Comme évoqué dans un précédent billet ici même, la grève à la SNCM a rapidement tourné au combat rangé. Mais on n’est, semble-t-il, pas au bout de nos surprises.En effet, le conflit s’organisant entre Marseille et Bastia, il eut été étonnant que la mafiosclérose de l’île de Beauté ne vienne pas s’en mêler.
Et cela n’a pas loupé : un n-ième groupuscule du FLNC, le « canal du 22 octobre », évidemment clandestin (c’est fashion dans le milieu indépendantiste, comme d’autres serait « fluo », ou « v.i.p. »), menace « la sécurité » des repreneurs potentiels de la SNCM dans un communiqué transmis samedi à des médias régionaux.
Ceci a deux conséquences :
- cela prouve effectivement, s’il était besoin, que sous le paravent de l’indépence de l’île fourmille tout un tas de petits groupuscules mafieux décidés à faire régner sa loi pour en tirer un maximum de profits
- cela montre l’absence totale de compréhension (involontaire ou non) des principes économiques de base régissant les services, de transport dans notre cas.
Le mouvement clandestin s’en prend notamment à Walter Butler, dont elle juge la « présence et celle de ses associés (…) indésirable sur la terre de Corse », ce qui revient en substance à du racisme ou en tout cas à de la discrimination. Si on avait eu droit à un communiqué similaire d’un groupuscule d’extrême-droite, concernant l’ouverture du capital d’une société de transport dans le Berry, par exemple, on aurait eu droit à une levée de boucliers de la presse bien-pensante, et une légitime offuscation des élus locaux, des journaleux, des associations diverses et variées et du chien de ma grand-mère qui ne supporte pas les racistes, c’est bien connu. La même chose avec la Corse comme trame de fond et un odieux Spéculateur Capitaliste comme partie prenante, et hop, l’affaire se passe presque de commentaires.
La raison invoquée, « un financier notoire aux intentions spéculatives connu de longue date » , revient à dire que spéculer, c’est criminel (on aurait pû dire « un baron de la drogue notoire aux intentions illégales connu de longue date » de la même façon). Ceci classe nos mous du bulbes dans les crypto-communistes. Une organisation mafieuse régulée de façon collectiviste ? On aurait tout vu.
Enfin, le communiqué des hydrocéphales du 22 octobre conclut en lui refusant l’entrée dans le capital de la SNCM. Car ils sont actionnaires et ont les manettes du conseil d’administration, les impétrants !
Formidable.
Mais la réalité économique est là :
- cette malheureuse société prend l’eau de toute part. Ses bateaux n’ont pas coulé, mais il s’en faut de peu.
- l’autre société, Corsica Ferries, qui vend le même service, est rentable et moins chère. Il est donc possible de faire mieux.
- la CGT à Marseille n’a jamais pû apporter autre chose que la grève et la désolation, avec à la clef la fermeture des sociétés, comme réponse à tous les problèmes rencontrés dans ce port. Devant sa série d’échecs cuisants (qui se soldent tous par le même résultat catastrophique), elle remet ça . On est resté dans la même idéologie rance du rapport de force du siècle dernier, avec toujours les mêmes résultats. On se demande comment les dockers, les marins et les élus locaux peuvent encore apporter le moindre crédit aux fatras idéologiques que ces pauvres diables manipulent pour conserver leurs petites parcelles de pouvoir…
- le FLNC n’a jamais su apporter autre chose que le terrorisme, le viol manifeste des lois de la république, la désolation et l’assistanat à l’île Corse. D’un peuple fier, on a fait, lentement mais sûrement, un peuple d’assistés. A chaque fois que le FLNC a brillé dans une action d’éclat, cela s’est traduit par une augmentation des aides, des subventions, des exonérations pour l’île. Au final, l’état, en perfusant de part en part cette région, l’a complètement et définitivement asservie. Amis Corses, si vous voulez vraiment votre indépendance, fuyez ces subventions, fuyez l’état, fuyez le FLNC : l’état a procédé comme n’importe quel dealer avec son drogué préféré : il a filé des doses gratuites. Ce que vous croyez avoir gagné en chichon à l’oeil, vous l’avez perdu en dignité, en autonomie… Et l’île est toujours aussi pauvre.