L’inflation est à des sommets inédits depuis une dizaine d’années. Les prix ont en effet augmenté de 3% dans la zone euro en août par rapport à août dernier. La Belgique n’échappe pas à cette envolée de l’inflation : les prix ont augmenté en moyenne de 2,73% sur un an, surtout à cause de l’énergie.
L’électricité coûte 17% de plus qu’il y a un an, et le gaz coûte quasiment 50% de plus. Pour les ménages les plus fragiles, souligne l’économiste Bruno Colmant, c’est vraiment une très mauvaise nouvelle. "L’index est calculé pour la population dans sa globalité, mais pour les ménages les plus démunis, les biens de base, notamment l’énergie, sont très importants en termes relatifs. Quand on pense que l’année prochaine, la facture d’électricité pour un ménage normal a augmenté d’à peu près 500 euros, ces 500 euros ne seront jamais reflétés dans l’augmentation des salaires, dans l’augmentation des allocations. Pourquoi ? Parce que dans l’indice, l’électricité n’intervient que pour à peu près 3% dans la composition des dépenses des ménages. Et donc, les ménages les plus fragiles vont certainement en souffrir beaucoup plus." Ajoutez également la hausse du prix des carburants, les prix des loyers, les automobiles, le pain, les céréales, l’inflation touche en fait beaucoup de biens et de services de base.
Chaînes d’approvisionnement perturbées
Comment expliquer cette spectaculaire envolée des prix ? Tout d’abord le retour de la croissance économique après la chute liée au Covid, évidemment. Les prix du gaz et du pétrole avaient plongé l’année passée et ils remontent aujourd’hui, c’est logique. Bruno Colmant ajoute : "D’abord, il y a un phénomène politique, c’est-à-dire que les banques centrales et les gouvernements ont injecté du pouvoir d’achat dans l’économie. Ils ont soutenu l’économie pendant la crise du Covid et cet afflux de pouvoir d’achat commence donc à être dépensé. D’autre part, les personnes qui n’ont pas pu consommer pendant la crise du Covid libèrent leur épargne et ça sous-tend bien sûr à un pouvoir d’achat qui augmente. Mais le plus important, c’est sans doute les chaînes d’approvisionnement. Elles sont perturbées. En Chine, le prix du fret a augmenté et c’est donc une augmentation du prix du transport qui se reflète un peu partout dans l’économie. Et à cela s’ajoutent des raréfactions de biens : le bois est moins disponible qu’auparavant, il y a un déficit en matière de microprocesseurs, le plastique et le carton commencent à manquer, il y a une pénurie de camions et de camionneurs dans certains pays — c’est le cas en Angleterre."
Tous ces facteurs ont un impact sur les prix que nous payons dans les supermarchés ou dans les magasins, par exemple. Toute la question non résolue à ce stade étant de savoir si cette inflation est transitoire — c’est ce que disent les grandes banques centrales du monde — ou si cette inflation va durer. C’est le temps qui nous dira ce que ce sera effectivement.