L'armée Française a-t-elle encore les moyens de faire la guerre ?

Lors de ses vœux aux armées le 20 janvier, Emmanuel Macron a présenté la prochaine loi de programmation militaire 2024-2030 sur la base militaire de Mont de Marsan. Avec un budget de 413 milliards d’euros, celle-ci a pour ambition, grâce à quatre pivots, de « transformer » les armées. Le texte est placé sous le signe de la transformation des armées et sera présenté au Parlement en mars prochain.

La loi de programmation militaire

A l'occasion de son discours aux armées, le Président a justifié sa loi de programmation militaire : « La guerre revient, pleinement, cruellement, sur le sol européen. Nous voyons bien qu’il nous faut réévaluer notre ambition, pour parfois réorienter nos prévisions, savoir tirer tous les enseignements de ce nouveau contexte, et pouvoir programmer les prochaines années. (...) Notre ambition opérationnelle pour 2030 doit être revue pour mieux assurer notre capacité à faire face à la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité. » (...) « Nous devons avoir une guerre d’avance  (…)  tirer les conséquences de ce que notre époque porte en germe ».

L'accent sera mis sur : la dissuasion nucléaire, la détection des risques, le renseignement militaire, l'augmentation des investissements Outre-Mer, le renforcement du cyber et des drones, des partenariats européens (en particulier renforcer la coopération européenne).

La précédente loi de programmation militaire 2019-2025 prévoyait un budget de 295 milliards d'euros. Elle a été exécutée conformément aux prévisions, ce qui n'était pas arrivé depuis des décennies. « Au total, les deux lois auront conduit à un doublement du budget de nos armées », a souligné le président de la République. C’est le plus important budget jamais consacré aux armées depuis les années 1960, lorsque le général de Gaulle avait décidé de doter la France de l’arme nucléaire.

La course à l'armement dans le monde

Selon le rapport annuel sur les dépenses militaires publié, lundi 25 avril 2022, par l’International Peace Research Institute de Stockholm (Sipri), en 2021, les dépenses militaires ont pour la première fois dépassé 2 000 milliards de dollars dans le monde pour atteindre 2 113 milliards de dollars, en progression de 0,7 % en terme réel par rapport à 2020, dont la moitié pour les membres de l’OTAN. Les cinq pays les plus dépensiers par ordre décroissant (Etats-Unis, Chine, Inde, Royaume-Uni et Russie) représentent 62 % du total, avec une domination américaine écrasante.

Derrière ces chiffres, on peut noter que depuis le milieu de la décennie précédente, le monde se réarme, de l’Asie-Océanie à l’Afrique en passant par l’Europe, tandis que le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord, déjà surarmés, marquent le pas. C’est la septième année consécutive de hausse, dans le monde.

Un réarmement qui peut se comprendre au vu des tensions militaires dans le monde : la guerre en Ukraine, la rivalité structurelle entre la Chine et les Etats-Unis autour de l’espace Indo-Pacifique, les tirs de missiles balistiques de la Corée du Nord en direction de la mer du Japon... D’autres conflits latents peuvent aussi éclater à tout moment : au Moyen-Orient où l’Iran, sur le point de se doter de l’arme nucléaire, inquiète Israël et l’Arabie Saoudite, ou en Afrique où le Rwanda et la RDC sont à une étincelle près de déclencher une guerre fratricide.

L’armée française vraiment si puissante ?

Selon le Global Firepower, la France est la 7e puissance militaire au monde et la première en Europe (hors Russie). Son armée compte 200.000 soldats pour 40.000 réservistes. En 2022, son budget de la défense est de 40,9 milliards de dollars, soit environ 36,6 milliards d’euros. La France dispose officiellement de l’arme nucléaire avec 290 ogives selon le SIPRI.

Malgré les chiffres, nombre d'experts s'accordent pour dire qu'en cas de conflit long, la France pourrait vite se retrouver à court de munitions et serait incapable de tenir sur la durée.