Quand le Calva se moque de l’alcool de la Vodka

Tiens, le PS a eu une idée. Et c’est de l’idée en béton armé : on va tout faire comme d’habitude. Deux fois. Avec beaucoup de sauce.

Après de mûres réflexions et un silence opaque pendant ces derniers mois, le Parti Socialoïde a fini par proposer quelque chose concernant la réforme des retraites.

Pour ceux qui ne s’en souviendraient pas, le système de retraite français, entièrement basé sur la répartition, marche si bien qu’on le réforme tous les deux ans à grands coups de débats nationaux agités, de cris, de larmes et de vitupérations politiciennes. Il marche si bien qu’il ajoute déficit sur déficit depuis plusieurs années. Il marche si bien qu’il est chaudement recommandé par tous les autres pays du monde qui s’empressent de ne pas le copier. Et il marche si bien que toutes les huiles du gouvernement et de l’opposition se sont penchés à son chevet dès que les signes d’une petite toux et d’un début de fluxion se sont fait sentir.

Fébrilité, agitation, nervosité sont donc les termes qui reviennent le plus souvent dès qu’il est question des retraites en France et on comprend très bien pourquoi la dame Aubry se sera bien gardée de lancer des propositions à la va-vite il y a deux mois, alors que tout le monde semblait prendre conscience qu’un chouilla de début de soupçon de petit souci commençait à poindre pour l’avenir des pensionnés du pays.

En outre, on se souvient que, pendant que Martine réfléchissait très fort avec ses petits coopains, Eric Woerth sortait l’artillerie lourde pour nous pilonner de ses idées lumineuses sur la retraite, la société citoyenne responsable et les petites papouilles qu’on se devrait de faire intergénérationnellement parlant.

Mais devant une telle masse de propositions savamment dosées et si puissamment pensées, le Parti Socialade ne pouvait pas rester muet. Et mercredi, Martine a cogné. Comme dit en introduction, c’était du lourd, du dur, du méchant. On refait comme d’habitude : on va augmenter les impôts.

Aubry a la pêche !

Et pour justifier cette crépitation frénétique d’impôts tous azimuts, on entonnera l’antienne indéboulonnable de La Retraitassoissantans, posée comme principe d’airain de la République Une et Indivisible, lumière du monde moderne, en 1981, et par Tonton lui-même.

Concrètement, il s’agira donc de taxer le capital, imposer les riches, taxer les riches et imposer le capital.

Et comme le dit Martine, «On ne dit pas que c’est facile. On dit qu’il y a un vrai problème mais qu’il ne faut pas le dramatiser». D’ailleurs, aucune raison de dramatiser de nouvelles ponctions, même si elles seront très insuffisantes pour combler les trous abyssaux qui se forment chaque minute dans les comptes sociaux. Aucune raison de faire paniquer les salauds de riches qui vont payer : ceux qui ont des assurances vie, ceux qui ont un intéressement dans leur société, ce sont tous, forcément, des (salauds de) riches. En plus, ça tombe bien : avec ces définitions, ils sont des dizaines de millions. Population nombreuse, ponction notable : plein de sous-sous dans la popoche, et les retraites seront sauvées.

Au moins jusqu’en 2025.

Un système par répartition qui fonctionne donc très bien et qu’on doit réparer une fois tous les trois ans et dont l’espérance de vie une fois le patch appliqué est de 15 ans. Peut-être.

Ce serait une centrale nucléaire, on comprendrait la nervosité des gens chargés d’aller y travailler.

Mais ce n’en est pas une. En réalité, d’après le gouvernement, c’est plutôt une bombe atomique. Dans le style inénarrable de l’actuel auteur de fictions pour enfants et anciennement ministre du travail, cela donne :

«Nous sommes favorables à des ressources supplémentaires mais la proposition du parti socialiste est un choc fiscal sans précédent, c’est 20, 30, 40 milliards d’euros de fiscalité et de cotisations en plus»

On appréciera la précision millimétrée de la déclaration : entre 20 et 40 milliards (plus ou moins 50%) d’impôts en plus. Et à coups de 20 milliards par ci, 40 milliards par là, rapidement, on parle gros sous.

Espace à louer. Contacter le ministère.

Tout ceci est fort drôle.

D’une part, d’un côté comme de l’autre, on sent l’agitation prendre comme une mayonnaise savamment secouée : l’enjeu des prochaines élections présidentielles est à l’esprit de chacun de ces gentils clowns qui ne comprennent dans l’urgence de la réforme que son côté politique et les bénéfices électoraux qu’ils seraient capables d’en retirer.

Il va de soi qu’avec de telles « réformes », tant pour la droite que pour la gauche, on ne résout pas le problème et ils en conviennent tous : dans quelques années, on devra remettre ça, comme d’habitude. Autrement dit, c’est un mauvais moment à passer, plusieurs fois. Mais, et c’est là l’important pour nos bivalves en charge, les bidouilles et petites décorations à la marge permettront à l’édifice, pensent-ils, de tenir au moins jusqu’en 2012. Ils sont sauvés.

Après cette date, peu importe, les jeux seront faits.

D’autre part, il est piquant d’entendre les cris d’orfraie des ministres devant les propositions du PS, pleurnichant sur l’avalanche de taxes et d’impôts qu’elles explicitent ou sous-entendent, alors que, depuis trois ans, c’est une véritable foire à la taxe facile, un festival d’impôts nouveaux et une déroute budgétaire qui donne une assez bonne appréciation de leur capacité naturelle à gérer une tire-lire.

Comme le résume assez bien un éminent blogueur dans un billet fourre-tout, ce sont « Des arguments petits de la part de gugusses qui ont créé 19 taxes en trois ans (peut-être un peu moins, leurs textes sont généralement recalés par le Conseil Constitutionnel). »

Bref : tout s’additionne pour peindre un tableau sans équivoque.

À droite comme à gauche, les politiciens se moquent du peuple qui, pourtant, continue de voter un peu pour eux : ils n’ont aucune solution pratique et opérationnelle pour réparer correctement et en profondeur un système pourri jusqu’à l’os ; ils savent pertinemment que les patchs et autres cautères qu’ils veulent appliquer ne permettront au cancéreux de ne tenir qu’une paire d’années au mieux ; et ils continuent, sans la moindre vergogne, à ne viser qu’une seule échéance: celle qui leur permettra de continuer à vivre au frais de la princesse avec la caution démocratique.

C’est pathétique.

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Commentaires22

  1. Marc

    Sympa l’article, et une petite suggestion d’ailleurs, serait il possible étant donné la rigueur drastique sur les dépenses de l’état ( hum hum) de publier de temps en temps des dépenses un peu farfelues que l’on découvre ? Pas forcement de petit texte, mais juste un rappel des faits histoire de montrer la politique drastique de notre cher Sarkozy ? 😀

  2. Alex6

    Surtout que s’il suffisait d’augmenter les impots pour augmenter les recettes fiscales, ca se saurait. La Martine doit vivre dans un univers ou la ponction fiscale n’influence pas la creation de valeur (la vraie, pas la bidouille politique), pas de probleme on peut donc taper dans le pot de confiture sans fond.

    Pour moi c’est plie, il n’y aura pas de retraites pour les jeunes d’aujourd’hui. Ca risque de faire des decus…

    1. Mr T

      Pour les jeunes ça devrait aller ils auront encore la possibilité de rattraper dans une certaine mesure, c’est pour ceux qui se rapprochent doucement de l’âge de la retraite que je me ferais du mouron.

    2. Bah, quand ils le seront, ils ne seront plus des djeuns. Et les vieux déçus, ça ronchonne un peu, mais c’est tout. En outre, ceux qui gouvernent actuellement seront alors partis depuis bien longtemps.

  3. ValLeNain

    Ce pays est foutu ?
    En tout cas, l’article paru dans le 20minutes proposait un graphique tout à fait splendide dans lequel le PS disait vouloir « ne pas toucher à la retraite à 60 ans mais inciter les gens à travailler plus », taxer les banques et les capitaux, et pour le problème des seniors, il fallait un « accompagnement des séniors », comme mesure, c’est net précis concis !

  4. GM

    On pourrait relever au passage les remous provoqués par l’intervention de DSK sur France 2 hier, qui s’est mis à proférer des blasphèmes en concédant ne pas être plus fanatique que ça du dogme d’une retraite systématique à 60 ans, provoquant un certain nombre d’ulcères et autres os de poulet coincés en travers de la gorge, surtout à gauche de la gauche.

    On a même du faire délivrer en urgence un certificat de non-libéralisme par un médecin agréé, Cambadélis en l’occurrence.

    Mais ma préférée reste le commentaire de Méluche, qui dénonçait vertueusement ces « ritournelles sans imagination de l’idéologie libérale ». Il est vrai que les utopistes sont quand même beaucoup plus attachants que ces vilains réalistes bassement pragmatiques, au point qu’on les laisse depuis des années tester leurs fantasmes sur des sociétés de plusieurs millions de personnes, avec le brillant succès que l’on sait.

    Sinon pour en revenir au billet, miam miam la compétitivité du pays. Ça devrait croisser dur vers 2013-2014, décidément. A votre avis, si on fait la proposition maintenant sur le site des Coopains, il y a une chance de faire passer la création d’un Ministère de l’Expatriation pour le prochain mandat? En même temps que celle d’une agence de notation nationalisée qui elle au moins garantira le triple A du pays pour les 50 prochaines années sans conditionnelle, aussi. 

    1. Triple A ? Allons, avec une agence nationale, on aurait droit au quintuple A. Comme l’andouille.

  5. adnstep

    Lu ce matin dans Sud-Ouest, l’interview d’un syndicaliste CGT a qui on demandait son avis sur le financement des retraites : « Il suffit d’augmenter les impôts des riches et des entreprises ».

    Le journaliste ayant osé un : « Mais augmenter les contributions des entreprises, ça va les faire couler ou les faire fuir ? » notre brillant économiste répond : « De toute façon, elles coulent déjà, alors c’est pas un peu plus d’impôt ça qui va changer quelque chose ».

  6. Théo31

    Dans la rubrique taxons le capital du Figue à Raw je lis :

    « augmentation de 0,5% de la taxation de la valeur ajoutée »

    Depuis quand la VA est-t-elle un capital ?

  7. bibi33

    h16 vous pratiquez l’arithmétique socialiste maintenant?

    Entre 20 et 40 Milllliards ca fait 30+-33%.

    1. JG2433

      Passer de 20 à 40, c’est doubler la valeur de départ.
      Cela revient, pour l’amener à 40, à augmenter cette valeur de départ de 100 %.
      Comme écart, ce n’est pas rien !

      1. Pierre

        Non.

        Les scientifiques donnent des mesures à +/- X pourcent, mais les politiques donnent des budgets à + X pourcent uniquement. Par exemple, le projet est budgeté à 1 milliard +100%, donc il en coûte 2, à cause de la marge d’erreur « structurelle », plus les impondérables, donc trois ou 4.

        Il y a quelques cas particuliers quand c’est toi qui touche le pognon, par exemple quand les caisses seront vides on te versera des allocs de 1000 € -100%, donc tu ne touches rien, mais il y a aussi la marge d’erreur structurelle de l’administration, qui fait que 6 mois plus tard on te fait un prélèvement pour trop perçu…

    1. Hoho

      C’est pour empêcher les gens de dire que monsieur Jean-Louis Masson est un crétin qui porte des cravates moches.

    2. Oui, j’ai vu passer ce truc là. Et il y a une probabilité non nulle que la loi passe…

      1. Joe

        Elle ne s’appliquera qu’aux résidents français, pour changer. Les hébergeurs offshore vont encore se faire des couilles en or…

        1. Mr T

          Bah, tant mieux, tout ce qui peut représenter un manque à gagner pour l’état est bon à prendre 🙂

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