La sclérose mentale d’un pays, d’une nation, se lit souvent dans la sclérose mentale de ses élites… Inversement, l’adaptabilité des entrepreneurs, des travailleurs et des gens qui créent les richesses d’un pays à un environnement changeant en dit long sur la mentalité des dirigeants, et de leur capacité à réellement gouverner, c’est à dire préparer l’avenir.
Les Etats-Unis sont loin d’être un paradis pour le libéral que je suis.
En pratique, ce pays verse tous les jours un peu plus dans le conservatisme bon teint, laisse son gouvernement rogner sur les libertés les plus élementaires, et l’image générale de la nation la plus puissante du monde s’en ressent.
Mais … Ce pays a un atout énorme, dont il se sert tous les jours : l’adaptabilité de ses concitoyens, résumée par deux proverbes dont le bon sens n’échappe pas au cartésien d’occasion que je suis.
« There’s no such thing as a free meal »
Partant de cette constatation, l’américain renvoie chacun à ses responsabilités : vous désirez manger ? payez vous votre repas par votre travail. Cette simple réalité a depuis trop longtemps été oubliée par nos compatriotes, Européens en général et Français en particulier.
« If you can’t beat them, team with them »
… qui, au niveau commercial, revient simplement à considérer que si votre concurrent est vraiment meilleur que vous, vous avez plus intérêt à vous rallier à lui qu’à le combattre. Vous pouvez alors vous faire racheter, ou l’acheter. Ou alors, appliquant Sun Tzu, vous changez de terrain, de technologie, …
En France, le « free meal », c’est tous les jours, pour tout le monde. Ou presque. En pratique, évidemment, les lois du bons sens étant les mêmes partout, le « free meal » n’existe pas, mais l’impression qu’on peut en créer, ici mieux qu’ailleurs, perdure. Alors, à force de vouloir faire perdurer ce mythe, on met en place toute une architecture compliquée, bureaucratique et sexy comme une usine pétrochimique, pour permettre aux Shadocks qui travaillent de pomper pour les Shadocks qui réparent la tuyauterie qui permet de pomper. La sclérose aidant, et voyant pourtant que pomper ne semble en rien améliorer la situation, on en arrive à ne surtout plus vouloir arrêter de pomper de peur qu’il se passe quelque chose de plus terrible encore.
Par exemple, pour ne citer que ça, le gouvernement continue à vouloir imposer aux collectivités locales, vaille que vaille, coûte que coûte, et au risque de nous claquer un Abbé Pierre, de construire toujours plus de logements sociaux, alors que l’immobilier, au plus haut, est en passe de se casser la figure dans les grandes largeurs, que ces collectivités locales sont loin d’être toutes solvables, qu’elles vont donc devoir augmenter encore les impôts … et alors que la misère est directement liée à ces impôts galopants.
En France, le « team with them », ‘ connait pas. Si un concurrent débarque avec une bonne idée, on l’écrabouille ou on se ridiculise. Pour se ridiculiser, c’est facile. On crée une entreprise d’état, mettons Bull, ou un produit miracle, genre Superphénix, et, après une phase pénible de plomberie fiscale, on se plante lamentablement avec un déficit abyssal épongé par le gogo contribuable.
Pour écrabouiller le concurrent aussi, c’est facile : on met en place toute une architecture compliquée, bureaucratique et sexy comme une usine pétrochimique, pour permettre aux Shadocks qui travaillent de pomper pour les Shadocks qui réparent la tuyauterie qui permet de pomper.
A ce stade, si vous remarquez une redite, c’est normal : nous touchons là la fameuse sclérose d’introduction. Quand, intellectuellement, on est bloqué au taquet sur « Dépense Publique », le remède ultime à tout problème sera toujours … la dépense publique.
Dans le cas d’espèce, la France, les mains moites d’anxiété, s’est rendue compte qu’aucun grand moteur de recherche, sur internet, n’était le résultat d’une officine locale, d’une entreprise subventionnée made in France, et qu’aucune grande entreprise du cru ne s’était vraiment lancée dans le créneau. Diantre, Fichtre, Palsambleu, comme dirait notre Prem’s : il faut réagir. La suite, vous la devinez aisément. Nous aurons notre Bull de la recherche internet, notre TGV du lien cliquable, notre Concorde du Blog, que sais-je … Et ce sera avec nos sous, bien sûr. Et en attendant, pendant que les élites gouvernementales se tortillent les méninges pour nous pondre un Gougueule, les entrepreneurs (éditeurs en l’occurrence) attaquent l’américain pour « pillage »…
On retrouvera d’ailleurs la même sclérose chez les majors Françaises de musique incapables de s’adapter à une modification importante de leur business-model, cramponnées, arc-boutées sur leurs lois, lobbies et droits de papier, au lieu de trouver des relais de croissance avant qu’il ne soit trop tard.
Au final, piteuse constatation : la capacité de prise de risque, en France, est nulle ou quasiment. La possibilité d’une autre méthode de pensée, absente. L’adaptation au monde réel, impossible.
Et bien sûr, quand la merde qu’on pompe furieusement finit par sortir à gros bouillons gluants, et que l’odeur, trop forte pour être camouflée, remonte aux élites avec les cris de protestations des Shadocks qui puent et qui pompent, la sclérose bloque les têtes sur l’explication à la mode.
Actuellement, on peut piocher dans l’un des Usual Suspects. Si on arrive à glisser, de surcroît, le mot libéralisme (néo-, ultra-, pipo-, … au besoin), on gagne la timballe.
Remarquable texte, vraiment remarquable. Un grand bravo pour tant de lucidité.
le cadavre état tique bouge encore, mais les poux commencent à le quitter
signe évident de sa fin…
bravo h16 pour le diagnostic , j’aime beaucoup ce que vous publiez
Merci à vous deux.