Dans la masse d’informations que nous servent les média tous les jours, il est parfois difficile de faire le tri. Il est en outre parfois délicat de mesurer la probité ou l’intelligence d’une personne qui lache une phrase dans ce flot continuel : plus souvent qu’à leur tour, les média trahissent la pensée de leur auteur, ou, omettant par exemple un contexte important, en déforment le fond. Il arrive cependant que, en une unique appréhension d’une information, on sache tout de suite qu’on a chopé le crétin chimiquement pur.
Ce week-end, c’est le gros lot : nous aurons eu le droit à un triplet de crétins d’envergure internationale d’un seul coup, au travers d’une seule information ; et quand on connaît le calibre de chacun de ces crétins, on ne peut qu’admirer la prise. Jugez plutôt :
– un Altercomprenant Multirécidiviste à Poils Drus
– un Ecolopportuniste à Moustache et Bulbe Spongieux
– une Démagogirouette du Poitou, petit animal nerveux aux comportements erratiques, qui répètera un chant à l’identique dès lors qu’il entendra le même suffisamment souvent et partout ailleurs, même si c’est un chant de Coucou ou de Chouette.
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Tout a commencé par une action d’éclat, un quasi barroud d’honneur, une opération de prestige de José Bové (JoBo pour les intimes). Tête de turc habituelle et facile – je le reconnais – de ce blog, ce pitoyable populiste thermophile a décidé de montrer à tous et chacun que la prison ferme, c’est rigolo et qu’il en reprendrait bien une petite dosette, à diluer plus tard, puisqu’apparemment – c’est récent et surtout vrai pour les hommes médiatiques – la justice lyophilise ses sentences.
Déboulant dans une exploitation privée, lui et 150 membres dociles de sa secte terroriste ont décidé de noyer dans des litres d’eau 2000 tonnes de maïs transgénique. L’eau ne leur appartenait pas, le lieux ne leur avait pas été autorisé, le maïs n’était pas à eux.
Le propriétaire légitime arrive sur les lieux. 2000 tonnes de maïs, même si l’on considère que la tonne ne vaut pas cher, cela fait des sous ; probablement tout comme le propriétaire du McDo que la novlangue aura permis de dire “démonté” par le même JoBo, voyant son travail anéanti, l’exploitant agricole aura pété un câble. A la différence du propriétaire de McDo – qui avait simplement constaté les dégâts sur son magasin sans rien pouvoir faire – , cet exploitant savait cependant qu’aucune force de l’ordre n’interviendrait assez tôt pour sauver son travail. Ce dernier a donc clairement fait le travail lui-même et menacé (fusil au poing et coup de semonce montrant qu’il était armé) les intrus en leur intimant d’arrêter le viol de sa propriété privé ainsi que sa destruction (que déjà, novlangue vigoureuse en main, JoBo renomme “neutralisation”, le fat).
JoBo, dont les cellules produisent naturellement (outre un poil de moustache dru et retors) du toupet par kilos et qui n’en manque donc pas, est allé porter plainte contre le propriétaire pour tentative d’homicide.
Première erreur : en toute bonne logique, il aurait dû porter plainte pour utilisation inapproprié de moyens visant à faire disparaître la vermine. Deuxième erreur : si l’exploitant a effectivement été mis en garde à vue, il en a été de même (ouf!) du multirécidiviste compulsif. JoBo derrière les barreaux, c’est plutôt rigolo.
Déjà, à ce point du récit, on a chopé un crétin. La brochette n’est pas complète, il faudra attendre quelques heures : et voilà que déboulent les déclarations de Ségolène (vous savez, la candidate qui échouera minablement aux primaires du PS), et celles de Mamère (vous savez, le député des Verts qui prétend minablement être écolo).
L’avantage avec des crétins sidéraux de ces mensurations, c’est qu’il ne faut jamais attendre bien longtemps pour qu’ils bafouillent une bêtise. A ce titre, si l’exercice de pêche au crétin est, avec eux, relativement facile, il n’en demeure pas moins joyeux tant le renouvellement dans la fumisterie éloquente est constant. Eh oui, que voulez-vous, on ne s’improvise pas crétin de classe mondiale : cela nécessite une longue préparation et un entraînement quotidien…
Ainsi, Mamère n’aura pu s’empêcher de déclarer que “José Bové ne fait qu’agir au nom du principe de précaution inscrit dans la constitution à la demande du président de la république”. Je trouve l’idée de base excellente : considérant donc que laisser JoBo en vie constitue un risque non négligeable pour ma santé mentale, les idées libérales et de bon sens, et surtout pour les exploitants d’OGM qui risquent fort, à ce rythme, de terminer au ruisseau, je me propose d’utiliser ce même principe de précaution pour aller pendre l’impétrant en place publique, ou, au moins, lui ruiner sa baraque pour culture illégale de Poils. Après tout, si c’est écrit dans la Constitution …
Par dessus le marché, il ajoutera qu’ “En plaçant José Bové en garde à vue, on bafoue le droit d’expression d’un syndicaliste…. C’est vrai qu’en France, s’il y a bien un droit d’expression qui est bafoué, c’est celui des syndicalistes. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais un mouvement d’humeur, jamais de revendications : ils sont muets, on les musèle, c’est évident.
De son côté, Ségo, manifestement en pilote automatique depuis plusieurs mois, utilise son encéphalogramme plat pour produire des petits sons stridents qui se résument à :“Je ne suis pas favorable à l’atteinte au droit de propriété (…), mais je comprends qu’il puisse y avoir des gestes de provocation quand le débat public n’est pas organisé”. Ici, on ne saura pas si l’acte de provocation est celui qui consiste à (oh!) utiliser légalement des OGM ou celui qui consiste à (oh!) les détruire de façon totalement illégale. On peut aussi se demander ce qu’elle, député, siégeant (normalement) à l’assemblée, fait pour organiser ou proposer ce débat public. En attendant, elle ne propose rien et ne dénonce pas le viol de la propriété privée.
Pire, probablement poussée dans ses retranchements intellectuels – on imagine la bête traquée, ses huit neurones effervescents du stress d’une interview improvisée -, elle a souligné que si elle arrivait au pouvoir, il y aurait “un moratoire sur les condamnations liées aux OGM”. Ce qui veut dire que si elle arrive au second tour (rappelez-vous : elle ne sera pas au premier), c’est Démontage Gratuit et Fête Du Fauchage pour tout le monde !
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Une remarque me vient à l’esprit : le principal problème des jeunes de banlieues qui brûlent les bus est finalement un problème de communication. Ainsi, les brûleurs de bus n’auraient pas eu de problème si ces derniers avaient eu l’heur:
– de présenter leur action comme citoyenne et festive, dans le cadre de la lutte contre, par exemple, le réchauffement climatique et des propagations virales rapides dans les transports en commun,
– de renommer leurs actions commando en “neutralisation” et les transports en commun en “transports climatiquement modifiant”,
– de s’inscrire à un syndicat, par exemple la Confédération des Jeunes Citoyens Festifs
Moyennant quoi, constitution et principe de précaution aidant, nous aurions eu droit à un traitement intéressant (tant par les politiques que par les média) de leurs opérations de Responsabilisation Citoyenne…