abusant de shrinkflation».

Ce type d’initiative de «name and shame» (le fait de dénoncer publiquement qu’une personne, un groupe ou une entreprise agit de manière fautive) avait déjà été réalisé par le groupe Intermarché cet été. Comme l’avait relevé le journaliste Oliver Dauvers, spécialiste de la grande distribution, la chaîne de supermarché avait affiché des messages indiquant que «Findus a décidé d’augmenter ses prix tout en réduisant la quantité de produit. Notre rôle est de vous proposer vos marques préférées mais aussi de vous alerter de ces comportements qui vous sont défavorables».

«Pratiques abusives»

Quels critères seront retenus par Carrefour pour caractériser les «abus» ? Sollicitée par CheckNews, la direction du groupe explique ne pas avoir de critères chiffrés de la quantité ou un pourcentage d’augmentation du prix, et affirme que «la limite c’est quand le produit n’a pas changé, la recette n’a pas changé, l’emballage n’a pas changé. Donc on ne peut pas dire qu’il y a de nouveaux coûts, puisque la recette est la même, l’emballage est le même, les coûts de fabrication sont les mêmes, mais le grammage a été réduit et le prix a augmenté.»

Le changement de recette ou de conditionnement, qui permettront donc d’échapper à ce «name and shame», sont des arguments fréquemment mis en avant par les industriels pour justifier ces hausses de prix. Le ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, avait nommément ciblé Kiri, dénonçant le passage de «15 grammes à 14 grammes» (en fait de 20 g à 18 g) des petits fromages carrés comme un exemple de «pratiques abusives». Le groupe Bel avait réagi dans un communiqué dénonçant «de fausses informations concernant Kiri» et avançant «que le changement de recette de Kiri en 2020 n’est en aucun cas lié au phénomène de l’inflation, qui lui est postérieur».

Cette initiative de Carrefour devrait être suivie d’une modification des règles générale, annoncée par Bruno Lemaire. Le ministre a annoncé sa volonté d’imposer rapidement «l’obligation […] légale pour les industriels de faire figurer le changement de contenu lorsque le contenu a baissé et que le prix reste le même».

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