L’actualité nous le rappelle tous les jours : même dans les domaines où l’état pourrait encore trouver une justification, c’est-à-dire les domaines régaliens que sont l’armée, la police, la justice, et la diplomatie, il faillit de plus en plus à mesure que ses interventions sur les autres domaines augmentent.
L’article tout d’abord : La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a affirmé ce matin que « les faits étaient suffisamment importants » pour qu’elle ait pris la décision de suspendre, hier, le général Poncet, ancien commandant de l’opération Licorne en Côte d’Ivoire, soupçonné d’avoir couvert le meurtre d’un Ivoirien. Alliot-Marie s’explique – LEXPRESS.fr
Alors même que l’ingérence de l’état dans les domaines qui ne le concernent pas continue de se faire chaque jour un peu plus sentir, on observe de façon symétrique et prononcée que les domaines qui lui sont par nature dédiés s’en trouvent de plus en plus mal gérés.
Il en va de l’armée comme du reste : plus on verse de tombereaux d’argent (du contribuable) dans les autres domaines, plus l’armée est progressivement dépouillée de ses oripeaux. Et avec la baisse des moyens alloués à l’armée (qui, dans l’absolu, pourraient être une excellente chose) commence à se faire sentir un mouvement pernicieux : la baisse générale du niveau d’ « excellence » (ou, disons, une augmentation du niveau de médiocrité, de laisser-aller). En clair, plus l’argent coule, plus la responsabilité s’évapore.
Et rapidement, les scandales deviennent si gros qu’ils ne peuvent même plus être étouffés comme jadis par la Grande Muette.
Cette fois-ci, après le vol de banque et la mort accidentelle de jardinier, il s’agit de meurtre. Pour des gens en arme, à la limite, rien de plus naturel. Mais là, il s’agit de l’armée française, sous un mandat onusien (donc vague), dans un pays étranger, dans le cadre d’une opération qui aurait dû rester au niveau local.
Au delà des commentaires logiques qu’inspirent ces dérapages, on ne peut encore une fois qu’observer que plus les gens en armes appartiennent à un état, et plus cet état est fort, plus le nombre de personnes qui mourront de mort violente par les faits et gestes de cet état seront nombreux.
Une autre constatation déjà décrite en préambule tombe elle aussi d’évidence : plus l’état s’agrandit, moins il a de temps à consacrer à chacun des domaines où il trempe ses petits doigts boudinés. Et plus il laisse donc à chacun de ses agents l’occasion de commettre des exactions.
L’état est cette somme sordide des décisions de petits tyrans. Car même si chaque fonctionnaire n’est pas mauvais au fond, et même si chaque exécutant de l’état remplit sa mission avec perfection et sens du devoir, rien n’empêche ce même état de produire des situations effroyables, demandant à telle personne de tamponner telle liste d’individus, à telle autre personne telle liste de wagons, et à telle troisième de faire correspondre les deux listes précédentes en y apposant son paraphe.
L’enfer est pavé de bonnes intentions.