Grâce à une politique Demaerd ™(r)(c), l’état français a réussi, une fois de plus, à contenir le flot de cerveaux qui partent s’installer aux States, à stopper les masses de touristes qui visitent, béats, les Etats-Unis et se gavent d’un ultranéolibéralisme débridé au détriment de notre belle socialdémocrassie, et le tout, sans quasiment aucune protestation. Un bijoux de politique Demaerd exécutée de main de maître par nos arrogants ministères.

Pour fermer une frontière, vous avez deux options : l’option 1, communément appelée Totalitaire, qui consiste à placer des gardes armés, des mirradors, du barbelé et des chiens sur les principaux axes de communication sortants du pays, et l’option 2…

L’option 1 fut massivement utilisée par les ex-pays soviétiques, derrière un rideau de fer relativement efficace. Cette option est encore en vigueur dans les paradis Demaerd(tm)(r)(c) comme Cuba, la Corée du Nord, la Chine et certains poulailler de l’Ain.

La France, elle, a choisi l’option 2 : elle consiste essentiellement à mettre en place l’inverse de l’option 1, c’est à dire obtenir que tous les autres pays empêchent vos ressortissants de venir les voir.

Pour cela, il faudra vous armer d’un peu de patience, et de beaucoup, beaucoup d’arrogance. Pour la première, l’état dispose de temps (c’est d’ailleurs la seule chose qui lui soit encore disponible en abondance). Pour la seconde, l’état s’y emploie depuis un certains temps (comme on pourra se le rappeler ici).

Mais le coup de génie sera venu de l’étranger : à la suite des attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont imposé la possession d’un passeport à données biométriques pour les entrants sur son sol. Et ont laissé un large délai (jusqu’en octobre 2005) pour la mise en application de ce passeport.

Les pays européens ont ronchonné, mais tous, de plus ou moins bonne grâce, se sont mis à jour. Tous ? Non, selon le refrain connu, un petit village pays résiste encore et toujours aux envahisseurs…

Enfin, “résiste”, disons plutôt qu’il merdoie. En effet, ce qui pourrait passer pour un acte osé n’est en fait qu’un cafouillage typique de nos administrations. Le cafouillage a commencé quand l’état, au pied du mur, s’est finalement décidé à faire produire ces passeports. Le hic, c’est que notre Imprimerie Nationale (car l’état, en plus de commission sur l’étude des bretelles en coton et l’impact du bulgour dans la consommation des ménages, a aussi une imprimerie à lui) n’est pas en mesure de produire ces passeports. Et Oberthur – un imprimeur privé, à jour, lui – est donc rentré en concurrence directe avec les barbouilleurs de cerfas. Et comme seuls ces derniers sont habilités à produire des passeports …

Bilan : des milliers de personnes se retrouvent à faire une longue et pénible queue devant les ambassades.

Les touristes ne viennent plus aux States. Les chercheurs ne peuvent plus s’y rendre. Les kapitalistes traîtres ne peuvent plus fuir le Système Egalitaire Fiscal Français. Les frontières se ferment. Le but est atteint : l’option 2 est enfin réalisée.

Vive les passeports biométriques. Vive la France. Vive la République.

Le Monde
Libération

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