Pour pouvoir être libre, il faut être responsable. Et cette liberté ne pourra s’exprimer qu’avec pleine jouissance du droit de propriété, qui, comme le disait fort justement Friedman, est l’institution centrale dans une société dite libre. Si les collectivistes et les étatistes de tout crin devaient désigner deux ennemis naturels, ce serait donc ceux-là : la liberté, et la propriété. Dans ce mois de décembre, nos élus nous prouvent de façon éclatante par leurs agissements dans quel camp ils se situent.
J’avais déjà évoqué, dans un billet précédent la loi DAVDSI et les restrictions importantes que celle-ci portait sur la liberté d’action sur internet. En résumé, cette loi va rendre les producteurs de logiciels P2P gratuits et de source libre coupables de contrefaçon, amalgamant ainsi le producteur d’un bien et l’usage qui peut en être fait…
En proposant puis en votant cette loi, nos élus montrent d’une part qu’ils sont facilement courbables aux desseins plus ou moins clairs des lobbies de diverses natures (on le savait déjà), et d’autre part, qu’ils sont prêts, dans ce cas, à oublier bien vite les principes fondateurs de libertés de la République au profit d’un groupement d’intérêts particuliers (en l’occurrence, des gros producteurs de musique). Encore une fois, leur capacité d’analyse (ou son absence) ne cesse d’étonner : le secteur de la vente de musique et de films semblerait marquer le pas devant internet, alors que leurs chiffres sont en constante augmentation sur les dernières années…
Plutôt que laisser le marché trouver une solution économique viable à cette industrie, cette dernière à choisi d’utiliser la coercition (la loi) au travers du lobbyisme pour se protéger. Remplacez Internet par Chine, Industrie Musicale par Industrie Textile et loi DAVDSI par Protectionnisme Aux Frontières, et vous verrez immédiatement l’atteinte aux libertés. En outre, le problème fondamental de l’obsolescence des techniques de ventes des industries traditionnelles n’est en rien résolu : par cette loi, ils obtiennent un sursis, au mieux. Au pire, ils s’aliènent les futurs consommateurs qui se verront frustrés (ou poursuivis en justice) et iront rapidement chercher meilleure crêmerie. Un enième calcul de court terme. Ce pays en a l’habitude.
Mais cette atteinte à la liberté ne serait qu’un petit coup de canif dans un « contrat social » déjà passablement lardé ces dernières années.
Pour compléter le tableau et faire bonne mesure avant les fêtes, il fallait ajouter aux atteintes à la liberté une nouvelle atteinte à la propriété.
Car en France, on n’aime pas les propriétaires, fonciers notamment. Ils sont ventripotents, en haut de forme et fument le cigare (c’est scandaleux, après la loi Evin, de continuer à fumer !). Ils achètent des appartements par paquets de douze ou cent, ne les entretiennent pas, louent à des prix exorbitants des locaux insalubres et expulsent de pauvres locataires tombés dans la misère dès qu’ils en ont l’occasion. Le fait que plus de 50% des Français soit propriétaire foncier n’effraie cependant pas la gent étatiste : l’image d’épinal a la vie dure, très dure.
Alors que faire contre ces gros propriétaires fonciers qui empoisonnent la vie des petits locataires ?
Prenons le cas banal d’un bien immeuble, disons de 20 appartements, construits il y a 20 ans. Propriétaire personne physique ou morale, peu importe : le bien, pourvu que l’immeuble soit à peu près entretenu et pas trop mal situé, a plus que doublé de valeur ; il y a donc eu un enrichissement (scandaleux). Un beau matin, le propriétaire légitime des lieux décide de le vendre, pour, simplement, toucher de l’argent en vue de sa retraite, ou, plus prosaïquement, pour réaliser une plus-value (scandaleuse, donc). Le bien est racheté, et le nouveau propriétaire (aussi bassement capitaliste), tente lui aussi (scandaleusement) de réaliser une plus value en – tenez vous bien – revendant chaque appartement séparemment. Comme les prix pratiqués sont inabordables pour les locataires, cela revient à les faire quitter les lieux à la fin de leur bail. C’est … scandaleux, cela va de soi.
Légiférons donc !
En légiférant, on essaiera bien sûr de « limiter efficacement la spéculation immobilière » (dixit l’association Consommation Logement et Cadre de Vie), car, comme chacun sait, spéculer, c’est mal ! L’association demande également que « les collectivités puissent, si l’équilibre social d’un quartier est menacé, s’opposer à une vente par lots ».
Dans tout ce galimatias, on n’aura pas de mal à voir les erreurs de jugement, les analyses à moitiés finies, les préjugés fatals et la bienpensance dégoulinante :
- Pourquoi une plus-value, ou la spéculation, ou, par extension, le fait de réaliser une vente avec un bénéfice (quelqu’il soit) pourrait être en soi condamnable ? La recherche du profit, c’est la nature même de tout ce qui est vivant. Que des propriétaires vendent pour faire un profit, cela semble naturel : c’est la raison pour laquelle ils sont devenus propriétaires en premier lieu. Annulez le profit, vous ferez disparaître les propriétaires. Vous n’aurez que des biens qui appartiennent à tout le monde, donc à personne, et par voie de conséquence sans aucun responsable réel. C’est exactement ce qu’on observe avec les logements sociaux, qui sont notoirement plus insalubres en proportion que les autres (normal : le propriétaire, c’est l’état, donc tout le monde, donc … personne).
- Pourquoi le fait de revendre son bien en petit morceaux plutôt qu’en totalité serait-il sanctionnable ? Parce qu’il gêne les locataires, serait-on tenté de dire, ici. Et l’analyse de nos statolâtres s’arrête ici par un « c’est scandaleux », éventuellement suivi par une bordée de Ifoyaka dont ils ont le secret. Mais ces locataires sont gênés car ils ne trouvent pas de bien à la mesure de leurs revenus, et cette situation est précisemment liée aux difficultés pour devenir propriétaire, difficultés créés notamment par les lois, de façon totalement artificielle.
- C’est quoi, cet « équilibre social » d’un quartier ? En quoi est-ce utile ? Depuis quand est-ce indispensable ? Ne serait-ce pas là l’invention bien pratique d’un cerveau torturé pour tout à la fois favoriser l’émergence de quartiers populaires – terreau prétendument fertile aux idées collectivistes – , et, dans le même temps, réclamer la mixité sociale ? A partir de quand peut-on dire que cet équilibre est menacé ? On sent la foutaise et le n’importe-quoi subventiogène créé à dessein par une association de plus venant pomper les phynances locales.
En entrenant de façon indirecte la rareté de l’offre de logements, l’état entretient la spéculation immobilière qu’il tente en même temps de combattre armé de ses lois multiples, insidieuses et lilberticides d’un côté, et de ses bonnes intentions gluantes de l’autre.
Avec ces lois attaquant de façon directe la liberté et la propriété, l’état, ses commis et nos élus agissent exactement dans l’intérêt bien compris des collectivistes et des extrêmistes de tout bord, qui n’auront plus, une fois l’ensemble écroulé sous son propre poids, qu’à récolter les fruits de la colère.
Bonsoir
Félicitations pour votre site
Concernant la vente à la découpe c’est surtout le phénomène du nombre qui joue: un locataire mécontent çà n’interesse pas nos politiques mais une centaine çà fait du bruit et des électeurs… Et avec l’envolée des prix les zinzins font beaucoup d’arbitrage… Alors une petite loi, nos politiques ne peuvent résister, tant pis si dans quelques années apparaitront les effets pervers…
Cette affaire de "ventes par lots" a émergé uniquement parce que parmi les locataires se trouvaient des gens du sowbiz. Ne pas faire de vague et légiférer en ce sens, protéger (à court terme) quelques intérêts catégoriels constituent le passe-temps des thuriféraires de l’Etat.