[Redite] Heureusement, la concurrence nous sauve du méchant capitalisme

Article initialement paru le 29.10.2015

En 2015, la presse effarée découvrait qu’un vil capitaliste pouvait fort bien multiplier par 10, 100 ou 1000 le prix d’un médicament et pousser les malades aux pires extrémités (holdup, kidnapping, extorsion, trafic, syndicalisme, vente de Jul sous le manteau…) pour s’en procurer. Malheureusement, cette presse effarée oubliait dans la foulée de présenter avec le même retentissement l’apparition sur le même marché de firmes, elles aussi bassement capitalistes, proposant le même médicament à des prix abordables.

Eh oui : le capitalisme est décidément le meilleur remède au capitalisme… Oubli commode de la presse francophone.

Mi-septembre, la presse découvrait, choquée jusque dans les tréfonds de son âme, que le capitalisme débridé pouvait pousser certains patrons à augmenter les prix d’un médicament de 5000% et qu’il n’existait aucun moyen de l’obliger à baisser ses prix et, éventuellement, de lui briser les rotules même sur le plan purement métaphorique, parce que ce qu’il faisait était parfaitement légal.

Sans surprise, les médias français n’avaient pas hésité à relayer l’abominable histoire, si illustrative des dérives du capitalisme débridé et dérégulé qui sévit bien sûr outre-Atlantique dans ce berceau de l’anti-collectivisme primaire (forcément primaire).

drogues - souvenez vous les enfants elles sont super chères

En substance, profitant du rachat d’une petite entreprise pharmaceutique, le patron, un certain Martin Shkreli, avait augmenté de 13,50 dollars à 750 dollars le prix de la pilule de Daraprim, un médicament utilisé pour la lutte contre certains protozoaires sanguins comme la toxoplasmose, le paludisme, la leishmaniose. Le fourbe capitaliste n’en était pas à son coup d’essai puisqu’il avait déjà, en 2011, procédé de la même façon pour un autre médicament lors du rachat d’une autre société, Rétrophin, dont le conseil d’administration n’avait guère goûté ses méthodes et avait fini par le débarquer.

La révélation avait largement entraîné le lot de partages Facebook et Twitter expliquant dans quelle mesure ce patron était un parfait salaud d’exploiter ainsi la maladie de certains individus et d’en tirer un si juteux profit alors qu’il n’avait, en réalité, rien fait pour développer le médicament. Cependant, si les jugements moraux s’épanchèrent sans problèmes dans les pleuroirs sociaux officiels, il n’y aura pas eu beaucoup d’analyse de fond du problème, des rapports incestueux entre la FDA et les prix de marché des médicaments outre-Atlantique, ni beaucoup de billets pour noter que le médicament en question ne disposait plus du moindre brevet.

Notons tout de même l’exception heureuse d’un billet paru sur Contrepoints et qui remettait quelque peu les pendules à l’heure, en rappelant qu’au vu des contraintes nécessaires à la vente d’un équivalent générique aux États-Unis, qualifier le marché de la santé américain de non-régulé est un déni de réalité profond, voire une vaste bouffonnerie qui n’étonnera que le lecteur inattentif de la presse subventionnée française.

Presse subventionnée qui, si elle fut la première sur le pont à cracher sur le patron en question, oubliera totalement de faire son travail lorsqu’une concurrence apparaîtra. Il faut dire que la distribution de bons points et de moraline en barils est devenue une spécialité que beaucoup de journalistes ont bien du mal à dépasser.

Et quand je parle de concurrence, ce n’est pas innocent.

Hollande fucking loves cocaineEn fait, un mois après la hausse de prix stratosphérique (et économiquement idiote) imposée par Shkreli, on découvre qu’une société entend maintenant fournir une alternative bon marché aux pilules devenues inabordables : Imprimis Pharmaceuticals, de San-Diego, qui établit les préparations magistrales pour des patients individuels, a expliqué récemment qu’elle allait fournir les composés actifs du Daraprim (la pyriméthamine et l’acide folinique) à raison de 99 dollars pour un flacon de 100 capsules.

Oui, vous avez bien lu, contre une méchante firme capitaliste apatride dévoreuse de chatons communistes et de malades de la malaria, une solution simple a été trouvée assez rapidement (en un mois), par le marché lui-même : la concurrence d’une autre firme, elle aussi bêtement capitaliste et attirée par les profits évidents qu’une clientèle avide d’économies ne manquera pas de lui procurer. Ce serait presque caricatural si ce n’était réel, mais il faut le redire : le meilleur outil contre le capitalisme reste le capitalisme lui-même, qui démontre encore une fois qu’il se régule très bien tout seul. Il faut aussi insister sur l’évidence que le problème ne se serait pas posé en premier lieu si les procédures de production d’un médicament n’étaient pas déjà relativement complexes, et si la production d’un générique n’était pas rendue presque impossible par, justement, une régulation tous azimuts, soit l’exact opposé de ce que le marché a trouvé comme solution fonctionnelle…

CorporatismeDe façon d’ailleurs parfaitement ironique, c’est aussi le marché qui trouve les moyens opérationnels de contourner le déluge de régulations parfois invraisemblables, dont une bonne partie répond avant tout à des motivations purement corporatistes ou protectionnistes, au détriment des patients et, plus généralement, des consommateurs, depuis le malade jusqu’au médecin en passant par les assurances et les systèmes de santé massivement étatisés, qui doivent supporter de façon directe ou indirecte tous les surcoûts engendrés mécaniquement par ces empilements légaux, bureaucratiques et “régulatoires”. Eh oui : les marchés noirs médicamenteux sont la conséquence directe des dérives non pas du marché libre, qui n’existe pas en réalité, mais bien des marchés massivement régulés qu’on subit dans toutes les économies occidentales actuellement.

Et le pompon est qu’en plus, ces marchés alternatifs fournissent une qualité de service largement suffisante aux besoins pratiques des malades et des consommateurs, à des prix bien plus faibles que ceux des marchés officiels, régulés, comme l’expose très clairement cet article de Vice.

En définitive, il est assez peu probable qu’on parle en France de l’arrivée d’une concurrence aux pilules à 750$ pièce de Shkreli, ou qu’on en fasse les mêmes charrettes que lorsqu’il s’est agi de dénoncer, la morale en bandoulière, les agissements du patron sans scrupules. Idéologiquement, cette arrivée rapide d’une solution indépendante de l’État, qui illustre par l’exemple les bienfaits de la concurrence, ce n’est guère jugé vendable.

Ne vous attendez donc pas à un torrent de partages Facebook ou à une avalanche de tweets joyeux pour annoncer que la concurrence capitaliste nous sauve une fois encore du méchant capitalisme.

capitalism

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Commentaires46

  1. Le Gnôme

    Le capitalisme fournira des alternatives à moins cher pour peu que les autorités socialistes délivrent l’autorisation de les vendre, et ça, ce n’est pas gagné. Je ne parle même pas d’arrosage, mais du principe de précaution qui ralentira le tout.

  2. Bonsaï

    Je viens de relire l’article original de 2015 avec ses commentaires : un petit air de jeunesse et d’enthousiasme qui semble quelque peu manquer aujourd’hui…
    Qui donc osera se lancer dans l’exégèse de la concurrence au milieu du mois d’octobre 2017 ? Ce d’autant que le jeune et sémillant nouveau Président Macron doit se livrer ce soir même à un interview télévisuel en direct.

    1. vxlv

      C’est parce que vous avez du temps à perdre ou que vous vous réjouissez secrètement et cyniquement des malheurs de vos voisins que vous salivez déjà autant, rien qu’à évoquer ce futur moment d’ extase ??? 😉

    2. Bonsaï

      Je suis fascinée, je l’avoue, par le modèle sociétal et politique français si bien décrit dans les moindres détails par Maître H16.
      Etant voisine de ce grand pays qu’est la France, parlant la même langue et partageant la même culture, il est bien normal d’en suivre les diverses péripéties…

  3. Gosseyn

    Dilemme : Je me demande encore si la presse servile et subventionnée est vendue ou achetée ? 😉
    Car dans ces affaires médicamenteuses ou autres, le goût chimique de la recherche d’audience médiatique est particulièrement désagréable. Comme il est dit, aucun suivi des informations, hors de nouvelles reprises d’annonces d’agences, qui soient à même d’apporter au lectorat ce qu’il est en droit d’attendre. Le travail du journaliste orienté par ses commanditaires ne le permet donc pas. Le crédit à leur apporter est donc à peu près nul.
    Il ne manque pas d’exemples de ceci, et du pourquoi de la désinformation organisée, relevant généralement du mensonge par omission. Mais pourquoi écouter qui ment ? Voilà le mystère de l’auditoire !

    1. albundy17

      “est vendue ou achetée”

      Niel racontait à peu près dans ces termes: “quand les journalistes commencent à n’emmerder, je prends une participation dans le journal, après j’ai la paix”

    2. René-Pierre Samary

      “Mais pourquoi écouter qui ment ?”
      Le mensonge par action est quelque chose qui est ajouté à la réalité. Il est relativement facile de le déceler.
      Le mensonge par omission est beaucoup plus difficile à débusquer. Un objet manquant ne se voit pas, par définition. Il faut un grand effort d’imagination pour se le représenter.

      1. Gosseyn

        Le mensonge par omission se découvre par recoupements. Ce qui n’est pas entièrement efficace, le rendement dépendant des informations libres, ensuite de leur union pertinente.
        Il se subodore également par parallélisme. Ce que l’on appelle la perte de crédibilité d’une source. L’essentiel étant de soi-même disposer d’un domaine de compétences, qui permet souvent cet étalonnage.
        Un exemple. Une source sure, la loi. Une incertitude, la réponse d’un procureur (dépendant du gouvernement) à un dépôt de plainte (présumé fondé en droit). Une carence de réponse ou une réponse non conforme à la loi vous indique une faute du procureur : parce qu’en ce cas l’article 40-2 du code de procédure pénale impose au procureur une réponse fondée en droit.
        La répétition de cette situation prouve l’absence de fiabilité d’un procureur. Elle définit même un acte délictuel de sa part, par obstruction d’une personne publique à l’application de la loi, vu l’article 432-1 du code pénal. Vous savez alors à quoi vous en tenir.
        Application à la presse par déduction : le jour où, sans entraves externes, la presse se fera l’écho de ce genre de situation, cela vous indiquera disposer d’une presse libre. Ce n’est pas demain la veille !

        1. René-Pierre Samary

          “L’essentiel étant de soi-même disposer d’un domaine de compétences, qui permet souvent cet étalonnage.”
          C’est très bien dit. Ce domaine de compétence peut être très étroit, mais doit être sans faille. L’erreur avérée qui est alors identifiée décrédibilise d’autres affirmations dans des domaines qu’on connaît peu ou pas.

    3. Flaghenheimer

      Il existe pourtant des journalistes compétents qui exerçent dans des boutiques non possédées par de gros industriels vivant de contrats publics.

      Pshs : Une petite question h16, si vous le voulez bien, pourquoi nous demander nos adresses méls?

      1. bibi

        Demander un email se fait sur tous les sites ou vous pouvez vous exprimer librement car cela permet de modérer à moindre frais car un email est identifiant unique.
        Pour faire simple vous avez 3 catégories d’emails ceux dont les messages sont affichés sans modération, ceux dont les messages sont affichés après modération, et ceux qui sont bannis.
        Et enfin cela permet à ceux qui le veulent de recevoir des notifications quand quelqu’un répond à un de ses messages permettant ainsi de suivre une discussion sans avoir besoin de vérifier si on a reçu une réponse.

      2. Pheldge

        Les adresses méls? pour les revendre pardi ! et puis aussi pour que le Commissaire du Peuple puisse décortiquer vos propos, et engager la procédure de déportation des ennemis du peuple et de la Révolution voyons !

      3. Gosseyn

        Les journalistes sont comme les magistrats. La question n’est pas celle de leur compétence, mais qu’ils soient aux ordres. Je dis bien tous. Ce qui peut se démontrer assez aisément ; ce qui n’est pas utile face à un contradicteur incompétent ou de mauvaise foi.

  4. Mildred

    En somme il y aurait des capitalistes de riches et des capitalistes de pauvres ? Comme il y a des magasins de riches et des magasins de pauvres, comme on se le disait l’autre jour, une dame et moi, à la caisse du Lidl ?

  5. Duff

    Toujours savoureux de retrouver ce bon vieux M. Hollande. Jamais un homme politique aussi médiocre et calculateur (sans parvenir à ses fins en dehors de son élection surprise en 2012) n’aura été aussi loin de sa place naturelle. Préfet de Corrèze au mieux.

    Sa nullité va nous manquer, le narcissime macronien, c’est nettement moins fun.

    1. albundy17

      va savoir si ce n’est pas lui à l’origine de la dit allo, sans oublier que macron est son fiston, nul pour la fonction, par pour la sienne

        1. Duff

          Je viens de regarder la fin de son itw ce soir, je ne vois aucune filiation avec Hollande. Vous recyclez des a priori de compagne. C’est pas génial, dès que ça ressemble à du libéralisme c’est immédiatement tempéré avec du planisme, du constructivisme et du collectivisme. Mais bon Dieu Macron est carrément moins mauvais que tous les trouducs socialistes, officiels ou de droite, qu’on a vu passé ces derniers temps!

              1. Bonsaï

                Ce n’est quand même pas de notre faute s’il est le sommet du panier ! Et puis au moins il est présentable et il sait parler l’anglais.
                Maintenant, si vous trouvez mieux n’hésitez pas à nous le présenter.

                    1. Pheldge

                      Papet, je m’étonne que tu ignores que dans le “panier de crabes”, le homard devint Sire ! 😉

          1. MichelC

            Bah quand on sort de la nuit noire, une banale lampe de torche ébloui comme un phare. On se contentera donc de peu, et peut-être la formation es chômeur sera une réalisation réussie, parce que pour l’instant c’est toujours plus d’état. Quant à Hollande, il avait quand même fait quelque chose de “positif”, l’exception confirmant la règle.

            En attendant, la part officielle de l’état au PIB est de près de 60% et la dette dépasse les 100% du PIB.

            1. Taisson

              @MichelC 16 octobre 2017, 10 h 15 min
              “Quant à Hollande, il avait quand même fait quelque chose de positif »,
              Peut être est ce du second degré (ou plus…) mais je ne comprend pas l’allusion, ni ce que Hollande à pu faire de positif !
              Même en réélisant Sarkosi, rien n’aurait pu être pire !
              merci de m’expliquer le “positif” de ce nul dangereux qui n’à pour toute gloire que du sociétal bidon, que personne ne demandait !

              1. Pheldge

                MichelC, tu peux préciser le “quelque chose de positif” à Flamby ? Léonarda ? la pantalonnade et le scooter ? ou bien, le choc fiscal ?

                1. albundy17

                  Rhooo, suffit de regarder les lambeaux du PS, solférino, la foire d’empoigne, leurs finances, leur image, pour se dire que oui, hollande fut positif !

            2. MichelC

              Fastoche : la retraite à 70 ans.
              A 65 ans, vous êtes encore bons pour bosser 5 ans si vous n’avez pas vos 44 années de cotisations.

              Constellation socialiste = désolation…

          2. theo31

            “dès que ça ressemble”

            C’est bien le mot : ça ressemble mais ce n’est en rien du libéralisme. Pas de réduction des dépenses publiques et du périmètre de l’Etat, encore plus d’impôts, corporatisme et capitalisme de connivence à tous les étages et tous les trucs débiles des écolos et des féministes. Du Hollande tout craché.

            1. Pheldge

              Theo, “du Hollande tout craché” ça sous entend que le Flamby savait plus ou moins ce qu’il faisait et qu’on pouvait appeler ça le “Flambysme” , ce dont je suis très loin d’être convaincu … 😉

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