Nombre record de centrales nucléaires à l’arrêt : les causes d’un cas sans précédent

La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, dont l'un des deux réacteurs est à l'arrêt. ©Getty - Godong
La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, dont l'un des deux réacteurs est à l'arrêt. ©Getty - Godong
La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, dont l'un des deux réacteurs est à l'arrêt. ©Getty - Godong
Publicité

Jamais autant de réacteurs nucléaires n’avaient été à l’arrêt en même temps. Déjà confronté à un calendrier de maintenance très dense, EDF a dû faire face à un problème “inattendu” de fissurations.

Le gouvernement nous invite à la sobriété pour éviter les coupures de courant cet hiver car il n’est pas certain que la production électrique soit suffisante. 24 réacteurs nucléaires sont encore à l’arrêt fin octobre, d'après EDF. Cette situation inédite est due à plusieurs causes, dont une part était prévisible. L’opérateur profite toujours de l’été pour arrêter une partie des réacteurs, dont il faut assurer l’entretien et le rechargement du combustible.

Mais le Covid a rallongé des opérations d’entretien, qui se rajoutent à celles qui étaient prévues pour l’automne. Depuis trois ans, EDF mène aussi de lourds chantiers qui visent à prolonger la durée de vie des centrales de dix ans supplémentaires : ce sont les visites décennales qui alourdissent ce calendrier.

Publicité

Cependant, la principale raison qui explique l’indisponibilité record du parc nucléaire n’avait pas été anticipée : des fissures ont été découvertes sur la tuyauterie de l’un des réacteurs de la centrale de Civaux à l’automne 2021. Ce phénomène, appelé corrosion sous contrainte, a surpris les ingénieurs qui pensaient que le matériau choisi pour ces circuits était peu sensible à ce risque.

Des cas identiques ont été détectés sur les réacteurs de même conception, à Civaux et Chooz, ainsi que sur ceux de la génération précédente, à Penly notamment. Après analyse, EDF a conclu que ce phénomène touchait principalement les centrales les plus récentes, qui présentent des segments de tuyaux plus longs, et donc plus sensibles aux contraintes mécaniques. Les fissures peuvent atteindre jusqu’à 5,6 mm de profondeur et près d’1 mètre de longueur. Elles touchent plusieurs tuyauteries directement banchées sur le circuit primaire du réacteur, dont le rôle est de refroidir le cœur avec de l’eau sous pression. En cas de brèche, une fuite radioactive aurait lieu en dehors de ce circuit primaire : il s’agirait donc d’un accident nucléaire.

EDF a lancé un programme de contrôle pour vérifier l’état de l’ensemble des réacteurs d’ici 2025. En attendant, l’exploitant a identifié 7 réacteurs atteints par ce phénomène mais les réparations prennent du temps : une centaine de soudeurs américains et canadiens ont dû être appelés en renfort, en plus des 500 sous-traitants français déjà mobilisés.

EDF prévoit de redémarrer l’ensemble de ses réacteurs au cours de l’hiver. Le dernier devrait être rebranché sur le réseau mi-février. Mais les délais seront difficiles à tenir, en raison notamment des grèves qui ont touché certaines centrales en octobre. Le gestionnaire du réseau électrique RTE est plus pessimiste. Il envisage un redémarrage total plus tardif que ce qu’annonce EDF.

Lire l'enquête intégrale :

Regarder l'enquête :

La programmation musicale de Secrets d'info :

  • Titre diffusé : BILLIE EILISH - The 30th
  • Générique : Clément Léotard et David Gubitsch

L'équipe

pixel