Ce que l’Islande et la Chine pourraient nous apprendre

Comme j’ai pu l’écrire, et comme l’a fort bien expliqué le Pr. Naudet, l’année 2013 s’annonce économiquement et politiquement très difficile. Certains, loin d’être lucides, préconisent des solutions radicales, comme annuler la dette ou autres catastrophes économiques aussi populaires que populistes. Deux pays peuvent cependant servir à éclairer notre réflexion à ce sujet : l’Islande et la Chine.

Pour l’Islande, le plus délicat consiste à faire la part des choses, et à déterminer, du flot plutôt ténu d’informations qui nous parvient de cette petite île, ce qui s’y passe exactement et le bilan objectif qu’on peut tirer des expériences qui ont été menées.

On m’a à ce sujet fourni l’adresse du blog de Baldur Bjarnason, dans lequel il a écrit un billet assez long et argumenté dans lequel il revient en détail, justement, sur les différentes rumeurs et informations plus ou moins biaisées qu’on entend sur son pays et il tente de fournir un état des lieux. Par exemple, on trouve assez facilement des billets nous expliquant que les Islandais, lessivés par la crise des subprimes et le carry trade qu’ils avaient mené avec des banques anglaises, ne se sont pas laissés faire. Sur Agoravox, on brosse à gros pinceaux un tableau très optimiste :

« Le bilan est donc positif, 3 ans après la faillite, l’Islande se porte encore une fois comme un exemple pour le monde. »

Sur des médias un peu plus sérieux, le bilan est décrit de façon plus contrasté, mais le chapeau de l’article laisse place à un optimisme franc et massif :

« En quasi-faillite il y a trois ans, le pays a refusé de renflouer ses banques et de régler ses dettes, à contre-courant de ses voisins européens. Un pari osé mais payant : la croissance sera de 3 % en 2012. »

Cependant, d’après notre blogueur Baldur, il est nécessaire de revenir sur ces bonnes nouvelles. La réalité est, comme toujours, bien moins rose et plus difficile à vendre dans des journaux et des sites plus attirés par la quantité que la qualité. Ainsi, lorsqu’on lit que l’Islande aurait envoyé paître ses créanciers et le FMI, Baldur rappelle qu’il n’en est rien : le pays a bien suivi les recommandations du FMI à la lettre, et a même souvent été plus loin que ce que l’institution internationale lui demandait. Quant à ses créditeurs bancaires, elle ne les a pas envoyé promener, elle s’est simplement retrouvée dans la position de faillite qui l’a empêchée, concrètement, de les rembourser : le rapport de la Commission Spéciale d’Enquête explique bien que le gouvernement aura absolument tout tenté pour sauver les banques, y compris demander des prêts intenables pour pouvoir rembourser les dettes contractées. Et si quelques banques ont dû s’asseoir finalement sur certaines dettes, cela est plus dû, selon Baldur, à l’incompétence du gouvernement qu’à une quelconque volonté de ne pas rembourser.

Un gouvernement incompétent… Est-ce si difficile à croire ?

Government Demotivator

Pour ce qui est de la « nationalisation des banques », cela s’est fait de bien piteuse manière : rapidement nationalisées, les trois banques les plus en difficulté ont été re-privatisées en temps record, et sont maintenant la propriété des créditeurs. Autrement dit, les banques islandaises sont maintenant la propriété d’étrangers. Plus intéressant encore, la description par le blogueur de la façon dont une partie de la dette a été « effacée » (celle des prêts portés par du carry trade) permet de bien se rendre compte que les Islandais sont toujours dans un marécage légal. Et que l’autre partie de la dette, assise sur l’inflation, est loin d’être annulée, d’autant que cette inflation n’est pas nulle, et ne l’a jamais été. Pire : l’effort d’annulation de la dette ayant porté sur les emprunts les plus risqués (en carry trade), ce sont ceux qui ont pris le plus de risque qui se retrouvent avec le moins de dette.

Quant à la reprise économique souvent vantée, … elle est anémique pour le dire pudiquement : avec une inflation actuellement à 4% pour 2012 (inflation sur laquelle sont assis nombre d’emprunts, je le rappelle) et une augmentation du PIB de 2.7%, l’Islande fait, au mieux, du surplace (merci d’aller lire le paragraphe correspondant, détaillé, dans le billet du blogueur). Concrètement : les Islandais s’appauvrissent.

Bref : les « solutions » prônées par certains, solutions qui consistent à laisser filer la monnaie, ne pas rembourser la dette ou nationaliser les banques ont été tentées dans cette île, et très clairement, elles ne satisfont qu’une petite minorité fort vocale sur les bienfaits récoltés. Du reste, on ne s’étonnera pas de savoir que le gouvernement islandais est socialiste.

De l’autre côté de la planète à présent, regardons ce qui se passe en Chine.

C’est intéressant à plus d’un titre et notamment par le fait que le pays est dans une position diamétralement opposée à celle de l’Islande : il est massivement créditeur, dispose d’une croissance qui, si elle a été plus forte il y a quelques années, n’en reste pas moins supérieure à la croissance moyenne en Europe, et de très loin.

Devant ces constats, la Chine est souvent présentée comme l’exemple type de capitalisme turbolibéral, l’image ne s’embarrassant pas du régime politique clairement dictatorial, de l’absence de liberté d’expression et de la censure massive qui l’accompagne, et de la structure même du capitalisme en place dont on peine à dire, sans une mauvaise foi bien altercomprenante, qu’il puisse être néo, ultra ou turbolibéral.

C’est à ce sujet que je voudrais vous faire part d’un lien fourni par un lecteur : dans cet article d’un magazine anglo-saxon obstinément versé dans le journalisme d’investigation (par opposition à la presse française, mollement accoudée au bar/PMU du Copier-Coller), on découvre une corrélation — pas très étonnante — entre l’entregent des dirigeants d’entreprises chinoises vis-à-vis du pouvoir politique et le nombre de morts dans leurs entreprises. Surprise : plus un patron est « connecté », c’est-à-dire mieux il connaît les rouages du pouvoir et les « bonnes » personnes pour s’éviter les ennuis, plus son entreprise pourra enregistrer d’accident tragique au cours de son année. Inversement, moins il est connecté, plus l’entreprise sera sûre pour ses employés.

le capitalisme de connivence tue

Eh oui : le capitalisme de connivence, caractéristique typique d’un état centralisateur fort, d’une corruption importante et d’une éthique faible dans le milieu des affaires, ce capitalisme là tue. Dans nos démocraties, cela se traduit plus indirectement, de façon diffuse, par des décisions hermétiques ou arbitraires, mais le mécanisme est le même. D’ailleurs, le travail qui a été fait par Fisman et Wang pourrait être fait dans d’autres pays et il n’y a guère à parier que la tendance serait la même.

Lingots d'orUn autre élément que je voudrais apporter à votre réflexion au sujet de la Chine est sa politique, discrète mais constante, vis-à-vis de sa monnaie, à l’opposé des manipulations compulsives qu’on observe aux États-Unis et dans les sociales-démocraties européennes : non seulement son inflation diminue, mais la Chine s’emploie très silencieusement à consolider sa monnaie. En l’espace de quelques années, le pays communiste a ainsi procédé à plusieurs actions assez spécifiques : d’une part, toute la production d’or du pays est maintenant immédiatement absorbée par la banque centrale chinoise. Dans le même temps, les quantités de métal précieux achetées par cette même banque centrale atteignent des niveaux records, dépassant l’Inde. Par dessus le marché, la Chine achète directement des mines étrangères, et incite à présent directement sa population à acheter de l’or, chose qui lui était auparavant strictement interdite.

Tout indique que la Chine s’approche du moment où elle va clairement adosser son Yuan à l’or, et ce d’autant plus facilement que cette manœuvre aura l’assentiment tacite (et joyeux) des américains et des européens, trop contents de voir s’évaporer leur monnaie et les dettes qui y sont attachées. Évidemment, un tel changement international ne serait pas sans conséquences extrêmement douloureuses pour toute une population baignée de dettes et d’habitudes économiques inappropriées (crédit facile, état social disproportionné, etc…).

Au vu de ces éléments, on comprend que les solutions prônées par ceux qu’on entend le plus dans les médias, dont la démagogie s’y dispute souvent à la plus crasse des ignorances en matière d’économie de base, ont déjà été testées par d’autres, que les lieux communs sur les « réussites » économiques cachent souvent des réalités si nuancées qu’elles viennent contredire les belles évidences qu’on veut nous faire gober.

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Commentaires42

  1. Ludo44270

    Admettons que nous ne reconnaissions plus notre dette, on l’efface d’un trait de plume.
    – nous ne serions plus endetté
    – plus personne ne nous prêterait, donc notre gouvernement serait obligé d’avoir un budget à l’équilibre.

    J’aimerais connaître des sentiments contradictoires sur ceci.

    1. Ah ce que vous dites est parfaitement exact. Le problème, c’est que la France n’est pas autosuffisante et que la trésorerie de toutes les sociétés n’est pas forcément florissante. Autrement dit, sur le long terme, ce serait plutôt une bonne chose, mais sur le court terme, le niveau de vie s’effondrerait à des niveaux douloureux, d’un coup. Et bien évidemment, les pauvres trinqueraient plus que les autres. On imagine qu’au plan politique, tout ceci ne se passerait pas dans la dentelle.

      1. MXI

        Pas dans la dentelle est un doux euphémisme. Pas sûr que beaucoup d’entreprises d’assurance y survivent (obligées plus ou moins directement par le législateur d’avoir des obligations d’Etat)

        La conséquence directe est l’évaporation de toutes les assurances vie, pour commencer.

        1. DoM P

          « La conséquence directe est l’évaporation de toutes les assurances vie, pour commencer »
          Les AV en fonds euros. Les autres, normalement, non.

        2. Rensk

          Là vous rigolé plus haut que vos joues du c*l…

          Dans quel pays y a-t-il une loi qui obligerai un assureur d’acheter quelque chose qu’il ne voudrait pas obligatoirement ??? Dans des pseudo « démocratie » comme la France ???

    2. gem

      La note française passe de AA+ à CCC. Assez logiquement, aucune entreprise française ne peut avoir une meilleure note que la France, donc elles ont le choix : ou elles renoncent à emprunter, c’est à dire à fonctionner (une entreprise normale est débitrice), ou elles changent de pays, ou elles emprunte à taux exorbitant. Un mix des trois probablement, mais le résultat est le même : bloup bloup bloup….

      1. Rensk

        Une drôle d’idée… les entreprises ne sont pas liées a l’État mais aux bourses…

        Prétendre qu’une boîte ne peu avoir de taux d’intérêt plus bas que son État pourrait me faire croire que nous vivons dans des société communiste et que les communistes vivent eux dans le libéralisme…

  2. rhoooooooooo

    Dans le cas d’un effacement des dettes je me demande quelle sera la réaction de notre bon militant front de gauche le jours ou on lui sucrera son assurance vie.

    Juste pour ca, sa pourrai etre drole.

    1. Aristarque

      Théoriquement, il ne doit pas en avoir puisque cette attitude est bourgeoise de vouloir percevoir de l’argent (en dormant, qui plus est) sur la sueur du prolétariat, lumpen ou non…
      Il se retrouverait dans la situation inverse de Peppone, maire communiste qui a joué au calcio, gagné et ne sait pas comment récupérer son gain, à cause du qu’en dira-t-on des camarades.
      Il est donc plus que probable que la ligne officielle sera un épais silence…
      Peut-être que dans les chaumières, il ne ira différemment…

      1. Théo31

        « cette attitude est bourgeoise de vouloir percevoir de l’argent (en dormant, qui plus est) sur la sueur du prolétariat »

        C’est pourtant ce que fait le patron du FdG, vous savez ce type millionnaire qui n’a jamais travaillé de sa vie, qui vit de rentes indues, qui ne côtoie les pauvres que pour mieux les dépouiller et qui a financé sa campagne électorale avec un héritage. Mais lui est de gauche, du bon côté de la gamelle, il a tous les droits.

  3. Porfirio

    Excellent billet :), et surtout bravo pour le sourçage permanent :D.

    Pour revenir sur la question du nombre de décès au travail en Chine selon les proximités avec le pouvoir, c’est à rapprocher avec ce que l’on a nous en France:
    http://www.inrs.fr/accueil/header/actualites/statistiques-ATMP-2011.html

    et qui montre un nombre de décès sur 10000 bien inférieurs (maxi 0.91 pour 10.000 dans le BTP) même aux entreprises non connectées.

    Alors, on peut bien sûr soulever la question de la sûreté et prévention comme le fait le papier que vous mettez en lien, en se disant que les patrons étant en bonne relation avec le pouvoir ont davantage tendance à ne pas respecter de sécurité pour la gloire du prolétariat maoïste, mais on peut aussi s’interroger sur la structure des répartitions au sein de ces mêmes secteurs.
    Et avec beaucoup d’imagination (par exemple des administration 3-5fois plus importantes), on en vient à des chiffres encore inférieurs aux rouleau-compressions des « connectés », mais en nuançant toujours que l’on parle bien de moyenne, tout en mettant malgré tout en avant le secteur le plus mortifère chez nous.

    Reste à voir si ces mêmes boîtes ne sont justement pas celles qui oeuvrent en priorité pour le vilain Kapital international, et nécessitent par là même d’être dans les petits papiers du gouvernement central. A mon humble avis, même si c’est la cas, le pouvoir local est incontestablement responsable du fait d’une différence de traitement entre les deux branches. Et toc.

    Désolé pour les disclaimer, j’arrive pas à poster sans :(.

  4. MXI

    Cet article amène une question : comment un particulier peut il acheter du yuan ?

    Pure question théorique, il va de soi que je en cherche pas à « jouer contre ma monnaie », comme me l’a un jour dit un banquier français.

    0:o)

    1. Vous ne pouvez pas ou alors vous devez acheter des forwards sur cette monnaie et c’est assez compliqué de faire un bénef (en gros, il faut que la monnaie fasse plus de 5% face au dollar pour espérer gagner quelque chose). Si jamais le yuan s’adosse à l’or, vous aurez aussi vite fait d’acheter de l’or.

    2. Aloux

      Je mets tous les mois une partie de mon salaire en yuan sur un compte en banque, je commençais à me demander s’il ne serait pas plus sûr de le rapatrier en euro ou en franc suisse, finalement c’est peut-être pas une mauvaise idée de continuer comme ça.

  5. tn

    Je lisais récemment que l’Allemagne rapatriait la plus grosse partie de son or physique en dépôt aux US, en GB, en France …

    Un léger manque de confiance dans l’Euro, peut-être ?

    1. Aristarque

      Plutôt un léger manque de confiance dans la sûreté du contrat de garde et des gardiens de cet or…
      On ne sait jamais…
      Tout ce tas d’or qui dort, qui ne vous appartient pas, certes, mais qui serait bigrement utile pour combler quelques dettes par ci, par là… sans compter l’inévitable part des anges, bien sûr…
      Rapatrier l’or en huit ans des USA peut être interprêté comme un délai « convenable » pour racheter des lingots évaporés en évitant de contrôler de trop près leurs n° de série, quand on les palpera à nouveau…

  6. NOURATIN

    Tout à fait d’accord avec vous sur la valeur des analyses qu’on nous présente comme vérité révélée. En revanche, le Yuan
    adossé à l’or, j’ai du mal à y croire mais, bon, n’étant pas
    spécialiste, je ne manquerai pas de suivre l’affaire.
    Félicitations, en tout cas, pour la qualité et la pertinence
    de vos articles.

  7. jacques henry julliard

    A propos de la guerre des monnaies qui se profile à l’horizon, le yuan se change en yens et vice-versa depuis l’accord passé entre le Japon et la Chine il y a environ six mois. D’autre part, la banque centrale suisse imprime presque essentiellement des billets de 1000 francs pour satisfaire la fuite de capitaux de pays comme l’Espagne, la France ou la Grèce. Quant aux politiques monétaires tant de la Grande-Bretagne que de l’Europe (des USA avec les QE à répétition et du Japon depuis peu), il est tout à fait évident qu’elles sont orientées pour faciliter et entretenir l’inflation afin de diminuer le poids des dettes souveraines et appauvrir les rentiers dont je fais partie puisque je suis retraité. La planche à billets n’a jamais réglé les problèmes, il suffit de relire l’histoire, et il est donc évident que seule la monnaie métal a un avenir stable. Tout le reste est de l’enfumage et non seulement les rentiers (retraités) seront roulés dans la farine mais le reste du peuple aussi et Goldman-Sachs continuera à faire des profits frisant l’obscénité …

    1. monoi

      Ah bon? A partir de quel niveau definissez vous l’obscenite? Un ROE de 16.6% est certes eleve mais c’est plutot le signe d’une bonne gestion.

  8. artaxerxes

    « Tout indique que la Chine s’approche du moment où elle va clairement adosser son Yuan à l’or, et ce d’autant plus facilement que cette manœuvre aura l’assentiment tacite (et joyeux) des américains et des européens, trop contents de voir s’évaporer leur monnaie et les dettes qui y sont attachées. »

    Pardonnez mon ignorance mais je n’arrive pas à comprendre comment les américains et les européens serait content de cet état de chose ni par quel magie les dettes s’évaporeraient-elles????

    1. Inflation galopante. Une monnaie adossée, c’est la perte de confiance dans les autres monnaies, la perte de valeur, et l’impression tous azimuts. Les trillions de dollars/euros de dettes seraient remboursés sans mal, avec de la monnaie de singe.

      1. bobdoulz

        Merci pour l’explication, je n’avais pas non plus saisi les implications possibles.
        Cependant tout ce raisonnement est basé sur l’hypothèse qu’une monnaie adossée à l’or implique mécaniquement la perte de confiance dans les autres qui ne le sont pas. Est-ce certain (ou très probable) ?

        1. C’est juste probable. D’un côté, on vous paye en Euro pendant que la BCE en imprime des charrettes (idem avec le dollar). De l’autre, on vous paye en Yuan et c’est convertible en or, métal accepté partout. Que préférez-vous ?

        2. Emmanuel Brunet Bommert

          Disons que là, je vis à HK et je peux vous garantir que j’ai *infiniment* plus confiance dans mes 1200RMB que dans mes 175$CAN (Surtout que je peux vivre une semaine à Shenzhen avec mes 1200RMB, alimentaire inclus, mais à Québec, 900$CAN ne suffiraient pas). Quand à l’or, dix secondes à Hong Kong ou Shanghai suffisent pour savoir que la Chine dispose *déjà* d’une fortune irréaliste en or (vous n’imaginez pas, les boutiques reçoivent probablement de l’or à la tonnes à mon avis).

    2. Tea Party

      La Chine est le plus gros producteur d’or au monde, (380 tonnes par an) et pourtant leur achat actuellement dépassent le poids des extractions !
      Le Shanghai Gold Exchange vient de déclarer avoir livré de 1 098 tonnes d’or pendant les 6 premiers mois de l’année 2013 ! chiffre plus important que celui des achats de toute l’année 2012 : 1139 tonnes. Le mouvement d’achat, déjà détecté, depuis des années s’amplifie, d’autant que le gouvernement chinois encourage ses habitant à acheter de l’or.
      Par contre pour connaître exactement le montant de leurs stocks, c’est un casse tête … chinois ! mais H 16 à raison, il y a anguille sous roche, un état ne fait pas cela, sans idée derrière la tête. Il est manifeste, qu’il prépare une convertibilité Yuan/or, ce qui les mettrait à l’abri des planches à billets, des USA, de l’Europe, avec leurs monnaies de monopoly.

      1. Si l’on regarde les récents mouvements sur le COMEX et les trucs en coulisse entre JPMorgan, Scottia Mocatta et HSBC, on ne voit qu’une chose : ça sent très mauvais pour les détenteurs d’or-papier.

  9. Gas

    Merci h16, très intéressant. J’ai jeté un coup d’oeil au rapport de la SIC: négligence sur négligence, non seulement pendant la crise de 2008 mais aussi bien avant, de 2006 (premiers signes) à 2008, mais aussi avant 2006, laissant la taille du système financier islandais passer de « insignifiante » (avant les privatisations de 2003) à… 9 fois le PIB !

    ndh16 : Vous m’excuserez, mais pour des raisons de praticité, je vais répondre directement dans votre commentaire.

    La phrase suivante me paraît donc quelque peu incomplète, car le remboursement était dès le départ infaisable (cause principale), quelqu’ai été l’incompétence – manifeste – du gouvernement à ce moment-là, à l’automne 2008:

    «Et si quelques banques ont dû s’asseoir finalement sur certaines dettes, cela est plus dû, selon Baldur, à l’incompétence du gouvernement qu’à une quelconque volonté de ne pas rembourser. »

    La conclusion de la SIC:

    «Work on state contingency preparations was far from being organised and thorough. However, it should be noted that the SIC does not find it possible to claim that the Icelandic banks could have been saved from collapse even if work on contingency preparations during 2008 had been more thorough. Such actions should have been launched much earlier. On the other hand, thorough preparations would have contributed to greatly lessening the damage caused by the collapse of the banks.»

    ndh16 : Oui. Autrement dit, si le gouvernement avait été compétent, il n’aurait pas laissé faire aussi longtemps et aurait agi avant que ce ne soit plus possible.

    J’ai aussi quelques difficultés concernant l’anémie de la « reprise » islandaise, ainsi que l’appauvrissement des Islandais (inflation 4%, croissance du PIB 2.7%). Loin de moi de contredire !!! Mais comparez :

    ndh16 : Allez voir le paragraphe correspondant sur le billet de Baldur, il explique très bien pourquoi le 2.7% de croissance signifie du surplace. Je vous ai invité à le faire dans mon billet. Et bien évidemment, dire « la situation n’est pas rose en Islande » n’est pas dire « la situation est rose ailleurs ». Me parler ensuite de la France ou d’autres pays est sans rapport (les situations sont catastrophiques, pour d’autres raisons).

    – la situation des autres Etats européens, qui eux, ont payé à la place de leur banques, n’est pas exactement meilleure, ni dans un pays de taille similaire comme la Lettonie https://www.imf.org/external/pubs/ft/survey/so/2011/car110311a.htm , ni par exemple en Irlande ou en France (PIB +2.7% en France ? Inflation *réelle* contrôlée ? ahem…)

    – l’Islande a déjà repayé deux fois le FMI *en avance* https://www.imf.org/external/np/sec/pr/2012/pr12235.htm

    Comparez une telle situation, aussi pourrie soit-elle, à ce qui attend tôt ou tard les autres Etats européens (reculer pour mieux sauter).

    .

    Si l’on met de côté un instant l’incompétence manifeste des différentes instances publiques islandaises (et depuis de nombreuses années), il n’est pas interdit de considérer l’absence de bail out en elle-même, et ses conséquences, comme instructives ! Préférez-vous le pseudo-capitalisme d’Etat (ou européen), ou le libéralisme réel ? D’autre part, laisser un système financier quasi décupler sa taille en cinq ans (2003-2008), s’agit-il de libéralisme, ou d’inconscience totale, risquant la transformation en système Ponzi à la moindre ratée ? Via l’endettement sans fin que les autres pays européens s’imposent, ceux-ci ne se condamnent-ils pas à un sort similaire, sinon bien pire ?

    ndh16 : C’est complexe mais en gros, le libéralisme réel n’est pas ce que prône le FMI, ni ce que prône les gouvernements en place actuellement. Typiquement, si une banque doit faire faillite (et lessiver les déposants qui lui ont fait confiance), elle fait faillite. Et normalement, c’est une condition sine qua non du capitalisme et du libéralisme. Cette solution n’a été appliquée nulle part, pas même en Islande par exemple. Il y a d’autres points, mais vous comprendrez que « le libéralisme réel », on n’en a pas vu la queue pour le moment. L’Islande montre que certaines « solutions » n’en sont pas.

    En conclusion, au risque de me tromper, les Islandais me semblent bien avoir traversé le plus gros de la tempête, même s’il s’agit de pure chance : malgré l’incompétence totale de leurs institutions publiques à gérer la crise, mais au fond grâce à cette même incompétence, pendant la période 2003-2008. Il n’est pas interdit de tirer quelques leçons de l’absence de bail out en Islande, et des développements actuels.

    ndh16 : Comme le dit Baldur, il y a eu un certain type de bailout (nationalisation avec reprivatisation dans la foulée). Et le bilan est contrasté. Un pays à regarder est l’Estonie, plutôt, de ce point de vue.
    .

    En bonus, sur la situation irlandaise, un commentaire sans appel sur le site de l’IMF:

    Steve Thomas commented on

    «Ireland nationalized its banking debts because its leaders were spineless in the face of EU pressure. What they should have done is told the EU to take a hike. If there was a pan-European interest in not letting the banking system blow up, then Europe could have stumped up the cash to recapitalize the banks directly. Instead they let Merkel and Sarkozy lean on them to nationalize the debts in return for some nebulous notion that they would be supported through « European solidarity ». All that they really achieved was to give Merkel a big stick to beat the money out of them to prevent losses at domestic German banks who were speculating on the Irish property market.»
    https://www.imf.org/external/pubs/ft/survey/so/2011/car110311a.htm

    ndh16 : le souci est toujours le même. On peut toujours prétendre savoir ce qui se serait passé « si ». Mais la réalité, c’est que personne ne sait ce que ça aurait donné. Et politiquement, certaines décisions difficiles le sont trop, et ne sont *jamais* prises.

  10. Jesrad

    Je pensais vraiment que l’Islande s’en était mieux sortie que ça. Merci pour l’analyse de la situation !

  11. Stéphane

    Le Yuan adossé à l’or? Je n’y crois pas. J’aimerais bien, mais je n’y crois pas.

    N’oublions pas que les hommes politiques sont Complètement Cons™ et cela vaut autant pour le vieux continent que les USA ou, en l’occurrence, la Chine… Ils sont eux aussi enfiévrés par la maladie des « plans de relance »…

    Avec un Yuan fort, très fort, stratosphériquement fort en fait s’il était adossé à l’or, la Chine deviendrait soudainement beaucoup trop chère pour exporter sur la planète entière (ça tiendrait encore pour des trucs un peu haut de gamme, mais aucune chance pour les cochonneries en plastique moulé qui fondent une bonne part de sa production.) En plus la bulle immobilière chinoise éclaterait dans l’instant, personne n’étant en mesure de continuer à payer des fortunes pour des logements vides. Ca aiderait mécaniquement pour ses importations mais la Chine n’importe pas des masses.

    Chômage + Bulle immo éclatée + Croissance en berne = Situation explosive, en Chine comme ailleurs.

    Je crois plutôt que la banque centrale chinoise est juste en train de se prémunir au cas où. Compte tenu de la propension des occidentaux à imprimer comme des malades, mieux vaut stocker la valeur dans du métal jaune que dans des feuilles de papier coloré.

    1. Deux remarques : un étalonnage ou adossement à l’or ne veut pas dire que le Yuan serait nécessairement seul. J’ai lu et entendu à plusieurs reprises parler d’un panier de monnaies adossées à l’or, ce qui module pas mal la force du yuan dans ce cas. En outre, la Chine sera libre de fixer la parité comme bon lui semble. Enfin, ne pas oublier que la Chine est un régime dictatorial qui peut donc choisir de régler certains problèmes intérieurs de façon expéditive. Elle va aussi, très rapidement, se tourner vers son marché intérieur pour deux raisons :
      – elle le peut
      – elle le doit ; si sa population globale ne s’enrichit pas assez vite, les gouvernants s’exposent à un risque clair d’explosion sociale.

      Maintenant, qui vivra verra : je ne peux pas dire que je suis sûr que la Chine va passer à l’étalon-or. Je dis simplement qu’elle adopte un comportement qui y fait furieusement penser, qu’elle y a intérêt, les occidentaux aussi, et que c’est techniquement possible. C’est tout.

  12. Guillaume

    Effectivement, l’Islande est toujours l’argument que l’on me sort lorsque je dis qu’il ne faut pas que l’état s’endette etc…
    Les Islandais sont comme de grands enfants, ils ont bien profité des manipulations sur leur monnaie pour s’enrichir sans peine, et lorsque la situation se retourne, ils pleurent contre les méchantes banques et contre les méchants étrangers spéculateurs. Face à tous les articles un peu trop optimistes qui fleurissent sur mon mur facebook, j’avais trouvé un témoignage interessant qui montrait l’explosion de l’aide alimentaire dans ce pays depuis la crise. Le paradoxe étant de voir des familles venir chercher cette aide dans de gros 4×4.

    1. Lorg

      Oh vous savez j’habite à côté d’un local des restos du coeur et je vois arriver la majorité des bénéficiaires en voiture, certes pas des gros 4×4 mais quand même. Ils ne peuvent pas se nourrir mais ils peuvent financer le coût d’un véhicule et certainement d’un portable. Quand certains produits de leur colis ne leur plaît pas ils le balancent chez moi (j’ai eu du riz, du chocolat noir,…), je suis donc un bénéficiaire indirect des restos.

    2. Aristarque

      Les gros 4×4 ne sont pas forcément une preuve automatique de leur aisance. Ils ont vraisemblablement été acquis lors de la bulle mais doivent être devenus proprement invendables depuis son explosion : île + petite population…
      Il faudrait croiser cette impression avec l’âge moyen desdits véhicules pour se faire une véritable opinion.
      Ils n’ont donc peut-être pas d’autre choix réel que de conserver l’engin d’autant que les conditions de circulation ne sont pas forcément joyeuses d’un bout à l’autre de l’année…

    3. gem

      Vu le climat islandais, et l’état des voies de circulation (« route » c’est un bien grand mot pour ces trucs), j’aurais tendance à penser que là-bas le « gros 4×4 » n’est pas un signe extérieur de richesse, mais simplement un truc obligatoire. En France on a une perception biaisée du 4×4 par le prix d’achat et de fonctionnement gonflé par les taxes monstrueuses, nos chères mais excellente routes, et des transports en commun abondants.

  13. knop65

    Merci H16 pour cet article. Avez-vous lu cet article de Charles Gave paru le 26 nov 2012 relayé par Atlantico: L’Islande va très bien, merci…mais en avez-vous entendu parler?

    http://institutdeslibertes.org/lislande-va-tres-bien-merci-mais-en-avez-vous-entendu-parler/

    Dixit:

    Plaignons les pauvres hommes politiques Européens.

    Pas de fin de semaine ou ils ne se retrouvent à Bruxelles pour mettre la dernière main au énième plan de sauvetage de la Grèce qui a besoin de 30 ou 40 milliards d’Euro de plus, pas de jour ou la presse économique ne publie l’écart des taux entre l’Allemagne ou l’Espagne et ou nous n’apprenions que le chômage fait un nouveau plus haut en France.

    … (coupé pour raisons de (c) )

    Mais de qui?

    1. Oui, je l’avais lu. Et je suis tombé sur l’article rédigé par un islandais. Libre à chacun de se faire sa propre opinion.

  14. Maximilien

    Merci pour cet article, il m’a soudainement ouvert les yeux sur le rachat d’or par la Chine.

  15. Aristarque

    @ Rensk
    Pas plus tard que ce matin dans les Experts, C. GAVE et A. Madelin constataient (pour le déplorer) que les assureurs étaient « incités » par la législation en cours des règles prudentielles puisque l’investissement dans les titres d’état ne demandent aucune contrepartie en fonds propres alors que tout autre investissement, en actions de sociétés privées par exemple, oblige à avoir un pourcentage en fonds propres en regard dudit investissement.
    Ajoutez à cela que beaucoup de dirigeants sont issus des grands corps de l’administration, vous aurez une idée de l’indépendance d’action desdits assureurs…

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