Pour achever une semaine assez calme, et faire monter son taux d’adrénaline, rien de tel qu’un bon film catastrophe un dimanche soir avant d’aller au dodo. Demeard, la société tentaculaire aux mille et une productions, l’a bien compris et vous offre bientôt et dans toutes les salles de France un vrai bon film catastrophe ! La bande-annonce, présentée en exclusivité sur toutes les chaînes télévisée du pays ce dimanche à 20H pétantes aura été regardée par des millions de personnes.
Avant de parler un peu plus du film, il est d’ailleurs bon de noter que cette opération marketing de présentation d’un film catastrophe à gros budget en soirée, en plein prime-time, aura été en soi un événement grandiose : toutes les télévisions auront rendu compte de la présentation, et on pouvait voir au trémolo dans les voix de certains pipoles que l’émotion n’était pas feinte.
Autre innovation qui aura une importance cruciale dans ce long, très long métrage, c’est le format choisi : il s’agit bien d’un film catastrophe, mais découpé en petits épisodes savoureux à déguster au fil des jours, en fonction de l’actualité qui se présentera. On se situe donc ici à mi-chemin entre la série-culte et le film-nulte, mélange de nanar prévisible et d’objet filmique non-identifiable devenu culte par la force de sa représentation symbolique.
Ce film/série/nanar, au budget improbable, présentera de façon audacieuse les péripéties d’une femme à la dérive, courageuse mais fondamentalement paumée au sein d’un sous-marin nucléaire d’attaque lanceur d’engins (les célèbres SMNALE, à ne pas confondre avec les sous-marins nucléaires d’attaques, dont le nombre officiel est de 6 – je répète : 6 – ou les sous-marins lanceurs d’engins, au nombre officiel de 4 – je répète : 4 – ).
Le film commence par le départ en mission du sous-marin SSN-PS Kolektivis. Dès le début, le réalisateur Frank Bayroo s’est attardé sur les personnages de son histoire. Sous la direction d’un capitaine assez mou, Frank Hollander, les principaux lieutenants, Dom Strausskhan, Jacques Langue, Floran Biusa, et Ségoyène Rolal s’installent dans la routine bien huilée d’un navire de guerre où tout le monde sait que tout va mal. A l’instar d’un K-19 « Widowmaker » où la poisse semble suivre chaque matelot jusque dans son sommeil, les petits ennuis s’accumulent rapidement pour le Kolektivis dès les premiers jours de sa mission. A la suite de disputes pusillanimes entre les lieutenants pour des raisons de rations alimentaires et notamment de fayots qui obligent à relâcher un peu trop de gaz à effets de serre, il est décidé que le poste du capitaine serait tiré au sort. Bien sûr, le capitaine légitime n’en sera pas mis au courant, mais bientôt, celui-ci sera tenu totalement à l’écart de la vie du navire. C’est la lieutenant inexpérimentée, fantasque et aux sautes d’humeurs imprévisibles, Ségoyène Rolal, qui se retrouve chargée de la mission d’amener le sous-marin à bon port.
Jusqu’à présent, la plupart des spectateurs français avaient pu prendre connaissance des premiers épisodes, sortes de teasers officieux de la suite. Jusqu’à présent, tout le monde pouvait encore douter du caractère catastrophique du film. Avec la bande-annonce de ce dimanche, le doute n’est plus permis : le film catastrophique est bien un film-catastrophe.
Le réalisateur ne nous aura rien épargné. Jugez plutôt : dans ce vase aussi clos et confiné que peut l’être un sous-marin, il a réussi à installer un climat délétère au point qu’à présent, deux factions rivales assez nettes se distinguent ; la cantine offre une nourriture de pire en pire, et l’utilisation de procédés de réchauffage douteux n’améliore en rien l’ordinaire exécrable des marins. Le moral est au plus bas depuis que les torpilles se sont révélées inertes, et que la radio du bord, pourtant habituée à distribuer des encouragements, a fait place à des crachotements pénibles. D’importantes fuites ont été notées à la coque laissant s’échapper des marins entier dont le chef radio Rick Beysson, repêché par un navire ennemi dans les eaux internationales.
Depuis l’épisode 13, on se rappelle en outre qu’une partie des lieutenants et de l’équipage, à la suite d’une sortie de ravitaillement à Paztek, une petite bourgade autogérée à la solde de la Maire Supérieure Dominique « Vois Net », avait attrapé le virus de la Mélenchonite, qui avait poussé les matelots à devenir agressifs, arrogants, xénophobes et totalitaires. Cette maladie avait été diagnostiquée bien après que le sous-marin eut repris la mer, dirigé par les ordres confus d’une lieutenant Rolal cherchant tant bien que mal à rallier tous les membres d’équipages à son côté, alors que la réserve de biscuits, au contraire de celle de vodka, s’amenuisait de jours en jours.
L’épisode de mercredi, qui avait vu naître une colère alcoolique et trouble de la pauvre lieutenant, en proie à ses démons et des visions éthyliques de rues cauchemardesques où chaque flic raccompagnait un flic dans une farandole psychédélique et ininterrompue, avait achevé de diviser les spectateurs sur la suite possible des épisodes, dont une bordée reste malgré tout programmée par toutes les chaînes dans les prochains jours. Des doutes s’immisçaient en effet fortement sur la capacité de la pauvre lieutenant à simplement tenir un cap ou un discours clair.
Avec la bande-annonce de ce dimanche, on a découvert cependant que les scénaristes à l’esprit fécond nous réservent encore des surprises dans les prochains épisodes.
Apparemment, la coque, déjà fort endommagée par les coups de boutoirs de la réalité environnante, va se scinder en deux à la suite des manoeuvres vraiment trop audacieuses de la lieutenant Rolal. Ceci va entraîner la noyade de pas mal de petits marins dans un déluge d’eaux bouillonnantes, en laissant les deux parties du pauvre sous-marin, détruit, voguer à la dérive.
Le HMS B-Roux, qui patrouillera aux alentours, viendra au secours des quelques pompons flottants tragiquement à la surface d’une mer agitée et inhospitalière, pendant que l’autre morceau, hermétiquement scellé par un lieutenant Floran Biusa particulièrement en forme pour un malade de mélenchonite, s’enfoncera vers les abysses froides et lugubres.
Le film-catastrophe promet de se transformer en film d’horreur quand les survivants, à la fois atteints par le mal des profondeurs et taraudés par une faim dantesque, seront obligés de se manger les uns les autres en espérant que la balise de secours, déclenchée à la dernière minute par Jacques Langue, le cuisinier toxique aux recettes empoisonnées, fasse surface et indique leur position.
Si l’on ajoute à cette palpitante aventure l’échouage partiel du HMS B-Roux sur la banquise, l’explosion en vol de l’avion de l’équipe de secours, le Tupolev LCR, parti à la rescousse des mélenchonités du Kolektivis coulés par le fond, et le sabordage pathétique de la barcasse d’exploration PC-O’Buffet qui passait par là, les prochains épisodes promettent de remplir encore l’imaginaire collectif des Français pour un moment.
La post-production, comme on s’en doute pour un projet de cette envergure, prendra quelques mois encore. Une série de deux épisodes assez violents sont en préparation et prévus pour sortir au courant du mois de Juin ; les effets spécieux sont en cours de réalisation.
Gageons que ce film Demaerd redonnera à tous le goût des vrais catastrophes !
Tout simplement excellent ! Vivement le mois de juin pour de nouvelles aventures du sous-marin.
Je me permets d’apporter une petite précision au scénario hypnotique de ce nanar captivant: contrairement à ce qui a été affirmé, le Kolectivis a été conçu dès le départ comme un sous-marin "climate-friendly", tous les gaz à effet de serre produits par l’équipage sont recyclés à l’intérieur de l’habitacle au lieu d’être relargué dans l’atmosphère pour ne pas aggraver le réchauffement climatique, les distributions de rations de fayot étant systématiquement accompagné de la mise en route du turbo-compresseur de backup asynchrone permettant de soulager (et le mot n’est pas trop fort) le moteur pneumatique principal de recirculation.
J’en ai les larmes aux yeux tellement c’est fort !!! Vive Desmaerd productions !!!
On attend avec impatience la sortie d’un épisode prochain des pérégrinations du Kolekp’titVice, notamment sa toute dernière mission dans les eaux maltaises où il a lancé des torpilles vers un bâto de croisière chargé d’immigrés français qui ont fui précipitamment la France après avoir été accusé, injustement, de faire la nique aux pôvres et aux chômeurs en se pavanant dans un palace des Champs Elysées en compagnie de people le soir d’une échéance électorale Kapitale.
Malheureseument, il semblerait, que la mission ait piteusement échoué, le fournisseur des torpilles ayant remplacé les explosifs nitrés par un gros stock de boudins béarnais avariés passé en contrebande depuis l’Espagne.
Mais bon, je ne voudrais pas trop déflorer le récit qui sera, nul le doute, raconté de manière bien plus palpitante par h16