Vaccins contre le covid-19 : les élus s’alarment du manque de doses

Vaccins contre le covid-19 : les élus s’alarment du manque de doses

L’objectif de 40 millions de Français primo-vaccinés est sur le point d’être atteint selon le gouvernement. Pourtant, certains maires ont reçu un courrier officiel les informant d’une « réduction de dotation » de doses de vaccin. C’est le cas de la maire LR de Montbéliard, Marie-Noëlle Biguinet.
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Par Sandra Cerqueira

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La maire LR de Montbéliard, Marie-Hélène Biguinet se dit abasourdie. « Alors qu’on demande aux Français de se faire vacciner à tout prix, les doses manquent ! » En Bourgogne Franche-Comté, il n’est plus possible de se faire injecter une première dose de vaccin contre le covid-19 à cause d’un incident dans l’envoi des dotations aux collectivités locales. L’édile a reçu un courrier officiel de l’Agence Régionale de Santé.

Les rendez-vous pour les premières doses bloqués

« On nous demande de bloquer tous les rendez-vous pour les premières doses, d’annuler toutes les journées sans rendez-vous et de bloquer aussi les rendez-vous pris au mois d’août sans aucune explication », explique-t-elle. Dans le centre de vaccination situé dans la halle polyvalente de Montbéliard, 8 000 personnes étaient jusque-là vaccinées chaque semaine. « Et depuis les annonces du président Macron, comme partout, les demandes ne cessent d’augmenter. »

Marie-Hélène Biguinet a demandé à l’ARS de communiquer sur cette situation afin d’en informer, aussi, le grand public. Comme tous les maires, elle est responsable du centre de vaccination de sa commune, et elle ne voulait pas être prise à partie par les administrés souhaitant se faire vacciner et n’arrivant pas à obtenir un rendez-vous. « Nous sommes toujours en attente d’informations » regrette-t-elle.

« C’est de l’amateurisme »

Pas question pour cette maire de jouer le rôle de « boucs émissaires », d’autant que « c’est le cas depuis le début de cette crise. Il y a eu les pénuries de masques, de tests, et maintenant de vaccins, à chaque fois on est face à des dirigeants qui prennent des décisions, mais n‘anticipent pas leurs conséquences sur le terrain. C’est de l’amateurisme et nous sommes une fois de plus mis devant le fait accompli. Comment voulez-vous que les Français aient confiance ? »

« Une gestion à flux tendu »

Dans le mail envoyé aux élus, l’ARS de Bourgogne Franche-Comté précise que « suite à un incident majeur au niveau national concernant les dotations de vaccins », il est demandé aux acteurs de la campagne de vaccination d’appliquer de manière « urgente » de nouvelles mesures. L’agence explique avoir rebasculé sur « une gestion à flux tendu », conséquence de l’élan vers la vaccination observé depuis les annonces présidentielles qui a permis de résorber les stocks de vaccins accumulés lors des semaines de sous-consommation des livraisons et affirme que les centres seront approvisionnés normalement.

Dans l’expression « à flux tendu », Rachid Temal dit voir tout simplement une pénurie de doses. « C’est kafkaïen ! Les Français se demandent pourquoi on veut les obliger à se faire vacciner alors qu’il n’y a pas assez de doses pour le faire » s’étonne le sénateur PS du val d’Oise. « Sans compter que tout cela se fait sans information, ni pédagogie. On doit amener les vaccins aux gens dans les villages, aux pieds des tours des quartiers populaires et remettre le médecin au cœur du dispositif. Tout ne doit pas passer par Doctolib ! On oublie trop la fracture numérique. »

Le Premier ministre Jean Castex a indiqué que la France disposait actuellement d’un « stock de 6 millions de doses et jusqu’à fin août sont prévus d’arriver de l’ordre de 4,5 millions de doses par semaine dont 2,5 seront réservés pour l’administration des deuxièmes doses » , mais Rachid Temal s’inquiète de l’insuffisance de ces données. « On sait déjà qu’il n’y aura pas assez de doses et la situation en Bourgogne Franche-Comté risque de se reproduire dans d’autres régions. »

« Pas de doses suffisantes pour vacciner plus de 7 millions de personnes d’ici fin août »

Le sénateur écologiste (apparenté PS) et médecin généraliste, Bernard Jomier affirme que « la mise en œuvre d’un passe sanitaire étendu à brève échéance alors que des ARS sont contraintes de freiner la campagne vaccinale est injuste et inapplicable ». Dans un tweet, il assure que l’Etat commet « une faute lourde ». « Reprenez-vous », adresse-t-il à Emmanuel Macron et Jean Castex.

Bernard Jomier ajoute que « le passe sanitaire à brève échéance est d’autant plus injuste qu’il se confirme que nous n’aurons pas les doses pour vacciner plus de 7 à 8 millions de personnes d’ici fin août. »

Olivier Rietmann, sénateur LR, partage le même avis. « Le compte n’y est pas pour atteindre l’objectif du gouvernement des 50 millions de vaccinés d’ici la fin de l’été si les doses manquent », a-t-il déclaré mercredi 21 juillet lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat citant l’ARS qui pointe « des problèmes d’approvisionnement au niveau national. »

Vaccins : Olivier Rietmann souligne des difficultés d'approvisionnement évoquées par certaines ARS
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L’objectif de 40 millions de primo-vaccinés atteint

« Pourquoi annoncer le lundi 12 juillet l’application dans des délais très brefs du passe sanitaire avec un parcours vaccinal complet alors que les ARS communiquent il y a à peine 48 heures sur le fait que nous ne sommes manifestement pas en capacité de vacciner nos concitoyens » En réponse, le secrétaire d’Etat Adrien Taquet a rappelé que « l’objectif de 40 millions de primo-injections a été atteint avant la date prévue. » Soit avant la fin août, échéance prévue avant l’annonce du passe sanitaire généralisé.

Ouverture de créneaux tous les jours

Interrogé sur les stocks de doses lors de son audition au Sénat dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la mise en place de nouvelles mesures de lutter contre l’épidémie, Olivier Véran s’est voulu rassurant. « Je ne dis pas qu’il y a des créneaux disponibles partout. Je dis qu’il en reste et qu’on en ouvre tous les jours. » Le ministre de la Santé a garanti que des stocks vont être envoyés aux centres de vaccination, aux pharmaciens « pour que dans les dix jours qui viennent des créneaux soient ouverts » et que les gens qui avaient pris rendez-vous en août puissent être vaccinés plus tôt.

Covid-19 : Olivier Véran souhaite 5 millions de primo-vaccinés dans les prochains jours
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Et d’ajouter que le gouvernement est en train de travailler pour qu’il y ait « un système sans rendez-vous massif » pour que 3, 4 ou 5 millions de primo-vaccinations soient « faisables les prochains jours. »

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