La grève toujours au bon moment

Tiens, pour changer, ce 21 juillet en France, ce sera grève. Et pour varier les plaisirs, cette fois-ci, ce sont les contrôleurs aériens qui vont bloquer une partie des transports des Français et des touristes du monde entier passant sous les cieux de la République du Couinement Festif…

Avant de procéder, étudions rapidement les motivations de ces pauvres fonctionnaires sur-stressés, déprimés par des horaires à rallonge et des salaires de misère.

Après une longue enquête journalistique digne des plus illustres publications quotidiennes du pays, il semblerait que la grogne provienne de la crainte d’un éventuel démantèlement de la DGAC, suite à un projet de fusion du contrôle aérien au niveau européen. Je recommande la lecture de ce petit PDF, édifiant tant par la prose employée que par sa teneur générale.

Notons que ce projet et cette grogne aboutissant à une grève ne sont en réalité pas nouveaux puisque cela fait maintenant plusieurs semaines que les contrôleurs font une sorte de grève du zèle larvée, usant du prétexte des badgeuses imposées pour rendre impossible la vie de centaines de milliers de passagers aériens.

Pour rappel et suite aux consternantes découvertes de la Cour des Comptes sur les horaires ultra-flexibles et arrangeants dont la caste en question bénéficie, le gouvernement avait tenté, avec l’absence caractéristique de gonades qui le caractérise, d’introduire des pointeuses pour essayer de remettre un peu d’ordre dans le rendement fourni par les contrôleurs. Las, ceci avait déclenché, comme c’était prévisible, de violentes réactions de rejet, avec le résultat qu’on connaît : retards importants et passagers en déroute.

Et maintenant qu’il est donc question d’uniformiser le contrôle aérien en Europe (vaste sujet qui ne date en réalité pas d’hier), la belle corporation des fonctionnaires du ciel se lance dans la grève ouverte. Pour une fois, la France n’est pas la seule dans le mouvement, puisqu’on trouve des Espagnols dans le mouvement : avec l’Europe, la fête est plus folle.

Il n’en reste pas moins que :

  • Encore une fois, une toute petite partie de la population française va se fendre d’un acte courageux de lutte contre la réalité en utilisant l’unique méthode de dialogue social connue en France.
  • Encore une fois, il s’agit d’une corporation surprotégée, aux avantages nombreux et aux salaires que même la Cour des Comptes, pourtant réputée pour sa diplomatie, n’a jamais pu qualifier de modestes.
  • Encore une fois, il s’agit d’une corporation dans les transports et les services publics, à l’instar de la SNCF ou de la RATP, et dont dépend une part importante de la richesse française.
  • Et encore une fois, nos amis salariés de la fonction publique se lancent dans l’action syndicale agressive au moment où ils savent empoisonner un maximum de personnes.

Et c’est ce dernier point qui, à mon avis, est le plus symptomatique dans la gréviculture française : dans les corporations du transport, publiques ou privées à monopoles comme les taxis, il est devenu totalement habituel de toujours choisir une date où le maximum de personnes innocentes seront mêlées à leurs problèmes.

En général, on parle ici de « prise d’otage », bien que l’expression soit forte. En réalité, les usagers des transports concernés ne sont pas otages – ils sont « libres » de choisir un autre moyen de transport ou un autre jour de déplacement -, mais restent bel et bien victimes de la manœuvre de chantage typique à laquelle se livrent les syndicats corporatistes : il s’agit de faire directement pression sur les politiciens en jouant sur la colère des transportés.

Seulement le stratagème ne fonctionne qu’un temps.

D’une part, la multiplication des grèves dans tous les moyens de transports dont l’État a la charge amoindrit crédibilité d’une nécessité de service public : puisqu’en tant que gestionnaire, il n’est pas capable de fournir un service de qualité permettant à la fois de contenter le public qui paye deux fois (par ses impôts et par le prix du transport) et les employés puisqu’ils ronchonnent, il devient parfaitement légitime de remettre en question les monopoles considérés.

Ce qui revient, pour les syndicats de ces corporations, à se tirer une balle dans le pied.

Mais d’autre part, l’augmentation obscène du nombre de grèves subies dans ce domaine par les citoyens du pays les amène à ne plus entendre les revendications des gréviculteurs : de correspondances manquées en bouchons interminables, de trains arrêtés en rase campagne en avions cloués au sol, il arrive un moment où le bonus pater familias au salaire moyen oscillant autour de 1500 euros nets par mois et qui paye ses impôts rubis sur l’ongle, en a tout simplement ras la casquette de se faire voler son temps, son argent et ses vacances par des profiteurs et des éternels râleurs dont les salaires sont systématiquement supérieurs au sien.

Et au lieu de détourner ces électeurs des politiciens qui tentent de vagues réformettes, les grévistes inconséquents amènent ainsi toute une frange de la population à voter avec ses pieds, ou à se placer à l’orée du bois, gourdin à la main, pour frapper un grand coup quand l’occasion sera trop bonne pour être loupée, en choisissant des politiciens qui feront des véritables réformes de fond en lieu et place des petits mouvements de bras ridicules auxquels on assiste jusqu’à présent.

Ce qui revient, là encore et pour les gréviculteurs, à se tirer une autre balle dans le pied.

Oh, certes, il faut du temps pour que la grogne monte, il faudra encore pas mal de temps pour qu’un politicien comprenne la tendance qui s’installe chez ses futurs électeurs, il faut aussi du temps pour que la remise en question des services publics cristallise dans des intellects bercés des douces utopies collectivistes décennies après décennies…

Mais regardez le trajet effectué sur les 15 dernières années : en décembre 1995, on entendait encore facilement, dans les pénibles abrutissements quotidiens du JT de la Une ou de la Deux des douzaines d’imbéciles heureux « comprenant les grévistes » de la SNCF qui paralysa la France pendant cet hiver.

A présent, les témoignages de passagers furibards, de familles en colère, d’usagers hors d’eux ne sont plus rares ; internet permet à beaucoup de s’exprimer dans les commentaires des articles relatant les exactions des gréviculteurs du jour (même dans Libé, on trouve des commentaires raillant les grévistes !). Et au-delà d’internet, on entend à la radio, on voit à la télé cette espèce qu’on croyait disparue du Français mécontent d’une grève.

Je ne me berce pas d’illusions : cette grève des contrôleurs aériens ne suffira pas à déclencher un mouvement de ras-le-bol notoire.

Mais tout comme une goutte d’eau, cette grève s’ajoutera aux autres qui feront déborder le vase.

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Commentaires40

  1. Crucol

    bonjour,

    erreur? « 1500 euros nets par moi et  »

    sinon excellent article, je plussois la goutte d’eau, mais quand le vase débordera-t-il? Avant ou après l’impact sanglant sur le mur de la réalité?

    Crucol

  2. Sanksion

    « D’une part, la multiplication des grèves dans tous les moyens de transports dont l’État a la charge amoindrit crédibilité d’une nécessité de service public : puisqu’en tant que gestionnaire, il n’est pas capable de fournir un service de qualité permettant à la fois de contenter le public qui paye deux fois (par ses impôts et par le prix du transport) et les employés puisqu’ils ronchonnent, il devient parfaitement légitime de remettre en question les monopoles considérés.  »

    -> Bien vu, je la ressoritrai celle la.

  3. scaletrans

    H16 optimiste ! Croyez-vous que dans le naufrage général de l’intelligence, il soit encore possible à nos grévistes festifs de découvrir sur quelle planète ils sont, et sur quelle planète ils devraient vivre? On comprend bien entre les lignes, dans les déclarations de leurs meneurs, que c’est surtout l’énorme différence entre leurs salaires (avantages compris), obtenus par d’autres chantages « festifs », et ceux de leurs collègues de pays où pourtant la moyenne des salaires est plus élevée qui les préoccupent. Comme les gonades manquent à tous les niveaux dans ce pays, et que diverses ONG s’occupent d’en priver ceux qui en possèdent encore, je ne vois pas de solution avant la catastrophe générale.

    1. Bien qu’à mon avis, la catastrophe générale risque d’avoir lieu, il n’est pas exclu que nos amis syndicalistes joyeux se rendent de plus en plus compte du décalage qui existe entre leurs exigences ridicules et le niveau de vie général en effondrement du reste des Français.

      En fait, c’est savoir s’ils réagiront à temps qui est la vraie bonne question.

  4. Higgins

    Merci H16, je n’avais plus de méthadone.

    Sur le sujet qui nous intéresse aujourd’hui, j’étais tombé il y a peu sur cet article: http://www.ifrap.org/Controleurs-aeriens-de-la-DGAC-le-debat-rebondit-a-l-Assemblee-nationale,11384.html.
    Pour bien connaître ce milieu, je pense pouvoir dire que c’est actuellement l’activité en France ou le rapport travail/rémunération est le plus avantageux. Cela fait des années que l’idée d’un ciel unique européen est (c’est le cas de le dire) dans l’air. Contrairement à leur « activité » (très faible), on peut compter sur une productivité étonnamment élevée des personnels concernés dès qu’il s’agit d’en faire encore moins avec un plus gros salaire. Il est par ailleurs risible de voir ces syndicats mentionner les conditions de travail. J’ai eu l’occasion de visiter de l’intérieur tout le contrôle de Roissy il y a quelques années: les débats (intenses!) portaient sur la couleur des fauteuils de la salle de repos et sur le nombre de BD à mettre à la disposition des ces forçats du ciel!!! Vivement un nouveau Ronald Reagan pour remettre un peu d’ordre et de sérieux dans ce foutoir (http://fr.wikipedia.org/wiki/Professional_Air_Traffic_Controllers_Organization).

    1. Doucefrance

      Ceux que l’on installe dans un fromage deviennent des rats. Les rats prolifèrent aujourd’hui et la quantité de fromage diminue. Ils vont dépérir ou s’entrebouffer.

  5. ANT1

    L’absence de courage (pour etre poli) du gouvernement est vraiment consternant car dans ce cas de figure, il a les moyens de riposter en requisitionnant des controleurs militaires. Alors pourquoi se laisser faire?

      1. coquelicot686

        Oui sans doute … mais on pourrait peut-être voir les choses autrement.

        Le français mécontent de la grève, ne focalise pas forcément sa rage la plus forte contre le gouvernement …
        Non, il en veut au gréviste qui lui bousille la vie tout en ayant des avantages supérieurs aux siens.

        Pourquoi voulez-vous que le gouvernement ne laisse pas pourrir un peu les choses ?
        1- on s’entretue et on oublie de lui en vouloir
        2- il négociera avec le vainqueur (ça lui évite de se tromper)
        3- au passage il passera en douce deux ou trois mesures ni vu ni connu
        4- y en a même peut-être un qui tirera gloire d’avoir su terminer la crise et battiront leur renomée dessus … on ne se rappelle que des ministres qui se sont illustrés vraiement dans les crises (en bien ou en négatif), pas des autres.

    1. scaletrans

      euh! j’ai vécu de l’intérieur (en tant que OPM d’une petite compagnie) le plan Clément Marot. Ca s’est terminé par une méga collision entre deux quadriréacteurs espagnols du côté de Nantes; les militaires n’y étaient pour rien, mais il fallait des coupables, alors le public n’en a jamais rien su.

  6. Malaberg

    Bof… P’tits trucs à rappeler quand même à notre blogueur malade de jalousie.

    Oh oui, au moins ça. En général, quand on commence un commentaire par un ad personam, le reste est croustillant.

    Les aiguilleurs du ciel ont tous fait Math sup/Math Spé, et trois ans d’études à l’ENAC après. C’est sont donc des bac+5 surqualifiés. Après, on en pense ce qu’on veut, mais je croyais que le fait d’avoir fait des études supérieur devait également être valorisé… (à quoi ça sert d’avoir fait deux voire trois ans de prépa si c’est pour gagner 1500€ par mois ?)
    ça c’est pour l’aspect droitier de la chose.

    Et pan, j’avais raison. Argument idiot pour commencer. On peut faire bac+10 dans une discipline obscure qui n’embauche pas et se retrouver SDF. Il y en a des caisses à l’ANPE – pardon, Paul Employ. Ergo, le diplôme ou les années d’études ne justifient pas en eux-même un quelconque salaire.

    Ensuite, je ferais remarquer que, quand je prends l’avion, je préfère que le gars qui s’occupe de le guider (qu’il soit dans la cabine, dans la tour de contrôle, ou à la DAC), il soit concentré sur ce qu’il fait, et qu’il ne soit pas en train de se ronger les sangs pour savoir s’il va manger ce soir. ça peut être rassurant.
    ça, c’est pour l’aspect sécurité.

    Pourquoi les autres pays les payent-ils alors nettement moins ? C’est plus dangereux de voler dans le ciel de Fraônce ?

    Enfin, dernière chose, les contrôleurs aériens ont la « chance » de se trouver au cœur du système capitaliste actuel.

    En étant fonctionnaires. Ah, oui. Bluffant.

    C’est à dire que sans eux, plus de voyages d’affaires, etc. Ils sont donc en bonne position pour exiger des capitalistes à peu près ce qu’ils veulent. Autrement dit, contrairement aux profs, si on leur tape dessus, eux au moins peuvent se défendre et répondre coup pour coup.

    Et puis la comparaison tombe bien : les profs, c’est connu, ne font jamais grève. Ja. Mais. Les pôôôvres.

    C’est ça que nos dirigeants ne supportent pas. Et grâce aux médias à leur solde, c’est également pour ça qu’ils tentent de monter les autres qui sont jaloux de ne pas avoir de tels moyens de pression contre ceux qui peuvent encore leur résister. (Ils font que les exploités se tapent entre eux ! C’est tellement pratique…)

    Les exploités ? Allons. Dites plutôt « Les damnés de la terre ». Et tout le monde comprendra à demi-mot. Musique, maestro !

    Un rescapé des camps de concentrations écrivait « ce qu’il y a de plus terrible, c’est que tu en arrive à en vouloir à mort à celui qui est dans la même merde que toi ». (parce qu’il a un pantalon plus propre, parce que sa ration pouvait être légèrement supérieure à la tienne aujourd’hui…).

    Et on enchaîne avec une mise en perspective tout à fait proportionnée : contrôleur aérien = forçat dans un camp de concentration. Mes yeux se mouillent, ma bouche se déforme, l’émotion m’étreint. C’est terrrrrible.

    Toutes proportions gardées, c’est le même phénomène. Vous êtes révoltés contre des gens qui sont grosso modo comme vous, mais qui ont un tout petit avantage en plus,

    Ah pour le coup, c’est raté, mais à la limite, on s’en fiche. Le vieil argument du « d’où parles-tu kamarade » revient en force pour finaliser un commentaire d’une haute tenue.

    mais par contre, quand il s’agit de se révolter contre les vrais privilégiés, (les riches, en ce moment, la mode, c’est Liliane Bettencourt, mais ça ne cache pas le reste, les autres, comme dassault, bolloré, pinault, messier, arnault & co) et bah il n’y a plus personne !
    ça, c’était pour l’aspect marxiste des choses.

    Marxiste ? Allons. Ne te berce pas d’illusions, kamarade. Tu n’es pas marxiste, tu as trop peu de rhétorique dans les tuyaux. Tu es juste un con moyen qui pense la même bouillie prémâchée que l’énorme majorité de la population franchouille, et tu ressors les mêmes arguments, dans le même ordre.

    Il y a quelque chose de pourri dans cette république…

    Heureusement, tu arrives à la bonne conclusion : CPEF.

    1. Higgins

      « Les aiguilleurs du ciel ont tous fait Math sup/Math Spé, et trois ans d’études à l’ENAC après. C’est sont donc des bac+5 surqualifiés. Après, on en pense ce qu’on veut, mais je croyais que le fait d’avoir fait des études supérieur devait également être valorisé… (à quoi ça sert d’avoir fait deux voire trois ans de prépa si c’est pour gagner 1500€ par mois ?) »
      Il y a quelques années, les contrôleurs aériens civils ont obtenu, après moult grèves festives et citoyennes et beaucoup de laxisme de l’autorité de tutelle, de se voir rattaché à la prestigieuse catégorie A de la grille de le fonction publique (merci Maurice Thorez pour cette remarquable création). Il a fallu adapter le cursus de formation des forçats du ciel à cette nouvelle donne. Une nouvelle grève a eu pour conséquence de les voir affubler du titre ronflant « d’ingénieur ». Pour que la durée des études soit en corrélation avec le titre, on leur fait passer à tous un brevet de pilote privé sans compter de très longs stages pour boucher les trous.
      Je rappelle simplement pour info qu’au sein de l’armée, la même spécialité avec des responsabilités identiques est effectuée par des sous-officiers et que ces derniers ne suivent pas un cursus de pilote de chasse pour effectuer leur métier. Ces spécialistes (quelque soit l’armée d’appartenance) suivent tous un cursus commun au sein de l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile) et possèdent donc les mêmes compétences contrairement à ce que peuvent baver certains syndicats depuis le plan Clément Marot et la catastrophe de Nantes en 73 (Voir le rapport d’enquête: http://www.bea.aero/docspa/1973/ec-i730305/pdf/ec-i730305.pdf ). La permanence est assurée H24 au profit de tous, civils et militaires, et n’est jamais entaché d’arrêt de travail intempestif et malséant. Les fonctions d’encadrement sont logiquement assurées par des officiers qui suivent un cursus équivalent. Le vernis militaire est donné au CICDA à Mont de Marsan pour les contrôleurs des trois armées.
      Je plussoie avec H16 lorsqu’il déclare qu’une durée d’études n’a rien à voir avec le niveau de rémunération.
      CPEF

  7. Stéphane

    Pff, à cracher comme ça sur les grévistes on fait le jeu de l’extrême-drouâte. 🙂

    N’importe quel politicien osant la remise en question des services publics aurait un boulevard électoral devant lui. C’est pour ça qu’il n’est pas près d’arriver. Je suis persuadé que la sélection politique et médiatique intervient très tôt pour éviter que le moindre candidat n’évoque cette piste « populiste ». En d’autres termes, je pense qu’à tous les niveaux de l’UMPS il y a des filtres, des commissions de la doctrine de la Foi, etc., chargée d’éliminer les impurs qui auraient l’audace de présenter des solutions pareilles. Du coup ils ne sont pas candidats, donc pas élus. Ne sortent des urnes que des politiciens qui n’auraient jamais la bêtise de considérer les services publics que comme la fierté du pays.

    Ne sous-estimez pas la capacité du système à se défendre contre toute remise en question.

    Franchement, pensez-vous que JAMAIS quelqu’un n’a eu l’idée de remettre en questions ces lamentables monopoles publics? Pourtant, aucun politicien de premier plan n’a jamais formulé une telle idée.

    Soit c’est vraiment pas de chance, soit il y a un filtre quelque part.

    1. scaletrans

      Vous évoquez des « filtres ». Le plus important est la (des)éducation nationale au niveau des programmes. Le filtre mathématique est utilisé pour cela, notamment depuis la réforme ‘Bourbaki’ (les maths « modernes »…); il a pour but de sélectionner les esprits analytiques n’ayant pas, ou peu, de capacité de synthèse pour en faire de bon serviteurs. Leur capacité de raisonner sans jamais revenir sur terre (comme par exemple en algèbre) en fait des « Princes des Nuées ». Un ouvrage, malheureusement introuvable aujourd’hui, avait traité de ce problème, et montré comment l’instauration de ce système de sélection nous amènerai à la fois au « Meilleur des Mondes » et à « 1984 ». NOUS Y SOMMES, à quelques détails près.

      1. Stéphane

        L’éducation nationale n’est pas un « filtre » dans le sens où elle intervient sur tout le monde et n’écarte personne de la société (en tous cas, pas sur des critères politiques). Que ce soit h16 ou moi ou bien d’autres, nous sommes passés par l’instruction socialiste de l’Education Nationale, et d’une façon ou d’une autre, nous avons réussi à passer à travers les mailles de la propagande.

        Après l’ed-nat, il y a encore des libéraux.

        Les journalistes essayent TOUJOURS de trouver, dans leurs micro-trottoirs sur le quai des gares paralysées, la bonne grand-mère ou le bon père de famille « compréhensif » envers les grévistes. Mais parfois ils ont du mal, et il suffit d’être soi-même dans ce genre d’endroit pour voir que l’atmosphère n’est pas vraiment pro-syndicale. Nombreux sont les gens à détester les services « publics » et à vouloir des alternatives.

        Sur les quais des gares, dans la société civile, il y a encore des libéraux.

        …Mais lorsqu’on arrive au politique proprement dit, il n’y a plus personne. Qu’on me site un seul politicien authentiquement libéral dans une fonction exécutive. Alain Madelin a été ministre quelques mois – il y a quinze ans. Et c’est tout.

        Je pense que le filtrage se fait au niveau de l’appareil des partis. Cooptation, luttes d’influence, copinage, corruption, tamis idéologique – quelles que soient les méthodes, les libéraux n’arrivent jamais jusqu’aux listes électorales. Partant, ils ne sont pas élus. S’il y a jamais quelques indépendants dans des partis satellites, les médias se contenteront de les ignorer au prétexte que ce sont des outsiders.

        Imaginez un jour un candidat réellement libéral avec assez de moyens pour s’offrir une campagne – il n’arriverait même pas à faire distribuer ses flyers par la Poste, serait ostracisé par les médias, etc. Et s’il avait l’idée de s’inscrire à l’UMP je doute qu’il parviendrait à tracer son chemin jusqu’à avoir son nom sur un bulletin de vote.

        Le verrouillage est en place.

        1. Théo31

          Très juste. Un libéral ne pourra pas être élu (dans des conditions normales, c-à-d pas en période de faillite) tout simplement parce qu’il refuse d’être la pute qui promet l’amour aux maquereaux que sont les électeurs.

        2. coquelicot686

          Tiens Théo31 c’est marrant … comment peut-on être à la fois libéral et aussi méprisant ?
          Moi je croyais qu’être libéral c’était aussi accorder aux autres la même liberté de penser, d’opinion, que l’on s’accordait à soi.

          Ceci dit, le système est ainsi fait que ce soit les électeurs qui votent et décident de ce qui est meilleur pour eux.
          Ils ont le droit de se tromper.
          Peu importe les partis et les différents filtres, les gens élissent des dirigeants issus du peuple, qui leur ressemblent et dont le discours leur parle … non ?
          A vous lire, un politicien vraiment libéral serait incapable de se vendre et de vendre ses idées ? Etrange !

          Quant au candidat vraiment libéral, pourquoi irait-il s’inscrire dans un parti qui ne rejoint pas ses idées en espérant qu’elles passeront quand même ?
          Pourquoi n’irait-il pas militer dans un parti qui lui ressemble et dans lequel il puisse vraiment s’exprimer ?

          Et si ce parti n’existe pas, pourquoi ne pas en créer un nouveau ?
          Qu’est-ce qui l’en empêche ?
          Pourquoi ne s’affirmerait-il pas au grand jour et ne se battrait-il pas pour s’imposer, pour conquérir un électorat propre ?

          Les médias, la poste, la crise …
          Ok, ce ne sont pas des conditions favorables mais alors ??????????????
          Où avez-vous vu que que la vie et les victoires étaient faciles ?
          A chaque fois que l’on veut changer les choses, les mentalités, il faut lutter contre tout un système, s’engager, se mettre en danger.

          Puis je m’interroge … un politicien libéral serait-il tellement moins responsable que les autres de ses échecs qu’il faille lui trouver des excuses pour échouer avant même qu’il ait réellement commencé à se battre ?

          1. On peut certes accorder la même liberté de penser aux autres qu’à soi sans pour autant accorder à ces opinions la même valeur. Ce n’est d’ailleurs pas possible, c’est nécessaire et salutaire.

        3. coquelicot686

          Comment ne pas être d’accord avec vous H16 ?
          J’aimerais rajouter simplement que nous pensons, faisons les choix de société que nous « jugeons » être les meilleurs pour nous et les autres à un moment T.
          Rien n’est immuable.
          A T+1, avec de nouvelles données les choix peuvent être différents.
          J’imagine que personne n’irait choisir ce qu’il jugerait consciement être le moins bon pour lui, non ?
          Ce qui sous entend que ce qui n’est pas choisi par l’un est forcément de valeur moindre à ses yeux (que c’est lourd écrit comme ça !).

  8. Toni

    Stéphane a écrit: « Ne sous-estimez pas la capacité du système à se défendre contre toute remise en question »
    Très très bonne remarque de Stéphane. J’en ai d’ailleurs fait l’amère expérience. Pas que j’étais un élu mais je me suis juste hazardé à remettre le service public en question devant des gens de mon entourage … On ne se parle plus depuis 4 ans à cause de cela.

    L'(des)éducation nationale est aussi un filtre très puissant.

    Et celui qui est un peu récalcitrant comme moi, on lui fait une offre qui ne se refuse pas en lui disant d’aller vivre ailleurs et/ou dans un autre pays.

  9. Yul

    Pour qu’un homme politique libéral s’impose, il faudrait qu’il soit d’une incroyable duplicité: participer aux mêmes crapuleries que ses copains, se montrer tout aussi incompétent et vaniteux, puis le jour venu retourner sa veste en instaurant une quasi-dictature afin que les élus de son camp ne décident de le trahir en masse pour préserver leurs combines. Or, un tel type ne peut pas être libéral.

  10. Yul

    Que ce soit h16 ou moi ou bien d’autres, nous sommes passés par l’instruction socialiste de l’Education Nationale, et d’une façon ou d’une autre, nous avons réussi à passer à travers les mailles de la propagande.

    oui mais en même temps on est atrocement peu nombreux. Il y a bien plus de gauchistes crétins et fanatiques que de libéraux, et dans des proportions écrasantes. D’autant plus que le libéral s’exile plus facilement, parce qu’on l’y incite fortement, et parce qu’il a plus de capacités d’adaptation que les autres larves qui geignent en choeur dans les manifestations.

    1. Toni

      Ayant pas mal voyagé, je fais les mêmes constats que vous Yul.

      Yul a écrit : « oui mais en même temps on est atrocement peu nombreux. » ça doit expliquer en parti pourquoi je vis seul.

  11. Yul

    Mon ex travaillait à la CAF, elle était de gauche. Ses parents fonctionnaires militaient à ATTAC. Ca a tenu trois ans mine de rien.

    Sinon je vis avec un gros chat. En ce moment je l’appelle Batman, parce qu’au lieu de ramener des rongeurs et des oiseaux comme n’importe quel chat normalement constitué, il attrape des chauve-souris. Je ne sais pas comment il fait.

    1. Toni

      Mon dieu !! Je vous plains, ça a du être difficile pour vous. C’est très courageux d’avoir tenu 3 ans.

      1. Yul

        Rencontrée à sciences-po. On étaient amoureux. Mais ça m’a fait un choc culturel. Je ne savais même pas que j’étais libéral, ce sont ses parents qui me l’ont dit. Je me suis aigri avec le temps, et elle n’a plus supporté que je m’emporte dans les discussions avec ses amis, entre autres choses.

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