Enjoy Roissy by Night

On apprend au détour d’un entrefilet discret dans le Figaro que – cocorico – l’aéroport de Roissy arrive premier. Dans la catégorie des aéroports les pires du monde…

Certes, on va probablement me reprocher de faire du French Bashing à peu de frais, mais encore une fois, les impressions et les sentiments que j’éprouvais se trouvent renforcés par une étude un peu plus vaste que mon simple ressenti et le bouche à oreille.

En réalité, à chaque confrontation (le mot n’est pas trop fort) avec les transports en commun français, on est conforté dans l’opinion négative qu’on peut en avoir.

J’ai déjà évoqué le bus dans ces colonnes et l’indicible effondrement psychologique qu’il peut provoquer dans tout être normalement constitué qui se trouve forcé, un jour, de l’utiliser.

Mes nombreux articles (je vous laisse retrouver les derniers) sur la SNCF permettent de donner une assez bonne idée de la haute tenue du service public dans les transports ferroviaires.

L’étude, disponible ici, permet d’ajouter les transports aériens au tableau de chasse des services publics franchouilles lamentablement foirés sur l’autel du collectivisme déchaîné.

On peut y lire, en substance, que le premier aéroport français en nombre de passagers (et en budget) se classe bien après ces lieux hautement touristiques que sont Sheremetyevo, à Moscou, JFK à New York, LAX à Los Angeles, ou encore Delhi en Inde. Les réactions des passagers qui doivent se cogner un transfert dans cet essai architectural douteux sont relativement unanimes : c’est sale, ça pue, c’est mal organisé, les gens qui y travaillent sont désagréables, et tout concourt à instaurer une ambiance Demaerd sans laquelle le coq français ne pourrait pas chanter.

On pourra trouver une liste ici de ces pertinentes remarques de passagers, dont je reproduis quelques morceaux :

« Plenty of REALLY strange people asking for cigarettes and money all night long »
(Pas mal d’individus étranges demandant des cigarettes et de l’argent pendant toute la nuit)

« The washrooms were dirty and had a really rank smell, like urine left in a toilet bowl for weeks on end. »
(Les toilettes étaient sales et avaient une odeur répugnante, comme de l’urine laissée pendant des semaines.)

« I was propositioned not once but twice by the same man asking me for casual sex, which was understandably a little frightening for a lone 20 year old woman wandering the airport at night »
(On m’a proposé une relation sexuelle non pas une mais deux fois, par le même homme, ce qui est, on le reconnaîtra, assez effrayant pour une jeune femme seule de 20 ans dans un aéroport la nuit.)

« The airport looks like a throw back to the 70s with tiles and orange (stained) carpet. there is a stench of feces and b.o. so rank it nearly knocked me down. »
(L’aéroport ressemble à un retour aux 70s avec carrelages et tapis oranges (tachés). Il y flotte une odeur d’excréments et de sueur si répugnante qu’elle m’a presque renversée.)

« This is the worst airport I have ever been in (and I have been to the Bombay airport, so you can imagine). »
(C’est le pire aéroport dans lequel je suis allé (et j’ai été à celui de Bombay, alors vous pouvez imaginer…)

Le pire, dans ces descriptions, n’est pas finalement ce qui est décrit, mais bien que pour un Français moyen qui est effectivement passé par là, ou qui emprunte régulièrement les transports en commun sur le territoire de la République du Bisounoursland, tout ceci est du vécu, parfaitement banal :

  • les individus louches qui viennent demander des clopes, de l’argent, des relations sexuelles, des tickets restos ou des renseignements farfelus et plus si affinités font partie du décor naturel des gares SNCF, routières ou aéronautiques.
  • l’odeur caractéristique des toilettes publiques françaises ont fait le tour du monde.
  • la saleté générale des lieux (vitres, couloirs, murs, mobilier)
  • l’amabilité des préposés aux guichets, l’efficacité et la courtoisie des forces de police qui patrouillent sont, là encore, un de ces éléments déterminants qui permettent immédiatement de distinguer la Franchouillie des autres pays occidentaux en donnant ce petit parfum d’aventure à chaque déplacement.
  • la structure générale des lieux, toujours à la pointe du n’importe-quoi embrouillant, confus et très peu durable, que d’habiles foutriquets massivement subventionnés et se faisant appeler architectes facturent des ponts d’or en enrobant le tout dans les habituels salmigondis ridicules de phrases toutes faites dans le style « Avec cette gare, j’ai voulu faire ouvrir le regard du voyageur sur l’espace urbain ou quasi-urbain, lui faire s’envoler l’esprit par delà les champs du possible, lui faire accepter sa condition de voyageant transitionnel tout en lui rappelant sa nature précaire d’homme fragile.« 

Moyennant quoi, on a de grandes baies vitrées mal fixées qui tombent et qui font effet de serre, de longues successions de couloirs réfrigérés ou parcourus de bourrasques, des parcours absurdes où il faut monter puis descendre par d’imposants escalators la moitié du temps en panne, pour espérer rester au même niveau. Et si l’on factorise les affichages façon DDE Française (qui prévient trop tard que vous avez pris le mauvais chemin), on comprend que les odeurs de caca forment la cerise sur un gâteau bien indigeste.

Roissy. En vrac.

A cette triste et perpétuelle constatation, il faut ajouter l’explication officielle de Aéroport De Paris, la société qui gère cet efficace repoussoir à touriste :

« Notre parti pris n’est pas que les gens dorment dans nos aéroports, ni sur les sièges ni par terre »

Et les faire fuir est donc une solution possible, apparemment…

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Commentaires25

  1. scaletrans

    Passé récemment par le terminal 1, transpiré dans d’interminables couloirs, pesté contre des panneaux indicateurs illisibles, empêché de téléphoner (carte SIM bloquée à l’étranger…)à partir d’un poste fixe car il y avait une alerte à la bombe, retrouvé sans téléphone mon chauffeur (un gendre) qui a tourné des heures avant de me repérer… CDG ? Business as usual !

  2. bruno

    les chiottes propres en france quasi introuvables, roissy n est pas une exception,
    quand a l accueil c est encore pire, le vendeur francais est parfaitement detestable, je crois bien que le prepose des impots ou de la secu est plus sympathique qu un vendeur dans un magasin

  3. Harald

    Je garde un magnifique souvenir d’un départ pour la Pologne à partir du terminal 3 de Roissy-Charles de Gaulle. Aéroport de Paris vous fait bien sentir que ce terminal est destiné aux vols charters et low-cost. J’ai connu des hangars à bestiaux mieux tenus.

  4. Maintien

    Pour passer regulierement entre differents aeroports aux Etats-Unis, au Japon et en Europe, je confirme : CDG c’est de la merde en barres, c’est sale, ca pue, rien ne marche, c’est mal foutu, et les toilettes representent bien l’etat de degeneration des lieux. C’est effectivement une bonne vitrine du pays, et une maniere efficace d’annoncer la bienvenue aux touristes temeraires qui viennent visiter « le plus beau pays du monde ».

  5. Yul

    Dans la mesure où en France, l’anti-libéralisme est aussi répandu que les chiottes répugnantes, je ne peux m’empêcher d’y voir une corrélation.

    J’ai fait mes premières années d’études dans une fac’ de lettres notoirement gauchiste des étudiants au doyen, Le Mirail à Toulouse, et il n’y avait pas besoin de panneaux pour trouver les chiottes: elles sentaient à 50/100 m (selon le vent). Fac’ mal fichue, béton fissuré avec des moisissures (fac’ intelligemment bâtie sur un champ de cresson…), les murs couverts de slogans anti-capitalistes et pro-occitan (moins nombreux), avec même une immense fresque sur un des plus grands bâtiments à l’entrée, à la gloire du prolétariat, je ne sais pas si elle y est encore, et des racailles venues de la cité toute proche qui l’entoure pour voler les sacs ou violer dans le parking. Ha oui, parce que la fac’ a été bâtie dans un esprit de mixité sociale, les étudiants devaient partager leur savoir avec les couches populaires, tandis que ces dernières leur auraient inculqué le bon sens prolétarien, et on jouerait de la guitare autour du feu en chantant.

    1. Harald

      Ça ressemble furieusement au campus de Nanterre que j’ai fréquenté au début des années 80. Il y avait même un clandestin iranien de logé dans les locaux techniques, bien à l’abri de la police fâââchiste. Sans parler des dealers et autres parasites.

    2. Mateo

      « Ha oui, parce que la fac’ a été bâtie dans un esprit de mixité sociale, les étudiants devaient partager leur savoir avec les couches populaires, tandis que ces dernières leur auraient inculqué le bon sens prolétarien, et on jouerait de la guitare autour du feu en chantant. »

      Excellent 😀

      L’état, c’est un peu Jésus distribuant des « pains » (dans la g***) dans « Jésus II le retour » des Inconnus: « Vous allez vous aimer les uns les autres, bordel de merde! » 😀

      1. Théo31

        Pour avoir été également dans ladite fac du Mirail, je confirme les propos de Yul, sauf pour les viols, qui relèvent d’un mythe. Ce qui était vrai, c’est qu’il ne fallait pas laisser sa voiture dans le parking souterrain, des blocs de béton s’échappaient régulièrement des plafonds.

        Pour avoir travaillé dans un aéroport, je mettrai un petit bémol : entretenir ce genre de lieu public n’est pas une mince affaire pour une raison simple : les Français sont des porcs qui ne respectent rien. Même parmi les salariés qui travaillaient à l’aéroport, il y avait des porcs immondes qui ne respectaient rien alors que chez eux il fallait être irréprochable. Comme il y a des larbins pour ramasser la merde, pourquoi faire des efforts ?

        1. Tremendo

          +1, des puants je ne sais pas, mais des gens mal-élevés oui, alors forcément ça ne les gêne pas de salir les chiottes des autres, tout comme ça ne les gêne pas de manquer d’éducation et de parler mal quand ils sont à l’étranger.

    3. Toni

      Yul a écrit : « et des racailles venues de la cité toute proche qui l’entoure pour voler les sacs ou violer dans le parking ».
      Ben quoi ??? Ils venaient juste faire un peu de shopping les pauvres jeunes. Vu les élus que l’on a depuis 30 ans, il ne fallait pas s’attendre à autre chose.
      Plus sérieusement, pas trop pour moi la mixité sociale en France.

  6. adnstep

    Ordre venu d’en haut : Roissy sert aussi à abriter les SDF la nuit. Pour partager un peu de pain et de chaleur.

  7. carole

    Passée dimanche par le T2 (c’est quand même mieux qu’antes). Recu des gouttes d’eau qui tombaient du plafond juste au dessus de la douane, mais bon, doivent avoir quelques problèmes d’architecture….. Mais j’avoue que cette année (venue en mars également) les douaniers sont devenus aimables. Ils ne nous prennent plus pour des terroristes.
    El peor, le personnel d’enregistrement et ce que j’appelle les Flecha: jamais un sourire, bonjour-bonsoir, ne connaissent pas…… On devrait leur tirer les muscles du sourire, au moins ils auraient un semblant d’amabilité.
    Quant à l’hygiène, c’est dramatique ! Pas un « serpillologue » en vue quand vous prenez les vols de nuit. Il y a un sas fumeur envahi de détritus de coca et cie, des cendriers qui font peine et un pauvre arbre à l’agonie qui ne va pas survivre longtemps (il sert de cendrier géant vu que les autres sont minuscules). Et encore, il ne faut pas se plaindre, on a le droit à un coin fumeur aéré (ben voui, les asiatiques fument beaucoup, faut pas perdre la clientèle). Tiens en parlant de fumeur H16, une suggestion que je trouve sympa : http://jdch.blogspot.com/ Sur ce blog se trouve un logo fumeur…….
    Les toilettes, jajajaja, vu des japonaises avec des gants. On les comprends, quand on connaît la propreté de Tokio!!!

    Pour en revenir à RCDG, c’est toute la chaîne qui est à revoir. L’hygiène, virer les SDF insistants qui vous emmerdent pour 1 euro ou une cigarette, l’amabilité, le service (même au salon premier les hôtesses n’ont pas dû suivre le stage 3 mots-1 sourire), l’organisation des taxis (+ chers qu’un vol low-cost Paris-Marseille), sans parler de la taille des taxis : pas une camionetta pour mettre famille et bagages (obligés d’en prendre 2) ….

    Une anecdote sur les taxis : Je prends donc un taxi en mars (RCDG Paris). Ce brave monsieur me recommande chaudement de mettre mon sac à main sous mes jambes, car du côté du stade de France (entre les tunnels), y-a de petits plaisantins qui cassent les vitrent avec des marteaux et asalte les passagers.

    Bienvenida en Francia !!!!!

      1. Théo31

        Les aéroports devraient proposer des pipes festives citoyennes éco-responsables aux passagers en transit la nuit. :d

    1. Higgins

      Pour les retours ou les départs vers les Roissy ou Orly, je préconise d’utiliser les bus Air France. C’est bien moins cher que le taxi et largement mieux que ce que le « service public » offre(c’est vrai que ce n’est pas difficile).
      Quant à l’absence de qualité de service, c’est malheureusement devenu la marque de fabrique de notre pays. A l’époque d’Air Inter, la qualité des services à bord des avions était résumée par la plaisanterie suivante: « Assis, attaché, pas bougé!!! »

      1. Bof

        « Air Inter », ceux qui déposaient de temps en temps un « préavis de travail « ?
        (Elle est facile, elle est des Nuls, mais je l’adore ;o))

  8. Toni

    Ayant vu les aéroports de Francfort, Sydney, Singapour et New-York. Je confirme les obsevations de h16 ainsi que j’approuve les différents liens.

  9. Marc

    Terminal 2E+F: les derniers, les plus récents… Là aussi, il faut faire des centaines de mètres de couloirs pour trouver des toilettes, étriquées, et … crasseuses. La moquette est ignoblement tachée à l’arrivée au niveau du contrôle des passeports.

    Vous oubliez un trait important des aéroports parisiens: les attentes très longues au débarquement de l’avion. Pourquoi? Parce qu’il n’y a personne pour activer les escaliers et les tunnels. Jamais vu ailleurs!

    Pour rentrer de Roissy, au fait: utiliser le bus 351 (terminus Gallieni), rapide, pas cher (trois tickets), simple. Bien sûr, il n’est affiché nulle part.

  10. ANT1

    Ajoutons pour etre complet le RER super bien frequente qu’il faut emprunter pour arriver a l’aeroport…

  11. fifou

    CDG1 est un aeroport du tier monde (et encore!) OK
    CDG2 A,B,C,D sont pas terribles
    mais CDG2E+F sont pas mal quand meme…

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