Cassons des vitres !

« A rebours du bon sens », telle semble être devenue la pitoyable devise de nos gouvernants. Alors même que l’immobilier accuse une pause et que ce marché, déjà peu fluide, semble se figer comme l’huile au réfrigérateur, les politiques, que les échéances électorales semblent affoler, s’en donnent à coeur joie pour rendre encore plus délicate et onéreuse la mise sur le marché de biens immobiliers. Reprenant à son compte les idées farfelues des casseurs de vitres, le Ministère du Logement s’est donc empressé de casser de nouvelles vitres pour créer de nouveaux besoins…

Rappelez-vous, c’était il y a 150 ans : Frédéric Bastiat expliquait de façon fort intéressante que certains trouveraient toujours nécessaire qu’on casse des vitres pour que l’industrie des vitriers puisse tourner correctement, et montrait de façon tout aussi intéressante en quoi le raisonnement était idiot.

En effet, s’il suffisait de casser de vitres pour que l’industrie en général, et celle des vitriers en particulier, marche correctement, à ce moment, autant passer son temps à casser des vitres une fois celles-ci posées… Outre l’absurdité de ce genre de propos, il apparaît évident que les sommes dépensées pour disposer d’un carreau entier ne sont pas dépensées par exemple pour une nouvelle paire de souliers. L’industrie des vitres marcherait alors au dépend de celle des chausseurs.

Malheureusement, le bris d’une vitre est un événement simple à appréhender ; il semblerait trop évident que passer une loi pour obliger les gens à briser une vitre par jour, par exemple, provoquerait un scandale, le lobby des vitriers ne s’en relevant probablement pas de si tôt… En conséquence, de nos jours, le politique, chafouin et retors, aura tôt fait de trouver des tuyauteries et des paperasseries compliquées pour camoufler ce genre de procédés ; mais basiquement, la méthode restera la même, et on brisera des vitres (ou on cassera des couilles) pour favoriser telle ou telle profession, tel ou tel artisanat, telle ou telle conviction idéologique bonne ou mauvaise, au détriment caché mais réel d’autres secteurs de la société.

Ici, il s’agit, pour l’immobilier, d’une nouvelle contrainte imposée lors de la vente d’un bien : tout comme il fut imposé en son temps que les appareils électro-ménagers mentionnent leur consommation électrique, il sera nécessaire, à présent, de mentionner pour la vente d’un immeuble ou d’une maison son taux de consommation énergétique, et de fournir son échelle de pollution au CO2.

Il ne manquait plus que ça, avec, peut-être, l’obligation d’adhérer à un parti politique ou l’attestation de bakshish aux notables locaux, pour que la vente d’une propriété privée ne soit plus considéré que comme un délit mineur sur lequel les autorités bienveillantes fermeront les yeux par habitude. Bientôt à ce rythme, vendre un appartement ne se fera plus que sous le manteau, sous le regard méchant d’une populace avide de capitaliste à pendre, soupçonnant un enrichissement éhonté sur le dos des pauvres locataires / primoaccédants / que sais-je encore.

En attendant le jour où le propriétaire foncier sera marqué au fer rouge sur la fesse gauche, le gouvernement s’active.

Ainsi, il fait, comme on dit dans mon pays, d’une pierre deux cailloux :
– d’un côté il permet à toute une cohorte de petits artisans, experts de l’évaluation énergétique, de la consommation électrique et du bilan de pollution, de s’installer dans le confort douillet de la rente de situation, voire du monopole de droit.
– de l’autre, il ajoute un peu de mélasse bureaucratique aux actes de ventes, et de sucre au moteur du marché immobilier, en imposant de nouvelles contraintes tant au niveau des actes notariés, qui verront a priori leur facturation augmenter, que du côté des constructeurs qui ne pourront plus se passer de faire grimper les prix de leurs constructions « Kyoto-Approved », avec, probablement, un petit logo vert en forme de coeur et un slogan haineusement débile style « Ma Maison Aime La Nature » ou « Appartement Ecolocitoyen ». Il y a fort à parier qu’un obscur cabinet de Demaerd Industries travaille en ce moment même sur ce dernier. Gageons que le résultat, comme bien souvent, nous piquera les yeux sur les cerfas amphigouriques et piégés que nous aurons à remplir pour vendre nos biens.

Au final, que gagne-t-on avec ce fatras ?

Comme évoqué ci-dessus, les notaires vont proposer la prestation, la faire sous-traiter ou vous inciter à la faire faire ; quoi qu’il en soit, ce ne sera pas gratuit, et le prix total de vente d’un bien devra donc inclure ce nouveau coût.

Rappelons au passage que pour vendre un couteau de cuisine, une perceuse électrique, des rouleaux de papier hygiénique ou de l’huile de friture, le passage chez un notaire n’est pas utile ; il existe donc une possibilité que l’acte notarié soit, en lui-même, une fumisterie imposée par l’état, ou, si l’on veut prendre plus de gants, une assurance (toute relative) de passation de propriété dont l’obligation est exclusivement légale.

Comme beaucoup de professions, le notaire bénéficie d’une rente confortable de situation, puisque son office est obligatoire. Une question vient alors à l’esprit : si les actes proposés sont indispensables (pour s’assurer que tout se passe dans les formes, par exemple), pourquoi les rendre obligatoires ? Aucune loi n’oblige par exemple les automobilistes à mettre de l’essence régulièrement dans leur voiture, et pourtant, à peu de chose près, 100% d’entre eux le font.

Symétriquement, si le service rendu par les notaires est indispensable, il n’a pas besoin d’être gravé dans la loi. S’il l’est, c’est que l’Etat en profite d’une façon ou d’une autre. La traque du propriétaire, la taxation de la possession, la ponction sur la richesse terrienne commence ici.

D’autre part, il est intéressant de constater que de nos jours, aucune loi n’interdit formellement de construire des maisons entièrement en tôle ondulée, ou en plaques de tôles. Techniquement, il est possible d’aménager des containers en petites cabanes coquettes, moyennant un peu d’électricité et quelques sanitaires. Bizarremment, le marché ne se développe pas. En effet, les gens n’aiment pas rôtir en été, et l’utilisation continuelle de moufles en hiver même dans un local fermé pose des problèmes (pour taper sur un clavier, par exemple).

Petit à petit, le consommateur d’immobilier en est donc réduit à l’évidence : il veut une maison qui, bon an mal an, conserve bien la chaleur en hiver et s’aère facilement en été. Le bilan énergétique des maisons, depuis l’antiquité, n’a cessé de s’améliorer, tout en tenant compte d’un fait essentiel : les finances personnelles n’étant pas élastiques à l’infini, il faut faire des concessions. Concessions qui sont de moins en moins grandes lorsque le niveau de vie augmente.

En bref, aucune loi ne fut nécessaire jusqu’à présent pour que l’isolation dans les maisons progresse, pour que les matériaux s’améliorent, pour que les consommations énergétiques, à surface et coût comparables, diminuent.

Le Ministère du Logement vit cela, et vit que cela n’était pas bon.

« Puisqu’on n’a pas besoin de moi pour mieux faire, je vais m’empresser de le leur imposer ! »


Figaro
France 2

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Commentaires10

  1. daget

    Le plus dingue dans tout ça c’est que les propriétaires et les futurs acheteurs vont suivre comme des moutons cette nouvelle loi.

    Mais je me pose une question: les maisons anciennes vont-elles subir une décôte ou non?

    A mon avis rien de cela. Mais attendons pour voir la suite.

  2. photon

    L’immobilier seul soutient reel de l’economie francaise. Pour ce faire on maintient basse l’offre de terrain par le POS (plan d’Occupation des Sols). La reserve fonciere francaise est enorme. Les villes francaises sont etriquees par rapport a d’autres pays cela se remarque par contraste. On a donc une bulle immobiliere maintenue administrativement. La croissance (artificielle) en depend. Une mesure administrative en plus renforce cet effet de relance keynesienne (une sorte d’impot en fait mais ne passant pas par l’etat, une sorte de business protege aussi, une sorte d’arrangement entre amis… car on sait deja qui va realiser cela…) Bref business as usual au pays de l’exception economique!

  3. pierrem

    "En effet, s’il suffisait de casser de vitres pour que l’industrie en général, et celle des vitriers en particulier, marche correctement, à ce moment, autant passer son temps à casser des vitres une fois celles-ci posées… Outre l’absurdité de ce genre de propos, il apparaît évident que les sommes dépensées pour disposer d’un carreau entier ne sont pas dépensées par exemple pour une nouvelle paire de souliers. L’industrie des vitres marcherait alors au dépend de celle des chausseurs."

    C’est de manière beaucoup plus extrême ce que fait l’économie de guerre (production forcenée d’armement, emploi massif dans l’armée, construction d’infrastructures pour permettre les mouvements de troupes, etc…)
    Et il est vrai que la guerre génère de la croissance…. Mais il me semble que c’est ce qu’on appelle la croissance appauvrissante…
    Serions-nous en guerre ? On peut légitimement se le demander au vu de l’appauvrissement de notre pays.

    "
    il fut imposé en son temps que les appareils électro-ménagers mentionnent leur consommation électrique, il sera nécessaire, à présent, de mentionner pour la vente d’un immeuble ou d’une maison son taux de consommation énergétique, et de fournir son échelle de pollution au CO2."

    C’est effectivement que du bon sens que de s’intéresser à l’isolement de son logement puisque cela relève directement du confort personnel.
    "Bon sens", donc quel est le besoin de légiférer ?
    Interrogation légitime… dans un monde où l’on paierait les choses suivant leur coût REEL.
    Mais voilà, vous êtes les premier à dénoncer, de manière fort juste, la connivence entre la production/consommation d’énergie et l’Etat (EDF, GDF mais aussi l’essence via TIPP, etc…) donc le coût apparent du chauffage de la climatisation est complètement biaisé… Dans ce cas il ne suffit pas de dénoncer ces problèmes séparément puisqu’il s’agit en fait du MEME problème : le prix "juste" ou réel de l’énergie.

    Il faut donc plutôt voir dans ces législations une tentative de l’Etat de normaliser désespérément ce qu’il a lui même contribué à dénormaliser via les aides qu’il accordait à la production d’énergie la rendant faussement peu chère. Les surcouche classique des lois : on corrige des contraintes par d’autres contraintes.
    Car ne nous mentons pas : un énergie réellement privatisée (et surtout des investissement) impliquera une augmentation des prix contrairement à ce qu’on veut nous faire croire.
    Mais cette augmentation peut-être très saine car implique une auto-régulation naturelle de la consommation d’énergie.

  4. Photon

    La croissance appauvrissante, excellent terme… C’est ce que nous avons dans ce pays. Bien au-dela de ce que vous evoquez. Dans toutes les structures ou l’Etat est actionnaire il y a sur-creation de postes, des chomeurs deguises, et pour resoudre l’equation "pseudo-economique" (comprendre boucler une annee comme une administratiojn boucle un budget) on y pratique des rites occultes: decalage des facturations, facturations de "faits" non etablis reellement dans un exercice, obtention de commandes publiques sur-facturees, non provisionnement de depenses futures et certaines – retraites – etc… L’illusion de vient totale, l’exception economique devient illusion economique. Par dessus on lance les gardiens de la vraie foi devant les micros, professer le patriotisme economique. Tout cela finit en ringardisme economique. Jamais il n’y a eu une situation semblable en ce pays, 30 budgets successifs deficitaires, on prepare le 31 eme sur le meme elan… Et ceci sans aucun impact en preparation de l’avenir; tout a ete depense pour maintenir le machin, le passe, et une forme de "capitalisme" (avec des " " ) un capitalisme centre sur des metiers anciens et abrites par des reglementations et un reseau de connivence… Dans ce systeme la croissance est bien appauvrissante. Une sorte de pierre philosophale inversee.

    Mais les francais aiment. Ce declin n’est pas jeune. Il date de la sortie de la premiere guerre mondiale, et la crise qui suivit, renforca la mecanique alors installee. Quarante comme un coup sur la tete, finit d’inhiber; un general fit rever, forca le naturel d’alors et ceci finit avec lui. Sauf sous Giscard, ou le niveau de vie cumula, mais ou les fondements etaient insuffisants, ensuite tout deriva. Le systeme presidentiel, en fait une monarchie elective compatible seulement avec de grands hommes (ce qui fut une erreur de concevoir ainsi un poste equivalent a la reine d’angleterre et au premier ministre anglais), ce systeme dis-je, tomba ensuite au main de petits bras… Le dernier president avait fait elire l’avant dernier contre giscard, on lui doit ainsi 14 ans de delire socialiste d’un socialisme archaique fonde sur le marxisme et la lutte des classes, des realites a la zola au siecle de l’economie globalisee… Le debat francais est tout simplement ubuesque

  5. GAZOUGAZOU

    J’allucine à la lecture de propos populistes et irresponsables. Tes avis relèvent simplement de l’anarchiste de base qui est incapable de comprendre qu’une société a besoin de règles pour fonctionner et que chacun doit s’y plier. Des gens comme toi devrait crouprir dans un bagne à casser des cailloux.

  6. J’hallucine à la lecture de propos sans intelligence. Des gens comme toi devraient apprendre à lire. Ou acheter un cerveau. Et pas d’occase, celui-là.

  7. Titus

    Irresponsable et populiste sont les deux mots les moins adaptés pour décrire ce site. Au contraire, ce dernier dénonce l’irresponsabilité et tous les méfaits peu connus de nos politocards et de leurs moutons serviles de Fraônce.

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