Le fluffy radioactif

J’avais déjà évoqué, lors d’un précédent billet, toute la puissance d’action du fluffy, c’est-à-dire le gentil écologiste extrémiste, cette personne cohérente qui souhaite de façon relax la mort de son prochain pour assurer, par exemple, une descendance nombreuse aux otaries, baleines et autres crustacés au détriment de sa voisine de palier dont il sait pertinemment qu’elle ne trie pas ses déchets, cette vieille radasse. Il m’arrive aussi de souligner l’incurie de l’état dans la gestion des affaires courantes, et sa propension assez incroyable à foirer lamentablement une planification, quinquennale ou pas. Aujourd’hui, nous allons pouvoir étudier les conséquences sur le long terme d’un esprit fluffy couplé à toute la puissance de l’inattention laxiste des états.

Or donc, tout commence il y a quelques années, alors que les Verts, Ecolos et autres environnementalistes deviennent très très conscients que nous, tous autant que nous sommes, polluons la planète comme des malades.

Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que ceux-ci prennent les grands conglomérats industriels comme cible privilégiée, puisque ce qui se voit bien se dénonce facilement. Et des groupes pétroliers en passant par les chimistes et les industries lourdes, nos combattants de Gaïa ont toujours su trouver un groupe ou une multinationale sur qui taper.

L’Etat n’était pas en reste, tant pour taper que pour recevoir les coups.

Pour taper, l’Etat tape : la petite bruine de règlementations confuses eco-friendly s’est, progressivement, muée en pluie de taxes et impositions diverses, qui s’est elle-même transformée, ces dernières années, en un véritable déluge fiscal aux proportions bibliques dont, en France, la taxe carbone est le dernier avatar, ce qui va encore bien aider le pouvoir d’achat des Français.

Quant à recevoir les coups, entre le terrrrrrible complexe militaro-industriel et le nucléaire, les Verts de combat n’ont jamais manqué une occasion de dénoncer les bidouilles étatiques sur l’atome, qui polluent l’environnement et détraquent le temps, favorisent la prolifération d’armes de destruction massive, poussent les gens à la consommation irréfléchie d’électricité et les détournent des éoliennes, des panneaux solaires, des potagers macrobiotiques et des voitures à pédales.

De fil en aiguille s’est instauré un dogme en béton armé à la sarcophage du réacteur n°4 : le nucléaire, c’est mal, c’est même l’œuvre du diable en personne.

Petit à petit, les lobbys verts auront donc tout fait pour diaboliser le nucléaire et, de surcroît, pour en détourner l’état qui était, finalement, trop heureux de modifier l’allocation de ses dispendieux budgets vers d’autres technologies plus politiquement rentables. Au bilan, les installations (et surtout celles qui tripotent de l’uranium grade militaire) sont rapidement devenues vétustes et les budgets pour les entretenir ou en construire de nouvelles se sont bien vite dirigés dans d’autres domaine comme les campagnes de sensibilisation au pédalage durable (et festif) par exemple.

Un électeur n’ayant qu’un choix limité aux politiciens en présence, et ces politiciens s’occupant surtout du court terme, on comprend très bien que les planifications de long terme (on parle de plusieurs décennies, ici) n’intéresse finalement ni le politicien, ni l’électeur qui s’imagine qu’après tout, s’il s’emmerde à aller voter le dimanche, c’est bien pour que certains, de temps en temps, fassent un chouilla d’organisation à sa place.

Bref : tout le monde était fort content de cet état de fait.

Mais il y a un hic.

Une quantité non négligeable de l’uranium enrichi de grade militaire est utilisé non pour produire des bombes mais bien pour faire des isotopes spécifiques indispensables dans certaines technologies … médicales. Et l’uranium grade militaire, enrichi à 95%, qui sauve (indirectement, certes, mais tout de même) des vies par centaines de milliers, vous en aviez entendu parler ? Non ? C’est normal.

Ce n’est ni vert, ni fluffy.


Arme de pollution massive

Et après quelques dizaines d’années, on se retrouve donc dans la situation où on peut encore produire l’uranium enrichi, mais … pas les isotopes médicalement intéressants. Panique et mains moites.

Comme chacun sait que le nucléaire, c’est le diable en personne, et que le diable avec un haut-de-forme et un cigare, c’est le libéralisme, ça donne ceci dans Le Monde :

“Il faut trouver une meilleure articulation entre public et privé. Nous avons vécu pendant des années sur un modèle économique qui ne tient plus”, souligne M. Dujardin. Aux deux bouts de la chaîne, des acteurs le plus souvent publics : l’hôpital et les réacteurs exploités sur fonds d’Etat. Entre les deux, des intermédiaires privés, dont certains cotés en Bourse, qui pouvaient espérer extraire 90 % de la valeur ajoutée de ce marché de 1 à 2 milliards de dollars par an. Lors de réunions internationales prévues en septembre, l’OCDE appellera ses membres à imaginer un autre système.

Eh oui les petits amis : le marché, c’est mal (parce que c’est mal) et il faut imaginer un autre système !

Reprenons :

  • ce sont des organismes militaires (donc étatiques) qui produisent l’uranium enrichi.
  • ce sont des institutions étatiques qui produisent le molybdène radioactif.
  • ce sont des institutions de droit public qui utilisent le molybdène ou son produit de réaction (le technétium) pour les besoins médicaux.

… mais il y a un problème avec le marché.

Parce que les intermédiaires privés se situent entre ceux qui produisent et ceux qui utilisent. Et ça, évidemment, c’est mal, parce qu’ils captent (ou pouvaient espérer capter, mais c’est pareil, hein) 90% de la valeur ajoutée du “marché”. Surtout, ne constatons pas que l’Etat a lamentablement failli à assurer la production d’un bien nécessaire à la population. Comme par exemple la nourriture en économie soviétique pendant que l’Ukraine était le grenier à blé de l’Europe ou le pétrole raffiné au Vénézuela parallèlement détenteur d’une des plus grosses réserves au monde… Bref, vous voyez le tableau.

Certes, des solutions alternatives existent partiellement, mais on ne voit pas non plus les politiciens se lancer dans leur organisation ou dans la gestion de la pénurie. Bref : le marché, absent de la production et de la consommation, n’a pas trouvé de solution, et il faut donc imaginer un autre système.

Je serai curieux de savoir ce que cet “autre système” va être.

Parce que, rappelons-le, il faut absolument qu’en plus de satisfaire aux exigences médicales (encore qu’après tout, sauver des humains, c’est un peu has been), le prochain système ne soit pas trop libéral, voire totalement collectiviste, ce qui sera un gage de réussite flamboyant comme – mettons – la sécurité sociale, et surtout, surtout, qu’il soit Eco-Friendly, Green-Compliant, EPA Certified et ISO 14001.

Avec ces quelques contraintes, gageons qu’un autre type d’isotopes est possible.

Et un bon conseil : ne tombez pas malade.


Au passage, je voulais signaler, toujours dans le registre Vert & Fluffy, la sortie prochaine du documentaire Not Evil Just Wrong, qui change un tantinet des Michael Moore et autre Yann Arthus-Bertrand.

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Commentaires14

  1. Phantom

    Dans l’extrait de Not Evil Just Wrong, on apprend que les êtres humains font partie de l’environnement, c’est dingue ça! 😀

  2. laurett

    Il y a 4 ans, j’ai fais un remplacement congés mat. dans une boite qui fournissait de grands hôpitaux et cliniques français en isotopes radioactifs : on se fournissait presque exclusivement aux Pays Bas

  3. adnstep

    Attention à ne pas confondre privé et privé.
    Il y a l’entreprise privée, qui fait ce qu’elle peut pour survivre, surtout quand c’est une PME, et il y a l’entreprise privée dont 30% des actions appartiennent à l’état, dont le patron à fait l’ENA et est ancien secrétaire d’état ou bien est parent d’un ministre, et dont l’essentiel du chiffre d’affaires se fait avec des contrats publics soumis, paraît-il au fameux code des marchés publics, inventé un jour par des socialistes, pour, disait-on, assainir les marchés, et qui conduit à la captation des deniers de l’état (donc mes sous) par deux-trois usines à pantouflards de tous bords.

    Oui oui, voilà, exactement. Et ça, c’est le “Marché”, celui qui ne marche pas comme il faudrait et qu’il faut réformer en prenant les 70% d’actions restantes. Malin, non ?

  4. El Gringo

    Oui mais comme on a évité les OGM (merci José), on aura pas de cancer!
    Pas de cancer, pas besoin d’isotope. C’est simple non?
    Allez, pour fêter ça, j’offre ma tournée de pesticide.

  5. Higgins

    Comme le dit très bien Rioufol, et si pudiquement, dans son dernier billet (blog.lefigaro.fr/rioufol/… "En France, les dernières propensions du pouvoir à l’irréalisme font craindre une mauvaise évaluation des rapports de force."

  6. Phantom

    C’est marrant, en lisant l’article de wikipedia sur YAB, on apprend qu’il était photographe pour le Paris-Dakar et qu’il utilise régulièrement l’hélicoptère. Le même YAB qui me culpabilise d’utiliser l’eau du robinet pour arroser mes plantes…

    J’ai quand même un gros doute sur la sincérité de tous ces nouveaux écolos!

  7. maurice b.

    > C’est marrant, en lisant l’article de wikipedia sur YAB, on apprend qu’il était >photographe pour le Paris-Dakar et qu’il utilise régulièrement l’hélicoptère.

    Ce type a tout fait.
    Même acteur de seconde zone dans des films de série B
    http://www.imdb.com

  8. Jesrad

    Apparement, pour manipuler l’opinion publique en masse, il suffit de suivre un plan par étapes simples:
    1) dénoncer quelque chose de "mal" – à ce stade nul besoin d’avoir des solutions ou de s’organiser, ou d’avoir la moindre crédibilité, il s’agit simplement d’être visible afin que le message "lutte contre X" soit associé au groupe qui se fait porteur du message.
    2) tordre les faits jusqu’à ce que X se transforme en Chat Spatial Géant Rose
    3) à partir de là, le public associe spontanément toute opposition à X à votre groupe, et donc vous pouvez déballer sans crainte vos solutions, si absurdes ou destructrices soient-elles, elles ne seront pas contestées puisque "la lutte contre X" c’est vous, et personne d’autre.

    Note: ça marche en écologisme, ça marche aussi en économie (c’est pour ça que certains annonçaient une méga-crise imminente chaque année depuis trente ans)

    (Et aussi… mon blog a supprimé sans raison ton commentaire d’hier, oups!)

  9. AncillaDomini

    Meuh non, enfin ! De quoi vous inquiétez-vous ? Les gentils fluffies ont pensé à tout !
    Pour ne pas avoir à produire d’uranium enrichi supplémentaire, il suffit de ne plus passer d’IRM. Comme on va coller l’arme à gauche des vieux pollueurs qui se s’obstinent à ne pas vouloir faire de place aux baleines… le problème est déjà réglé. CQFD !
    Ah oui, il paraît que les jeunes pollueurs un peu faibles du genou s’en servent aussi… Ben c’est pas grave : on leur donnera une jolie paire de béquilles équitables en bois brut, incrustation d’éclat de mines pour pleurer sur la misère du monde. Ca leur apprendra à faire passer leur sort d’affreux égoïste avant tous les petits martiens qui meurent de faim, etc.
    “Vivez écolo, mourrez plus tôt !”

    Sans rire, j’aime beaucoup ce que vous faites, h16. Ca doit vous faire une belle jambe, puisque visiblement votre blog ne date pas d’hier… mais ça ne change rien : j’aime beaucoup quand même.

  10. Dominique

    pourquoi s’emmerder avec le rechauffement climatique alors que sa permet de sauver des vie ?! pfff

    1. Mmh pour le moment, le verdisme a surtout fait périr pas mal de monde (les digues en Nouvelle-Orleans – 1800 morts – , le bannissement du DDT – 1.000.000 par an – , la lutte contre le débroussaillage en Australie – 300 -, …)

      On va peut-être arrêter le massacre, non ?

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