Relâché par erreur par un juge, un jihadiste présumé reste en liberté

Oualid B. est reparti libre jeudi du palais de justice de Paris: ce jihadiste présumé, libéré en avril par erreur par un juge, a été relaxé par la cour d'appel qui le jugeait pour ne pas avoir respecté son assignation à résidence.

La rédaction avec AFP Publié le 25/10/2018 à 19:30, mis à jour le 25/10/2018 à 19:31
Oualid B. est reparti libre jeudi du palais de justice de Paris: ce jihadiste présumé, libéré en avril par erreur par un juge, a été relaxé par la cour d'appel qui le jugeait pour ne pas avoir respecté son assignation à résidence. Photo AFP

C'est l'affaire dans l'affaire. Oualid B. a été rejugé le 13 septembre pour "déplacement interdit à l'extérieur du périmètre déterminé par le ministère de l'Intérieur pour prévenir la commission d'acte de terrorisme", ainsi que recel d'images faisant l'apologie du terrorisme et conduite sans permis.

Il avait de nouveau comparu car le parquet avait fait appel. Six mois de prison et un mandat de dépôt à l'audience ont été requis contre lui.
Mais Oualid B. a surtout fait parler de lui pour sa remise en liberté en avril. Il était en prison depuis août 2016, dans l'attente de son procès qui aura lieu aux assises du 12 au 30 novembre.

Cet homme de 30 ans est en effet soupçonné d'être impliqué dans un projet d'attentat en 2014 dans la métropole lyonnaise et dans une filière d'acheminement de combattants en Syrie.

En avril, il a bénéficié d'une erreur procédurale: un juge d'instruction a oublié de renouveler sa détention provisoire, conduisant mécaniquement à sa libération, ce qui a déclenché une vive polémique. "C'est une erreur grave qui crée des dysfonctionnements inacceptables", avait alors critiqué la ministre de la Justice Nicole Belloubet. Elle a mandaté une inspection dont le rapport, rendu fin septembre, est "en cours d'analyse", explique l'entourage de la ministre.

Depuis sa libération, Oualid B. est suivi de très près par les autorités: il doit pointer deux fois par jour au commissariat de Meaux, ville qu'il n'est pas autorisé à quitter.

Or un policier a affirmé l'avoir reconnu le 16 mai vers 21H00 au volant d'une Clio bleue en dehors de la commune et alors qu'il n'a pas le permis de conduire. A l'audience, le policier, qui craignait pour sa sécurité, a témoigné via un procédé d'anonymisation, filmé dans une autre salle, dans l'obscurité et la voix modifiée. Il a redit être "certain" d'avoir vu Oualid B. ce soir là.

Forte ressemblance

Le prévenu a lui affirmé avoir passé la soirée du 16 mai chez sa belle-mère, puis être allé à la mosquée à pied.
Le propriétaire de la voiture a également témoigné et affirmé qu'il ne connaissait pas le prévenu, à qui il n'avait jamais prêté la Clio. Autre élément de poids: Oualid B. et le propriétaire de la voiture, qu'ils soient de dos ou de profil, se ressemblent beaucoup. Même barbe fournie, même cheveux rasés, une carrure identique. Le policier a donc pu les confondre.

La cour a confirmé la relaxe prononcée en comparution immédiate à Meaux (Seine-et-Marne). Le président a expliqué à Oualid B. qu'il pouvait demander réparation pour les quelques jours passés en mai en détention provisoire.

Pour l'avocat de Oualid B., Karim Morand-Lahouazi, "le dossier était vide: il n'y avait pas d'élément permettant de corroborer les dires de l'agent de police judiciaire". Cette relaxe permettra de "préparer de manière plus sereine le procès aux assises", explique l'avocat. Dans deux semaines, Oualid B. sera en effet de retour au palais de justice de Paris.

Au total, quinze personnes seront jugées lors de ce procès, mais huit d'entre elles, parties en zone irako-syrienne, font l'objet d'un mandat d'arrêt. Six accusés font partie d'une même famille, dont trois frères sont recherchés. Le procès se tiendra à la cour d'assises des mineurs, car l'un des accusés avait moins de 18 ans au moment des faits.

A l'audience en septembre, Oualid B. avait commencé à préparer le terrain pour les assises: "J'ai passé deux ans en détention. Je ne suis plus dans le même état d'esprit", avait-il affirmé.
En attendant son nouveau procès, Oualid B. est libre, mais toujours assigné à résidence et sous contrôle judiciaire.

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Var-Matin

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