Tous les matins et tous les soirs, je vais de mon domicile au bureau et du bureau à mon domicile à pied. Ne vous méprenez pas : je ne pense pas qu’il s’agisse d’un extraordinaire haut fait d’arme ; simplement, c’est aussi rapide qu’en voiture (il faudrait se garer, y’a les gamins à déposer à l’école, et la circulation n’est pas toujours exceptionnelle) et beaucoup moins douloureux pour le portefeuille – le plein de taxes, c’est pas donné -. Et pourtant, si l’on en croit les médias étrangers, la France est à feu et à sang.
Disons, au moins à feu. Le sang, ce sera dans quelques jours, quand il faudra vraiment commencer à faire quelque chose.
Alors qu’une grande partie de la population est agglutinée, le soir, devant les médiocrités télévisuelles de Josée Dayan, ses décors en carton pâte et ses acteurs empêtrés dans une mise en scène qu’ils peinent à revigorer, une autre partie, beaucoup plus restreinte celle-là, étudie la physique des matériaux, la pyrotechnie et la communication gestuelle.
Si l’on en croit la presse locale, régionale, nationale, et internationale, chaque Français s’endort le ventre noué dans l’attente silencieuse du triste bilan matinal des voitures brûlées, des poubelles fondues et des impôts partis en fumée dans les cités chaudes de notre beau pays.
Et moi, pourtant, je ne vois rien. Sur mon trajet (pas du tout dans une cité, au demeurant), pas d’épaves. Pas de kaïra non plus, d’ailleurs. Et les gens continuent à faire chier leurs chiens sur les trottoirs. Que fait la police ?
Ah oui, c’est vrai : elle est mobilisée pour noter le plus rapidement possible les plaques minéralogiques des véhicules avant qu’ils explosent, pour pouvoir sans doute les retirer bien vite des listes informatiques des radars automatiques.
Je me moque, mais on a un peu l’impression que, depuis une douzaine de jours (et de nuits), la police prend quelques coups, n’en rend pas des masses, et laisse un peu cramer les voitures car les caméras réclament de la matière (à filmer).
Heureusement, GalouzoMan (dont une rapide description se trouve ici) va intervenir. Dans son joli petit costume moulant de super-héros style Le Pyjama On Ne Me La Fait Pas, il a utilisé une de ses armes ultimes : la langue de bois. Et paf, un coup à 20H, histoire d’assomer la partie molle de la populace qui reluque de la StarAc’ et paye ses impôts. L’autre, la dure, qui s’agite, aura elle aussi son petit coup de langue, en fin de discours. Et en attendant, instaurons le couvre-feu.
Mais attossion ! Pas le couvre-feu avec des gens armés, entraînés, qui savent ce que c’est que des simunitions par exemple, et pourraient très bien s’en servir ! Non ! Surtout pas, malheureux ! Vous feriez alors deux erreurs :
- vous montreriez à la face du monde des soldats arrivant dans des cités (qui sont des ghettos depuis bien longtemps, mais chhhht!), quadrillant le périmètre, et délogeant les petits pourris qui s’y cachaient d’habitude pour vendre leur drogue, leurs armes et leurs voitures volés (mais là aussi, chhhhht, ce n’est pas exactement le modèle républicain qu’on veut exporter). Ca ferait désordre !
- vous auriez des couilles : et tout le monde sait qu’en politique française, avoir des couilles est généralement mal perçu, puisque tout le monde le sait, seuls les blobs durs en ont. Et que vous êtes un blob mou…
En lieu et place, vous aurez un petit couvre-feu pour les mineurs. Un étouffe-chandelle, disons. Et comme ces petits jeunes désoeuvrés vont le respecter, cet étouffe-chandelle, puisqu’ils respectent le reste, vous aller regagner en popularité.
Là, vous êtes GalouzoMan, vous devez sourire en regardant droit la caméra, laisser à chaque téléspectateur le temps de reprendre des pâtes, inspirer et vous montrer confiant dans l’avenir.
Et moi, demain matin, je vais reprendre mes activités.
Les banlieues chaudes continueront à mal tourner, et GalouzoMan à bricoler dans son coin.
Elle est pas belle, la vie ?
Je ne partage pas ton point de vue sur l’appel à l’armée : face à un zyva qui tirera avec un pistolet à grenailles, voire un fusil à plomb, le gendarme (peut-être) ou le troufion (certainement) répondront à la manière qu’ils ont appris : en faisant mouche.
Tout ne brûle pas encore ; appelons les militaires et il ne restera vraiment plus rien.
L’appel à l’armée, mais, comme je le dis, avec des simunitions… Avec ça, ils feront mouche, certes, mais ça calmera sans tuer (‘faut cliquer sur les liens, que diable 😉 )
Ah pardon..
Mouais, je suis moyennement convaincu quand même (et de mauvaise foi, oui oui :))
De toute façon, je ne prétendrai pas détenir la (ni une) solution. Après tout, nous payons fort cher nos politiques pour qu’ils en trouvent. Qu’ils se mettent au travail, non ?
ps : je vais tout de même changer la couleur des liens, on ne voit pas bien quand il y en a…