Les gros bras de la CGT

Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu un exemple flagrant des méthodes de mafiosi employées par les brillants intellectuels de nos Syndicats Représentatifs. Alors que les séquestrations de patrons continuent sous l’œil atone ou compassé des médias, la CGT tente un nouvel angle d’attaque dans la diffusion de son message : proposer le contraire de l’enfermement en passant à l’expulsion vigoureuse.

On peut parier un relai timide dans la presse traditionnelle de ce fait divers pourtant fort révélateur : la CGT a donc usé du procédé habituellement réservé aux facho-de-droâte pour expulser manu militari un groupe de sans-papiers.

Evidemment, ça et là, on lira en diagonale la polémique en carton qu’on essaiera de monter : la police aurait-elle aidée la CGT dans son action musclée ? Ou pire, cette action ne serait-elle pas là l’œuvre de l’inflexible police sarkozienne qui utiliserait la CGT comme prétexte à une intervention violente ? Et tout aussi logiquement, on remarquera que si la police avait subitement décidé d’agir et de faire sortir les immigrants illégaux, avec ou sans l’accord de la CGT, tout ce que la presse compte de reporter – journaliste – militant engagé se serait élevé contre cette scandaleuse répression inhumaine patati patata.

Non, en réalité, il semble bien que ce soit la CGT qui ait voulu récupérer son lieu de « travail » ; il y a donc ici la réaction épidermique mais logique d’un organisme qui se retrouve, littéralement, squatté, et qui doit en venir à la force pour retrouver son état initial.

Ce que cette histoire a d’intéressant est son aspect iceberg : la partie émergée, l’expulsion des sans-papiers, cache en effet trois autres aspects très peu reluisants de l’organisation syndicale dont on peut s’étonner qu’ils ne soient pas plus clairement mis en avant par les médias traditionnels.

Tout d’abord, on apprend en fouillant un tout petit peu que si la CGT est une organisation très à l’écoute de ses militants, elle est aussi particulièrement attentive à ses plates-bandes. Elle n’aime pas qu’une organisation rivale voie le jour, vienne sur son propre lieu de travail stresser ses propres principes sans répliquer vertement. A la lecture du petit article en question, on découvre une joyeuse ribambelle de larrons, dont le NPA, qui se bouffent le nez alors qu’habituellement, ils s’entendent très bien pour faire la foire. Il est particulièrement éclairant que ce syndicat, ce parti politique et ces ONG, généralement d’accord pour s’associer dans leurs démarches « citoyennes et humanistes » typiques, se tirent dans les pattes dès que les intérêts spécifiques obtenus (soyons-en sûrs) de haute lutte sont accaparés ou détournés par les uns au détriment des autres. En clair : so-so-solidaires, mais faut-faut-faut pas pousser.


Aaaah, les bonnes habitudes d’antan !

Ensuite, la démarche vitaminée et festive de la CGT pour récupérer ses locaux, en castagnant du Malien par le truchement d’une action humaine décisive et calibrée, montre la souplesse d’interprétation de concepts pourtant simples à circonscrire dans des définitions claires, comme Propriété Privée ou Occupation Illégale. Ainsi, la police aura toutes les peines du monde à exercer son autorité dans le cas d’une séquestration de patron par des nervis syndiqués. Dans ce cas, on est dans la Lutte Sociale, vous comprenez ma brave dame ; ici, il s’agit de cogner le bourgeois pour la Noble Cause Ouvrière. Alors que kicker du noir hors de la Bourse du Travail, voyez-vous m’ame Ginette, c’est la simple résultante d’une négociation tendue qui n’a pas abouti, et la récupération légitime d’un lieu de « travail » des défenseurs des droizacquis et des Représentants de la Classe Laborieuse ! Simple, pourtant. L’important étant, pour que toutes ces opérations se passent correctement, que la souplesse des termes soit plus grande que celle des matraques pour éviter de sombrer dans un laxisme contre-productif, pif, paf. Vous reprendrez bien un petit coup, m’ame Ginette ?

Enfin, toute cette misérable action aura eu pour mérite de montrer assez clairement la veulerie de la presse. On se souviendra, à l’occasion des expulsions policières de sans-papiers qui dans des églises, qui dans des bâtiments désaffectés, de ces reportages en caméra à l’épaule, de ces articles aussi lacrymogènes que les gaz fachistes de la polissassarko. On se rappellera les nombreuses montées aux créneaux de scribouillards affolés devant les actions nauséabondes de Hortefeux, des levées de boucliers aussi multiples que vigoureuses pour dénoncer la lente descente aux enfers de notre pays des drouâdlhom vers celui des pires dictatures, on se remémorera des éditos en première page, chevrotants d’émotion et des robustes tirages de sonnette d’alarme qui les accompagnaient.

Là, bon, y’a que deux cents Maliens, hommes, femmes et ptinenfants, qui se sont fait latter avec lacrymos et tout le bazar, et la presse relate ceci à mi-chemin entre le démarrage médiocre des soldes d’été et les chiffres du loto (que je n’ai pas gagné, zut et zut, mais c’est normal, je ne joue pas).

Ah, franchement, moi, je vous le dis : si la CGT commence à employer des moyens digne d’une police de répression, ce pays est foutu !

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Commentaires41

  1. Hoho

    Faudrait demander a un mec de la CGT la difference entre un bon squatteur et un mauvais squatteur…

  2. Gaël

    Comme quoi des notions aussi fondamentales que "propriété privée" sont à la portée de ces effroyables gauchistes ! De l’espoir je vous dis !
    Ou de la mauvaise foi ^^

  3. Krissou

    Voilà une anecdote qu’on croirait sortie tout droit de "la grande parade" de Revel.
    Heureusement que la presse que le monde entier nous envie a compris depuis longtemps que seules comptent les intentions et la représentativité autoproclamée. Les faits sont sans importance.

  4. Criticus

    Excellent billet, mis à part la substitution du vocable "sans-papiers" à la réalité qu’il désigne: clandestins. Encore un effort de rectification des noms*!

    * Confucius

  5. Ben

    Un grand merci pour le fou rire que j’ai eu en lisant ce billet à mon travail. Bravo pour le style ! 🙂 Genial, tout simplement. ^^

  6. Monoi

    Ceci dit, c’est interessant les commentaires des passants rapportes dans le journal, non?

    Et puis le batiment appartient a la ville de Paris, je me demande si le loyer (s’il y en a un) est bien eleve?

  7. Arkh

    Vous oubliez un quatrième point, qui est tout de même très important : une organisation syndicale possède une milice. Milice armée d’après les termes de la loi (lacrymo, bâtons, que du bonheur) qui peut s’en servir sans que les forces de l’ordre ne daignent agir.

  8. Oui, effectivement, c’est un oubli notoire. Mais ça, tout le monde le savait déjà ; en réalité, les armes en France circulent quasiment sans problème. Il n’y a que le citoyen gentil, benêt et confiant dans la justice de son pays pour s’en remettre exclusivement à l’Etat.

  9. Phantom

    Ah ah! Tel est pris qui croyait prendre, bien fait pour cette organisation criminelle!

    M’enfin ce serait quand même bien d’aborder le problème de ces sans-papiers/clandestins qui n’ont pas de logement et qui traînent un peu partout dans la nature, parce que pour la CGT et les syndicats on en a déjà fait pas mal le tour entre libéraux 😀

    Sujet sensible et délicat que le problème des sans-papiers, même pour les libéraux. Ca fait plusieurs années maintenant que je croise et traîne avec des sans-papiers à Aubervilliers, lieu où j’ai travaillé et où il y a une forte population de sans-papiers d’origine africaine. Je suis très ouvert sur la question, issu de l’immigration moi-même et mon passage sur lib.org, mes lectures libérales et le formidable travail de Copeau m’ont donné une solide grille de lecture pour aborder la question.

    Je ne suis pas anti-immigrés et même pas anti-clandestins, bien sûr je pense qu’il faut être ferme lorsque des sans-papiers ou autres tentent d’occuper des lieux qui ne leur appartiennent pas (gymnase, église, appartement désaffecté, et.), nous sommes sans doute tous d’accord il faut les déloger et les punir.

    Et après? C’est peut-être ça qui manquait un peu du temps où on abordait la question sur lib.org et que j’ai vécu dans la vraie vie, on peut les expulser des lieux occupés autant de fois qu’on veut ils finiront quand même par revenir à la charge car ce sont des êtres humains comme tout le monde qui se battent pour survivre. Les sans-papiers qui n’ont pas de travail et pas de moyens pour se loger par eux-mêmes, pas de familles ou d’amis pour les héberger et qui ne sont pas aidés par la charité privée, qu’est-ce qu’on en fait? Car ils sont de nos jours très nombreux malheureusement, à Aubervilliers ou à Belleville par exemple. On ne peut pas les laisser occuper l’espace public car l’espace public n’est pas fait pour ça. Je crains hélas que la solution de l’expulsion est une solution parmi d’autres pour résoudre le problème. Je sais que l’expulsion est une solution qui n’est pas très populaire chez les libéraux, mais je ne vois pas tellement d’autres solutions c’est ça le problème car j’imagine que personne ne sera d’accord pour qu’on construise des logements sociaux avec l’argent du contribuable juste pour eux.

  10. Aurelien

    On pourrait aussi leur délivrer plus facilement des cartes de séjour sur obtention d’un travail. Ils pourraient alors vivre normalement, se faire des amis aubar du coin, se payer un loyer, etc.

  11. Pour répondre vite, voici mon opinion :
    Il y a deux types de gens qui émigrent dans un pays « riche » : ceux qui veulent y trouver une opportunité de travail et ceux qui ont entendu parler des aides sociales abondantes. Dans les deux cas de toute façon, le fait d’immigrer est une opération risquée, coûteuse et qui demande un certain courage à celui qui l’entreprend. Sur le plan libéral, il ne devrait pas y avoir de frontières du tout. L’émigration devrait être totalement libre. Et je soutiens cette position. Pour ma part, de façon étonnamment proche de certains gauchistes un peu naïfs, je suis donc pour les « sans-papiers » dans la mesure où j’aimerai bien un monde sans papiers pour tous. Cependant, ceci va avec un revers de médaille : 0 allocs. Plus d’allocations, pour personne. Puisqu’il devient possible de s’installer où bon leur semble, il serait relativement injuste de taxer les présents pour subvenir aux besoins des nouveaux arrivants surtout si ceux-ci ne participent pas aux efforts locaux.

    Il va sans dire qu’une abolition pure et simple des aides sociales diverses et juteuses et celle des frontières (et des protectionnismes afférents) est très très mal vu par un spectre si large de personnes que ce n’est pas prêt d’arriver. Si l’on ajoute le fait que les clandestins constituent une source d’ébullition médiatique continue, et un véritable capteur à subventions pour les organisations et militants de tous crins, que c’est même une (des très rares) marque(s) de différenciation entre la droite et la gauche, on aura compris que le problème n’en est réellement que pour les polémistes.

    La position d’Aurélien est intéressante et pourrait constituer un début de réponse.

  12. julito

    Et si on les laissait simplement s’installer, en leur donnant des papiers, pour avoir au moins la possibilité de travailler et se trouver un logement ? (choses impossibles sans lesdits papiers)

    Il est plus facile dans ce foutu pays pour un immigré de s’inscrire à la CMU, toucher des allocs et recevoir un traitement de faveur des médias sur son triste sort, que de gagner son pain honnêtement en travaillant et se procurer un logement par lui-même. Et après, on s’étonne que l’immigration soit un problème, plutôt qu’une opportunité.

    Tant que l’individu respecte les lois de son pays d’accueil, et cherche à s’en sortir en fournissant sa force de travail ou en créant son entreprise, je ne vois pas où est le mal.

  13. Phantom

    Oui je pense aussi que, compte-tenu de la réalité française, justifier un travail pour avoir le droit de rester est un élément de réponse, même si dans l’absolu je pense qu’il y a aussi des raisons légitimes de vouloir rester même sans travailler (par exemple une grand-mère qui veut vivre avec sa petite-fille et qui ne peut pas travailler, et qui donc est nourrie par cette dernière).

    Bien sûr il y a le problème des aides sociales, mais je ne pense pas que ce soit une problème suffisant pour expulser. On peut imaginer, à partir de notre situation actuelle, même si c’est très politiquement incorrect, priver les étrangers d’aides sociales (pas de sécu, pas d’école pour leurs enfants et autres aides en tout genre) et ça règle le problème de l’expulsion car on n’aurait plus de raison libérale de les expulser. Le problème c’est que ça crée une situation d’inégalité en droit qui n’est pas libérale, il faudrait alors considérer cette situation comme une situation exceptionnelle et non permanente, autrement on créerait alors une société à deux vitesses. C’est ça en fait le gros dilemne, et c’est pour cette raison que je crois qu’une politique d’immigration doit quand même être menée et débattue (même si politique d’immigration et libéralisme pour certains ça fait deux 😀 ), entre autres pour déterminer les conditions requises pour que l’étranger deviennent un citoyen à part entière, et en y réfléchissant je me dis que des conditions "organiques" (langue, culture, etc.) ne sont pas moins illégitimes que des conditions "mécaniques" (travail, revenus, etc.) même si entre libéraux on a souvent défendu ces derniers car un peu rationnels par nature.

    Par contre, pour l’expulsion, c’est une autre histoire d’après moi. Je pense que la justification de l’expulsion peut se faire sur la base du logement. D’après moi, un sans-papier qui n’a pas réussi à se loger, qui ère dans l’espace public de manière répétée devrait être expulsé. C’est plus le critère du logement que celui du travail qui me semble judicieux d’après moi.

    Enfin je ne sais pas si vous voyez un peu ma logique? XD

  14. Oui, c’est une interprétation possible, aussi. Quelle bande de filous : ils ont une milice, ne le disent pas ouvertement et combattraient presque pour que les honnêtes citoyens n’en aient pas !

  15. Phantom

    Ah ah! M’enfin apparemment d’après ce que je lis sur le net, l’occupation aurait duré 14 mois, c’est très long quand même! Comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu d’intervention de l’Etat jusqu’à maintenant? La CGT n’avait pas porté plainte?

  16. Arkh

    Phantom : 18 mois, c’est encore gentil. Le squattage peut durer 5 voire 10 ans sans trop de problème.

  17. Phantom

    Désolé, je ne connais pas très bien le Droit, mais ce n’est pas un locataire qui ne paie pas son loyer qui est difficile à expulser? Là apparemment ce sont des squatteurs qui n’étaient pas locataires, peut-être était-ce plus facile de les expulser à condition que la CGT porte plainte, non?

    J’imagine qu’il y avait des moyens légaux d’expulser ces sans-papiers de ces locaux!

  18. Kassad

    "Faudrait demander a un mec de la CGT la difference entre un bon squatteur et un mauvais squatteur…"

    C’est simple pour la CGT comme pour n’importe qui : un bon squatteur est un squatteur qui squatte ailleurs. Mais bon comme dirait Proudhon, un des saints patrons de la CGT, "la propriété c’est le vol". Il y aurait comme une couille dans le potage du logiciel CGT (mais bon ça on le sait depuis belle lurette).

  19. Phantom

    De toute façon, plus généralement, si la CGT défendait une idée, ça se saurait depuis longtemps…

    Je me demande si la conscience anarcho-syndicaliste existe encore. C’est juste une organisation qui regroupe des mecs violemment égoïstes, c’est tout.

  20. Hoho

    > Le problème c’est que ça crée une situation d’inégalité en droit qui n’est pas libérale […]

    Il y a une solution simple (et libérale) : supprimer toutes les aides sociales. Plus d’inégalité !

    Pascal Salin traite assez bien la question de l’immigration d’un point de vue libéral dans "Libéralisme".

  21. Sanksion

    On peut imaginer, à partir de notre situation actuelle, même si c’est très politiquement incorrect, priver les étrangers d’aides sociales (pas de sécu, pas d’école pour leurs enfants et autres aides en tout genre) et ça règle le problème de l’expulsion car on n’aurait plus de raison libérale de les expulser.

    -> On les prive du devoir de payer des taxes, impôts et charges et etc.. du coup. Dans cette hypothèse, je veux me faire naturaliser étranger alors.

  22. Bob

    Peut-être que la CGT ne pouvait pas porter plainte directement car les locaux appartiennent à la mairie de Paris ? Et que la mairie de Paris à laisser faire pour ne peut avoir les médias sur le dos.

  23. Phantom

    Oui bien sûr je ne dis pas le contraire. En fait c’est juste qu’on a déjà tellement fait le tour de la question sur lib.org et le forum de liberté chérie du temps où c’était géré par Aurel que j’ai sauté plein de trucs, et comme h16 sait déjà très bien tout ça 😉 Mon but n’était pas de répéter le débat mais de l’enrichir avec des éléments qu’on n’avait pas abordé.

    Mais c’était juste une réflexion à partir de la situation actuelle, dans notre situation, comme l’a souligné h16, il est fort peu probable que les Français acceptent de perdre leurs zaquis sociaux. Le tout est de savoir comment faire pour que la volonté des Français de conserver certains droits et les droits des immigrés puissent cohabiter sans que les droits de ces derniers soient violés. Car une expulsion d’un immigré qui n’a violé les droits de personne est une agression, nous sommes d’accord.

    En fait, sans revenir sur le débat, je tenais juste à souligner que le cas de ces sans-papiers qui n’ont pas de logement (ces mêmes sans-papiers qui squattent les locaux de la CGT) pour moi pose un problème. Ca m’a interpellé car j’ai connu ces sans-papiers sans logement pour avoir travaillé un temps à Aubervilliers dans le bâtiment, dans un secteur où j’ai traîné avec des petits patrons de tpe qui parfois embauchaient des travailleurs sans-papiers. Disons que le détail de la news, qui est peut-être insignifiant pour le lecteur lambda du blog, touche ma réalité. Je tiens à dire que je m’en fous qu’un travailleur soit légal ou illégal, j’ai eu la chance d’en connaître et il faut reconnaître qu’ils vivent dangereusement. Et pour moi hors de question qu’on expulse un mec comme le Marocain d’il y a 3-4 ans qui avait une pizzeria, qui était marié à une Française et qui s’est fait expulser comme un malpropre parce qu’il est entré illégalement en France.

    Non, le problème que je me pose concerne les sans-papiers qui n’ont pas de logement et eux seulement et qui sont très nombreux (et dont les media parlent peu), qui souvent ne travaillent pas mais qui parfois travaillent (mais qui ne touchent pas assez sûrement). Ces sans-papiers n’ont que la rue et parfois je peux comprendre humainement qu’ils soient tentés de squatter des propriétés privées ici et là. Bien sûr ce problème ne concerne pas que les sans-papiers, par exemple lors de la dernière occupation d’un gymnase je ne sais plus où, il y avait aussi des Français qui étaient là. Si la charité privée ne marche plus (et visiblement elle ne marche pas très bien malheureusement), comment faire? Pour moi on ne peut pas les laisser éternellement traîner dans l’espace public car ce n’est pas l’endroit pour ça, le problème rejoint un peu celui des clochards. C’est pour cette raison que d’après moi, de mon expérience personnelle, je pense qu’il faut hélas penser à les expulser. On peut bien sûr débattre à l’infini de ça d’après nos auteurs libéraux, mais là c’est plus le Phantom de la vie réelle qui parle 🙂

  24. Phantom

    @Sanksion

    Tu n’as pas besoin de te dénaturaliser pour ça, il suffit juste de travailler au noir, c’est tout 😉

  25. sam_00

    @Phantom

    "Bien sûr il y a le problème des aides sociales, mais je ne pense pas que ce soit une problème suffisant pour expulser."

    Ce n’est certes pas une justification suffisante pour expulser une personne, mais avouez quand même que c’est un sacré problème. Il serait quand même étrange que les contribuables français travaillent pour financer les aides pour les étrangers et que les étrangers ne travaillent pas en retour pour les contribuables français.

    Imaginerait-on un système où le pécheur de Marseille travaillerait pour le restaurateur parisien et où le restaurateur parisien ne travaillerais pas pour le pêcheur marseillais? C’est la base même de l’échange …

    Bon d’accord, la classe parlante (nos hommes politiques) est exclue de cet échange … mais j’avoue que je serais presque prêt à les payer à continuer à brasser de l’air chaud si ils ne nous coûtaient pas si cher et surtout si ils ne pouvaient plus nous pondre des lois ubuesques qui nous cassent les co..les à longueur d’année … dans ce cas là on pourrait les considérer comme des clowns ou des intermittents d’un spectacle de guignols.

    "On peut imaginer, à partir de notre situation actuelle, même si c’est très politiquement incorrect, priver les étrangers d’aides sociales (pas de sécu, pas d’école pour leurs enfants et autres aides en tout genre) et ça règle le problème de l’expulsion car on n’aurait plus de raison libérale de les expulser."

    Il n’y a pas de raison libérale d’expulser quelqu’un … juste des raison de respect du droit.

    "Le problème c’est que ça crée une situation d’inégalité en droit qui n’est pas libérale, il faudrait alors considérer cette situation comme une situation exceptionnelle et non permanente, autrement on créerait alors une société à deux vitesses."

    C’est ce que l’on obtient lorsque l’on refuse de considérer un problème dans sa globalité et que l’on cherche des échappatoires pour le traiter à la va-vite plutôt que d’oser voir la réalité en face … dadvsi, hadopi, loppsi en sont des bon exemples dans le monde numérique. Les 200euro de plus par mois en Guadeloupe sont aussi une excellente illustration des injustices résultant d’un traitement partiel et abracadabrantesque des problèmes.

    "C’est ça en fait le gros dilemne, et c’est pour cette raison que je crois qu’une politique d’immigration doit quand même être menée et débattue (même si politique d’immigration et libéralisme pour certains ça fait deux 😀 ), entre autres pour déterminer les conditions requises pour que l’étranger deviennent un citoyen à part entière"

    La grande question qui reste alors en suspend, c’est : "Qui va décider de ces conditions requises"?

    Et là, le problème apparait dans toute sa nudité:
    – Soit nous devons nous en remettre à un surhomme providentiel; un vrai Dieu descendu sur terre pour nous sauver
    – Soit nous savons parfaitement quel sera le résultat: partisan et injuste.

    "et en y réfléchissant je me dis que des conditions "organiques" (langue, culture, etc.) ne sont pas moins illégitimes que des conditions "mécaniques" (travail, revenus, etc.) même si entre libéraux on a souvent défendu ces derniers car un peu rationnels par nature"

    A partir du moment où l’on considère que les frontières sont une ânerie inventé par les hommes de l’état pour pouvoir mieux compter et tondre le cheptel de moutontribuable, la langue et la culture deviennent des faux problèmes.
    Penserait-on expulser des bordelais travaillant a Bayonne au prétexte qu’il ne parleraient pas la langue ou n’auraient pas la culture locale?
    Ce qui est valable pour un terroir, un département, ou une région et aussi valable à l’échelle d’un pays ou du monde entier.

    La travail et le logement ne sont pas de meilleures raison d’expulser ou pas une personne … c’est juste que c’est plus difficile d’expulser un travailleur ayant un logement et payant des impôts que d’expulser un sans-abris.

    @H16

    Merci pour ce billet … ça me rappelle ce reportage sur la mairie communiste qui expulsait, au bulldozer, des maliens d’un foyer de travailleurs:
    http://www.ina.fr/politique/part...

    La veille de noël, la municipalité qui estime ne plus pouvoir accueillir d’étrangers, le pcf qui demande une "répartition plus équitable" de la population émigrée, des gros bras, des bulldozers, la municipalité communiste sensible aux protestations des habitants, une destruction du lieu d’accueil, … Et ça se passe "rue des fusillés" … un peu plus c’était la totale!

    L’histoire n’est qu’une succession de répétitions …

  26. Phantom

    @sam_00

    Non mais dans l’absolu de toute façon, comme l’a rappelé Hoho, il suffirait de supprimer toutes les aides sociales à tout le monde et le problème est réglé. Le problème de l’immigration d’un point de vue libéral radical, dans l’absolu, il est très facile à résoudre. Si tu veux vraiment qu’on débatte en absolu, je me mets dans la peau d’un anarcap et en 2-3 lignes le débat est clos sans que tu puisses y objecter quoique ce soit. Ca a déjà été fait plein de fois, ça fait maintenant 5 ans que je connais tous ces pseudos qui traînent dans la blogosphère libérale et je sais un peu près comment ils raisonnent, et avec le temps, ils font un peu partie de ma famille (même virtuelle) et je les aime très fort. En cette période où, hélas, je suis au chômage et j’ai du temps à perdre, j’avais envie de retrouver cette communauté pour voir ce qu’elle est devenue et j’ai pensé à h16 car je l’aime beaucoup. Mon premier post s’adressait avant tout à eux, à un public déjà conquis. J’ai juste décidé pour une fois de parler un peu concret.

    "Ce n’est certes pas une justification suffisante pour expulser une personne, mais avouez quand même que c’est un sacré problème. Il serait quand même étrange que les contribuables français travaillent pour financer les aides pour les étrangers et que les étrangers ne travaillent pas en retour pour les contribuables français."

    Lire la suite du passage que t’as quoté.

    "Il n’y a pas de raison libérale d’expulser quelqu’un … juste des raison de respect du droit. "

    Oui le Droit dont tu parles c’est le droit du législateur, ce n’est pas le Droit tout court. Le Droit dont tu parles je ne pense pas qu’on soit très nombreux dans la communauté libérale à le respecter.

    "C’est ce que l’on obtient lorsque l’on refuse de considérer un problème dans sa globalité et que l’on cherche des échappatoires pour le traiter à la va-vite plutôt que d’oser voir la réalité en face …"

    D’accord, mais dans ce cas, si on n’a plus le droit de réfléchir à la situation actuelle, il n’y a plus grand chose à dire sur le sujet, en 2-3 lignes le problème de l’immigration est réglé.

    "A partir du moment où l’on considère que les frontières sont une ânerie inventé par les hommes de l’état pour pouvoir mieux compter et tondre le cheptel de moutontribuable, la langue et la culture deviennent des faux problèmes."

    Non, les frontières sont antérieures à l’Etat et existent de manière spontanée par l’action humaine. Lorsque tu vas à Neuilly tu sais que ce ne sera pas le même univers que le triangle chinois du 13e arrondissement. Les communautés naturelles tendent à occuper un espace géographique déterminé dont les frontières sont plus ou moins traçables. Tout ce que peut faire l’Etat c’est avoir le monopole du contrôle de circulation des personnes et délimiter des frontières plus ou moins artificielles.

    A partir du moment où il est question d’intégrer des étrangers dans une communauté nationale afin de leur octroyer des droits, la langue et la culture sont des critères qui ne sont pas moins pertinents que des critères mécaniques dans la mesure où ces critères organiques sont ressentis. Lorsqu’un étranger migre dans un nouveau pays, il arrive dans un pays qui a une histoire qui le précède. Il y a des lois invisibles qui régissent les individus du pays d’accueil, ce ne sont pas des atomes isolés. N’importe quelle personne qui désire s’installer dans un nouveau pays le sait, et souvent, la première chose que fera un nouvel immigré lorsqu’il vient de débarquer dans un nouveau pays est d’apprendre à parler la langue et comprendre la culture locale, avant même de se projeter plus loin dans l’avenir, ne serait-ce que pour vivre.

    "La travail et le logement ne sont pas de meilleures raison d’expulser ou pas une personne … c’est juste que c’est plus difficile d’expulser un travailleur ayant un logement et payant des impôts que d’expulser un sans-abris."

    Non, il y a une différence entre expulser un sans-papier qui a un logement et un sans-papier qui n’en a pas, d’après moi (je tiens à préciser que c’est mon avis personnel 😉 ). Un sans-papier qui a un logement vit dans une propriété privée, il est chez lui, chez un ami, chez un membre de sa famille, etc. L’Etat ne peut pas pénétrer dans une propriété privée comme il le veut. En revanche, un sans-papier qui dort dans la rue (comme les clochards) par exemple occupe un espace public qui a pour fonction de faire circuler les gens. Ca peut être toléré…ou pas selon les coutumes de la communauté. C’est pour cette raison que Pascal Salin justifie par exemple les villes privées à péage dans le but de filtrer les colporteurs et les clochards.

  27. Phantom

    edit: après avoir relu mes posts je reconnais que j’ai été peut-être un peu trop violent (internet déshinibe, toussa 😀 ), je tiens à dire pour ceux qui sont peut-être un peu choqué par mes propos que je ne voulais blesser personne!

  28. Emma

    Une nouvelle fois h16 merci pour ce billet. Je n’ai pas toujours le temps de vous l’écrire mais vous lire me fait passer un savoureux moment.

    Je trouve particulièrement intéressants les développements de Phantom et de Sam : "Il n’y a pas de raison libérale d’expulser quelqu’un… juste des raisons de respect du droit."
    Peut-être pourrez-vous lire avec profit – si vous ne la connaissez déjà – la thèse de Hans-Hermann Hoppe chez Hervé de Quengo herve.dequengo.free.fr/Ho…

  29. Phantom

    Hihi, mince j’ai presque honte de ce que j’ai écrit dans ce blog car j’ai été un peu violent sur certains points. H16 si par hasard tu passes tu peux effacer tous mes commentaires si tu le souhaites 🙂

    J’ai pourtant essayé du mieux que je peux de montrer que je suis quand même relativement ouvert, très ouvert par rapport à la moyenne française en général. Je ne suis pas un défenseur de HHH et je reste convaincu par une immigration libre.

    Je ne suis pas très convaincu de ces "deux catégories d’immigrés" dont l’une ne chercherait qu’à profiter des aides abondantes, je pense que tous cherchent vraiment à s’en sortir par le travail et leurs motivations sont sincères. Seulement, une fois arrivés la réalité les rattrape, et le simple fait qu’ils ne soient pas légaux et n’ont pas le droit de travailler rend leur tâche plus difficile pour survivre. Je ne suis pas contre l’octroi du permis de travail pour tous (pour moi la notion de permis de travail est d’ailleurs un peu absurde, pourquoi pas un permis de respirer de l’air tant qu’on y est?), ça peut déjà les aider.

    Je pense que le problème est un problème de circulation imparfaite de l’information dans notre monde malgré les formidables avancées technologiques ces dernières années, et qu’il y a encore un peu partout dans le monde des gens qui croient que la France est un El Dorado. A cause de ce problème d’information, des gens ne sont pas pleinement responsabilisés lorsqu’ils décident d’émigrer.

    Il faut qu’on ait le courage de regarder la réalité en face, je suis d’accord pour dire que certaines expulsions médiatisées sont scandaleuses, ces expulsions de jeunes lycéens, étudiants, de travailleurs qui ont un foyer, etc.

    Mais que faire pour tous ceux qui n’ont nulle part où vivre, qui ère un peu partout et qui ne peuvent même pas rentrer chez eux car pas assez de moyens et qui ne sont même pas assistés par la charité privée? Je trouve étonnant qu’on parle souvent des sans-papiers honnêtes et intègres qui se font expulser et qu’on ne parle jamais de ces sans-papiers qu’on découvre à peine avec cette affaire de la CGT qui sont très nombreux. Ces sans-papiers qui squattaient la Bourse du Travail et qui ont été éjectés, les media ne parleront plus d’eux, et moi je suis sûr à 100% que certains d’entre eux se retrouveront quelque part perdu à Aubervilliers ou squatteront autre chose loin des caméras.

    Je reconnais que j’ai peut-être été un peu dur en parlant d’expulsion, mais franchement je ne vois pas ce qu’on peut faire d’autre. Il faut avoir le courage de dire que nos politiques d’immigration sont injustes et ne visent pas les bonnes personnes!

    Avant j’avais du mépris pour les racistes et ceux qui votent pour l’extrême-droite car je pensais que c’était un retour logique des choses: ils me méprisent je les méprise. Mais bon, une fois qu’on voit sur le terrain comment certains doivent supporter au quotidien, je comprends leur choix et j’ai appris à aimer ceux que j’ai détesté, ces quelques années à Aubervilliers m’ont appris beaucoup de choses sur le plan humain. Aujourd’hui je réside dans un lieu tout aseptisé où tous ces problèmes sont abstraits pour la majorité des gens, j’ai grandi aussi dans les quartiers pauvres de Paris multiethniques où Juifs, Asiates, Musulmans et autres ont dû être obligé de cohabiter ensemble, il y avait aussi des problèmes ici et là dont des problèmes d’immigration illégale. Mais c’est sans commune mesure avec ce qui se passe ailleurs et en particulier dans nos banlieues de nos jours!

    Je suis très triste de quitter la France dans peu de temps sachant que tous ces problèmes, qu’on connaît depuis si longtemps, existent toujours. Excuse-moi h16 si je pollue ton blog, mais j’avais besoin de m’exprimer, je ne me suis jamais vraiment exprimer sur le sujet même irl. J’en profite car bientôt je ne pourrai plus parler politique sur internet car dans le pays où je serai l’Etat contrôle internet 😀 Et aussi désolé du hors-sujet, je sais bien que le sujet principal est la violence de la CGT 😉

  30. Phantom

    Je ne verrai plus jamais les lunettes de piscine et les ventilateurs de la même façon 😀

  31. carole

    La CGT a vu Rouge.
    Ils s’en tapent complètement des sans-papiers. Ils se rendent tout simplement compte que tous ces gens n’adhéreront pas au parti. Donc ils sont absolument inutiles.
    Le peuple gronde en France, les emplois vont continuer de filer. Et que va faire la CGT, elle ne va plus s’occuper des sans-papiers, mais elle va essayer de sauver les meubles en simulant un intérêt pour ceux qui vont perdre leur emploi (le privé). Eh oui, il faut bien raccoler comme on peut !

    Cela me rappelle, il y a quelques mois (vu sur TV5 monde), des vrais faux sans papiers avec des badges CGT collés sur la poitrine.

  32. RaF

    "Ah, franchement, moi, je vous le dis : si la CGT commence à employer des moyens digne d’une police de répression, ce pays est foutu !"

    Perso j’ai pas attendu ce problème pour m’en rendre compte et fuir!

    Raf installé au Québec depuis un an et demi et tellement bien loin de la France et tous ces problèmes !!
    Ce qui ne m’empêche pas de bien penser à vous !! Courage !

  33. Aurelien

    Quelqu’un a leurs coordonnées ? Je connais un couple de petits vieux qui louent un petit appartement mais dont les locataires ne payent plus de loyer depuis des années. La police ne veut pas intervenir parce qu’il n’y a pas trouble de l’ordre public. Ils veulent bien adhérer à la CGT si elle les aide avec sa milice. Ils acceptent même de porter des lunettes de piscine…

  34. Effectivement, je trouve qu’il y a pour la CGT un filon commercial à creuser. Ca pourrait devenir intéressant financièrement, leur histoire : ils ont de moins en moins d’adhérents, autant se rattraper avec des … clients, non ?

  35. corto74

    Hello,
    Dites moi les intellos de chez Kiwi’s, il y en aurait un pour m’expliquer le quasi-silence des médias sur cette expulsion musclée ?
    Fort à parier que si c’était la police de Nicolas qui avait été à la manoeuvre, on ne parlerait que de ca aux infos , non ?
    biz

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