Dans mon billet d’hier, je faisais un petit parallèle entre une course automobile et la gestion de la France. La réalité dépasse l’affliction : il semblerait que certains de nos joyeux ministres aient prit l’idée un peut trop à coeur et jouent plus souvent qu’à leur tour à la course sur les routes de la République, sans le moindre respect pour le code de la route et leurs concitoyens.
Dans un article d’Auto Plus, on apprend tout récemment que les conducteurs de Galouzeau et de Sarko, répondant évidemment à leurs demandes, seraient en gros redevables de respectivement 75 et 40 points de leur permis, pour feux rouges brulés, rues prises à contresens, incivilités, excès de vitesse …
Evidemment, tout ceci n’est qu’une enième démonstration flagrante du Faites Ce Que Je Dis, et Pas Ce Que Je Fais qui vient enrichir la longue et pénible liste des exactions menées par nos Foutriquets de la République.
Un jour, lors de leurs sorties toutes sirènes hurlantes (pour peu qu’ils les mettent, ce qui n’est pas toujours le cas), ils percuteront quelqu’un, le tueront peut-être, et, qui sait, le tout devant témoins consternés.
Que se passera-t-il alors ?
Normalement, dans ces cas là, nos compulsifs de la législation seraient enclin à pondre ou renforcer une nouvelle loi adhoc pour empêcher que cela se reproduise. Car tout le monde sait, en France tout du moins, que lorsque quelque chose doit être empêché, il suffit de créer une loi. Et immédiatement, les exactions s’arrêtent ; les exemples abondent, point n’est besoin d’en faire la liste ici…
Mais dans ce cas, il y aurait un hic. En effet, nos branlemusards gouvernementaux sont déjà au-delà de la loi quand ils piétinent avec tant d’obstination le code de la route. Toute nouvelle loi serait donc immédiatement bafouée, pour des raisons évidente de sûreté de l’état, sécurité des ministres, nécessaire contraction des emplois du temps de nos grands commis, et retard à l’apéro.
De surcroît, si nos impétrants en étaient à leur coup d’essai (qui est, comme chacun en conviendra de toute façon, un coup de maître), on pourrait encore se dire qu’une fois passés sous les fourches caudines de notre presse acide et vertueuse, ils se seraient rangés bien vite dans la normalité, avec un petit mot d’excuse, qu’on peut imaginer de la sorte :
« En tant que Ministre de l’Intérieur, j’avoue avoir usé et abusé de ma position pour enfreindre à maintes reprises le code de la route et bien d’autres codes, d’ailleurs, bafoué les limitations de vitesses et avoir utilisé mon pouvoir ministériel pour faire discrêtement disparaître les photos accusatrices des radars automatiques dont j’avais moi-même signé l’installation abruti que je fus quelques années auparavant. Je suis conscient des torts que je cause à la République, à l’image déplorable que se font mes abrutis de compatriotes de mon attitude j’menfoutiste inadaptée pour servir la grande cause nationale de la sécurité routière. Je vous prie d’accepter mes excuses ou ma démission. »
La variante pour le Galouzeau serait probablement celle-ci :
« Moi, Dominique Marie François René Galouzeau de Villepin, avoue dans ces instants de lucidité qui propulsent l’homme au sommet de l’intelligence modeste et de l’abnégation quasi-sacerdotale avoir malencontreusement et à mon corps défendant pourtant tout entier dévolu au service de notre grande et belle patrie, la FraAance, enfreint quelques petites lois compliquées et écrites dans un corps de police particulièrement petit – fonte arial 7 sur le Dalloz, ici en référence – et par un corps de police particulièrement rétrograde encouragé par les agitations nerveuses de son ministre de tutelle à la pose scélérate d’appareils de contrôle automatiques, que dis-je, de contrôle arbitraire. Cette opprobe, cette honte, ce discrédit jeté sur moi, ma fonction et mon image sont une intolérable brûlure existentielle, une souillure insoutenable de ma conscience professionnelle par ailleurs impeccable et sereine dans l’adversité. Mais je saurai tirer, nous saurons tirer, la FraAance saura tirer les conséquences de nos agissements immatures tous gyrophares allumés, et me remettre, nous remettre, remettre la FraAance sur le droit chemin de la légalité, de la justice, et de la responsabilité citoyenne face au feu rouge et au sens interdit salvateur. Vive la République, vive la France, votez pour moi, je m’aime. »
On peut rêver.
Mais notre presse n’est pas vraiment acide, ni vraiment vertueuse. Ses fourches caudines sont bien vites oubliées par ses victimes (surtout quand elles sont puissantes). Et les citoyens, résignés, se sont vites habitués à ces situations étranges où, eux, d’un côté, payent et subissent lourdement le poids de leurs erreurs, aussi minimes soient-elles, et où nos puissants, en perpétuelle représentation, survolent goguenards ces lois qu’ils nous distribuent par paquet de cent comme pour prouver que leur quantité compense leur médiocre qualité et l’inégalité flagrante de traitement.
Il y a deux cents ans, à force de différences, privilèges et inégalités, des têtes sont tombées.
Dès qu’il y a une parcelle de pouvoir en France, ce n’est pas pour le bien commun qu’elle est exercée, loin de là, malheureusement. Tout un chacun peut constater que cela se transforme vite en autorité et que la personne qui en est détentrice en joue à la moindre occasion.
Je ne peux que vous encourager à suivre l’attitude que j’ai décidé d’adopter à l’égard de la Police et de la Gendarmerie, car en dehors des hommes politiques, ce sont les personnes assermentées qui bafouent les lois sous notre nez, et qui dans la foulée exercent leur pouvoir sur les braves gens qui ont dépassé de quinze petites minutes l’heure à l’horodateur du parking.
Dès que j’en vois un qui déconne, je ne me prive pas d’envoyer une lettre au Procureur de la République après avoir interpelé l’agent de la "force publique" (laissez moi rire…) pour savoir qui je dois mentionner dans mon courrier. En général, les policiers et les gendarmes n’apprécient pas du tout, mais si vous restez poli, que vous êtes dans votre bon droit et irréprochable, ils ne peuvent rien faire d’autre que de l’abus de pouvoir pour tenter de ne pas perdre la face. C’est d’ailleurs l’attitude majoritairement adoptée pour essayer de vous intimider.
Je me délecte des réponses reçues de la part de Monsieur le Procureur. C’est toujours la même rengaine : l’agent en question nie en bloc, les faits décrits ne coorespondent pas à la réalité, donc vous êtes un menteur.
Mais le meilleur est pour la conclusion : "Nous tenons à vous assurer que nous accordons le plus grand intérêt à vos remarques pour que de tels faits ne se reproduisent plus."
Ne serait-ce pas une contradiction ?
Ou bien dois-je me préparer à passer quelques semaines en prison pour parjure ?