Élections en Argentine : la menace du libertarien Javier Milei, nouveau président de la République

Le candidat Javier Milei est connu pour son tempérament loufoque et ses idées quasi-mystiques ©AFP - Luis ROBAYO
Le candidat Javier Milei est connu pour son tempérament loufoque et ses idées quasi-mystiques ©AFP - Luis ROBAYO
Le candidat Javier Milei est connu pour son tempérament loufoque et ses idées quasi-mystiques ©AFP - Luis ROBAYO
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En Argentine hier, le second tour des élections présidentielles a opposé deux camps particulièrement clivés. Le candidat de "La liberté avance" Javier Milei, a obtenu 56 % des voix contre 44 % pour son adversaire péroniste Sergio Massa.

Avec
  • David Copello politiste, chercheur au Laboratoire AGORA à Cergy Paris Université. Chercheur associé au Centre de Recherche et de Documentation des Amériques (CREDA).

L'économiste ultralibéral Javier Milei a remporté les élections présidentielles avec plus de 55 % des voix, promettant "la reconstruction de l'Argentine" et la "fin de la décadence." Sa victoire sur le fil est attribuée à son soutien de la droite classique, sa proposition de dollariser l'économie et à son style original, bien qu'il soit confronté à des défis pour former une majorité stable au parlement. Il va devenir le 10 décembre prochain le nouveau président de la République argentine. Un choc qui signe la faillite du kirchnérisme.

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L’arrivée de Javier Milei au pouvoir : une surprise ?

L’économiste ultralibéral Javier Milei a été élu président de l’Argentine ce dimanche avec plus de 55 % des voix : “nous adoptons aujourd’hui le modèle de la liberté pour redevenir une puissance mondiale”, a-t-il déclaré après les élections. Pourtant, Javier Milei n’était pas favori après le premier tour des élections il y a un mois : “nous allons de surprise en surprise lors de ces élections. Aux primaires du mois d’août, Javier Milei arrivait en tête alors qu’en octobre, il était derrière le ministre de l’Économie Sergio Massa. Ici, il l’emporte avec presque 12 points d’écart quand les sondages annonçaient un résultat plus serré”, explique David Copello, politiste et chercheur associé au Centre de Recherche et de Documentation des Amériques (CREDA). “Milei a été soutenu par la candidate de la droite classique Patricia Bullrich et par l’ancien président Mauricio Macri. Ce soutien s’est avéré être d’une grande efficacité”, ajoute-t-il.

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Un candidat populiste encore vainqueur

Cette victoire rappelle l’élection de Donald Trump ou encore les votes pour le Brexit : souvent, les candidats populistes sont sous-estimés dans les sondages. “Les sondages se sont trompés. Javier Milei a gagné avec des scores phénoménaux dans de nombreuses régions. À Buenos Aires, Sergio Massa n'a remporté les suffrages que dans un seul quartier. Nous voyons qu’il y a une alliance entre un vote populaire et un vote des classes supérieures pour Javier Milei”, précise David Copello. Néanmoins, il est surprenant que son discours ait rencontré une telle adhésion. En effet, il a déclaré vouloir “tronçonner l’État” et “dollariser” l’économie alors que le pays souffre d’une crise économique endémique. “Cela s’explique par la focalisation du débat public sur la question de l’inflation plus que sur la question de la pauvreté. La proposition de dollariser l’économie pourrait en réalité permettre de supprimer l’augmentation incessante des prix et a attiré un électorat plus jeune”. Une telle démarche aura cependant des conséquences : la politique monétaire de l’Argentine sera définie par la Banque centrale des États-Unis alors que ses principaux partenaires commerciaux sont le Brésil et la Chine.

Un personnage original

“C’est un homme original qui s’est fait connaître sur les plateaux de télévision par des interventions très vulgaires notamment. Il a aussi une véritable dimension ésotérique. Il a par ailleurs des chiens clonés”, explique David Copello. De plus, le libertarianisme qu’il défend se manifeste par sa volonté de suppression de la Banque centrale dans une logique quasiment "anarcho-capitaliste". Sa vision de la liberté inclut même la libre vente d’armes, d’organes, voire d’enfants, conclut le politologue.

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