La crise climatique actuelle pourrait provoquer un effondrement du système financier. Un groupe de chercheurs de l’Institute for public policy research (IPPR) au Royaume-Uni estime que les interconnexions entre risques climatiques, sociaux et économiques ont  jusqu'ici été sous-évaluées. Or, il s'agit, selon eux, du plus grand défi auquel l'humanité est confrontée et elle ne s'y prépare pas suffisamment.

La prochaine crise financière aura pour origine le réchauffement climatique. C’est ce que plusieurs chercheurs attestent dans une étude publiée le 12 février par l’Institute for public policy research (IPPR), un think tank britannique. Ils ont compilé des dizaines et des dizaines d’études universitaires, de rapports gouvernements et de bilans d’ONG.
Ils estiment que, jusqu’ici, les évènements provoqués par le réchauffement climatique ont été étudiés de manière isolée. "Les climatologues examinent les perturbations des systèmes météorologiques, les biologistes se concentrent sur la perte des écosystèmes, les économistes calculent les dommages potentiels causés par l’intensification des tempêtes et des sécheresses", écrit le journal britannique The Guardian qui chronique l’étude.
Un effet domino
Or, ces évènements interagissent les uns avec les autres et ont des conséquences multiples sur la société et l’économie. Jusqu’ici "sous-évalué" un "nouveau domaine de risque très complexe et déstabilisé est en train de voir le jour", soulignent les chercheurs pour qui, les nouveaux records de température, la perte de biodiversité, la multiplication des feux de forêts ou des inondations amplifient les problèmes sociaux et économiques existants.
"Dans le pire des scénarios, une dégradation de l’environnement pourrait entraîner une défaillance catastrophique des systèmes humains, provoquant un effondrement précipité dans lequel les chocs économiques, sociaux et politiques se répercuteraient sur le système global, à peu près de la même manière qu’au lendemain de la crise financière mondiale de 2007-2008", écrivent-ils.
Le pire défi de l’humanité
C’est l’effet domino. La viabilité des institutions financières pourrait notamment être mise à mal par une avalanche de demandes d’assurances provoquées par les ouragans. Côté migration, Laurie Laybourn-Langton, un des auteurs de l’étude, explique au Guardian que la multiplication des sécheresses et canicules pourrait créer, au Moyen-Orient et en Afrique centrale et septentrionale, dix fois plus de réfugiés dans cette région que les 12 millions de personnes qui ont quitté le pays pendant le printemps arabe.
"En raison de leur grande complexité, leur ampleur et la nature systémique des problèmes, répondre à cet âge de l’effondrement environnemental sera peut-être le plus grand défi auquel les humains ont été confrontés dans leur histoire", alerte l’IPPR. 
Pour répondre à ces enjeux, les chercheurs exhortent les décideurs politiques à s’attaquer en priorité à ces risques. Selon eux, deux transformations socio-économiques globales sont nécessaires : augmenter la résilience des infrastructures, marchés, processus politiques… aux impacts du réchauffement climatique et transformer l’activité humaine pour qu’elle réponde aux limites écologiquement durables "tout en luttant contre les inégalités"
Marina Fabre, @fabre_marina

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