Europe

L’AfD, extrême droite allemande de plus en plus radicale, grimpe dans les sondages et rêve de victoires

Tino Chrupalla (à gauche) and Alice Weidel, co-candidats du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), espèrent pouvoir applaudir à nouveau leurs partisans lors des échéances à venir.

© Adam Berry / Getty Images

Temps de lecture
Par Sandro Calderon

Réunie en congrès ce week-end, l’extrême droite allemande affiche ses ambitions. Plus radical, moins divisé que par le passé, le parti AfD (Alternative pour l’Allemagne) a dans le viseur des élections régionales, européennes et nationales dans les deux années à venir. Porté par des sondages records, il profite actuellement de la colère des Allemands vis-à-vis du gouvernement d’Olaf Scholz et des atermoiements de la droite traditionnelle.

Des sondages records

"Je dis très clairement que notre parti doit avoir l’ambition de diriger et qu’il ne peut le faire qu’en candidatant à la chancellerie". Interrogée par la chaîne ZDF, la co-présidente de l’AfD, Alice Weidel vise haut. L’objectif désormais est de gagner le poste de chancelier, le chef du gouvernement allemand, lors des élections législatives de 2025.

Il faut dire que les sondages donnent des ailes à l’extrême droite. Avec 19 à 22% des intentions de vote, elle pointe désormais en deuxième position sur le plan national, devant le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz et juste derrière les conservateurs de la CDU. Et les chiffres sont encore meilleurs, tournant autour des 30%, dans l’Est de l’Allemagne.

C’est là que l’AfD organise son congrès ce week-end. 600 délégués sont réunis dans la ville de Magdebourg jusqu’à ce dimanche.

La co-présidente de l'AfD, Alice Weidel, lors du congrès de Magdebourg, le 29 juillet 2023.
La co-présidente de l'AfD, Alice Weidel, lors du congrès de Magdebourg, le 29 juillet 2023. © Photo by Ronny HARTMANN / AFP

Un parti ethnique et nationaliste

Dans les régions de l’ancienne RDA, de nombreux citoyens s’estiment toujours les perdants de la réunification des deux Allemagne en 1990 et n’hésitent pas à se tourner vers les extrêmes. Ailleurs, en Allemagne, l’AfD profite des tensions au sein de l’actuel gouvernement, une coalition réunissant sociaux-démocrates, écologistes et libéraux. Une partie de la population exprime également son mécontentement face à l’inflation et l’immigration.

L’immigration, un des thèmes favoris de l’extrême droite allemande. Créé comme un parti anti-euro il y a 10 ans, l’AfD est devenu anti-islam et anti-immigration, avec une ligne politique de plus en plus radicale, nationaliste et ethnique. Pour l’AfD avoir un passeport allemand ne signifie pas être allemand, ce qui va à l’encontre de la Constitution allemande qui rejette les discriminations des nationaux basées sur les origines familiales, la religion ou la culture.

Russie et Europe, sujets sensibles

Si l’AfD est plus radical, il est aussi plus unifié, avec une direction de parti qui contrôle mieux ses troupes. Mais des divisions persistent. Sur la Russie, par exemple, à en croire, David Begrich, spécialiste de l’extrême droite allemande. Interrogé par Deutsche Welle, il explique que "dans la région de l’Allemagne de l’Est, derrière des portes closes, mais parfois aussi ouvertement, les gens sympathisent avec la politique sociale de la Russie et avec la guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine. La situation est complètement différente dans les sections du parti de l’Ouest de l’Allemagne." Ce qui n’empêche pas Tino Chrupalla, le co-président de l’AfD, de s’en prendre à la "politique agressive contre Moscou" du gouvernement allemand et de demander des livraisons d’armes à l’Ukraine et des sanctions contre la Russie.

Le co-président de l'AfD, Tino Chrupalla lors du congrès de Magdebourg, le 28 juillet 2023.
Le co-président de l'AfD, Tino Chrupalla lors du congrès de Magdebourg, le 28 juillet 2023. © Photo by Ronny HARTMANN / AFP

L’Europe est un autre sujet sensible pour l’AfD. Ce vendredi 27 juillet, une majorité de délégués a validé la proposition faite par la direction du parti d’adhérer au parti européen Identité et Démocratie (ID) qui est composé de plusieurs formations d’extrême droite, comme le Rassemblement National français, la Ligue italienne ou le Vlaams Belang flamand.

"Le souhait d’adhésion est justifié premièrement par la volonté de récupérer des fonds de l’Union européenne, analyse le politologue Wolfgang Schroeder interrogé par le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et deuxièmement par la volonté de former une communauté de combat avec d’autres partis d’extrême droite et populistes de droite afin de mieux saper et combattre l’Union européenne".

Mais d’autres au sein de l’AfD, les partisans d’un Dexit (version allemande du Brexit), se sont opposés à cette adhésion car elle ferait perdre au parti son indépendance et sa crédibilité. Ces divisions pourraient rejaillir lorsque le mouvement devra élaborer son programme et choisir ses candidats pour les élections européennes de l’année prochaine.

Des élections dans le viseur

Depuis le début du congrès de Magdebourg, le co-président de l’AfD, Tino Chrupalla insiste beaucoup (beaucoup trop ?) sur l’unité et l’harmonie qui règne au sein de son parti et qui vont le conduire à la victoire lors des futures élections : en juin 2024 pour les européennes, en septembre 2024 dans les lands de Saxe, Thuringe et dans les Brandebourg et en 2025 pour les élections fédérales.

Des scrutins qui seront autant de tests pour l’AfD et pour les démocraties allemande et européenne.

Le sujet diffusé sur La Première ce 28 juillet 2023 :

Allemagne : congrès Afd

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous