La réalité dépasse parfois l’affliction. Pour la société française, rien n’est trop gentil, trop doux, trop cotonneux pour s’assurer que chaque citoyen sera totalement dépourvu de toute aspérité, de toute solidité et la progression méthodique et étouffante de la République du Bisounoursland marque, cette semaine, une avancée significative : c’est maintenant officiellement que différentes associations de parents d’élève veulent interdire les notes à l’école.
Cette fois-ci, rendons à César ce qui est à César : l’idée ne vient pas de l’Éducation Nationale elle-même, encore que sa structure permette intrinsèquement l’émergence de demandes ridicules de cet ordre. Ce sont bien les associations de parents d’élève, l’Apel, la FCPE, la PEEP, qui ont demandé la suppression du système de notation tel qu’il existe actuellement.
Si l’on s’en réfère à cette dernière proposition, on a vraiment l’impression que ces associations sont en lutte permanente pour la production d’invertébrés toujours plus mous : elles n’en peuvent plus de ces notes qui stigmatisent et discriminent les élèves.
Stigmatiser, le mot à la mode, est lâché. Et chacun sait que stigmatiser, c’est faire du mal. Or, dans la nouvelle République du Bisounoursland, faire du mal, aussi bien physique que psychologique, est une horreur absolue qu’il faut éviter ; et comparer, établir un classement, c’est faire du mal.
Et pour ce qui est de discriminer, chacun sait, maintenant, que dans toute république réellement citoyenne et égalitaire, cette action est à proscrire avec la plus grande fermeté : tout se vaut, ou à peu près, et la force des bisous appliqués avec vigueur, détermination et obstination, même contre le mur râpeux de la réalité, doit absolument venir à bout de toute velléité de regarder la réalité en face.
Le but d’une telle suppression, hormis l’arrêt de cette abominable stigmatisation qui fait mal tout partout à l’égo de l’élève, est surtout d’éviter que les élèves les moins bons soient découragés… Et quand on y réfléchit, le fait de ne plus produire aucune note résout effectivement le problème. Non pas que les mauvais ne se décourageront plus, mais bien qu’ils ne sauront plus qu’ils sont mauvais. Ni leur professeur, pour le coup, puisqu’il lui sera alors tenu de ne plus considérer les disparités de niveau au sein de sa classe.
Poussant le raisonnement jusqu’au bout et n’ayant pas peur du ridicule, ces associations proposent donc de remplacer les affreuses notations par un contrat de confiance (le terme est bel est bien d’eux) : on lutte contre l’abominable discrimination que notre société de compétition acharnée tente d’installer jusque dans le sanctuaire de l’école, mais on en utilise sans vergogne les codes et les slogans publicitaires.
Ce contrat de confiance, en pratique, revient à travailler avec les élèves sur un échantillon donné d’exercices, et piocher dans ces exercices déjà faits pour le contrôle. Autrement dit, le contrôle porte donc sur des questions déjà lues, déjà répondues, déjà corrigées. Les enseignants qui pratiquent cette « méthode » sont heureux de constater une hausse significative des moyennes… On s’étonne seulement que celles-ci ne plafonnent pas au maximum : il y a donc des élèves qui, même travail mâché et réponses fournies, ne parviennent toujours pas à s’impliquer suffisamment pour reproduire mécaniquement ce qu’ils ont déjà vu.
Oh, certes, on me rétorquera qu’il existe toujours des gens moins doués que d’autres et que même un exercice simple de reproduction est parfois inatteignable pour eux. Dans ce cas, c’est bien l’exercice lui-même qui ne convient pas, voire le système scolaire dans son ensemble, et non le système de notation…
Mais en réalité, comme on peut le constater avec les lubies et demandes diverses qui émaillent de plus en plus la vie de l’enseignement dans ce pays, ce que ces parents veulent, finalement, n’est pas un système qui permet d’instruire les élèves. Ce que veulent ces citoyens frétillants, égalitaires et violemment pacifiques, c’est un mélange entre une garde-chiourme et une fonderie républicaine où chaque élève ressortirait, totalement torché, langé, nettoyé, propre et lisse, avec exactement les mêmes capacités, les mêmes bagages et – bien évidemment ! – les mêmes chances que son petit camarade.
Dans la vision étonnante de ces personnes, il n’y a rien de plus insupportable qu’un système permettant de définir les capacités des élèves. Mieux vaut ainsi distribuer un diplôme qui ne vaut même pas le papier sur lequel il est imprimé que de montrer la froide réalité en face : non, tout le monde n’est pas apte à aller à l’université, non, tout le monde n’est pas capable de viser le ciel.
Et surtout : tant mieux ! Le monde ne peut pas fonctionner rempli uniquement de philosophes.
On retrouve dans cette idée de vouloir supprimer les systèmes de notations les mêmes présupposés naïfs et agaçants qui ont consisté pendant des années (et consistent toujours) à placer les enseignements manuels en retrait des autres enseignements, les lycées techniques en dessous des lycées généraux, les diplômes tels que les CAP, les BEP et tout ce qui a, finalement, trait aux filières techniques et manuelles en dessous des filières dites nobles, scientifiques ou littéraires. Les bien-pensants de France adooooorent leurs petits commerces, plébiscitent leur terroir, s’entichent d’aimer les petits artisans locaux, mais ne peuvent supporter que leurs enfants ne visent pas Polytechnique ou l’ENA.
Mais la réalité leur revient pourtant dans la tronche régulièrement.
Moins les élèves sont discriminés, moins ils sont notés, plus ils s’en donnent à cœur joie, hors des systèmes égalitaristes lénifiants et mollassons, pour réintroduire, parfois sauvagement, cette compétition et ces classements dont ils sont écartés ailleurs.
Comme à l’école, il n’y a plus aucun mauvais, il n’y a plus aucun bon non plus, on s’empressera de retrouver une hiérarchie à l’extérieur. Sans même aller chercher dans les faits-divers les plus tristes ou les plus violents, il n’est qu’à voir le temps passé sur les jeux vidéos par nos chères têtes blondes pour comprendre qu’ils ont, finalement, très bien compris que la vie n’était que compétition et classements. Rare sont les jeux vidéos où les notations, points, expériences, rankings et autres classements sont absents ! Et pourtant, vu leur succès, on doute réellement que les jeunes se sentent terriblement stigmatisés par ces systèmes.
Certes, l’école n’est pas un jeu vidéo, mais cette remarque permet de comprendre que les classements, les compétitions et les discriminations font partie de la vie normale et que c’est, en réalité, le rôle de l’école de préparer et faire comprendre cette réalité aux élèves qui lui sont confiés ; si les métiers manuels, le redoublement, et tant d’autres éléments qui forment les tabous du système scolaire français n’étaient pas systématiquement stigmatisés actuellement, les élèves accepteraient une orientation qui conviendraient à leurs capacités.
Mais admettre que les élèves ne sont pas égaux, que tous ne peuvent pas devenir pompier ou astronaute, c’est donner prise au réel, renoncer, quelque part, à la société du rêve qu’on peut se construire à coup de contrats de confiance et autres salves de petits bisous sympathiques, de novlangue débridée où les sanctuaires ne stigmatisent pas, où la discrimination et la compétition disparaissent dans un grand tourbillon joyeux des couleurs chamarrées de la diversité festive.
Evidemment, renoncer à cette société joyeuse et colorée, ce n’est pas envisageable.
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A noter sur le même sujet : le billet de David Desgouilles, dans Causeur.
J’avais noté cette info cette semaine, pas grand chose à ajouter à votre billet. Juste, cela fait écho à une initiative vielle de quelques mois, ou les élèves seraient payés pour leur assiduité. C’est fort!
Tout ce ceci est consternant. Et pendant ce temps en Asie et dans les pays émergents, ca fonce…
Pas que les jeux vidéos. Je pense qu’ils apprécieraient moins le basket sans les paniers, le hand sans les buts ou le tennis sans le filet et sans les lignes.
Je me demande qui ces associations représentent. Je ne connais pas de parents qui sont contre les notes.
Voilà enfin un système qui poussera les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes et de montrer de quoi ils sont capables ! J’espère qu’on leur donnera un gouter à 10h aussi, et puis qu’on arrête de les gronder, on devrait retirer les heures de colle et les punitions… et en avant les Télétubbies !
Il faudrait rappeler à ces parents que lorsqu’on passe le CAPES ou l’agrégation ou le concours d’entrée en médecine, on passe des concours où la compétition est féroce, où les coups les plus bas sont pratiqués.
Quand j’étais contractuel, j’étais obligé de relever les notes pour ne pas avoir d’emmerdes avec la direction et les parents, pour éviter d’avoir à dire aux parents que leur progéniture était nulle.
C’est mou.
Pourquoi ne pas franchement eliminer l’enseignement? Puis on donne le meme diplome a tous, puis le meme boulot (pillule bleu: technocrate, pillule rouge: fonctionnaire) Une vie millimetree des langes au cerceuil, voila ce qu’il nous faut!
Aldous le visionnaire, encore et toujours!
A quand la suppression de ces officines? Quand on atteint un tel degré de bêtise, je pense qu’il est urgent de s’auto-dissoudre…
marrant comme proposition dans un monde qui nous mouline du sport et du classement sans arrêt…
Prochainement, le poker se jouera avec un jeu de 52 as (de coeur).
« entre défection et défécation il n’y a qu’un « ah » de résignation. » (Pierre Desproges)
Cette idée de supprimer tout feedback pour l’élève, je veux dire l’apprenant, qualifiant ses efforts pour le laisser libre d’ajuster ceux-ci suivant ses capacités et intérêts, on la trouve très tôt chez Ziglou, je veux dire Albert Jacquard (« Mon utopie »). Car, oui, un classement n’est pas établi dans des circonstances absolues, mais sur la prestation de l’instant. Et la réussite (ou non) à l’école n’est pas un équilibre statique, mais un déséquilibre dynamique, comme la marche ou la course.
En supprimant les notes et classements les associations de parents d’élèves cherchent bêtement à faire partir tout le monde de la même ligne pour arriver en même temps à la même ligne d’arrivée, mais le résultat c’est que tout le monde a les deux pieds liés et fait du sur-place.
Tout ça vient, entre autres, des théories fumeuses d’un certain Pr Antibi qui a sorti en 2003 un livre à compte d’auteur : « La constante macabre ».
Pour résumer en une phrase :
« Par « Constante macabre », j’entends qu’inconsciemment les enseignants s’arrangent toujours, sous la pression de la société, pour mettre un certain pourcentage de mauvaises notes. Ce pourcentage est la constante macabre[1] »
Quand j’en ai entendu parler la première fois j’ai cru à une blague tant tout ce charabia est contredit par les faits (% d’une classe d’âge atteignant le bac, % d’une classe d’âge obtenant un diplôme de l’enseignement supérieur) sauf à considérer :
– Une baisse du niveau moyen, ce qui est certain, mais le seul hic est que les défenseurs de cette histoire de constante macabre sont ceux qui nient le plus farouchement toute baisse de niveau.
– Un notation plus que tolérante, ce qui est certain aussi, mais totalement contraire au postulat de base de cette théorie.
Bref, si constante macabre il y a en bisounoursland elle était encore bien plus présente il y a 30 ans, et encore bien pire avant mai 68.
Le plus rigolo, peut-être, a été de lire le CV de ce professeur si farouchemenrt opposé à toute sélection. Une vrai caricature de ce que peut produire de plus sélectif le système qu’il dénonce!
Je dis « rigolo peut-être » parce que ce qui l’est moins est que le Mr et ses sbires font un lobbying terriblement efficace auprès des associations de parents d’élèves mais aussi des plus hautes instances de la république des bisous et qu’ils voudraient voir étendue leur analyse et appliquées leurs solutions bien au delà de l’ednat:
http://mclcm.free.fr/
Vous noterez bien que les « coupables » ne sont ni les élèves , ni les parents, ni les enseignants, mais la SOCIETE.
Je vous laisse imaginer les conséquences d’une telle découverte.
ben j’ai travaillé dans une école Freinet, où il n’y avait pas de notes jusqu’au CM2, j’avais en même temps un CM1 dans cette école et un CM1 dans une école ordinaire (public), eh bien, honnêtement, l’absence de notes m’a carrément convaincue: dans l’école ordinaire, c’était la croix et la bannière pour leur faire écrire une pauvre phrase sur un sujet, et dans l’école Freinet, ils écrivaient une feuille double à leur correspondant, hyper bien structurée, pour se décrire.
En plus, je sortais d’une formation en RH, dont le stage m’avait conduite à faire un audit au sujet de la formation professionnelle (dans une banque) et où le résumé des réponses des adultes concernant la formation c’était « on a passé l’âge d’avoir des 5/20! »: ils allaient vers les formations non diplômantes bien qu’il n’y ait aucun avantage financier, et ils délaissaient les autres formations à cause du stress des notes, ce qui entravait leur reclassement.
je crois qu’il y a d’autres moyens pour évaluer les enfants que des notes: on peut évaluer ce qu’ils savent déjà faire et ce qu’ils ne savent pas encore, le garder pour nous, et leur donner une nourriture intellectuelle adaptée au niveau où ils en sont. On peut aussi rendre l’apprentissage moins pénible simplement par une reconnaissance affective. (non, je ne parle pas de pédophilie!!): ils y sont sensible, et ça peut rester toujours positif. Ensuite, pour les trucs qui ne mes bottent vraiment pas, on peut mettre en place des récompenses (ça peut être des autorisations supplémentaires pour certains jeux, par exemple: ça marche très bien avec les autistes, et je crois qu’on l’est tous un peu parfois…) et réserver les punitions aux cas où il y a une faute (même si la faute est le manque de travail), mais sanctionner les résultats alors que tout le monde n’a pas les mêmes capacités, c’est injuste, et du coup, ça ne fonctionne pas. ça dévalorise et ça casse, moralement,les moins bons. Et après, on n’en tire plus rien.
enfin, bon, je suis en primaire, ça dépend peut-être des âges. Mais j’aimerais mieux des sortes de modules qu’on valide ou non, et qui correspondent à des compétences précises, histoire que les enfants aient l’impression (et ce serait réel) qu’ils capitalisent quelque chose, un peu comme les scouts avec les écussons: c’est de l’évaluation positive, et ça motive sans casser.
Si la méthode Freinet est si chouette, pourquoi n’existe-t-elle pas partout ?
Attention à ce genre de raisonnement 😉
Si l’étalon-or, si le libéralisme, etc. 😀
(cela dit je ne connais rien de la méthode Freinet)
Je vois là surtout un « effet d’adhérence » typique.
Posez-vous une question: est-ce que c’est parce que les enfants sont dans cette école qu’ils sont doués, ou le contraire ? Je vous donne un exemple « d’effet d’adhérence »: si vous annoncez au monde entier que les aubergines donnent le cancer, avec une vague corrélation d’étude épidémiologique à l’appui (c’est pas dur à trouver) et que vous laissez mariner la machine médiatique une dizaine d’années (apparition de produits marketés comme « aubergine-free », etc.), vous pourrez constater que ceux qui mangent moins ou pas d’aubergines ont effectivement beaucoup moins de cancer que les autres… tout simplement parce que les gens qui prennent soin d’eux-même auront plus que les autres tendance à suivre le conseil (erroné) d’éviter les aubergines.
Eh ben c’est souvent pareil avec l’instruction des enfants.
Par ailleurs, ce que je lis dans la description de la pédagogie Freinet est très proche du homeschooling / unschooling prôné par les libertariens les plus forcenés (comme moi :D). Un feedback vers l’enfant, sous forme de note ou tout autre chose, est de toute façon indispensable pour qu’il ou elle puisse trouver sa place.
Dans une école qui fonctionnerait bien, sans violence, sans échec, avec un niveau moyen en augmentation, peut-être l’expérience mériterait d’être tentée. Dans le contexte actuel ça ne semble pas prioritaire.
Ce qui me dérange énormément dans cette proposition c’est qu’en fin de compte ceux qui risquent de s’en sortir le mieux sont toujours les mêmes : les plus forts/malins. On rétablit le vieil ordre naturel que cette « réforme » serait censée balayer. Il y a quelque chose qui m’échappe.
non, là, c’étaient les enfants du village, vraiment des famille simples et qui n’avaient pas choisi. le village était à 40 mn du chef lieu, c’est trop pour choisir d’y mettre son gamin de moins de 10 ans.
@h16
chut, malheureux : tu pourrais leur donner des idées !!!
parce que c’est très coûteux en travail!
chaque jour, le maître doit vérifier où en est chaque élève dans chaque matière (enfin, sauf l’histoire et les sciences nat, car c’est fait sous forme d’exposés, dont le but est plutôt d’apprendre à se documenter et à organiser ses résultats) pour lui proposer un exercice qui va plus loin, qui approfondit ou qui revient sur des notions de bases, et ça prend un temps effroyable compte tenu du nombre de matières et de trucs à ingurgiter à chaque niveau. Il existe des fichiers qui recensent ça et balisent la route, mais ça prend du temps de se les approprier, et les instits préfèrent fabriquer une côte mal taillée mais identique pour tous les élèves. sur le long terme, l’investissement Freinet est rentable, mais pas sur le court terme. Or on commence souvent sa carrière par des remplacements, ou on change chaque année de poste et de niveau, alors ça calme.
Par ailleurs, il faut que toutes les classes de l’école fassent la même chose, car les élèves doivent devenir autonomes, mais ça demande là aussi un apprentissage.
donc il faut que ce soit insufflé par un directeur et que les instits soient tous d’accord. dans mon département, seules 2 écoles ont réussi à faire ça.
Mais ça donne vraiment des gamins heureux, il y a vraiment de très bonnes choses: les gamins, à 8h20, n’allaient pas jouer dans la cour, ils montaient en classe et regardaient tout de suite ce qu’ils avaient à faire dans la journée et allaient chercher les fiches ou les documents dont ils allaient avoir besoin, et ils démarraient leur travail, comme si c’était leur travail à eux, et pas un travail qu’on leur avait imposé! Ce qui ne les empêchait pas de jouer aux autres récréations. Mais leur curiosité était éveillée.
je crois que c’est réalisable dans le privé. Cela dit, je ne connais pas la méthode Montessori, mais on m’en a dit aussi du bien et je crois que le privé s’est plutôt orienté vers ça.
en tout cas, c’est à creuser. Même si on n’en prenait que ce qui est vraiment bien et acceptable en termes de travail, je crois qu’on peut s’en servir pour que les enfants soient mieux respectés. Mais il faut absolument capitaliser les méthodes et les partager pour que tout le monde n’aie pas à réinventer la poudre chaque jour: c’est ce qui tue le public: chacun refait tout tout seul (alors que ça a déjà été fait), et en moins bien! j’aime encore mieux les cours St Anne ou Atmer.
Un défaut de la méthode Freinet, c’est qu’elle avait (à cause de l’époque) en général inclu la méthode globale pour apprendre à lire et écrire. ça déliait l’écriture, qui devenait plus facile, moins technique, plus liée au sens, mais du coup moins précise sur le plan de l’orthographe, car trop liée à la mémorisation. (c’est trop du n’importe quoi, la méthode globale, quand même: dans l’école « pas Freinet » où j’étais cette année, j’ai eu un CM1, bon élève, qui avait lu « marteau » au lieu de « tournevis »: ça a sonné pour moi le glas de cette méthode, que de toutes façons je n’avais pas eu l’occasion d’enseigner avant: je suis restée pure de ce péché-là!)
Tres interessante analyse,
j’ai juste un doute de savoir si les benefices sont vraiment lies a l’absence de notation ou tout simplement au fait qu’on passe beaucoup de temps avec les eleves et que l’on fait un suivi personnalise ‘sur mesure’
Durant une expatriation j’avais le fils d’un ami qui etait dans une ecole de son entreprise alors que mon fils etait dans une autre ecole. Son fils avancait incroyablement plus vite pour apprendre a lire, ecrire et compter. Le truc c’est qu’ils etaient 4 dans sa classe pour deux professeurs alors il y avait un suivi personnalise.
Essayer d’appliquer des methodes de suivi personnalise (comme la suppression des notes pour l’evaluation du niveau) quand on est un professeur d’une classe de 30 eleves c’est courir a la catastrophe.
euh, là, ils étaient 30 par classe avec deux niveaux dans chaque classe (village oblige).
Mais oui, l’équipe était super impliquée, et ils travaillaient sûrement plus qu’ailleurs, et ça pourrait suffire à faire une grosse différence. c’est sûrement le principal élément. Mais le principe de faire avancer les enfants en leur donnant quelque chose de leur niveau plutôt qu’en leur donnant des bonnes ou mauvaises notes, je crois que c’est juste.
Ensuite, les notes, c’est quand même pas le martyre non plus, mais c’est toujours les mêmes qui ont les mauvaises, et pas parce qu’ils travaillent mal (moi, j’étais toujours première en fichant rien!), mais parce qu’ils n’ont pas les capacités, et ça c’est pas juste, c’est vrai.
Cela dit, les parents qui râlent contre les notes injustes, je vomis. Parce que c’est pas leur boulot, et surtout, ils sont tout sauf objectifs! un instit ou un prof a plus d’objectivité, parce que les gamins, en général, on les aime vraiment tous. peut-être même parfois surtout les plus en difficulté.
(ou cotte…)
tu n’as rien compris, alors tu traites les progressistes de bisounours.
les méthodes alternatives comme les écoles Montessori ont des résultats objectifs et quantifiables.
mais effectivement elle nécessite des super profs, qui y croient et qui sont compétents.
« pourquoi ce n’est pas appliqué partout? » as tu déjà essayé de proposer un changement au « Mamouth »?
maintenant on peut aussi continuer avec une des plus mauvaises écoles d’Europe en se gargarisant d’un « Liberté Egalité Fraternité » de pacotilles quand des millions d’enfant vont à l’école la peur au ventre et sont dégoutés du bonheur d’apprendre par des pratiques d’un autre temps.
amicalement, un bisounours 🙂
@do: merci! 🙂
« tu n’as rien compris » : oui, ça doit être ça.
D’un côté, plusieurs centaines d’années de méthodes éprouvées, qui fonctionnent plutôt pas mal puisqu’on a des millions de personnes qui les utilisent et qui aboutissent avec un savoir-faire et un faire-savoir (je ne parle pas de la France, ici, la méthode naturelle n’y est déjà plus employée depuis longtemps) ; la méthode de lecture syllabique, par exemple, c’est 2000 ans d’histoire et des gens qui savent lire et écrire au final. De l’autre, des méthodes alternatives, toutes plus super les unes que les autres, avec des gentils gamins épanouis, et quasiment personne qui ne les applique. L’argument du mammouth tiendrait si ces méthodes étaient effectivement employées dans d’autres pays aux institutions moins rigides (il y en a, et pour cause, les institutions françaises étant parmi les plus rigides, c’est pas très dur de faire mieux).
Bref.
On nous explique que tout ceci est génial, mais concrètement, peu, très peu de gens en veulent, même lorsqu’ils ont le choix (on parle de 2% d’une population). Je ne suis donc pas du tout convaincu. Alors, je n’ai peut-être rien compris, mais les faits, malheureusement, parlent contre ces tentatives très rigolotes mais anecdotiques.
Et pour en revenir à l’article – qui ne traite pas ni de Montessori, ni de Freinet, ni des autres méthodes super mais pour 2% de la population – la suppression des notes est réclamée pour le système actuel, dans le cadre actuel, avec les méthodes actuelles. On peut parier sur la catastrophe.
Methodes d’un autre temps, massivement utilisees de part le monde et qui aboutissent a d’excellents resultats.
Le coup du pauvre eleve terrorise par le systeme de notation c’est vraiment une plaisanterie, comme si la vie n’etait pas une constante comparaison avec les autres et la recherche de la competition.
La majorite des entreprises notent leurs employes, simplement parceque cela reste le systeme le moins subjectif. Quand je prend une claque (« morale » via une note un peu basse) de mon manager, je me remets en question et met la barre plus haut. Je pourrais aussi tenter de ne rien changer et essayer de faire disparaitre la pratique dans l’entreprise. Sortirais-je gagnant? J’en doute fortement.
Moi je suis completement contre les criteres quantifiables qui permettent de dire que les méthodes alternatives comme les écoles Montessori sont meilleures car comme le disait l’article: « Ce sont les moins bons qui pâtissent de ce système, poursuit-il, et qui se découragent très vite à cause de leurs mauvaises notes. »
Donc le mieux c’est encore de jamais essayer de se situer et de declarer dogmatiquement et sans preuve ni controle que ce qu’on fait c’est mieux. Comme ca tout le monde a confiance en soi et on n’a plus de victimes du systeme et on passe les champs d’icebergs a pleine vitesse car on est insubmersibles.
heu, le bonheur d’apprendre, il faut pas exagérer non plus: mémoriser les tables de multiplication, faire des exercices de maths, apprendre par coeur une poésie qu’on a pas choisie, lire un livre imposé, ça n’a jamais apporté le bonheur. comparé avec « jouer avec les copains dans la cour », on risque pas d’être à la hauteur. apprendre, c’est difficile, c’est contraignant, et pour les enfants, ça n’a pas toujours de sens.
Mais oui, tout ce qu’on peut faire pour valoriser, c’est bien. Et c’est bien de réfléchir à une valorisation qui ne dévalorise pas certains, d’éviter les comparaisons, les objectifs trop élevés (voyez les commerciaux!), et il peut y avoir d’autres systèmes que les notes. Mais c’est un vrai bazar quand on commence à évaluer autrement, et là, la subjectivité peut faire des dégâts aussi… pour l’instant, les notes ont le mérite d’être fiables, ou justes, si on veut, dans les examens. il ne faut pas tout jeter.
Mais apprendre, travailler sur un problème (de robinet ou de français) n’est pas le bonheur, ne l’a jamais été et ce n’est pas le but. Apprendre est un processus qui n’est ni simple ni toujours agréable et bien souvent, ceux qui ont appris des choses en luttant (j’en suis) ne s’empêchent pourtant pas d’y penser avec bonheur. Il y a une vraie gratification à peiner à la tâche, quand elle n’est pas disproportionnée et que le but est atteignable. La bonne idée est de trouver de tels buts. La mauvaise est de les rendre faciles ce qui dévalorise l’effort.
Il y a deux méthodes pour marcher:
-celle avec feed-back, en ouvrant les yeux,
-celle sans feed-back, on ferme les yeux mais alors il faut une tierce personne (ou une canne blanche) qui nous guide pour éviter de nous casser la gueule ou de nous prendre un poteau en pleine poire.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Donnons une canne blanche à tous les élèves et fermons leur les yeux. Ils seront plus heureux…enfin jusqu’au jour où la vie les obligera à les ouvrir.
c’est plutôt chercher d’autres formes d’évaluations, moins binaires que bonne ou mauvaise note, ce qui s’appelle évaluation formative, qui est qualitatif, du moins dans les temps d’apprentissage (pour les concours, les note peuvent convenir). Mais le principal problème, c’est pas que c’est pas efficace, c’est que c’est super dur à mettre en oeuvre, car il faut expliciter chaque critère d’évaluation, et ça prend du temps, or les profs, il faut quand même le dire, ils ont déjà des tas de paperasse à faire et c’est autant de temps qu’ils ne passent pas à préparer un travail adapté à chaque élève dans la mesure du possible. Et le temps d’évaluation individuelle des enfants, c’est du temps en moins pour sa formation. C’est une question d’équilibre aussi.
L’évaluation : le maitre mot de nos sociétés. Il serait bon aussi de pouvoir noter les profs..Ben oui autant un élève en difficulté il faut pouvoir l’aider, autant un prof en difficulté il faut aussi pouvoir l’aider..Mais ça c’est tabou en france..
quand on voit que les inspecteurs qui notent les profs, c’est ceux qui en avaient marre de la classe, ou qui avaient le bazar, et qui ont passé des concours pour s’enfuir de l’enseignement, on aime pas trop être notés par eux. en plus, ils ont des objectifs liés aux caprices de leurs gouvernements respectifs, qui changent tout le temps, alors c’est pas super d’être trop dépendants d’eux, enfin, ça peut être dangereux: c’est comme ça qu’ils ont réussi à faire adopter la méthode globale dont personne ne voulait, ni les parents ni les profs.
« qui ont passé des concours pour s’enfuir de l’enseignement »
Il y une méthode bien plus simple pour ce faire : devenir syndicaliste.
De toutes façon , la forme de cette demande montre l’incohérence du système : ce sont des associations de parents qui se mêlent de proposer des méthodes du domaine de la compétences des enseignants.
Les enseignants ont testé différentes méthodes : j’ai personnellement un peu connu le systèmes des lettres ABCDE.
Je trouve que c’était très stigmatisant pour la lettre E …
Ceci étant étant il suffit au enseignant de noter un peu n’importe comment … et le tour est joué. A l’écolde de musique de mes enfants on note cool … mais il faut 13,5 pour passer … et 14,5 pour réussir la 7eme et dernière année ! … Ca fausse un peu les perceptions … !
De toutes façons au point où l’on en est, les enseignants ont d’autres chats à fouetter , et ces préoccupations de semi-nantis 😉 pour qui les notes ont encore un sens , étaient importantes dans les années 70, au moments ou le socle de l’EducNat était encore à peu près sain. A présent que les fondations se délitent, ça devient un peu un luxe.
Ceci étant les remarques de do sont exactes. Mais il faudrait une autre école , avec une autre mentalité, pour que ça soit expérimentable et diffusable éventuellement.
Le mammouth est mammouth et il est un peu désabusé et prisonnier d’un héritage qui l’a enfermé dans une impasse peu à peu. Les responsables essentiels sont à la retraite ou en passe d’y arriver (les malins … et leurs enfants sont ‘casés’ ! ), mais les complices et les profiteurs sont légions … et à présent les pistes sont brouillées !
Oui oui … faire noter les profs par les enfants et les parents … et les afficher par souci de transparence ! , riche idée pour d’augmenter leur stress et de compliquer leur tâche. Quoique ça les blinderait plus encore.
Quant aux notations pédagogique des inspecteurs même si elles ne sont pas inutiles dans le principe, elles sont très infantilisantes, comme une survivance de l’ancien temps.
Beaucoup d’énergie et de gaspillage de moyens avec ces inspecteurs imbus de leur petit pouvoir et pétris de pédagogisme pédant et inefficace , au lieu d’aider réellement ceux qui en ont besoin et de concentrer l’aide sur eux.
(Il est vrai que certains inspecteurs ne prennent plus la peine d’inspecter, friants de réunions pédagogisantes ou vaguement accablés de statistiques et tâches administratives diverses plus ou moins redondantes et/ou inutiles)
Ce n´est pas ce qui se fait en allemagne par le biais internet et ce qu´on a voulu faire en france avec Nottobe?
Je ne m’étais pas concerté avec Do … 😉
+1 « De toutes façon , la forme de cette demande montre l’incohérence du système : ce sont des associations de parents qui se mêlent de proposer des méthodes du domaine de la compétences des enseignants. » : oui, c’est surtout ça que je crois qu’il faut dénoncer. si chacun décide de la note de don gamin, ou si on les vote démocratiquement, on va se retrouver à l’école des fans, c’est sympa, mais c’est autre chose.
en ce sens, je suis vraiment d’accord pour dire que ça doit pas être une pression qui vient de n’importe où qui doit décider de l’évaluation des enfants. Les parents ont leur mot à dire, bien sûr, et il faut l’entendre, parce que ce n’est pas juste que des gamins, petits, souffrent sans nécessité. Mais c’est à l’Etat, normalement, de veiller au bien commun en prenant tous les éléments en compte. Le problème, c’est que l’Etat, on n’a plus confiance, et que j’ai bien peur qu’on aie pas complètement tort… (même si on a pas complètement raison, parce que quand il ne sera plus là, ce sera un bain de sang.)
Il faudrait un Etat responsable que cherche la meilleure solution, et ça mettrait tout le monde d’accord; mais là, il cherche des sous pour combler un gouffre que les précédents irresponsables ont commencé à creuser, et que les suivants ont continué, sur les assertions d’économistes débiles qui font des théories, et se tirent dans les pattes tous les 2 ans en critiquant la théorie précédente qui n’a pas marché parce qu’elle avait oublié un paramètre hyper important (au bout de la 15 ème, on devrait avoir compris, mais non!).
bon, on a plus qu’à inscrire nos gamins dans des écoles hors contrat et à attendre que le reste craque…
(si vous voulez faire des dons, le P. Yannick Bonnet a fait une fondation pour ça, pour que les frais soient moins lourds pour les familles http://www.asseducsol.com/commentaider.php ;
un article intéressant : « Reconquérir la liberté »
http://www.asseducsol.com/reconquerir.php
et un extrait d’enseignement sur « les parents premiers éducateurs », qui montre bien le fondement du problème: http://www.famillechretienne.fr/famille/relations-familiales/les-parents-premiers-educateurs-par-le-pere-yannick-bonnet_t5_s19_d55533.html )
le dernier lien , avec l’extrait, est vraiment intéressant! (et c’est pas très long, 2 à 3 mn env); mais ça fait peur!
en primaire j’ai été dans une école parfaitement adaptée pour l’utopie froancaise socialiste et ecolo. c’est dans sa constitution, ca s’appel la pedagogie freinet et represente tout ce que je deteste a present. dailleurs je pense de plus en plus que c’est en partie pourquoi aujourd’hui je traine sur des forum liberaux.
j’ai souvent consideré l’école comme hors des réalités mais cette pedagogie freinet c’est le pire. pour ce qui est des notes il y en a pas ca depend de l’evaluation du prof et de son humeur. mais j’aurais du mal a decrire le reste c’est vraiment trop byzar
oups, je n’ais pas remarqué que le sujet avait déjà été abordé.
j’écris un peu trop vite.