La délinquance en culottes courtes

Les enfants, c’est épuisant, je vous dis. Un moutard, même correctement dressé, ça dépense une énergie folle. On aura beau le fouetter de temps à autres, il s’agitera et fera du bordel. Et le pire, ma bonne dame, c’est qu’en plus, y’en a qui deviennent voleur, tueurs, ou pire : indociles ! Y’a plus d’enfance, m’ame Michu, que je vous dis !

Mais je vous le dis, M’ame Michu, le gouvernement, il nous prépare un bon plan de prévention de la déliquence, et là, je vous le dis, M’ame Michu, ça va changer !

On va les dépister, les moutards ! Dès le plus jeune âge ! C’est l’INSERM qui préconise de repérer des facteurs de risque prénataux et périnataux, génétiques, environnementaux et liés au tempérament et à la personnalité. La génétique, ma bonne M’ame Michu, voilà ce qu’on fait, en France, contre le Chiard Brailleur !

Par exemple, on va regarder chez les gamins « des traits de caractère tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme » et la notion « d’héritabilité (génétique) du trouble des conduites ». Et puis, bon, on va commencer tôt, genre dès trois ans, à repérer l’« indocilité, hétéroagressivité, faible contrôle émotionnel, impulsivité, indice de moralité bas »…

Et le plus incroyable, voyez-vous, c’est qu’il s’en trouve encore, dans les parents, pour considérer que ces actions énergiques, qui éliminent les petits crétins des nobles têtes blondes, sont inappropriées ! Ah, vraiment, M’ame Michu, je vous jure ! Responsabilité des parents, ils n’ont que ce mot à la bouche !

Mais ça me paraît évident que les gens ‘ sont pas responsables d’avoir des enfants insupportables ! Y’a tout l’environnement qui les pousse ! Et les gènes, aussi, ‘ faut pas oublier les gènes ! Moi, ch’suis pour une bonne sélection des mômes dès la naissance, pas de temps perdu.

Et vu ce qu’on paye comme impôts, ça me paraît aussi normal que ce soit l’état et tous les hommes politiques qui règlent ce problème ! Pensez donc, M’ame Michu, quand on n’peut pas s’occuper de ses morveux, fatalement, ils trainent et vendent de la drogue et brûlent des voitures. Les parents, y’z’y peuvent rien, que je vous dis.

Et puis bon, y’a qu’à en voir certain pour comprendre que seule la voie médicamenteuse sera possible pour les calmer. Ca, ou la camisole. De mon jeune temps, on les envoyait à la mine. Ca les calmait bien, les petits agités !

Ah, M’ame Michu, je vous le dis, y’a plus de jeunesse !


Comme à son habitude, l’état, généralement responsable des problèmes de sociétés, tente à nouveau de résoudre le problème qu’il a lui-même créé en créant un nouveau problème, en ajoutant des lois et des systèmes de coercition à ceux, déjà existant, qui sont à l’origine du problème.

Les enfants constituent ici un cas d’espèce très particuliers : ils forment la nouvelle génération, le point sensible, la part d’affectif et l’attendrissement facile pour la population. Si l’enfant va mal, c’est soit que la société l’a mal formé, qu’elle l’a rejeté, soit que l’enfant lui-même est hors-norme, malade, ou pire, inégal.

Dans le premier cas, on trouvera certainement un baume fiscal, une paumade subventionnelle, pour résoudre le problème. Si ce n’est pas la société, c’est l’environnement, la cité par exemple. On y mettra force équipements, jeux, et petites maisons de quartiers sympathiques, en bois peint, ce qui a l’avantage de bien brûler avec de vives couleurs.

Dans le second cas, avec un peu de manipulation et les termes appropriés, il est certain que le staff médical et moultes petites pilules résoudront les problèmes. Un bon enfant est un enfant docile, ou, à défaut, sous Lexomil.

Mais personne ne devra s’interroger sur les causes profondes, les racines du mal : les parents se sont progressivement déchargés de leur responsabilité d’éducation sur l’état, qui leur a fourni un beau ministère (passé de l’Instruction à l’Education, tout un symbole). Au fur et à mesure que les enfants devaient se trouver dans les profs, les assistantes, les infirmières et les surveillants les parents dont l’état les dépossédait progressivement, ils sont, bizarrement, devenus de moins en moins festifs, de moins en moins citoyens, et de plus en plus agressifs.

L’étape suivante, pour l’état, consistera donc à corriger ce problème.

Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans

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Commentaires10

  1. Chroniques patagones

    L’INSERM, les troubles des conduites et l’intelligentsia humano-humaniste

    Comme à son habitude l’intelligentsia française nous a encore offert une de ces bonnes petites polémiques dont elle a le secret. Cette fois-ci, le catalyseur fut un rapport publié par l’Institut national de la Santé et de la Recherche médicale…

  2. En fait, avant de filer des pilules aux gamins, il serait à mon avis beaucoup plus utile de rendre la responsabilité aux parents. Le rapport vaut ce qu’il vaut, je ne suis pas médecin, je n’ai pas la prétention de juger ce rapport. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on recherche une solution étatisée, médicale, à des troubles de comportements qui, pour l’écrasante majorité, seraient résolus avec un milieu favorable. Il me semble indispensable de rendre aux parents leur responsabilité : ce sont eux qui sont les plus à même de choisir ce qui est bon pour leurs enfants, pas l’état, pas le système de soins. En déchargeant les parents de ce travail de choix, on rend la société responsable du traitement de ces cas pathologiques, avec toutes les dérives possibles et imaginables en terme de ponctions, subventions & Cie. Le gouvernement ne s’y est pas trompé en voyant dans ce rapport une source inespérée de caution scientifique pour mettre en place de nouveaux systèmes d’évaluation, de test, de dépistage, qui seront – parions-le – coûteux, déficitaires et … inefficaces.

  3. Sous-Commandant Marco

    "Froideur affective, tendance à la manipulation, cynisme, hétéroagressivité, faible contrôle émotionnel, […] impulsivité, indice de moralité bas"

    Si vraiment c’est efficace, cela devrait aussi éliminer les futurs hommes politiques…

  4. pp

    «… indice de moralité bas »…

    On devrait faire ce repérage chez les hommes politiques qui proposent ce genre de loi.

    Pour ce qui est de la "caution scientifique", la psychiatrie n’a pas grand chose de scientifique, ils sont incapables d’identifier une maladie mentale grâce à des tests médicaux (comme le ferait tout bon médecin), ils ne traitent que des symptômes.

    Dans tout régime totalitaire, la psychiatrie n’est qu’un outil de répression et de controle social.

  5. pp

    J’ai trouvé un résumé d’un bouquin qui expose la controverse sur la nature scientifique de la psychiatrisation des problèmes de certains enfants, ainsi que la dangerosité de ces traitements pour leur santé.

    "Nos enfants, cobayes de la psychiatrie ?" de Pierre Vican :

    http://www.psy-desir.com/textes/...

  6. Lucilio

    "Le rapport vaut ce qu’il vaut, je ne suis pas médecin, je n’ai pas la prétention de juger ce rapport. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on recherche une solution étatisée, médicale, à des troubles de comportements…"

    Nous sommes bien d’accord sur le fond, mais il fallait bien faire la distinction entre un rapport scientifique qui propose des pistes, des méthodes de détections et de prévention de la délinquance juvénile, en accord avec tous les acteurs impliqués, et la récupération politique qui en est faite pas l’État.

  7. pp

    > il fallait bien faire la distinction entre un rapport scientifique qui propose
    > des pistes, des méthodes de détections et de prévention de la
    > délinquance juvénile, en accord avec tous les acteurs impliqués, et la
    > récupération politique qui en est faite pas l’État.

    A moins que le rapport en question n’ai été tout simplement "commandé".

  8. Lucilio

    "A moins que le rapport en question n’ai été tout simplement "commandé"."

    Oui, bon… même un paranoïaque peut avoir des ennemis, mais ce genre d’études existent depuis des années dans les pays anglo-saxons, pays où l’on cherche vraiment à comprendre la société et non pas la formater comme en France.

  9. pp

    > pays où l’on cherche vraiment à comprendre la société et non pas la
    > formater comme en France.

    Aux USA on peut vous obliger à donner à votre enfant de la Ritaline, sous peine de :
    – voir votre enfant renvoyé de l’école.
    – se voir accusé de mauvais traitement envers son enfant (un comble!)

    Les pays anglo-saxons sont loins d’être aussi rose que ça, du moins sur ce point.

  10. @Lucilio : j’ai écrit le post un soirt un peu tard, sans doute émoussé par une journée bien remplie, et à la relecture, le message initial que je souhaitais faire passer (i.e. : l’état n’a rien à faire là dedans) s’est un peu noyé… D’où l’importance des commentaires.

  11. Lucilio

    "Les pays anglo-saxons sont loins d’être aussi rose que ça, du moins sur ce point."

    Certes. Mais il s’agit bien là encore de dérives étatiques.

Les commentaires sont fermés.