Il ne reste plus que quelques jours – quelques heures ! – avant le dégrossissement du premier tour de l’élection présidentielle, et moins d’un mois avant que nous entamions la prochaine période de sodomie quinquennale. Dans cette courte durée, qui prélude à l’éjection de 10 des 12 larrons qui se sont lancés dans cette bouffonnerie, nous allons assister à une véritable foire d’empoigne de propositions démagogiques, de propos ahurissants et d’attaques toutes plus basses les unes que les autres…
En effet, avec la brochette de vainqueurs que nous aurons à supporter jusqu’au 22 avril, aucune chance d’y échapper : dès le début de cette campagne, toutes les vannes se sont ouvertes et la bêtise du monde politique se déverse à gros bouillon dans la presse écrite, lue, parlée et télévisée.
On peut au passage s’étonner du résultat navrant que l’égalitarisme, figure de style imposée dans ce pays, nous fait subir dans les média : l’absolue obligation d’égalité des temps de parole, qui n’aurait théoriquement pas lieu d’être dans un pays dit libre, amène à subir des remugles puants d’extrême-gauche – que la novlangue rebaptise fort commodément gauche de la gauche – en proportion très supérieure à ce qu’elle représente réellement dans le pays ; de façon générale, on ne peut que constater que cette gauche représente plus de la moitié du temps de parole, tout en ne représentant dans les urnes qu’un gros tiers.
Si l’on était logique, on devrait tenir compte aussi des abstentionnistes et des votes nuls : il faudrait alors accorder une place non négligeable au silence, ce qui nous reposerait des couinements insupportables de Royal-Neige et des Sept Nains encore présents à ce stade de la fanfaronnade.
Ce qu’il y a d’intéressant, cependant, au milieu de ce magma frémissant d’idées nauséabondes, ce sont les squelettes à moitié calcinés des programmes politiques des uns et des autres. L’oeil averti du mouton citoyen remarque en effet une caractéristique commune de tous ces gens : leur étonnante capacité à prévoir l’avenir.
Car il ne faut pas s’y tromper : ou bien ils sont aveugles, sourds, muets et stupides, ou bien ils sont extralucides.
En effet :
– Ou bien tous les candidats avouent clairement qu’ils n’ont aucune idée de là où ils veulent aller, et dans ce cas, on comprend parfaitement les décisions qu’ils prennent, les directions politiques qu’ils empruntent, les chemins politiques, sociaux ou économiques qu’ils parcourent : solutions éculées déjà tentées pendant plusieurs décennies, résultats minables, atermoiements répétés sur les mêmes causes sans analyse en profondeur. Sourds aux remarques des gens de sciences (économiques, sociales, physiques, et j’en passe), muets dès qu’il s’agit de fournir une explication de l’échec pattant, stupides dès lors qu’il faudrait prendre du recul et s’arrêter pour réfléchir. Par bien des aspects, le candidat politique est un Jackass du pouvoir : tout tenter pour le fun, peu importe les conséquences, à la différence cependant que les chutes ne font mal qu’aux autres et pas à lui-même.
– Ou bien … chaque candidat, faisant don d’extra-lucidité, propose son chemin, sa politique et ses idées car il sait (pour l’avoir vu dans sa boule de cristal) que sa solution fonctionnera. Il n’est qu’à lire les « professions de foi » des candidats pour s’en rendre compte : tous ont trouvé le Saint-Graal qui permet de redonner la confiance et produire de la croissance et des bénéfices, et d’annuler la dette de la France. On se demande pourquoi les autres politiques, sur les trente dernières années, n’y ont pas pensé avant.
Le hic, évidemment, c’est que les candidats, tous aussi étatistes, interventionnistes et agressivement arc-boutés sur des valeurs d’un autre âge, ne proposent pas tous exactement les mêmes solutions. Ils proposent d’admirables déclinaisons de « Je Me Mêle De Votre Vie, Avec Vos Sous Et En Piétinant Vos Libertés », en variant l’interventionnisme et les petites gâteries (qui en faveur des entreprises, qui en faveur des salariés, qui en faveur des sans-logis, qui en faveur des syndicalistes boiteux à furoncle nasal). Mais, dans tous les cas, on reste dans la catégorie bien sage de l’interventionnisme d’une façon ou d’une autre.
- Le Pen : traditionnel et conservateur, on retrouve les antiennes habituelles du candidat à répétition. Fermeture des frontières, scission d’avec l’Europe, instauration de la préférrrrence nationaâale, tout autant de thèmes croustillant pour tout libéral qui se respecte.
- Villiers : tarifs douaniers, port de l’uniforme à l’école, pas de mariage homosexuel, interdiction du port du voile, arrêt de l’immigration. Là encore, un régal pour tous à peu de frais. Le reste du programme, notons-le, fait preuve d’un peu plus de lucidité économique que bien des programmes de droite. Je n’évoquerai pas l’aspect économique pour les autres programmes (de gauche) où le désastre est total, profond et – bien entendu – Durable.
- Besancenot : smic et code du travail européen – parce que ça nous manquait, interdiction des licenciements, nouveaux services publics et nouveaux impôts (miam), le tout sur un fond de révolution sociale et de mouvement prolétarien qui cogne. Du grand art.
- Voynet : tout et n’importe quoi pour et contre le climat et les bobos du vent qui cogne et de la pluie qui mouille financée par vos impôts, smic à 1500 € net, application de la loi de réquisition, semaine des quatre jours et bientôt, abolition des lundis, pour ne pas s’arrêter en si bon chemin. Les éoliennes vont pousser !
- Nihous : outre le vote obligatoire il veut notamment renforcer de la PAC, parce que nous le valons bien. Il aime le transfert de pauvreté de chez nous vers chez les autres, sans doute.
- Buffet : smic à 1500 euros, garantie du droit aux études, à la formation, à l’emploi, à l’égalité des chances et des accès aux petits-fours républicains, nationalisations à tour de bras, budget de la cuculture à 1%, cette aimable mamie Tristoune fait dans l’extrême-gauche traditionnel et plus trop dans le révolutionnaire, la place ayant été piquée par le petit facteur aux dents longues.
- Bové : tout, deux fois, avec beaucoup de sauce. Avec José, une autre peine de prison est possible. Elle est même souhaitable. Ne votons pas pour lui, et assurons nous qu’il soit jeté proprement aux cachots républicains qu’il n’aurait jamais dû quitter.
- Bayrou : à la fois pas de droite et pas de gauche (et inversement), fait de l’écologie son deuxième point de campagne, ce qui promet de grandes envolées lyriques. Il s’engage fermement, comme le passant distrait dans la crotte oubliée, dans la construction sociale, l’interdiction pour les groupes privés nourris aux contrats publics de détenir des médias, probablement pour éviter l’ôôrible collusion entre le kapitalisme bondissant, le brainwashing cocacolien et le sévice public. Au passage, on notera sur sa profession de foi la mise en avant fort impudique de sa bagouse de mariage. Eh oui, le bougre insiste sur son statut marital pour, probablement, déstabiliser les candidats Sarko et Royal qui ne sont pas dans la même position. Le félon !
- Schivardi : candidat microscopique présenté par des maires, soutenu par des travailleurs, écouté par des commerçants, adulé par des viticulteurs, connu par des chômeurs et croisé en campagne par des tracteurs et des étourneaux sera résolument pour une rupture avec des traités étatiques au sein d’une union qui semblerait européenne, pour des peuples libres et des emplois sauvegardés. Bref, quelques uns, dans le pays, ont entendu parler de lui. Il aura des votes de citoyens. Peut-être…
- Laguiller : a eu la présence d’esprit de changer les noms sur les prospectus qu’elle distribue. Le reste, en revanche, n’a pas changé depuis les années 70. Ceci devrait être une indication. Smic à 1500 € (pourquoi pas 2000, bordel ?), plein de solutions pas du tout tentées avant et de propositions pas du tout présentes dans les autres programmes de mamie Tristoune et du facteur terroriste, bref, on ne peut pas dire que la retraite lui aura laissé du temps pour réfléchir à son programme.
- Royal : outre sa panoplie de superwoman, elle nous vend du Droit A par pack de douze (premier emploi, logement, …), suite sans doute à la semaine promotionnelle chez Lidl. Tiens, au fait, j’ai cherché un bulletin « La France », mais n’en ai pas trouvé. Et l’identification de « La France » avec la candidate n’étant pas mon fort (surtout quand on voit le choix douteux de la photo gris & gris pour illustrer son papelard). On notera un nombre impressionnant de « Je Veux ».
- Sarkozy : tout devient état, avec plus de travail garanti, plus de pouvoir d’achat grâce à son action, un état officiellement fort. Pour un libéral, ça, c’est chouette. Et cette impression de se faire tarauder l’anus avec une chignole de 12 devrait s’estomper passé les cinq premières années. Note : lui aussi, il veut, il veut, il veut.
Vraiment, triste tableau.
Au passage, il faudra mettre Sarkozy en relation avec la candidate du PS : ils sont tous les deux foutrement plein de volonté. Le « Je Veux » est monnaie courante chez eux. S’ils pouvaient se vouloir l’un l’autre à fond les ballons très loin de nous, ce serait assez bien, tiens.
Ce ouikande, ce sera crêpes au sucre.
J’ai compté les "Je veux être le Président" du programme de Sarkozy: y en a 27.
Bof, mou du clavier ce billet : tout le monde n’a pas le talent de Celine pour vomir continuellement sa bile sans pour autant radoter.
Oui. Je trouve aussi. Petite forme. Je ferai mieux la prochaine fois.
mais non il est tres bien ce billet, dnarretim est rien qu’un jaloux aigri.
ou alors il a pas lu les programmes economiques des sus-nommes…
ou alors il les a aime? lol
ou alors je vais faire de la confiture ananas mangue, miam!
La forme comme le fond pètent le plafond !
merci pour vos billets 🙂
Oui, ce blog est genial, bravo!
Bonne synthèse haletante, fidèle au style h16esque avec toujours autant d’astuces littéraires. Je retiens celle très parlante du Jakasse politique, tellement vraie pour ceux qui en ont connu de près.
Merci mon ami.
H16, je ne sais comment vous faites pour trouver toute cete inspiration, mais continuez !!! C’est toujours aussi excellent. Quelle poilade !
h16, si toutefois la section Marketing Politique Demaerd Inc. devait recruter des "cerveaux", j’ai ici une recrue qui me parait tout à fait appropriée :
nicolasdelaunay.blog.20mi…
Avec ce genre de prose, le p’tit gars me parait tout à fait qualifié pour une belle carrière Demaerd ^_^
Merci pour tes billets si rafraichissants dans la boboïtude ambiante.
‘economiques, sociales, physiques, et j’en passe’, euhh ? 😉