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Exclusif - Un député LREM frappe à la tête un responsable PS à coups de casque en plein Paris
M'Jid El Guerrab a été élu en juin dernier.
Capture d'écran Public Sénat.

Exclusif - Un député LREM frappe à la tête un responsable PS à coups de casque en plein Paris

Info Marianne

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Le député macroniste M'Jid El Guerrab a porté de violents coups de casque contre Boris Faure, responsable de fédération socialiste, ce mercredi, à Paris. Il a expliqué à la police avoir été lui-même agressé et insulté par son adversaire, avec qui il entretient un contentieux politique. Ce dernier était toujours en soins intensifs ce jeudi 31 août.

Habitués aux journées paisibles, les agents de sécurité de l'antenne de Paris Habitat située rue Broca, dans le cinquième arrondissement de Paris, ont vécu un après-midi mouvementé, ce mercredi 30 août. Ces gaillards ont dû séparer une rixe entre... un député macroniste et un responsable socialiste. M'Jid El Guerrab, député la République en Marche (LREM) des Français de l'étranger, a porté deux violents coups de casque de scooter contre Boris Faure, premier secrétaire de la fédération PS des Français de l’Étranger. Celui-ci a été conduit à l'hôpital par les pompiers.

Dans un communiqué auquel Marianne a eu accès, la famille du militant explique ce jeudi 31 août que celui-ci se trouve actuellement "en soins intensifs". "Hier après-midi, Boris Faure a été violemment agressé à Paris. Il a été admis à l’hôpital. Son état général s’est rapidement dégradé. Il a dû être opéré en urgence. Les médecins ne se prononcent pas à ce stade sur les suites pour son état de santé. Il est aujourd’hui en soins intensifs et reste sous surveillance", affirme la famille.

Gabriel Richard-Molard, cadre de la fédération PS des Français de l'étranger et proche de Boris Faure, ajoute lui auprès de Marianne qu'"une plainte sera déposée contre M'Jid EL Guerrab pour coups et blessures volontaires."

Bisbille politique

Tout commence lorsque le parlementaire aperçoit Boris Faure devant un restaurant de la rue Broca, près de laquelle il réside. Les deux hommes entretiennent un violent contentieux politique depuis que le député a quitté le PS pour rejoindre les rangs macronistes, fin 2016. Lors des élections législatives, le socialiste a pour sa part été le directeur de campagne de Didier Le Bret, concurrent de M'Jid El Guerrab dans la circonscription des Français d'Afrique du Nord. A ce poste, il n'a pas hésité à tancer les choix politiques de son adversaire, en publiant par exemple un article assassin à son égard sur l'espace blog de Mediapart. Le titre du papier ? "M'Jid El Guerrab, portrait d'un opportuniste ordinaire".

Toujours est-il que rue Broca, ces ex-camarades du PS se reconnaissent et engagent la conversation. Les retrouvailles virent rapidement au règlement de comptes. Un témoin raconte : "Ils commencent à discuter et au bout de quelques minutes, le député lui assène un coup de casque très violent puis un deuxième. L'autre tombe par terre, en sang". Selon cette source, l'élu était particulièrement remonté : "Si les agents de sécurité ne les avaient pas séparés, il se serait acharné. Il avait de la haine dans les yeux". Boris Faure est quant à lui touché au niveau de la tempe.

"M'Jid s'est défendu"

Les agents de sécurité de Paris Habitat, dont les locaux sont situés en face durestaurant, ont dû empêcher l'élu d'aller plus loin. Philippe, un de ces vigiles, estime que le député était hors de lui : "Si on ne l'avait pas arrêté, il aurait continué à le tabasser". Le macroniste s'est immédiatement plaint d'avoir été agressé par son interlocuteur. Contacté par Marianne, un proche de M'Jid El Guerrab considère que le député s'est simplement "défendu" : "Boris Faure l'a empoigné par le bras, l'a traité d'imposteur, de communautariste de merde, de sale arabe. M'Jid s'est défendu avec son casque, c'est tout. C'est une réaction instinctive." Ce proche suggère encore que Boris Faure ne se serait pas trouvé dans cette rue par hasard mais aurait attendu le député aux abords de son domicile afin de provoquer un règlement de comptes.

Une accusation réfutée par la famille de Boris Faure. Dans son communiqué, elle nie tout règlement de comptes organisé par le militant PS et pointe la responsabilité du député dans cette rixe : "Cette agression a été commise par M'Jid El Guerrab, député de La République en Marche. Boris Faure l’a croisé en sortant d’un rendez-vous privé dans le quartier où réside M. El Guerrab. Une discussion s’est engagée et M'Jid El Guerrab a violemment agressé Boris Faure en lui portant des coups à la tête avec son casque moto".

"Sale arabe"

De nombreux témoins rejettent la thèse d'une agression de Boris Faure. "L'autre l'a touché, il a touché son bras. Mais ça ne s'appelle pas une agression", considère Philippe, qui assure avoir tout vu. Le socialiste aurait en revanche bien insulté le député. Un témoin explique : "Il a dit 'sale arabe', tout le monde a entendu".

La famille du militant juge "risibles" de telles accusations : "Certains se croient autorisés à attribuer à Boris Faure, au cours de ces échanges et lors de l’altercation des visées ou des propos racistes. Pour ceux qui le connaissent, ces allégations sur Boris Faure sont risibles et insultantes".

Gabriel Richard-Molard juge lui "impensable" que son ami ait pu avoir une parole raciste à l'égard de M'Jid El Guerrab : "Ça fait quinze ans que je bosse avec lui, c'est juste pas possible qu'il l'ait insulté de cette façon. L'accusation de communautarisme, oui, mais le 'sale arabe', non." L'ensemble des cadres socialistes de la fédération des Français de l'étranger soutient d'ailleurs Boris Faure. "Tout le bureau fédéral des Français de l'étranger du PS est convaincu comme moi que Boris n'a pas dit ce que prétend El Guerrab. Nous le soutenons de tout cœur", nous explique Gabriel Richard-Molard.

M'Jid El Guerrab s'excuse

Joint par l'AFP, M'jid El Guerrab a reconnu un geste violent, tout en affirmant avoir réagi à des "insultes racistes" et à une "agression physique". "Je m'excuse pour la violence du geste (...), en dépit des paroles et insultes proférées, la violence n'est jamais la réaction appropriée. (...) Je regrette d'avoir cédé à la provocation", explique-t-il.

Le député dit s'être défendu après une pression physique de Boris Faure : "Je n'ai jamais agressé de mon propre fait Monsieur Faure. Je me suis défendu après qu'il m'a attrapé le poignet, pour qu'il le lâche. La seule chose que je tenais était mon casque de moto". Il affirme encore s'être vu prescrire 6 jours d'ITT (Incapacité totale de travail). "Je suis en état de choc depuis hier car cette situation dure depuis près d'un an", ajoute-il dans un message publié sur son compte Facebook. M'Jid El Guerrab précise porter plainte contre le militant socialiste : "J'ai décidé de porter plainte contre Boris Faure, afin que cesse enfin le harcèlement et les agressions dont je suis l’objet".

Selon nos informations, la police n'a pas arrêté M'Jid El Guerrab, qui a pu repartir libre après avoir décliné son identité auprès des forces de l'ordre arrivées sur les lieux de la rixe.

LREM et le PS condamnent "l'agression" de Boris Faure

Mise à jour de l'article

Dans un communiquédiffuséce jeudi 31 août, le Parti socialiste condamne "l'agression" du "camarade" Boris Faure. Le PS révèle que son militant a dû subir une "opération chirurgicale" à la suite des coups de casque donnés par le député macroniste. "Rien ne saurait justifier un tel déchaînement de violence", dénonce le parti qui, prudent, refuse de se prononcer sur les insultes qu'aurait essuyées M'Jid EL Guerrab : "Les circonstances restent encore à établir". La République en marche a également réprouvé l'altercation. Dans uncommuniqué, le parti macroniste "condamne les actes de violence commis à l'encontre de Boris Faure". "Si les circonstances de cette altercation doivent être précisées, aucun comportement ne saurait justifier des actes de violence", précise LREM.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne