C’est l’effervescence politique. D’un côté, on peut lire la panique dans les rangs de la droâte, désemparée devant les résultats de plus en plus médiocres des actions que Sarkozy a entreprises. Et de l’autre, la gôche semble s’agiter de plus belle pour nous présenter, dans de vastes mouvements de petits bras un peu niais, ce qu’elle compte bien faire pour s’occuper dans les prochains mois.
On découvre en effet, à la faveur de quelques articles de presse que le PS, c’est décidé, va se doter d’une ligne pour le 21ème siècle. La ligne d’un parti, c’est important. Ca permet de voir où il va, et c’est indispensable quand la ligne est en colimaçon, vers le bas, avec une pente très raide. On me rétorquera qu’encore une fois, je me moque facilement. Mais pôdutou pôdutou. Les nouvelles technologies permettent à tous de s’en rendre compte en direct, avec par exemple ce petit lien ; il suffit de lire.
D’après le papier produit par deux soldats du Parti Socialiste, et qui fut accepté par un consensus quasi-cubain à 98%, le mouvement gauchiste est maintenant, je cite, « un parti européen », « républicain », « réformiste », « décentralisateur », « internationaliste » et « démocratique ». Oui oui, tout ça, vous avez bien lu. Je suppose qu’avec un consensus à 100%, le parti aurait aussi été anti-bactérien, vitaminé et bien sûr, citoyen et festif. Bah, on ne peut pas tout avoir, et il faut bien en laisser un peu pour le faux-facteur de Neuilly.
Attardons nous tout de même, avant de nous gausser, sur le premier article de cette bavure déclaration. Il y est dit, je pouffe :
Etre socialiste, c’est ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est. L’idée socialiste relève, à la fois, d’une révolte contre les injustices et de l’espérance pour une vie meilleure. Le but de l’action socialiste est l’émancipation complète de la personne humaine et la sauvegarde de la planète.
Evidemment, à la suite d’une telle annonce, il est dur de prendre le reste au sérieux. Je passerai sur la révolte caliméresque contre les injustices, et n’évoquerai l’espérance d’une vie meilleure que pour noter qu’il aurait fallu être vraiment très couillu pour désirer une vie plus médiocre. En revanche, on notera que, comme le parti ne pouvait se déclarer officiellement Ecolo ou Vert en plus d’européen, républicain, réformiste, décentralisateur, agité, ferrugineux et caféiné, ses inventifs militants auront trouvé le moyen de glisser subrepticement une jolie allusion dès les premières salves.
Ainsi donc, le but de l’action socialiste est l’émancipation de la personne humaine, par exemple en lui apprenant à surnager ou s’habituer d’un flot continuel de lois, règlements et autres directives, mais aussi … la sauvegarde de la planète ! Eh oui : rappelez-vous Marx quand il disait « Prolétaires et bébés phoques de tous pays, unissez-vous ! »
Et cette petite infusion d’écologie super-trendy se fait sentir dans les articles suivants. A bien y faire attention, ce petit parfum de bergamote et de lilas, ces odeurs de sous-bois champêtres et de blés mûrissant au soleil, ces fragrances subtiles de campagne au printemps qu’on retrouve un peu partout dans le texte, pas de doute c’est … de l’attrape-bobo ! L’article 2 propose ainsi un engagement pour une humanité solidaire et respectueuse de la nature, avec des morceaux de Voynet dedans. L’article 3, nicolahulotesquement, introduit le développement durable, le 4 propose de mettre les avancées technologiques au service de l’homme (bien sûr, ne l’oublions pas, le coquin) mais aussi … de la planète, vous l’aurez deviné.
C’est formidable. Si je voulais produire plusieurs billets, il me suffirait de produire une exégèse complète de ces petits articulets ciselés dans le caramel mou à la moraline. Ces déclarations sont un véritable festival de bricolages alter, écolo et marxiste honteux, dont l’ampleur maximale de ratissage compense à peine l’étourdissante vacuité. Finalement, avec des déclarations de cette ampleur, on se rend compte d’une chose : le PS n’a pas changé d’un iota et est toujours ce parti de pouvoir, à la lubricité électorale suffisamment élevée pour lui permettre toutes les lascivités idéologiques foireuses. Si la tecktonik avait eu suffisamment le vent en poupe, nul doute qu’un PS Tecktonik aurait vu le jour en ce beau mois d’avril 2008 et que Hollande, Royal et autres caciques ronflants du vieux parti se seraient trémoussés violemment sur les pistes.
En fait, pour la Tecktonik, c’est plutôt la droite qui se lance dans le Fillon filon. En effet et selon Le Bigorno, les députés de l’UMP s’inquiètent du rythme des réformes lancées par Sarkozy, et notamment de leur non-association avec les lubies décisions gouvernementales. Ils craignent ainsi que la revue générale des politiques publiques ne cache des économies «à la hache». Evidemment, nos pauvres députés, habitués sur les 12 ans de Chirac et les 14 de Mitterrand à des rythmes de sénateurs retraités, n’en peuvent plus : presque trois réformettes, deux micro-changements et une nano-remise en cause de tel ou tel aspect de l’administration française, pfiouuuu, c’est épuisant.
Et puis, force est de reconnaître qu’en plus de ça, les ajustements, même millimétriques, ne passent pas. Quelques suppressions de postes dans l’enseignement, et voilà les forces d’avant-gâârde du prôgrèèès et de l’égâlitééé qui sortent, toute bave dehors. Pensez donc ! Les 11.200 postes planifiés à disparaître sont ainsi défendus, becs et ongles, par – disons au mieux – 50.000 lycéens, ce qui veut dire au passage qu’il se trouve à peu près 4 courageux branleurs lycéens pour défendre chaque poste, démontrant amplement que cette micro-mobilisation correspond parfaitement à cette micro-mesure qui ne permettra, au mieux, que des micro-économies et provoque en tout cas des macro-choux gras dans une presse largement acquise à la cause des têtards manipulés par des syndicats si fermement campés sur leurs positions qu’on les confondrait presque avec des députés de l’UMP.
Alors, devant ces performances médiocres des éléments conjoncturels qui sont décidément contre lui, le petit Nicolas va prendre la parole. Il tentera de convaincre les Français, en tout cas ceux qui ont voté pour lui, que si si, il fait bien des trucs et des machins mais que scuzez moi, la conjoncture elle a pas été gentille avec moi et c’est pas facile de résorber les problèmes à la tête d’un état obèse.
Et pendant que Sarkozy fera de jolies vocalises télévisuelles pour expliquer en quoi il va varier un peu le régime alimentaire du Léviathan, encore une fois, personne ne lui fera gentiment remarquer que s’il a été élu, ce n’était pas pour renouveler la gamelle du fauve bedonnant, mais bien pour la lui retirer purement et simplement. A entendre les jérémiades et atermoiements pleurnichards de sa majorité, les couinements pathétiques de chaque petite corporation, chaque lobby, quand on envisage de toucher à ses petites prérogatives, on se rend vite compte qu’en France, faire peu, voire pas assez, c’est encore faire trop.
Ce pays est foutu.
Encore une bonne tranche de rigolade, merci!
CPEF !!!
Merci H16, de prendre le temps de disséquer la prose du PS et de nous la restituer de façon … si pédagogique ! Si j’ai bien compris, la "ligne" du PS évolue donc de Karl Marx à Groucho Marx.
Bravo pour cette franche rigolade !
La frange "minoritaire", du PS qui milite pour que les français aient une plume dans le …. en permanence a vu sa motion retoquée!!! On l’a échappé belle mais que ce courant devienne indispensable pour la conquête du pouvoir???
Feu Thierry Le Luron aurait pu étoffer son personnage de m. Glandu à peu de frais.
Excellent!
Du grand H16 ! Bravo. En grande forme, vraiment.
Et la chute… parfait. 😉
Encooooooooooooore !
Une chose est sûre désormais, nous sommes tous socialistes, avec une définition pareille.
je me disais qu’avant de critiquer, il aurait été consciencieux d’aller lire la "déclaration de principes", rien que la pompe du titre me fatiguait.
Un immense merci donc, de cette …synthèse…aussi précise que caustique.
c’est aussi avec une morose délectation que j’écouterai "les jolies vocalises télévisuelles" de sarkozy. fatum?
"têtards manipulés par des syndicats"
=> Le problème c’est que les lycéens en ont rien à branler des syndicats mais reste bien plus intéressés par le fait de sécher les cours, halte au complot franco-syndico-communo-maçonniste ! Reste que dans chaque lycée en grève, y’en a toujours -effectivement- grand maximum 4 de vraiment impliqués. Allez, la dernière fois j’en ai croisé 9 sur 80, moi compris.
Dur d’être lycéen. Personne nous aime.
J’ai maintenant créé une rubrique "h16" dans mes favoris, où j’insère tous mes articles préférés pour les relire quand je suis en manque. Celui-ci en fait désomais partie.
Merci 🙂
Merci à toi 🙂
votre anticipation des jolies vocalises était la bonne, en tout cas c’est ce qu’en retiendront beaucoup. le plus inquiétant peut être étant de sentir, malgré le décorum et tout le toutim, une lassitude qu’on prend pour une toute nouvelle sobriété. quand j’entends mme royal , entre autres, dérouler son tissu d’âneries, je frémis.
le courage, mot employé par sarko hier, est en voie de disparition;