« Toujours Un Train De Retard », telle pourrait être la devise des administrations françaises, notamment lorsqu’il s’agit de nouvelles technologies. D’ailleurs, elles sont si nouvelles que les comités, conseils et autre hototorités chargées de les réguler arrivent systématiquement après tout le monde. Évidemment, ça coûte des millions au contribuable, mais au moins, on a le droit d’en rire.
Et dans la catégorie Vieux Machin Qui Court Après L’Avenir, on trouve, essoufflé, les bras ballants, la langue sortie et les joues rouges, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel qui aurait pu s’appeler Conseil Supérieur de l’ORTF sans prendre une ride de plus.
Le vénérable organe, déjà passablement calcifié, a décidé de donner une excellente raison aux élites qui nous gouvernent de lui augmenter sensiblement son budget en s’occupant des cas Youtube et Dailymotion. De quoi s’agit-il ? Comme d’habitude en Socialie, c’est d’abord et avant tout une histoire de gros sous, d’argent, de pépètes, de flouze. En effet, pour Michel Boyon, le président du Comité croupion, tout se résume à cette question palpitante et pas du tout biaisée :
« Quelle est la différence entre une plateforme de vidéos à la demande classique, et des sites comme Dailymotion ou YouTube ? »
Pour notre agent de la force publique qui vient de renifler un bon gros steak, les deux plateformes s’apparentent furieusement à des éditeurs de contenu vidéo et doivent donc, en toute logique étatique, verser leur obole au grand panier percé de la Création Audiovisuelle, celle-là même qui nous abreuve des émouvantes et indispensables séries comme Louis La Brocante, Plus Belle La Vie, Joséphine Ange Gardien ou, mieux encore, tout l’épais catalogue d’émissions télévisuelles essentielles de type télé-réalité à commencer par les journaux télévisés de 20H. Et je n’évoque même pas tout le reste, c’est inutile tant la Création Audiovisuelle foisonne dans ce beau pays.
Sacré Michel ! Il a trouvé là, comme on dit dans le jargon des capitalistes affameurs d’ouvriers, un « relai de croissance » pour son petit business de racket organisé. Comme il a déjà ratissé chez les éditeurs vidéos, les télévisions et tout le reste des médias traditionnels, il lui fallait trouver un moyen de pénétrer le marché immense et inviolé d’internet, qui représente non pas une poire pour la soif, mais tout un champ de poiriers avec main-d’œuvre livrée gratuite et rendements maximum toute l’année.
On se réjouit déjà à l’idée de la mise en application d’une si fabuleuse régulation ! Combien vont pouvoir générer les vidéos de Lolcats ? Quelle part la Création Audiovisuelle pourra-t-elle espérer des vidéos baveuses de Kevin qui se plante sur son skateboard ?
Mieux encore : comment le CSA va-t-il procéder pour imposer que Youtube et Dailymotion respectent les quotas de merdes insondablescréations françaises en vigueur sur les chaînes de télé ? Michel Boyon se rend-il compte des situations aussi comiques qu’ubuesques dans lesquelles il va propulser son institution avec le talent d’un pétomane en rollers ?
Ce pauvre énarque dépassé (oui, il est énarque, n’est-ce pas évident ?) nous propose en réalité une autre forme de censure, basée sur une vision coincée à mort entre 1951 et 1952 ou quelque chose comme ça, et qui semble avoir fondu avec le reste de l’appareil administratif et fait maintenant masse. Et cette censure serait alors mise en place uniquement pour justifier l’existence d’une institution dont le champ d’occupation (les médias traditionnels) perd tous les jours en influence.
N’importe quel humain avec à peu près 23 paires de chromosomes comprendra la crétinerie de la démarche et les lamentables raisons sous-jacentes… Ce qui exclut d’emblée les membres de la HADOPI, la Haute Autorité Destinée à Observer les Petits Internautes, qui, eux aussi, ont décidé de se lancer dans une nouvelle lubie inutile, coûteuse et déjà lolifiante.
Notons tout de même que là où le CSA a fondu dans les engrenages de la machine à vapeur administrative et s’est retrouvé coincé dans les années 50, la HADOPI a encore sa capacité de mouvement qu’elle emploie consciencieusement à rebrousser chemin vers les années 70. On attend le moment émouvant où le tunnel creusé par cette dernière entrera en contact avec le tunnel inachevé par les fiers énarques du CSA, moment qui terminera par une petite photo comme lorsque l’Angleterre cessa d’être une île, quelque part sous la Manche, il y a bientôt 20 ans.
Et pour ce faire, la HADOPI a décidé de passer la démultipliée en matière de connerie astronomique. Sachant qu’ils avaient déjà branché le turbo et que les boosters d’appoint ne sont toujours pas largués, la vitesse de propulsion dans l’espace inter-sidérant devient considérable. Et c’est donc en envisageant d’appliquer la riposte graduée aux jeux vidéos qu’ils ont passé le mur du çon.
Petit bémol toute fois : ici, les fiers branleurs de la HADOPI n’ont pas eu cette idée géniale tous seuls. Ce sont bien les majors du jeu vidéo qui ont poussé à la roue, montrant que lorsqu’on donne la possibilité à des corporations de lobbyiser l’état à mort, eh bien elles en profitent. À mort.
Je dis à mort puisque c’est ce qui pend au nez de la HADOPI et de cette industrie, au moins sur le territoire français, si elle ne comprend pas très vite l’intérêt qu’elle peut avoir à ne pas cogner sauvagement sur son cœur de cible marketing.
D’autant que, et c’est le Bonus-LOL de ce billet, alors même que les velléités de la HADOPI et du syndicat des acteurs du jeu vidéo (Sell) ne sont pas encore parfaitement connues, on apprend en parallèle qu’un nouveau client P2P de type torrent va sortir. Tribler a cependant quelques cailloux dans les bottes de nos amis : il s’agit d’un équivalent BitTorrent, qui permet donc l’échange direct de fichiers depuis plusieurs machines entre elles sans passer par un serveur central. Mais en plus des clients actuels, ce dernier permet de se passer de serveur « catalogue » qui recense les sources des fichiers, et, surtout, de conserver l’anonymat des personnes qui s’échange les fichiers, de bout en bout.
Si l’on ajoute les possibilités de ce client à fournir des vidéos en streaming (flux temps réel), on comprend qu’on a ici un vrai gagnant, et que HADOPI et ses petits copains nous préparent un EPIC FAIL des familles.
Certes, tout ceci est avec votre argent, en pure perte, et agace pas mal en ces temps de crise.
Mais c’est vendredi, et c’est LOL.
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Par les temps qui courent, moi j’dis que c’est rassurant, en fait, un tel niveau de bêtises sidérales.
Au moins, ils sont bien occupés, au plus ils en ont pour un bon moment. Ils vont finir par inventer la TV interactive, heu, internet quoi.
Non seulement ils font rirent, mais ils ne touchent aucun droit d’auteur sur leurs œuvres. Les çons!
Bon, OK, pour nos impôts c’est moins la joie, mais les idées fumantes et fumeuses ne maquent pas: taxer les FAI, taxer tous les écrans (de fumées), taxer Gogol, taxer les puces…
Bref comme dit le pépin : la bulle, et en 10 ans, ils se sont perdus dedans… c’est ça le pépin.
« Et dans la catégorie Vieux Machin Qui Court Après L’Avenir, on trouve, essoufflé, les bras ballants, la langue sortie et les joues rouges, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel »
Joli ! :D:D
Le pétomane en roller ^^ Joli!
Et la redevance audiovisuelle pour les téléphones portables, c’est pour bientôt ?
Oui, ils veulent l’étendre aux nouveaux support. Mais comme expliqué ci-dessus, ils en sont encore aux ordinateurs. cela va trop vite pour eux …
Mais bon, comme notre nouveau gouvernement semble montrer que le vote de loi est optionnel et qu’il est possible de faire tout et n’importe quoi par décret en se servant des lacunes et flous des milliers de lois existantes, il est possible que cela s’accélère un jour …
Pas tout de suite, parce que le lobby des téléphonistes est contre, et ce sont de sacrés poids lourds
On aura plus vite fait de dresser la liste de ce qu’on peut faire, dire ou penser sans taxe.
Ça devrait tenir sur un A5.
Sur une carte de visite plutôt ! et moderne, petit format. 🙂
Mais non, les 60 propositions de FH tiennent sur plus de pages …
on peut encore respirer l’air ambiant mais ne le crions pas trop fort, cela pourrait donner des idées…
Il y a un an, tu nous as gratifié d’une de ces tirades dont tu as le secret; je me permet de la remettre ici, car c’est de circonstance.
« le miniternet des ordinateurs du web, c’est un gros machin complexe, un ensemble de petits tuyaux et de petits fils qui vont de loupiotes colorées vers des lumières qui clignotent, pas plus »
Merci.
« l’épais catalogue d’émissions télévisuelles essentielles de type télé-réalité à commencer par les journaux télévisés de 20H. »
Merci H16 pour tes trouvailles beaucoup plus profondes que rigolotes !
Je ne savais pas pourquoi les JT français me rendaient mal à l’aise. Tu viens de me l’expliquer…
Cher h16 (et autres), vous voulez vous en payer une bonne tranche ?
http://fr.news.yahoo.com/le-républicain-rand-paul-apporte-son-soutien-à-075622500.html;_ylt=ApCAnd8wFZyxH0a2iuyF748Efsl_;_ylu=X3oDMTN2OXVma3NwBG1pdANUb3BTdG9yeSBNb25kZVNGBHBrZwM3NzJjZmUwYy05ZmMwLTNhOTAtYWE4Yi1lNjk1MGQzNWExMWUEcG9zAzMEc2VjA3RvcF9zdG9yeV9jb2tlBHZlcgM4YjcyMTBmMC1iMTNmLTExZTEtYTc2Zi1iOTg2YjExODI2OGM-;_ylg=X3oDMTFlOHMwbjZ1BGludGwDZnIEbGFuZwNmci1mcgRwc3RhaWQDBHBzdGNhdAMEcHQDc2VjdGlvbnM-;_ylv=3
« Ron Paul, représentant d’un courant anti-fédéral et anti-guerre, s’était présenté à l’élection présidentielle de 1988 sous l’étiquette de « libertarien », recueillant 0,4% des voix. »
Ahem Ahem oui et donc depuis 1988 il ne s’est RIEN passé, ce type est un parfait inconnu au bataillon, on en a jamais entendu parler et surtout pas dans la récente campagne. Les medias Demaerd ont encore repoussé plus loin les limites de la connerie intersidérale.
Ils sont très fort, pour écrire à la fois
« Ron Paul qui s’est retiré mi-mai de la course à l’investiture républicaine » et deux lignes plus loin « Il poursuit néanmoins sa campagne «
Je parlerai plutôt de journalope dans le cas qui nous occupe… Les mensonges par omissions sont vraiment les plus dégueulasses.
C’est une des nombreuses news que j’ai lue, hier je crois, et qui m’avaient fait frémir. D’autant plus que j’ai entendu aussi la volonté de taxer (audiovisuel) non plus les postes de télé, mais les écrans, qu’ils soient de télé ou d’ordinateur (ou autre ?). Perso je n’ai pas la télé chez moi, car je refuse de payer une taxe pour les merdes que vous avez si habilement décrites, cher H16.
Donc, même si je n’ai pas la télé, que je ne la regarde jamais, je serai tout de même obligée de participer à cette formidable création d’oeuvres que le monde entier doit nous envier et je devrai payer une taxe audiovisuelle qui se sera transformée en « taxe sur le écrans ». Terrifiant le pouvoir que la Socialie et ses énarques possèdent pour enquiquiner le citoyen moyen et lui soutirer son argent par tous les moyens.
Mais ceci n’est rien comparativement aux menaces qui se profilent à l’horizon : on entend de plus en plus parler de fédéralisme pour l’Europe. Non pas que j’y sois opposée, mais j’aimerais bien savoir si le fédéralisme dont on parle ne va pas être un nouveau prétexte pour ponctionner un peu plus le moutontribuable. Je vois mal la Socialie française se priver vers le tronc commun de tous les subsides desquels elle vit confortablement. Je vois plutôt la création d’un mille feuilles avec tout plein de fonctionnaires dedans, à tous les étages.
J’ai la même appréhension à propos de l’Europe Fédérale, pour laquelle j’avais un a priori favorable. Mais j’ai bien peur maintenant que les velléités étatistes françaises prennent le pas sur les tendances libérales des autres pays…
Les bureaucrates européens sont pour la moitié des anciens carriéristes de talent du bloc soviétique… A priori favorable ? Beurk.
Le fait de donner un objectif aux impôts est une forfaiture destiné à nous donner l’impression faussement libérale que nos impôts sont associés à un service et donc sont justifiés. Normalement, l’Etat ne s’occupe que des fonctions régaliennes donc d’intérêt publique et il est normal que tout le monde participe. Il n’a donc pas besoin d’auto-justifier ses prélèvements. Tout doit aller dans un pot commun. La mode actuelle des prélèvements avec des notions morales montre bien que le niveau des prélèvements a atteint un tel niveau qu’il est nécessaire de les justifier de manière incontestable un par un pour en ajouter. On a donc des journées de solidarité avec les personnes âgés, des tarifs sociaux, et des petites taxes de tous les côtés.
Et cerise sur le gâteau on a aussi des taxes contre : le carbone, les sodas, la vitesse ….
Tiens, au fait, comptez-vous nous parler de votre futur bouquin, M.Treizetroy ?
Bientôt 🙂
En tout cas, ça me parait prometteur…
Extrait du lien sur La Tribune :
« Le CSA, de peur d’être un jour démantelé, continue à rêver au jour fou où il pourrait avoir vocation à regarder ce qui passe sur Internet (ce qui serait une vraie découverte pour ses membres) », rétorque Giuseppe de Martino
Excellente réplique 🙂
C’est chouette : Tribler financé par l’UE qui va faire un pied de nez à la Hadopi ^^
Un peu HS, quoique… Brice Couturier sur France Culture ce matin a fait l’éloge du livre de Guillaume Poitrinal, « Plus vite! La France malade de son temps ». A l’entendre, ça donne envie de le lire bien que ça confirmerait encore que CPEF.
Du bon H16 encore.
La plante « exception française » (exceptia frankistania debilita lolita) est une variété de cannabis (ou de moquette qui fait rire) cultivée uniquement dans les sous-sol de l’ENA,de Sciences-Pipo, de l’assemblée (encore dite) nationale, de Matignon et de l’Élysée. Ils l’engraissent avec leur pisse d’âne qui a cependant le malheur d’attirer tous les parasites du monde. Elle fleurit tous les 5 ou 7 ans depuis 1918 (au moins)
H16, j’adoooore
En intraveineuse , uniquement …
CSA, hadopi : la connerie a enfin un monopLOL. 😀