23 ans et toutes mes dents

Au détour d’un lien, je me rends compte que mon collègue Hérétique me fait des guilis-guilis par internet. Et moi, je suis comme ça, j’aime bien les guilis-guilis par internet, puisqu’ils reviennent à poser une question, faire une chaîne, en quelque sorte. La question, on la trouve déjà sur quelques blogs, comme Unique et Commun à la fois, Disparitus ou Coucous : que faisais-je à 23 ans ?

La réponse courte serait : je travaillais.

Replongeons nous à cette époque. J’avais presque toutes mes dents.

La n°21 avait été cassée (et correctement réparée) pendant ma 14ème année – une sombre histoire de bord de piscine pas vu alors que je tentais une apnée un peu trop longue et manifestement pas trop concentrée. Bing.

Les 18,28,38 et 48 ont été enlevée vers 20 ans, lorsque leur pousse anarchique risquait de poser des problèmes aux copines d’à-côté.

A part ça, tout le monde dentaire qui compte était donc là pour mes 23 ans.

Je disais que je travaillais.

Déjà libéral dans l’âme, j’avais décidé de tester mon autonomie financière en m’éloignant un tantinet de ma famille et en collant 6000 km entre elle et moi. Je fomentais déjà d’insidieuses prises de pouvoir libérales au sein d’une grosse institution internationale et gloutonne, dans laquelle j’avais réussi une infiltration passable.

Je n’y ai pas réussi un sabotage libéral d’envergure mais j’ai appris plein de choses sur les rouages de la diplomatie internationale et l’attrait extraordinaire que ces grosses boutiques supra-étatiques offrent en terme de pouvoir aux puissants de ce monde. J’ai noté qu’il s’agissait aussi de bons gros fromages pour les petits malins qui parvenaient à les utiliser pour leur compte personnel. Depuis, l’actualité m’a renforcé dans ce sentiment. Après tout, je ne suis pas désabusé pour rien…

Dans le quartier où j’habitais, il m’arrivait d’acheter des quinces. Ce sont des coings, en français, et ça se trouve de temps en temps, à l’automne notamment. On les découpe en petits cubes, on fait bouillir de l’eau dessus jusqu’à obtenir un jus orangé qui sent bon.

Ensuite, on filtre tout ça (ce qui peut prendre du temps) et on fait cuire le jus filtré obtenu avec du sucre dans une proportion à peu près de 1 pour 1 en poids, en ayant eu la présence d’esprit de presser au torchon (toute une technique, je vous montrerai à l’occasion) les restes de pulpe du fruit afin d’en extraire toute la pectine sournoisement stockée dans les gros pépins de ce fruit charnu.

On laisse reposer et refroidir.

Et ensuite, on obtient de la gelée de coing délicieuse.

On pourra l’étaler avec beaucoup de plaisir sur des toasts, sur des morceaux de pain frais, sur des crêpes (évidemment !), ou sur une page de journal suite à un faux-mouvement mal ajusté pour éviter la tasse de thé chaud Earl Grey qui se marrie fort bien avec ce genre de tuerie gastronomique.

Je dis ça, je dis rien.

Et ici, j’ai fait exactement la même chose que l’Hérétique : j’ai divagué sur un truc connexe mais pas tout à fait dans le sujet initial. Et pour en revenir à mes 23 ans, disons qu’ils se sont passés dans la découverte d’un autre pays que le mien, et notamment de cette consternante vérité que, eh bien oui, l’herbe est parfois plus verte ailleurs.

Depuis, beaucoup d’années ont passé ; à présent, les gelées sont englouties d’autant plus vite que mes enfants les adorent (ils ont raison, c’est fait maison), et je constate tous les jours avec un peu de tristesse que si l’herbe est moins verte là-bas qu’elle ne le fût à cette époque, elle l’est quand même plus qu’en France où toute la classe politique s’acharne à désherber consciencieusement le pays…

Mon thé est fini, ma tartine à la gelée de coings aux parfums de madeleine de Proust aussi, et je vais donc profiter de ma conclusion pour taguer de fiers cuistots de la blogosphère, par exemple

  • Criticus qui va pouvoir se remettre de ses derniers billets kilométriques par un petit sujet léger à traiter en moins de 1000 mots,
  • b.mode de Ruminance pour qu’il oublie son cafard en nous parlant de ses jeunes années au sein d’un groupe de Chippendales (si si, je vous jure),
  • Aurélien, parce qu’il a su nous parler avec brio des fichiers du Fisc mais que j’aimerai qu’il nous éclaire sur son passé de rappeur couvert de bagouses dorées,
  • et l’un des rédacteurs (peu importe lequel) du Comité de Sévice Public dont la lecture éventuelle rend mes soirées plus … moins … comment dire… ennuyeuses.

Et vous, qu’avez-vous fait de vos 23 ans ?

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Commentaires25

  1. higgins

    A 23 ans, je vivais professionnellement mon rêve d’enfant sous les tropiques et découvrais du même coup la dure réalité du monde. Non pas que j’imaginais que ce dernier était un monde de Bisounours mais je touchais du doigt ce à quoi de nombreuses lectures et discussions m’avaient préparé. En clair, je mûrissais comme les “quince” en automne.
    Depuis, quelques automnes sont passés et effectivement, je me suis rendu compte que parfois, l’herbe est plus verte ailleurs qu’en France. Je suis même revenu d’un autre séjour tropical à 25 ans en me disant que c’est quand même pas mal de vivre la tête en bas et que les guerres pichrocholines françaises sont d’un tout petit niveau vu des antipodes. Et c’est vrai, notre classe politique est bien plus performante que tout le round-up du monde.

  2. pascale

    j’aime bien le suivi de vos quenotttes, serais incapable d’en avoir un aussi impeccable, c’était et cela reste un peu l’anarchie. le dentiste restant mon meilleur ennemi. peut être du reste qu’à 23 ans je visionnais ce film épouvantable où Dustin Hoffman se fait torturer par un dentiste fou nazzi..j’avais pondu un BB et simultanément ouvert une galerie d’art se voulant nouvelle et loin du conformisme ambiant. n’est pas restée ouverte longtemps, mais c’était bien quand même. ai pigé à cette époque que si j’étais libertaire je n’en étais pas moins une fichue gestionnaire. peu importe…c’était sympa, la galerie brune, car dans les années post 80 où une certaine douceur de vivre subsistait encore et, si on avait envie d’aller voir ailleurs, ce n’était pas forcément pour fuir la France …

  3. AncillaDomini

    A 23 ans, j’essaie de donner une tête et une queue aux restes de ma courte et défunte carrière militaire… et je vous lis. Parce que, mine de rien, vous détendez agréablement mes zygomatiques en fin de soirée !

    PS : j’ai toutes mes dents, moi aussi. Vous n’en avez rien à cirer, je sais. 😀

  4. Jesrad

    A 23 ans, je me convertissais au Discordianisme par dépit, face à un monde trop triste et gris et marchant sur la tête. Contrairement au Prince Jean je n’avais redoublé aucune année post-Bac et entamais d’ailleurs la troisième. Et je commençais à plonger dans la dépression.

  5. GB

    J’ai 23 ans le mois prochain. Je serai encore en Turquie à finir mes études, et j’aurai comme aujourd’hui le doute aux tripes à l’idée d’entamer ma carrière dès février en Fraônce.

    Je pense que c’est une grosse connerie, mais il y a quelqu’un à qui je tiens là-bas.

    Donc voilà, 23 ans, ce sera sans doute une désillusion de plus. Et peut-être que ce sera l’âge auquel je quitterai la France définitivement.

  6. alex6

    A 23 ans je venais de rencontrer celle qui allait devenir ma femme. Je commencais aussi a m’emanciper de la soupe sociale-democrate pour decouvrir le liberalisme. En gros, c’est la que ma vie a reellement debute.
    Et je confirme, l’herbe peut etre plus verte ailleurs quoiqu’a la reflexion, il n’y ait plus tellement d’herbe en France, juste quelques pousses jaunies d’un vieux gazon mal plante…

  7. alex6

    Je precise que je ne crois pas que l’on puisse quitter la France pour des raisons negatives ou purement fiscale, c’est plus par amour de la decouverte et de l’aventure. L’argent n’est jamais qu’un plus qui ne remplace rien.

  8. Abst

    Y’a vraiment que des vieux croutons par ici … :p

    Face à vous, je ne suis qu’un petit con ignorant !!!

    @Alex6: “je ne crois pas que l’on puisse quitter la France pour des raisons negatives ou purement fiscale”

    Ça peut quand même aider.

  9. Marc

    A 23 ans j’étais chef de quart sur une frégate française, dans l’Océan Indien. Long séjour en Afrique et en Asie, très formateur.

  10. laurett

    A 23 ans, je soutenais Alain Madelin à la présidentielle de 2002…
    J’étais rentrée dans la vie active 6 mois plus tôt après avoir lâché mes études au début de ma licence d’anglais parce que devenir prof, ça ne me disait vraiment rien du tout… et qu’à vrai dire je ne savais pas quoi faire de ma vie…

    1. @b.mode : oui, la réponse me sied très beaucoup 🙂 – j’y apprends que tu fus Nantais. Félicitation, c’est très bien, ça.

  11. alex6

    @Abst:
    “Ça peut quand même aider”

    Disons que ca diminue l’impression de vol du fruit de ton travail par l’etat selon les endroits ou tu vas. Il est aussi particulierement jouissif de ne plus se sentir piege dans le systeme secu/retraite/chomage etc…

    Mais sinon quitter son pays pour ces uniques raisons financieres me semble etre une folie, il faut un projet de vie derriere, projet dont l’etat est par definition exclu.

  12. cgaudeul

    A 23 ans, je poursuivai mes études à Paris, j’avais déja arrêté de fréquenter la fédération anarchiste, la libre pensée, et autre alter comprenants, que je tient toujours pour de violents intolérants. Je continuais à silloner l’Europe pendant mes congés à la recherche des utopies libertaires des années 80, en Irlande, au Danemark, en Agleterre, en Allemagne, et je découvrais avec stupéfaction que la collectivisation des biens et des moyens de production produisait dans ces micro-sociétés les mêmes dérives qu’ailleurs, chacun essayant de vivre au dépend des autres tout en pronant le partage dans le discours. Il m’a d’ailleurs fallu quelques années pour finir par comprendre que c’était le libéralisme qui me paraissait finalement le plus cohérent, et encore quelques autres pour assumer mon anarcho capitalisme.

  13. Monoi

    A 23ans je suis parti finir mes etudes a Londres, ou il fallait encore 3 mois pour se faire installer un telephone. L’angleterre avait bien progresse ensuite, mais apres 12 ans de socialisme, on est redevenu pauvre.

    C’est chouette le socialisme.

  14. ouk

    @alex6 :
    mon projet de vie c’est de créer ma boite … si la fiscalité française permettait à un travailleur indépendant (au début) de bosser pour soi plus d’1/3 du temps, si il n’y avait pas la sécu ni les retraites par répartition, si l’IS ne servait pas à financer un système qui marche sur la tête, je la créerais en France et je n’hésiterais pas, parce que mine de rien c’est un pays sympa (disons, pour faire du tourisme). Je me suis tout simplement rendu compte que mon projet de vie était incompatible avec la fiscalité française. Et, finalement, tant mieux si c’est un “prétexte” pour découvrir de nouveaux horizons ! :).

  15. b.mode

    @h16 Je le suis encore, nantais ! j’ai juste signé le billet mabuse, le pseudo commun à T&T au lieu de mettre mon perso ! Pis j’ai l’impression que sur blogspot, on ne peut pas le changer… 🙂

  16. alex6

    @ouk,
    La effectivement, pour creer sa boite c’est mieux ailleurs. N’etant pas dans cette optique pour le moment, je n’avais pas considere ce point de vue.

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