Ah, le Parti Socialiste fait parler un peu de lui, tiens ! Rappelez-vous, le PS, c’est ce parti résolument tendance, au placage formica et aux odeurs Cajoline Lavande qui nous propulse dans les années 70, comme une madeleine proustienne dopée au BN (le quatre heure à moteur) : dès qu’on l’évoque et qu’on entend François Hollande ou Benoît Hamon qui parlent dans le poste, on se les figure immédiatement lancés dans de grands discours historiques sur des images marquées et délavées, qui sautent un peu, avec le logo « ina » en bas à droite. Et on a bien raison…
C’est en effet à la faveur de leurs dernières chamailleries que les camarades socialistes se rappellent à nos mémoires : profitant d’une actualité particulièrement calme (pas de banque centrale américaine qui fait n’importe quoi, pas de crise, pas de problèmes sociaux, pas de dette qui galope), ils nous présentent leur dernier projet, et, comme à leur habitude, se disputent déjà sur le contenu qui a été, comme on s’en doute, approuvé par tout le monde (et c’est d’ailleurs pour ça que tout le monde se bigorne).
Le PS, c’est un peu comme un gros poulet. Pas comme ceux qu’on voit trotter dans les basses-cours de nos campagnes. Non. Plutôt un poulet comme on en trouve au rayon volaille du supermarché : il y a une aile droite, petite et recourbée, que Valls chevauche, une aile gauche, tout aussi petite et recourbée, occupée par Hamon, un gros corps mou, flacide et pâle entre les deux, vaguement attribuable à François Hollande ou Martine Aubry, suivant le sens de l’actualité, deux grosses cuisses dont croient sortir les dirigeants, et bien sûr un croupion, que Ségolène occupe pour le moment dans un silence prudent.
Et pour ce projet, tendrement titré « Egalité Réelle », nos deux ailes en présence font une petite partie d’escrime à fleuret pas du tout mouchetés : il semblerait que certains voient dans l’assemblage des propositions une espèce de liste de commissions, avec un manque cruel de réalisme, et surtout, aucun total en bas.
Il est clair qu’à la lecture de la feuille de route, on peut ajouter aux images sépias directement issues des archives nationales les musiques de Carl Stalling avec trompette bouchée et effets sonores rigolos : on retrouve, entassés dans un désordre de caisse à jouets d’enfants turbulents, les grands chevaux de bataille du socialisme moderne (celui avec des voitures volantes, des gros robots en aluminium brossé qui parlent de façon monocorde et des pistolasers qui font pouic quand ils tirent).
En vrac, donc :
- maternelle obligatoire dès 3 ans : la citoyenneté et les bisous républicains n’attendent pas ! En dix ans, le Nouveau Parti Socialiste Du XXIème Siècle Du Futur va tripler le nombre d’enfants accueillis dans des structures collectives. Et pour cela, Benoît Hamon payera de sa personne s’il le faut.
- toujours parfaitement en phase avec les avancées majeures que la pétrochimie des années 70 nous a offert, le parti propose d’introduire aussi le fameux indice de mixité sociale dont j‘avais évoqué l’existence farfelue dans les petits popos de Bruno Julliard. Tiens, il serait cocasse de l’appliquer, pour rire, aux élites qui siègent à l’Assemblée ou au Sénat; on trouverait sans doute une sur- représentation de fonctionnaires, de médecins et d’énarques variés, et assez peu d’ajusteurs ou de boulangers. D’ailleurs, ni Benoît, ni François, ni Emmanuel, ni Martine, ni Dominique ne peuvent réellement jouer en faveur d’un indice de mixité sociale particulièrement favorable … Bref : un indice très pratique pour faire des petits calculs et des petits manipulations théoriques sur les écoles, mais surtout pas applicable au reste.
- une baisse des loyers, parce que c’est comme ça, c’est décidable unilatéralement par le pouvoir ou les gens qui y aspirent. Nos amusants socialistes nous expliquent que cette baisse rendrait du pouvoir d’achat aux ménages, il est vrai, mais dans ce cas, poussons le raisonnement jusqu’à son terme : en décrétant une baisse du prix de la botte de poireaux, des voitures et des forfaits de remontées au ski, on a aussi un gain de pouvoir d’achat. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Puisqu’il suffit de l’écrire, autant aller jusqu’au bout : fixer étatiquement tous les prix dans des petites grilles soigneusement établies par un Comité Central de Planification. Et tout ira mieux. C’est une évidence.
- au niveau de la santé, on va introduire le paiement au forfait des praticiens. Là encore, cette solution, que toute bonne République Populaire ne désavouerait pas, a montré sa redoutable efficacité dans le monde pour résoudre les problèmes de déficits structurels des assurances santé et de motivations des personnels.
- des petits bonus, comme une aide au départ en vacances de 200 euros, une fusion de la CSG, la CRDS et les impôts, un droit au mariage pour tous dans tous les sens, etc… C’est un peu comme une distribution de poppers en fin de soirée branchée, y’en aura pour tout le monde.
Le tout, bien évidemment, est en cours de chiffrage. Je dis « en cours », parce que l’étiquette de prix attachée à ce fatras improbable n’a pas encore été attachée, mais on l’imagine assez large, permettant de contenir des nombres à neuf ou dix chiffres, sans virgule.
On comprend, dès lors, les petits grincements de dents de certains autre socialistes pour qui les conneries collectivistes, c’est rigolo pour choper de l’électeur un peu benêt, mais c’est très inefficace pour remporter des élections dont tout semble montrer qu’elles vont se heurter au mur rugueux d’une réalité très tendue budgétairement.
Cela se chamaille donc assez méchamment. Officiellement, Martine Aubry, elle, assure que « 99 % des socialistes sont dans le train« . Le problème, c’est que c’est une locomotive à vapeur, qu’on ne sait pas trop où il va et qu’on est à court de charbon.
Sacré Parti Socialiste du XXIème Siècle Avec Des Fusées et Des Pistolasers Qui Font Pouic ! Finalement, à bien lire toutes ces propositions où la Science Sociale et Politique et les Komités Centraux de Planifikation permettent l’expansion d’une société plus juste, plus douce, plus Cajoline Lavande, on retrouve tout ce qui fit la force du Parti Communiste dans les années 30, 40 et 50. Bien évidemment, c’est du collectivisme en tenue de camouflage campagne en hiver, qui ne se voit pas trop. Mais les habitudes ont la vie dure : contre une sociale-démocratie qui n’en finit pas de merdouiller, de produire du chômage et des pauvres, un état omniprésent qui a foiré tout ce qu’il a touché depuis la santé jusqu’à la retraite, le Parti Socialiste du XXIème Siècle nous propose … plus de sociale-démocratie, plus d’état omniprésent, et, conséquemment, plus d’impôts.
Quelque part, on devrait mettre tout de suite en relation les gens de ce parti avec les gens du parti d’en face, qui, eux aussi, sont arrivés à la conclusion qu’il va falloir augmenter les impôts, promettre des lendemains qui chantent et envisagent un planisme que les premiers ne renieraient pas.
En fait d’égalité réelle, tout ceci sent le mauvais plastique des débuts de l’industrie pétrochimique, époque bénie où le baril n’était qu’à une poignée de dollars.
« Il y a toutes les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les rendre égaux. La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n’est qu’une nouvelle forme de servitude. » F.A. Hayek.
La « répartition des députés par catégories socioprofessionnelles » se trouve sur le site de l’Asemblée nationale. h16 est un peu médisant : on trouve tout de même 1 salarié agricole, 1 ouvrier, 2 artisans, 4 commerçants, 2 sages-femmes, 2 représentants de commerce. Ça commence à chiffrer, tout ça.
En effet, les ouvriers sont vraiment sur-représentés.
Y’a qu’à aller en Angleterre pour voir ça.
Sur 577 députés, ça fait quand même 2 % qui ne sont pas fonctionnaires… Et encore, si les sages-femmes sont libérales…. Il est vrai que cela donne une bonne représentativité intéressante de la population française!
Je n’ai pas fait la répartition complète, donc tout le reste n’est pas fonction publique, mais c’est sûr qu’elle est surreprésentée.
J’ai compté : 247 fonctionnaires, sans compter ceux qui sont dans le secteur privé parapublique.
Mais pourquoi voulez-vous à tout prix qu’ils chiffrent leur projet ?
Pour eux, la dette n’est « pas un problème », les dépenses abyssales d’éducation sont un « investissement » (pas faux dans l’idée, sauf que le retour sur l’investissement n’est pas chiffré non plus), et il y aura au pire toujours les « méchantes » dépenses (défense, police, justice) pour servir de variable d’ajustement.
Comme héros des années 70, je proposerai plutôt pour eux « Capitaine Caverne ». Venu d’une autre époque avec sa massue.
Bonjour,
Je découvre votre blog, et j’en suis ravi.
Excellent article, je partage de nombreuses analyses avec vous.
Je retiens particulièrement la dernière citation, de Hayek,une véritable perle de bon-sens.
Je crois que lorsque les politiques feront la différence entre « traitement égal » et « égalitotalitarisme » (excusez le barbarisme), ils auront fait un véritable TRÈS grand pas vers la seule vrai forme de justice qui est un traitement égal des inégalités (que l’on ne pourra jamais rayer de la carte).
Excellente journée.
Bien cordialement,
Sébastien CERISE
Un espion anglais passé à l’Est à l’époque se remémorait, lors d’une interview, le discours d’un cadre du parti communiste anglais dans les années 30, qui promettait des fraises à la crème chantilly pour tout le monde si son parti prenait le pouvoir. Dans le public, un auditeur fait remarquer: « Je n’aime pas les fraises à la crème, camarade. » Réponse: « Si on est élu, tu aimeras les fraises à la crème. »
Cette convention du PS n’oublie pas l’un des pivots d’un vrai programme socialiste: la rééducation idéologique.
Exemple page26:
« Accompagner et former les enseignants en intégrant à leur formation continue des modules permettant d’appréhender les mécanismes de domination et de les déconstruire avec les élèves. »
KILLER!
visiblement la famille pagny a anticipé le mouvement
ah,oui: les reactions a son ouvrage de bouche dans la presse (il aurait mieux fait de s’abstenir) sont betes a manger du foin.
why?
ça décrispe le débat si un chanteur populaire parle un peu de ce que les enfants subissent a l’ecole en france
« Accompagner et former les enseignants en intégrant à leur formation continue des modules permettant d’appréhender les mécanismes de domination et de les déconstruire avec les élèves. »
Même les mécanismes de domination et d’oppression de l’état seront concernés ?
Ces abrutis de socialistes nous parlent toujours d’oppression sans même savoir ce qu’est ce bidule bizarre et démodé qu’on appelait « Liberté » (alors qu’une oppression ne peut jamais se définir que relativement à elle), eux qui ne nous parlent que d' »égalité réelle ».
J’ai parcouru le texte « Egalité réelle » adopté par le PS » (9 novembre 2010). Je n’en extrais qu’un passage, pas spécialement de gauche, mais certainement très français : « Nous bâtirons un pacte quadripartite pour la continuité professionnelle avec une refonte de la gouvernance des politiques d’emploi et de formation, entre l’Etat, les régions, les organisations syndicales et patronales. Ce pacte servira de base à une loi. Dans chaque région, sur la base d’un pilotage conjoint Etat-Région, devront être précisés les objectifs quantitatifs et qualitatifs, les chefs de file et les coopérations dans les différents domaines, et mis en place les dispositifs d’évaluation. »
Comparer à ceci :
« L’État doit tout d’abord être le catalyseur des énergies de la nation.
Pour qu’il joue pleinement ce rôle, j’ai notamment décidé la création d’un comité interministériel pour le développement de l’emploi qui sera animé par le secrétaire d’État pour l’emploi directement placé auprès de moi.Ce comité réunira l’ensemble des ministères concernés et, au premier chef, celui du Travail, du Dialogue social et de la Participation et celui du Développement économique et du Plan.Il aura une triple fonction :- Coordonner et animer les réflexions et propositions des différentes administrations sur l’emploi.- Mettre en oeuvre la nouvelle procédure d’étude d’impact sur l’emploi, préalable à toute décision gouvernementale.- Coordonner les comités départementaux et régionaux de l’emploi et de la formation professionnelle de façon à prendre en compte les initiatives venues du terrain.J’ai réuni hier après-midi les préfets pour leur demander de convoquer, sans délai, ces comités et de désigner auprès d’eux un « Commissaire pour l’emploi » chargé d’organiser la mobilisation de tous les partenaires locaux. » (Alain Juppé, Déclaration à l’Assemblée nationale, 23 mai 1995, six jours après sa nomination comme Premier ministre).
[Edith Cresson avait également « mobilisé les préfets » en 1992, et de même François Fillon en 2008 sur le « plan de relance »]
La lecture du texte socialiste est rafraîchissante au possible. Le style, le ton, et la philosophie générale, rappellent des documents vénérables, appréciés de tous les aficionados de la rhétorique politique, le « Programme commun de la gauche » (1972), et les « 110 propositions pour la France » du PS (1981). Les grincheux prétendent que « tout fout le camp », mais non, les traditions sont solidement maintenues. C’est, comme on dit, l’exception française.
Il y a cependant quelques innovations, et même des percées rhétoriques nouvelles. Ainsi le « grand impôt citoyen », le « parcours vers l’autonomie pour tous les jeunes », le « droit de finir sa vie dans la dignité », le « partenariat nouveau avec le monde associatif », un « nouveau pacte éducatif », les « parcours individualisés », une « politique ambitieuse pour l’emploi des jeunes », un « vaste plan de création de pépinières d’entreprises », un « Etat stratège », le « financement intermodal », l' »égalité entre les sexes et les sexualités ».
L’art de la synthèse est toujours porté à un haut point d’incandescence : « Pour les socialistes, il ne peut y avoir d’égalité entre les sexes tant que l’achat et la vente du corps d’un être humain sera organisé. La prostitution et son organisation à travers des réseaux mafieux représentent une forme de domination à la jonction de différentes oppressions : des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres, du Nord sur le Sud. L’exploitation commerciale de toute personne humaine doit être sévèrement combattue. Les socialistes voteront une loi visant l’abolition du système prostitueur qui intégrera la prévention par l’éducation, le démantèlement des réseaux, la réinsertion des personnes prostituées, la fin de la répression des personnes prostituées instituée par la droite et la pénalisation du client prostitueur. »
Dans l’ensemble on ne peut que se féliciter des résultats de la formation (rhétorique) de haut niveau dispensée par l’enseignement supérieur français, que le monde entier nous envie.
et aussi la paix sur terre au lesgaybi-trans de bonne volonte
Attention, on en est maintenant au LGBTIQ.
C’est bien simple, les socialistes voient des rapports de force et de domination partout, partant de ce constat et du principe qu’il est de leur devoir de s’intercaler dès qu’ils jugent qu’on est dans une telle configuration et qu’il s’agit d’un droit que leur accorde la providence, ils sont fondamentalement en faveur d’une société totalitaire.
Et au final poussant leur réflexion, ils aboutiront à l’observation que bien que la prostitution ait été interdite et fortement réprimée, de méchantes discriminations subsistent ; il y a des rapports de domination proprement scandaleux entre beaux et moches, jeunes et vieux, et ainsi de suite, qui ne peuvent pas faire valoir équitablement leur droit opposable à un petit coup de sexe citoyen.
Vite, créons un service public de la prostitution.
les pulsions « libérales-egalitaires » ….
Notre hôte n’est jamais aussi bon que quand il met bien en rapport le socialisme de droite et de gauche….
quid de la prostitution en URSS des années fastes?
quelquun ici voit-il un rapport (une ressemblance) entre le marxisme qui promettait l’abondance et la jouissance des fruits une fois le communisme etabli … et le capitalisme-consumerisme qui promet (et donne actuellement) abondance etc
Bon ça fait un peu national-bolchevique tout ça mdr
Listen skyforger
http://www.youtube.com/watch?v=dcIJp89vaJY&feature=player_embedded#!
« Car nous sommes de ce pays, la France, qui vota la liberté du monde et où l’on fit une constitution en pensant à l’univers entier » segolenes royale
toute l’enflure et la bouffissure suffisante de la représentante d’une oligarchie qui se croit encore le phare du monde
Qui vota la liberté du monde, tu parles, la France a voté l’abolition de l’esclavage… Juste pour la métropole, où il n’y avait pas d’esclaves. Dans les colonies, où il y en avait, l’esclavage restait légal. Très pratique et très français comme solution! 🙂
Enfin, c’est peut-être pas la liberté qu’elle avait à l’esprit?
ce type de posture ça fini quand même toujours par des consequences graves… obama ou le P.i.R par exemple
Pour un politicien faire allusion à l’histoire et à la conscience collective c’est le moyen le plus sûr de s’approprier les succès des autres sans souffrir des conséquences.
Oh, je crois que l’esclavage avait été en quelque sorte aboli de fait par la reine Bathilde vers 650 en terre de France. (Ancienne esclave saxonne elle même, comme quoi jadis, l’ascenseur social existait!).
L’histoire de l’esclavage reste à raconter. Considérée comme la norme dans l’ancien monde, elle sera largement pratiquée par les pays musulmans dès le 8ième siècle, sous forme d’un véritable génocide qui se pratiquera durant des siècles, notamment par la vasectomie. Les Européens trouveront lorsqu’ils viendront en Afrique un système tout prêt, fonctionnant depuis des siècles.
bravo pour cet article.
la métaphore du poulet mou avec ses petites ailes un peu atrophiées : un bijou.
la phrase de Hayek : une vraie perle.
la Hashtable est un trésor!
Pareil pour le poulet et la citation.
J’ai comme le sentiment que le PS est tellement à la ramasse qu’il en devient outrancier. Un peu comme ces couples au bord de la rupture qui se marient, font un gosse et achètent une maison dans la foulée, pour tenter d’y croire encore un peu et se séparer deux ans plus tard. Le PS, pour tenter d’y croire plus que de nous y faire croire, tente de nous exhumer le Père Noël. Sauf que la réalité n’est pas comme le Père Noël : elle ne cesse pas d’exister lorsque l’on cesse d’y croire.
mdr : Je trouve plutôt qu’ils nous exhibent le pere lénine ou le pere castro … longue barbes habits rouges , couteau entre les dents….
ndlr : le père noêl ou le santa-klaus sont réels : la preuve toi et moi n’y croyons plus et ils existent encore.
Puisqu’il est question d’égalité réelle, je propose que toutes les femmes passent sous le bistouri pour ressembler, dans un choix réduit mais exhaustif, à …Martine !