Seulement 3 films français rentables (en salle) en 2010

Intéressant panorama dressé par l’hebdomadaire professionnel « Le Film Français », et qui remet très à propos les pendules à l’heure quand il s’agit de l’exception et de la culture française : seuls trois films sont rentrés dans leurs frais de production en 2010.

Ainsi donc, dans le pays de la subvention tranquille, où le contribuable et le spectateurs financent sans le savoir des films qu’ils ne vont pas voir et dont ils n’entendent jamais parler, seuls trois films ont tiré leur épingle du jeu en équilibrant leur budget.

Comme le nombre est petit, la liste peut être fournie entièrement : celui qui s’en sort le mieux est donc « Des Hommes et Des Dieux », suivi de près par « L’Arnacoeur » et enfin de « Mammuth » …

C’est tout à fait éclairant.

D’une part, cela démontre que certains types de films français parviennent à rassembler plusieurs centaines de milliers de personnes. C’est, en soi, plutôt rassurant : bien qu’on entend régulièrement les pleurs humides de certains, réclamant en se tordant les poignets, de vigoureuses actions évidemment étatiques pour sauver la production française de l’hydre américano-mondialiste, la réalité montre que le public est encore prêt à se déplacer. Et lorsqu’on prend en compte le nombre total de ces films produits en une année (plus de deux cents), on se rend donc compte que les cinéastes ne manquent pas … et que la qualité, elle, laisse à désirer : un seul petit pour-cent seulement relève le défi de ne pas laisser d’ardoise.

D’autre part, on constate que les piscines de subventions dans lesquelles baignent la profession cinématographique auront eu un effet intéressant de polarisation des productions.

Cinema - And now, young jedi, ...

D’un côté, une myriade de films à petit budget, dont l’écrasante majorité, relatant dans un ennui monochromatique pisseux des histoires tristes à étrangler un hamster, font un bide feutré.

Films d’auteurs manifestement torturés ou bien trop accros à l’argent gratuit des autres pour réaliser une adéquation entre leurs lubies fantasques et les envies du consommateur moyen, productions interlopes aux scénarios étranges, coûteux terrains d’essais pour bricoleurs plus ou moins diplômés, la subvention généreusement distribuée permet, littéralement, de faire exploser la créativité ; comme d’autres font des cacas thermomoulés de 8m de haut peints à l’acrylique rouge devant des gares publiques, d’autres se lancent dans le cinéma et ne parviennent à impressionner qu’un film photographique qui n’avait rien demandé à personne. Au final, seuls un ou deux films de petite envergure, au scénario bien construit, arrivent à toucher un public.

De l’autre côté, on trouve quelques grosses productions dont le budget place immédiatement la rentabilité à des sommets stratosphériques que l’étroitesse du marché français rendent inatteignables, à l’exception annuelle près, exception souvent liée à un export mondial savamment marketé.

À présent, on trouvera certainement quelques études pour, comme les pleureuses précédemment citées, réclamer Plus De Moyens, le cinéma français devant absolument lutter pied à pied contre l’américain, c’est une évidence, il en va de notre survie culturelle, et patati l’exception culturelle française, et patata les films américains c’est de la mrd, etc…

Mais en fait, le mécanisme actuel des subventions et son résultat économique sans ambiguïté dans sa médiocrité montrent qu’encore une fois, l’intervention de l’état pour « protéger » un marché aura bien aidé à le rendre à la fois faible et pathologiquement dépendant.

Faible puisque les films rentables ne sont, pour ainsi dire, pas exportables : ils ont bien réussi sur le marché local, mais n’auront qu’une audience d’estime outre-France. Quant aux non-rentables, ou bien ils étaient d’emblée destinés à l’export et ne peuvent se réclamer d’une quelconque « culture française du cinéma », ou bien ils sont d’ores et déjà morts et enterrés ou prêts à passer au milieu du flot de purée télévisuelle dont on asperge la populace après 20H30.

Pathologiquement dépendant, puisque toute idée de supprimer les mécanismes de subvention et d’abondements par deniers publics est totalement inenvisageable ; mécanisme d’autant plus opaque qu’il cumule à la fois

  • le détournement d’une partie du prix des billets des blockbusters étrangers vers les films français (l’argent des autres, en somme),
  • les subventions directes et indirectes du Ministère de la Culture (l’argent de l’état, donc),
  • et les avantages et souplesses d’un système de protection sociale finement ouvragé pour une catégorie spécifique d’intermittents du travail (soit l’argent des autres travailleurs).

On peut même ajouter à ces mamelles, que le monde du cinéma français tête goulûment, que des aides nouvelles se sont multipliées se superposant et s’enchevêtrant aux dispositifs existant dans la plus parfaite opacité chère à nos élites administratives pour lesquelles aucune solution n’est jamais trop complexe, aucun petit tuyaux chromé n’est inutile, aucune pompe à merde sous-pression ne doit être épargnée. Au fil des années, le système de soutien au cinéma est devenu illisible, à tel point que peu d’acteurs de la filière savent s’ils sont des gagnants ou des perdants nets du système.

Inutile de dire qu’avec de tels atouts, une production pourtant pléthorique, une masse informe mais grandissante de personnels eux-mêmes totalement dépendant du statut d’intermittent et des aides multiples disponibles, et la force de l’habitude, il n’y a aucune chance qu’une réforme puisse un jour aboutir.

Moyennant quoi, on peut en être certain, les années prochaines proposeront toujours des nanars improbables, flous et mal cadrés, aux historiettes rachitiques, le tout pour des coûts dépassant systématiquement toute planification budgétaire.

En ces périodes de crise où les Français qui se lèvent tôt doivent serrer la ceinture, le pays peut-il encore se permettre ces largesses ? Parions cependant qu’aucune réflexion de fond(s) ne sera lancée à ce sujet qui viendra s’empiler sur la masse déjà importante des sujets soigneusement évités.

Devant ce constat, je le dis, en technicolor et son dolby surround, ce pays est foutu.

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Commentaires67

  1. Rte

    Mais le cinéma n’est pas une marchandise, quoi, c’est vrai à la fin !! Ces libéraux qui ne pensent qu’au fric et à la rentabilité !

    1. STEF

      Tout n’est pas histoire de rentabilité certes, mais à un moment il faut quand même se poser la question quand c’est la collectivité qui finance les activités.
      L’argent ne pousse pas sur les arbres!

  2. Stéphane

    « ils sont d’ores et déjà morts et enterrés ou prêts à passer au milieu du flot de purée télévisuelle dont on asperge la populace après 20H30 »

    Hum, en ce moment, c’est plutôt 20h55-21h00 si on ajoute la minute leroy-merlin, le petit geste pour la planète, la météo, et les bonnes grosses tranches de pub grasses au milieu (il est vrai que je fais référence aux chaînes privées).

    Vive les disques durs et l’enregistrement des séries américaines!

    Pauvres personnes âgées obligées de se taper les soirées des chaînes mainstream. Je les plains. Franchement. A chaque fois que je me retrouve coincé dans un bled, sans internet, avec seulement TF1…M6 à la téloche, j’ai envie de hurler.

  3. Taverne des poètes

    Votre titre n’est pas exact. Il s’agit ici seulement de la rentabilité en termes de places louées. La rentabilité en termes de droits télé et de ventes de DVD n’est pas encore intégrée dans l’étude d’amortissement.

    1. Oui, mais j’ai répondu à cette remarque un peu plus loin : le but d’un film est d’être vu en salle. Sinon, cela s’appelle un téléfilm…

  4. DiscoTonio

    T’es de mauvaise foi sur celui là h16. Ils ne parlent ici que des recettes en salle…

    Dans l’article :
    « Pour la majorité des films préfinancés en partie par des télévisions, on peut grossièrement considérer qu’une œuvre effectue une performance honorable à partir du moment où elle atteint un taux d’amortissement de 25 à 30 % » estime « Le Film français ».

    1. Normalement, le but d’un film est d’être vu en salle. Sinon, cela s’appelle un téléfilm.

      En fait, la mauvaise foi est surtout du côté de ces producteurs / cinéastes qui font appeler film ce qui n’est qu’une « docufiction » ou un téléfilm : cela leur permet de toucher les subventions côté cinéma, et celles côté téloche.

      Et au final, la production atteint tout de même la même médiocrité.

      1. DiscoTonio

        Non mais moi aussi ça me gonfle ces films pour bobos parisiens, dépressifs au dernier degré, style « pars vite et reviens tard avec le pain »…

        Mais ça ne justifie pas que tu fasses des déductions foireuses.

        Tu déduis que ces films ne sont pas rentables en ne prenant en compte qu’une partie des sous qui rentrent.

        1. Sur plus de 200 films français, seuls 32 sont rentables en 2010 avec tout ce qui rentre (qui passent la barre des 25% de rentabilité avec entrées salles). Et 3 avec les entrées salles. Je suis désolé, mais un secteur normalement marchand où moins de 16% des entreprises s’en sortent et encore, avec subvention, c’est un secteur qui va mal et qui n’est pas adapté à son marché. En temps de crise, c’est juste un luxe dont on n’a pas les moyens.

        2. Emmanuel M

          32/200 ca peut paraitre peu, mais c’est plus que les start ups.

          Est-ce que les 32 rentables le sont vraiment beaucoup ?

          Est-ce que qui enchaient trois films non rentables trouvent de l’argent pour en faire un quatrième ?

          1. Non, dans ces 32, tous ne font pas de bénéfices sensibles ou intéressants. Au final, on ne doit pas être loin du ratio des startups. Notez que ces dernières sont financées, normalement, par de l’argent privé.

  5. NEV

    C’est à cause du piratage si le cinéma va si mal!!
    Il faut absolument filtrer le nid à pédophiles et subventionner encore plus le cinéma en attendant!!

  6. Raoul

    Tout à fait éclairant… « Des Hommes et Des Dieux » en tête du cinéma rentable! Le consommateur moyen a des goûts bizarres, tendancieux même. On voit bien où cela mènerait le pays si on laissait la rentabilité régner sur ce qui doit être produit ou non.

  7. kelevra

    « des hommes et des dieux », apres le battage merdiathique, quelques centaines de milliers de personnes ont eu le malheur de voir ce navet. rentable c est sur, le cineaste pose sa camera et puis voila, suite de plans fixes, et alors la c est d un ennui sans nom pour rabâcher que les musulmans sont gentils.

    1. Raoul

      C’est sûr, c’est moins fun que Slevin. Mais quand le chien méchant se venge, le moine pardonne. Chacun son goût.

  8. Heimdal

    Y a quand même une bonne nouvelle dans l’article des Echos (lien):
    « Enfin « Hors la Loi », de Rachid Bouchareb, qui a coûté plus de 20 millions d’euros, n’atteint que 6% de rentabilité. »

  9. axel

    « Normalement, le but d’un film est d’être vu en salle »
    Bah non, pas seulement. Un film peut « vivre » des dizaines d’années à travers les ventes TV internationales et les sorties video. j’en sais quelque chose, c’est mon métier.
    Ce qui est exact en revanche, c’est qu’ils ont besoin de sortir en salle pour toucher les subventions du CNC!

  10. Hefjee

    « Devant ce constat, je le dis, en technicolor et son dolby surround, ce pays est foutu. »
    Je dirais même, en Dolby Digital, voire en DTS, ça pète plus…

  11. deres

    Le cinéma français est un un phénomène déconcertant. Comme il est abreuvé de subventions, il est rentable pour ceux qui y participe mais lors de la production et non de la distribution. Le but des sociétés de production est de rafler de l’argent gratuit et non de créer des films à succès. Le summum vient du fait que les subventions sont plus importantes pour les nouveaux réalisateurs, soit disant pour favoriser la créativité et les nouveaux entrants. Conclusion, une part très importante des films provient de réalisateurs qui ne feront au final qu’un unique film. De plus, ces soit-disant nouveaux sont habituellement des enfants du sérail, par exemple des acteurs qui veulent  » passer de l’autre côté de la caméra » … Bref, tout ceci n’est qu’une lutte pour avoir la meilleure place devant la pompe à subvention.

    http://www.ifrap.org/Cinema-francais-La-grande-illusion,0790.html

  12. Lazynaj

    Je vous lis pour la première fois. Félicitations, beau travail. Plutôt bien écrit, un style incisif [bien que beaucoup trop ampoulé à mon goût], quelques blagounettes bien senties, une bonne louche de démagogie,

    C’est vrai que ce qu’on lit ici, véritable discours flatteur, on le lit partout ailleurs.

    le tout saupoudré de deux ou trois chiffres pas du tout mis en perspectives [pour mieux nous embrouiller].

    Ouille, il faut réfléchir, ouille, ce n’est pas prémâché. Caliméro, à l’aide !

    De quoi convaincre 9 lecteurs sur 10. Et le dixième en question sera bien souvent un gauchiste sensible qui ne trouvera pas d’autre argument que « Mais le cinéma n’est pas une marchandise, quoi, c’est vrai à la fin !! ».

    Non, ce sera un troll qui viendra pleurnicher sur le méchant libéralisme, sur l’incapacité des pov’lecteurs de réfléchir par eux-mêmes, coupés qu’ils sont de la nécessaire information que j’ai soigneusement cachée, etc…

    A part vomir des clichés sur le cinéma indépendant (qu’y connaissez-vous d’ailleurs?) et hisser en exemple l’Arnacoeur et autres déjections hexagonales, que nous dites-vous exactement ? A combien s’élèvent ces subventions ? Comment se comportent nos voisins européens ? En éliminant (presque) toute information vérifiée et vérifiable, vous amputez le lecteur de tout jugement et le laissez un peu démuni face à cette bien jolie dissertation.

    Qu’il est con, le lecteur, tout de même. Heureusement, vous êtes là.

    Et avec ce qu’il faut de démagogie,

    Redite. Ce ne serait pas rhétorique, ce serait ampoulé.

    pour couronner le tout! Non, vraiment, bravo. Vous pourriez être président avec tout ça.

    Président ? C’est pour les nabots. Maître Du Monde, minimum ! Today, Fraônce. Tomorrow, ze ouhorld !

    Belle journée.

    1. Ieremenko

      Heureusement que vous êtes là, moi lecteur démuni j’étais en train de quitter le droit chemin que m’ont imprimé les médias et les gouvernements pour me laisser embobiner par ce h16, marionnette démagogique animée par le complot turbolibéral.

      Me voilà rassuré, mon petit monde d’idée est préservé.

  13. boutros

    L’avance sur absence de recettes permet à tous ces pauvres besogneux d’apprécier les petits fours pour célébrer les grands fours, entourés des happy few qui seront les seuls à avoir vu leur cacateuse production. Mais cela doit être rentable (cf. l’héritage de Claude Berri). La pire merde US ne perd jamais de vue le public auquel elle est destinée. En France on participe au concours du film qui aura été le moins vu en salle (pléthore de films ex aequo).

    1. Stéphane

      +1.

      En France, la pire insulte qui soit est d’avoir produit un film « commercial ».

      Le public est méprisé et c’est bien compréhensible: les cinéastes n’ont même pas besoin de lui. L’équilibre financier des films est parfois atteint sans même que le moindre spectateur n’aille voir l’oeuvre en salle, si elle sort. Pour les plus grosses production, le public captif (écoles par exemple) représente une bonne alternative.

      Seuls comptent l’appui des critiques et, par-delà, des puissants aux commandes des pompes à subventions. C’est pour cela qu’un César est tellement important en France (il ouvre grand les financements) alors qu’à Hollywood un Oscar représente une ode au talent mais n’est pas essentiel pour une carrière. C’est le nombre d’entrées, et lui seul, qui détermine le succès.

      En France, qu’importe que le public boude le cinéma français, il paye sa place de cinoche à travers les impôts…

  14. Poilagratter

    Mon cher H16 tu n’y est pas du tout : ce ne sont pas les films français qui ne sont pas adaptés au gouts du public, c’est le gout du public qui n’est pas adapté au cinéma français.

    Suivant la parabole de l’aspirine, ça veut juste dire qu’il faut poursuivre les efforts d’exception culturelle française avec des cours d’éducation cinématographique – obligatoitres bien sur – dispensés dans les écoles publiques, et ce dès le primaire.

    1. Ieremenko

      Ça me rappelle ces grands films kulturels qu’on nous envoyait regarder au collège, le cinécollège ça s’appelait, ou quelque chose comme ça.
      On rigolait bien dans le bus qui nous y emmenait.

    2. Joe

      L’exception culturelle française (le concept) n’est pas du tout ce qu’on croit. Il ne s’agit pas de dire que notre culture aurait un caractère exceptionnel mais que la France a demandé à ce que la culture fasse exception aux traités internationaux (et notamment aux accords de l’OMC) pour pouvoir notamment la financer comme des poneys (cf : http://fr.wikipedia.org/wiki/Exception_culturelle)

  15. Ptilou

    Bravo! Exactement ce que je pense depuis des années.

    C’est le problème de tous fonds que la France adore mettre en place (PAC, fonds de compensations, fonds de péréquation, etc…) qui fidélisent une clientèle d’assistés ne cherchant plus à faire d’efforts en conséquence, leur revenu minimum étant assuré.

    Par hasard, vous auriez ce chiffre -à partir de la liste de ceux qui en bénéficie régulièrement- ? J’imagine que c’est à 80% toujours les mêmes qui viennent s’entretenir, eux et leurs copains acteurs sans talents…

    1. Pour le chiffre des subventions, c’est … compliqué.

      Il y a les aides directes (qui se décomposent en soutien automatique et soutien sélectif) et les aides indirectes. Certaines viennent du Ministère de la Culture, certaines du CNC, certaines des régions et départements. C’est un mic-mac invraisemblable.

      En 2005, 75 millions d’euros étaient alloués au soutien automatique. Il semble, en fouillant, que les aides directes s’élèveraient à plus de 120 millions. Pour avoir le détail des autres aides (ministère, régions, départements, Europe), il faut faire un travail de bénédictin que seuls ceux qui veulent en toucher font…

      Et on n’a pas évoqué les incitations fiscales, les dérogations, les régimes particuliers, …

      Quant au nombre de ceux qui palpent, il est au moins aussi compliqué à trouver.

  16. Mathieu

    J’ignorais totalement qu’atteindre 25% de rentabilité lors de la vue en salle est « honorable » en France.

    Cependant, ces taux mériteraient d’être mis en perspective avec les blockbusters américains qui carburent aux centaines de millions de dollars. Atteignent-ils la rentabilité avec la sortie en salle seul ?

    H16 je vous trouve un peu présomptueux en disant que le but d’un film est de faire des visiteurs en salle.

    Moi je n’en sais rien, je ne suis pas là dedans. J’ai cru comprendre cependant que le business model de Disney par exemple est de faire de la valeur avec les produits dérivés et autres licences.
    Pourquoi ce ne pourrait pas être le cas des films français ?

    Notez que je trouve le cinéma français ennuyeux au possible et que les subventions publiques accordées intolérables.

    1. Dernier exemple de blockbuster américain : Toy Story 3. 1 milliard de $ de recettes en salles. Je crois que ça se passe de commentaires, mais la réponse courte est « oui, la majorité des blockbusters qui ont un gros budget doivent rentrer dans leurs frais en salle ».

      Pour ce qui est des produits dérivés, on heurte deux problèmes avec les films français :
      a/ le marché est étroit. La France ne compte pas 300 millions de consommateurs. Ca joue beaucoup.
      b/ faire du marchandising intensif, ce n’est pas simple du tout, surtout si le sujet s’y prête mal. Le marchandising sur Des Hommes et Des Dieux, c’est quoi ? Des verres sérigraphiés ? Des t-shirts moulants ? Des tongs ?

      Ici encore, l’exception culturelle française joue défavorablement.

  17. kwak chung seok

    Barf ! Bien que je ne sois pas un libéral échevelé, je suis très farouchement opposé à l’idée que la production culturelle soit subventionnée par tout le monde DE FORCE (je refuse qu’on finance des spectacles de JOHNNY, Sardou ou des films genre les Bronzés avec MON ARGENT tout comme je refuserais qu’on finance des films de Bruno Dumont avec l’argent des gens qui n’aiment pas le cinéma d’auteur)

    Le vrai Art de toute façon, c’est le bon grain caché sous des tonnes de ronces qui s’appellent productions culturelles contemporaines et que le temps se charge chaque jour discrètement de reléguer dans l’oubli.

    Les vrais artistes ce ne sont pas des suceurs de subventions, mais des gens qui ne peuvent pas faire autre chose que dire leur art et qui « mourraient de ne pas pouvoir se consacrer à leur art  » (Rilke).

    Rimbaud ne se demandait pas s’il pouvait contacter tel organisme régional, départemental, communal ou intercommunal pour financer sa poésie. Il assuma un bon temps de vivre très très chichement, tout comme Brassens, Hamsun, et tant d’autres.

    La vraie pauvreté fait un excellent tri entre les faux et les vrais artistes d’ailleurs.

    l’exemple le plus gerbant de la subvention honteuse pour moi c’est « Bienvenue chez les chtis »

  18. Baudricourt

    Ça me rappelle une interview…

     » LE JOURNALISTE : … vous tournez avec Henri Verneuil qui fait partie des metteurs en scènes que l’on considère, (et) je le dis moi sans nuances péjoratives, comme commerciaux. Et on a vraiment l’impression qu’actuellement, il y a, en France, au moins deux grandes méthodes de tournage, la sienne et celle d’un Lelouch par exemple, sans parler de Godard …

    LINO VENTURA : Pourquoi Lelouch c’est pas commercial ?

    LE JOURNALISTE : Ah … C’est une question que je peux vous poser aussi ?

    LINO VENTURA : Bah, je ne sais pas ce que vous entendez par commercial, il faudrait d’abord la définir une bonne fois pour toutes… Pourquoi est-ce que vous vous sentez obligé de dire  » je le dis sans aucuns sens péjoratifs « … C’est fait pourquoi le cinéma ?

    LE JOURNALISTE : Heu … Le film ?

    LINO VENTURA : Pour que ça marche ?

    LE JOURNALISTE : Pour être vendu oui !

    LINO VENTURA : Ah ! Alors c’est commercial… « 

    1. scaletrans

      Ha les croque morts de la critique cinématographique Françouaise ! Les peine à jouir des Inroc et de Télérama!

    1. Cachetonner ? Si seulement 😉 ! Quand ça me rapportera autre chose que les commentaires au raz des pâquerettes des habituels gauchistes, ce sera déjà un grand bon en avant !

    2. Nord

      Atlantico: « Orientation politique assumée comme libérale, du centre et de droite. » Déjà rien que cette affirmation m’amuse 🙂

      1. On verra sur la distance. Si Atlantico fait un site ouvertement libéral, il pourra rencontrer un lectorat qui en a marre de lire la soupe imbuvable qu’on trouve ailleurs. Sinon, ça va nous refaire un Valeurs Actuelles néocon de plus.

    1. Epicier vénéneux

      Excellente idée. Comme les critiques sont des humains comme les autres, ils refuseraient de payer pour voir des daubes, ce qui est la plus sévère des critiques, et ne noteraient que les meilleurs films.

      Exactement comme les inspecteurs du Guide Michelin.

  19. armelle

    malheureusement c’est qu’aujourd’hui le mot commercial est bien plus souvent péjoratif que positif…

    1. Théo31

      Si des cinéastes veulent réaliser des films que personne n’ira voir parce que, voyez-vous, le 7° art n’est pas une marchandise, toussa, pourquoi pas, mais à leurs frais exclusifs – ou bénévolement – et sans aller faire le trottoir.

      Je me suis demandé souvent pourquoi les gens du cinéma qui étaient pétés de thunes étaient degauche. La réponse est simple : ils ont cette maladie qu’est la subventionite aigüe.

  20. rocardo

    Lazynaj:pauvre tanche.
    Voilà,ça,c’est fait.
    Dans un bouquin écrit par Mocky,on apprend un truc intéressant:l’avance sur recettes,c’est justement une AVANCE que fait l’Etat,que la prod doit rembourser dès que les recettes tombent.Ce que faisait Mocky,mais que se gardent bien de faire ses copains,qu’il dénonce donc.Ah,mais ce n’est pas bien la délation,M.Mocky!Cela rappelle les zeurléplssombres toussa,vous pourriez bien être cloué au pilori lors d’une soirée des Connards par un Xavier Beauvois.

  21. Aurélien

    Ce que j’aimerais savoir c’est si un film comme The Ghost Writer a eu des subventions de l’Etat français…?

    Ce serait possible vu qu’il est officiellement français, même si cela ne tient qu’à la nationalité d’une partie de la production et d’une « partie » du réalisateur…

    Pour le reste, aucun acteur français, aucun tournage en France, peu de chances qu’il y ait eu un seul emploi, même temporaire, créé par ce film, rien qui touche de près ou de loin à la France dans le scénario, etc… Mais c’est un film français… donc subventions?

    1. gem

      On s’en branle ; ce qui compte c’est que le pognon a été piqué au peuple français. Le Duschmol qui a touché le fric peut être bulgare, amerloque ou français, ça ne change rien au scandale.

      Inversement, si les subventions au daubes sus-mentionnées venait d’un mécène (avec son propre fric), nous n’aurions rien à dire.

      1. Aurélien

        « Le Duschmol qui a touché le fric peut être bulgare, amerloque ou français, ça ne change rien au scandale. »

        Ma question tourne plus autour de qui bosse que de qui palpe.

        Faut pas non plus réduire le cinéma à un mec avec un gros cigare, un avec une caméra et 2 acteurs. Y a un paquet d’emplois derrière, temporaires ou permanents. Si les subventions pouvaient au moins servir à faire travailler ceux qui les paient par l’impôt ce serait un moindre mal.

        1. gem

          Non, non, non.

          C’est exactement comme si tu disais :
          « bon, je me suis fait braquer, mais heureusement le braqueur a été assez gentil pour m’offrir de bosser pour lui en me payant avec mon propre fric, c’est un moindre mal ».
          Débile, isn’t it ?

          Le mal est fait au moment où le pognon est piqué. Ce qui se passe ensuite ne change rien d’important. Le braquo, il se marre, de te voir si content de revoir ton blé. Il peux même te payer généreusement, quel importance ? il te paye avec ton fric et si tu en veux plus pour ton boulot, c’est pas grave, il lui suffit de te braquer derechef.

          Toi, tu t’es fait avoir (comme tout le monde) par la rhétorique « ça fait des emplois ». Tu parles… Toujours « ce qui ce voit et ce qui ne se voit pas ».

        2. Théo31

          « Toujours « ce qui ce voit et ce qui ne se voit pas. »

          Qu’on devrait rebaptiser « ce qui se voit, et ceux qu’on enc**** à fond » pour être dans le coup au 21° siècle.

    2. Mendoza

      « Ce que j’aimerais savoir c’est si un film comme The Ghost Writer a eu des subventions de l’Etat français…? »
      Bonne question ! En tout cas, France2 se vantait d’avoir participer à son financement…

  22. Groucho Marx

    H16,

    Je ne sais pas si tu en as déja parlé, mias je viens de découvrir que tu prête ta plume au nouveau site Atlantico.

    Je ne dirais que 2 mots: bravo.

    En plus de liborg, ça me fait un site de plus où je pourrais te lire.

  23. frenchhorn

    Le plus grand nombre a toujours opté pour la médiocrité.
    Seule la démagogie ambiante tente de faire croire le contraire.

    1. gem

      et quand bien même ? ça donnerait le droit aux aristos auto-proclamés de se goberger avec le fric du populo pour des machins soi-disant « culturels » ?

  24. dudul

    L’argent sale des capitalistes, quand il fini par arriver dans les mains de ces réalisateurs de « chefs d’œuvres cinématographiques » devient tout d’un coup propre… Et quand on sait qu’un gros pourcentage des entrées en salle est fait grace aux films de ces salauds d’américain… Là aussi on ne refuse pas cet argent… donc un ouvrier qui monte une bagnole ne peut pas voir son business subventionné, qui plus est il participe au financement lui mais mais un ouvrier du cinéma peut voir son business subventionné lui… les saint dicta, hummmmm, merci….

  25. raphael

    Excellent article.
    Mais je crois que j’aurai fait un article plus dur encore.

    Le pire étant que je suis particulièrement bien informé puisque je travaille moi même dans cette branche. La subvention a rendu l’ensemble complètement mafiosique et improductif. Et ça va très loin. Mais je n’en parlerai pas plus en public, mon business-model en dépend.

    Je salue au passage votre connaissance du sujet. Il faut y avoir un peu touché pour y comprendre quoi que ce soit. Chapeau.

    Il aurait été juste de parler aussi du mix fonds privés fonds public à travers les aides fiscales en tout genre, qui cumule les déviances de l’argent gratuit à ceux de la réglementation stupide. Un modèle d’inefficacité et de détournement de fonds. Mais je vois que vous en avez parlé un peu dans les commentaires.

    Décidément bien renseigné. Des sources ?

  26. Alex6

    La verite c’est que pris globalement, le cinema francais est tres mauvais, meme pour ce qui est du cinema dit d' »auteur ». Techniquement incapable de rivaliser avec les productions americaines, le cinema americain en particulier est devenu tres varie dans la mise en scene et propose des scenarios tres haut de gamme (je pense a « Inception » entre autres recemment), beaucoup plus originaux que les miserables lamentations parisiennes.
    J’irais voir quelques films francais lors du French film festival a Sydney mais juste parceque j’apprecie quelques acteurs francais, qui ne sont pas tres a la mode d’ailleurs (Vincent Elbaz par exemple) et que les Francais restent bons dans un domaine, les films sur bases historiques.

  27. Laglute

    Marrant. ce post me rappelle celui que vous aviez commis il y a un an ou deux sur les subventions aux cirques : personne n’y allait, mais fallait raquer au travers des impôts pour que cette exception culturelle demeure…

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