Alors que les élections régionales approchent, cahin-caha, et alors que la campagne électorale correspondante déverse son prévisible tombereau de fumier à droite comme à gauche, on apprend, au détour d’un petit article fort discret, que la seule région de France à se placer dans le top 40 des régions les plus riches d’Europe est l’Île-de-France… C’est Huchon qui va être content. Ça pourrait éviter qu’on se focalise trop sur le repris de justice qui l’accompagne dans ses listes électorales…
On pourra s’étonner du peu de bruit que cette révélation aura provoqué dans la presse traditionnelle : l’information a probablement été jugée sans importance, et donc laissée en pitance aux seuls quotidiens aptes à trouver un pigiste et deux paragraphes pour en parler. Que voulez-vous : en ces temps de crise, faire un état des lieux de la France n’est pas bien vu (on entend généralement dans le fond des foules compactes crier « déclinologue ! déclinologue !« ).
Il n’en reste pas moins que l’information, en elle-même, illustre de façon lumineuse l’un des problèmes français : la mégalocéphalie dont souffre la nation, ou, disons, la taille surdimensionnée de la région parisienne.
Ainsi, les chiffres du classement montrent que, si l’on place le pouvoir d’achat moyen de toutes les régions européennes à l’indice 100, le chiffre obtenu par la région Île-de-France se situe à 169 et que c’est la seule région française à se situer au-dessus de 125. Si, toujours en se cantonnant à la France, on regarde à présent les régions qui sont au-dessus de 100, outre la région parisienne, on ne retrouve que trois autres régions, Alsace, Paca et Rhônes-Alpes, toutes inférieures à 110.
Si l’on compare avec les autres ténors de l’Union Européenne, on se rend compte que cette disproportion de la capitale française sur les autres régions ne se retrouve pas ailleurs. La centralisation allemande est beaucoup plus faible (neuf régions dans les quarante premières) ; même chose chez les Anglais ou les Néerlandais (cinq régions classées) ; et en Italie ou en Espagne (trois régions classées), là encore, les écarts semblent moins violents.
(Paris sera toujours Paris ?)
Autrement dit, la région parisienne se détache de façon quasi-caricaturale (plus de 50 points d’écart) des autres régions française, illustration parfaite de la centralisation ultra-poussée qui règne dans le pays : tout pour Paris, des miettes pour quelques autres métropoles, et rien pour tout le reste.
Pas étonnant, dès lors, que tout ne semble se passer qu’à Paris : la France s’est organisée, volans nolans, en société pyramidale toute entière pointant vers la capitale. Pas étonnant non plus si l’on considère le caractère français : jacobin voire collectiviste, centralisateur, détestant la royauté mais aimant tendrement les rois.
Plus gênant cependant, quand on se rappelle que ce sont les pays les moins centralisés, les moins collectivistes qui s’en sortent le mieux en cas de crise…
« Plus gênant cependant, quand on se rappelle que ce sont les pays les moins centralisés, les moins collectivistes qui s’en sortent le mieux en cas de crise… »
Uniquement en cas de crise?
Notamment en cas de crise 😉
Pour te donner une idée, les statistiques de mon ancienne école montrent que 50% de ses anciens élèves bossent en IDF, et 50% sur le reste de la Terre.
>> détestant la royauté mais aimant tendrement les rois
Il serait intéressant de savoir si sous la Monarchie, la France était aussi centralisée que maintenant. A mon avis, absolument pas.
Oh que si! Je vous invite à lire » l’ancien régime et la révolution » de Tocqueville qui le montre de façon évidente.
Ne pas confondre le PIB par tête avec le pouvoir d’achat médian. Comme à Paris tout est beaucoup plus cher, j’aurais tendance à penser que le pouvoir d’achat du parisien lambda est plutôt inférieur à celui d’un lyonnais ou un bordelais…
Les stats effectuées par Eurostat pour ce classement tiennent compte du pouvoir d’achat et ont normalisé les données.
Le pouvoir a compris depuis longtemps qu’il fallait éviter les baronnies de province : regardez comme le PS est emmerdé avec ses Frêche, ses Collomb et ses Guérini. Sarko, lui, il est comme Rodolphe, il a tout compris : moins il y a d’élus UMP, moins je suis emmerdé.