To the max !

Plus on avance dans ce quinquennat, plus on a de mal à lire la stratégie gouvernementale et présidentielle et plus on en vient à se demander si elle a seulement existé. Cependant, avec l’actualité, une tendance consternante se dégage : tout se passe comme si la République avait abandonné son « Liberté, Égalité, Fraternité » pour passer à un slogan plus commercial, du type « Tout, deux fois, avec beaucoup de sauce » ou, plus simplement, To The Max !

On pourrait, par exemple, prendre le cas Woerth.

Ayant commis l’irréparable en s’attaquant à deux monstres à la fois, le pauvre écuyer du roy se fait gentiment mettre en pièce ; quelle idée de s’en prendre, de front, au système bancaire suisse en divulguant, sans vergogne, des informations obtenues frauduleusement pour le compte du fisc ! Si, pour les Français, le bon vin touche au sacré, il en va de même avec le secret bancaire pour les Suisses. L’affaire Bettencourt, qui n’en finit pas de fuiter de tous les côtés, est la réponse évidente du berger à la bergère.

Et comme la Nouvelle République Française, c’est To The Max, il aura fallu qu’en plus d’une bataille de petits Suisses, Woerth s’attaque à l’épineux problème des retraites, qui aura constitué le faible et unique catalyseur d’une gauche et des syndicats qui attendaient désespérément un sujet, n’importe lequel, pour se refaire une santé.

A présent, le Président choisira d’essorer son ministre jusqu’au bout, To The Max, et une démission lui sera cordialement refusée tant elle apparaîtrait comme un abandon en rase campagne d’une réformichette mal boutiquée portée à bout de bras par une présidence elle aussi coincée sur Mélange Plein Riche alors qu’en trois ans, on n’a pas décoincé du taxi sur une piste de plus en plus cabossée.

On pourrait écrire des douzaines de billets sur les rebondissements de ces affaires, et ce qui passe pour une réforme des retraites a déjà fait verser beaucoup d’octets à droite ou à gauche : en soi, cela constituerait déjà une bonne preuve de cette tendance pour ceux qui nous gouvernent actuellement à tout vouloir faire, n’importe comment, sans réfléchir, deux fois si besoin, en agitant les bras bien haut pour montrer qu’on produit des litres de sueur … à agiter les bras bien haut.

Mais non.

Quand je vous dis, « To The Max », c’est vraiment au bout du bout du maximum à fond.

République Française : to the max !

Si Woerth tente de faire la une en accumulant les fronts de combat, pendant ce temps, les mousquetaires de la distribution de migraines (Hortefeux, Besson et Estrosi) ne restent pas tranquillement à l’écart : ils empilent idioties sur maladresses, actions ridicules sur déclarations bouleversantes dans ce qu’elles montrent leur inculture crasse des bases mêmes de leurs fonctions.

Dernièrement, c’est la « découverte » de la circulaire qui demande explicitement que soient expulsés, en priorité, les Roms :

«300 campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici trois mois, en priorité ceux des Roms».

Qu’ils s’imaginent que ce soit légal est déjà, à la base, particulièrement gratiné en matière d’ineptie.

Qu’ils en parlent ouvertement, leur petit museau humide reniflant gentiment les gros micros mous tendus par des journalistes retors en mal d’inspiration et pour les exciter, c’est encore plus sot : penser des conneries, c’est le lot commun de tout le monde, mais la société perdure parce que, justement, les gens se restreignent et ne sortent pas systématiquement toutes les idées navrantes qui leur passent par le bulbe. Apparemment, le politicien, opéré de la honte dès le plus jeune âge, ne se limite donc pas.

Mais qu’ils l’écrivent ainsi sur une circulaire à faire appliquer, là, on dépasse l’entendement. Et là encore, la seule explication qui tienne la route est qu’on a délibérément choisi une nouvelle voie pour la Vème République, celle du To The Max.

On pensait avoir atteint les limites, l’extrême bout après lequel, pouf, il n’y a plus rien, que dévastation, pleurs et maux de tête ?

Que nenni ! Chaque jour qui passe, de nouvelles portes s’ouvrent, que dis-je, volent en éclats, de nouvelles frontières sont dépassées ou d’autres, aussi stupides qu’aléatoires, sont posées, de grands projets remplis d’air chaud et de petits ballons festifs se dessinent à grand frais payés par un contribuable dont chaque orifice a été ouvert aux forceps pour y faire rentrer des semi-remorques d’idées lumineuses en marche arrière.

Ainsi, alors que le pays croule déjà sous des taxes, que chaque semaine qui passe est une ode à la Comptabilité Administrative Créative et Triomphante, la symphonie fiscale monte crescendo entraînée par un chef d’orchestre dont le passé journalistique donne une bonne idée des capacités.

J’avais déjà mentionné dans ces colonnes que la prochaine cible de Bercy serait le bas de laine des Français, et ça n’a pas loupé. A présent, histoire de varier les plaisirs, ce sont les intéressements et participations qu’on va accrocher au tableau de chasse des industriels de la ponction fiscale.

On passera ainsi de 4% actuellement à 6% (soit 400 millions de plus pour la Sécu, mais qui ne suffiront pas à combler l’éternel trou). Côté Cour des Comptes, on aurait souhaité un petit 19% (oui oui, un taux multiplié par presque 5).

To the max, que je vous dis.

Ineptitude

Tout ceci s’inscrit donc dans une vraie tendance de fond qui consiste, chacun l’aura deviné, à améliorer le sort des français ! Plus de taxes, plus d’affaires, plus d’agitations cosmétiques, plus de lois, plus de circulaires écrites par plus d’imbéciles pontifiants, tout ça, c’est du bonheur présent et futur pour chaque citoyen du pays, c’est de l’Amour Étatique à sucer longuement en regardant sa télé.

En plus, le résultat est déjà visible : la reprise est là, le chômage chute, les banques françaises sont en bon état et ne recapitalisent pas, Bâle III, c’est in the pocket (to the max).

Tiens, outre Rhin, la Deutsche Bank ne partage pas cet optimisme.

Tiens, la BCE ne se sent pas à l’aise avec les dettes croissantes des plus gros pays de la zone Euro.

Bah. Ce n’est pas grave : s’il y a un nouveau coup de vent sur les marchés, nous savons déjà ce que nos gouvernants se diront.

To The Max !

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Commentaires14

  1. Martine

    Pour les intéressements et participations je serais assez d’accord mais par le biais de la fiscalité n’import nawak !!!
    Encore et toujours les memes qui vont supporter les frais !

  2. Yul

    Il y avait la vague possibilité d’un début de reprise timide, heureusement que l’Etat est intervenu pour nous en protéger !
    Et je ne doutais pas qu’il y arriverait: après tout grâce à lui, 40 ans plus tard nous profitons toujours des bienfaits de la crise des années 70, et nous avons échappé grâce à sa sagacité et son audace à la croissance des années 90. Et puis, si jamais il faiblit dans sa mission d’accroître notre bonheur par la pauvreté, car être riche rend malheureux, c’est prouvé, il y a les syndicats.

  3. adnstep

    Il faut surtout éviter que les Français apprennent à se passer de l’état. Les faire tous dépendre de l’aide publique est une idée.

  4. Pierre

    De tous temps, les riches ont vécu en exploitant les pauvres. Grâce au socialoïsme français, maintenant, les pauvres peuvent vivre au crochet des pauvres !… Mais comment un tel miracle a-t-il pu être possible ? Simple ! Ils y ont droit !

  5. Manassas

    La Fraônce et ses services publics efficaces, son système fiscal rodé pour ponctionner égalitairement tout une population de contribuables qui font partie de la main d’oeuvre la plus docile et la plus productive du maônde; la Fraônce qui permet à tout ses citoyens l’accès à une éducation de qualité et un système de santé des plus efficaces; la Fraônce avec une équipe gouvernementale proche du peuple et à l’écoute de ses doléances…

    Enfin pour votre nouvelle devise républicaine on aurait pu dire aussi « To the Marx » mais je maintiens pour ma part :
    Insécurité, Précarité, Fiscalité qui semble bien être le but vers lequel nos dirigents éclairés nous guident avec zèle.

  6. Flo

    Qui a dit :

    « Si ça ne fonctonne pas à la tête de l’Etat c’est en partie parce que son sommet est persuadé qu’il y a complot contre lui.
    D’ailleurs la raison d’Etat repose sur la certitude à son sommet qu’il y a un complot entre les forces poilitiques d’opposition et la presse qui à pour but de tout faire pour le déstabiliser. Cela provient de l’idée que cette raison d’Etat protègerait des intérêts supérieurs qui doivent s’imposer à tous et partout »

    Un affreux libéral minarchiste mangeur d’enfants?

    Réponse : François Hollande ce matin sur RMC.

  7. poilagratter

    « Sky the limit ! »

    ou encore :

    « Si on continue de creuser, on va finir par trouver du pétrole »

  8. Laglute

    Depuis le temps qu’on vous dit que la Frâonce est une petite Union Soviétique qui a réussi, vous avez le résultat devant les yeux !!!

    Le pire, c’est que la majorité de nos concitoyens en redemandent…

Les commentaires sont fermés.