Un plan contre l'azote se heurte à la colère des éleveurs aux Pays-Bas

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Par Hans von der Brelie
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Reportage aux Pays-Bas où de nombreux agriculteurs continuent de s'opposer au plan du gouvernement visant à réduire le cheptel national de moitié afin de limiter les émissions d'azote, source de pollution majeure dans le pays.

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Le parc naturel De Hoge Veluwe, à l'est d'Amsterdam, est une vaste étendue de landes et de bosquets boisés. La zone est protégée dans le cadre d'une initiative de conservation de l'Union européenne et, à première vue, elle semble être un havre de paix pour la faune et la flore. Mais le paysage est trompeur. Ces espaces sont surchargés en ammoniac et azote, provenant principalement des terres agricoles des environs. L'herbe ordinaire qui recouvre le parc prolifère grâce à la pollution, mais elle étouffe les espèces plus fragiles et détruit la biodiversité.

Pour tenter de préserver de tels espaces, un plan du gouvernement néerlandais prévoit en sept ans, une diminution de 50% des émissions d'azote, obligeant notamment à une réduction de moitié du cheptel national.

Ces mesures passent très mal auprès des éleveurs qui jusqu'à présent, restaient largement sur une logique propre à l'agriculture intensive : plus de bétail, plus de lait, plus d'argent. Aussi sont-ils nombreux à multiplier les actions de protestation contre ces mesures.

Une révolte des agriculteurs ?

Aux Pays-Bas, le secteur agricole est responsable d'environ 50% des émissions d'azote, ce qui signifie que ses acteurs sont au cœur dans ce débat. En 2019, la plus haute juridiction administrative du pays a estimé que le plan gouvernemental ne respectait pas les objectifs de l'UE et l'a condamné à faire plus. Les efforts en la matière se sont donc intensifiés depuis et les agriculteurs se retrouvent confrontés à la perspective d'expropriations si leurs exploitations sont jugées trop polluantes.

Omgo Nieweg, agriculteur dans le village d'Adorp, dans le nord du pays, a participé à des manifestations contre la nouvelle stratégie gouvernementale. "Le problème, c'est que le gouvernement ne nous donne pas de perspectives claires pour l'avenir," déplore-t-il avant d'ajouter : "Or on a besoin de perspectives pour poursuivre notre activité."

Le gouvernement a affecté 7,5 milliards d'euros au programme de rachat dans le cadre d'un plan plus vaste de 24,3 milliards d'euros, mais ce dernier doit encore être approuvé par l'Union européenne.

Des champs aux urnes

La colère dans le monde agricole a aussi émergé au niveau politique. Fondé en 2019 précisément en réponse au mécontentement lié à la nouvelle politique de l'azote, le BBB a été le grand vainqueur des élections provinciales du mois dernier. S'adressant aux électeurs ruraux qui se sentent incompris par l'establishment, la formation a obtenu environ 16% des voix et domine à présent, dans les tous les parlements provinciaux.

"Le système n'est pas le bon," explique Eddie van Marum, élu de ce parti de la contestation paysanne, en parlant du désespoir des agriculteurs. Il dit espérer que le gouvernement investira davantage dans des initiatives alternatives de préservation de l'environnement.

Malgré le succès du BBB et les rumeurs de report des objectifs de réduction d'émissions, Bruxelles a exhorté le gouvernement néerlandais à respecter ses engagements. La Commission européenne a indiqué à Euronews qu'elle pourrait engager une procédure d'infraction contre les Pays-Bas s'ils continuaient à ne pas respecter les législations nationale et européenne sur la protection de la nature.

Quelques jours après la diffusion par Euronews de ce reportage sur la colère des agriculteurs néerlandais et la bataille de l'azote qui divise le paysage politique aux Pays-Bas, la Commission européenne a donné son feu vert à un programme de soutien de 1,47 milliard d'euros mis en œuvre par le gouvernement néerlandais pour racheter et fermer quelque 3 000 exploitations agricoles situées à proximité de réserves naturelles. Cette mesure d'expropriation ciblant les élevages de taille petite et moyenne qui polluent le plus fait partie d'un vaste programme destiné à réduire les dépôts d'azote beaucoup trop élevés dans le pays.

Journaliste • Hans von der Brelie

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