Une presse si chère et si peu lue

J’ai déjà, plusieurs fois, évoqué la forte marge de progression dont dispose la presse en France, en matière de qualité. En relevant régulièrement, si ce n’est méthodiquement, ses petites pignouferies et ses grosses omissions, j’en arrive à croire que la production folliculaire nationale fait absolument tout ce qui est possible pour se saborder. Avec succès, semble-t-il.

On savait déjà, grâce à un travail intéressant de « datajournalisme » réalisé en mars 2010, que la presse nationale offrait un contenu nettement moins important que la presse étrangère, et que son prix était lui plus élevé. Le rapport poids/prix de la presse française est donc médiocre.

Le rapport qualité/prix, quant à lui, laisse franchement à désirer quand on voit le taux de fautes (factuelles, d’orthographe, de grammaire, de sens) au paragraphe, le niveau d’analyse qui a bien du mal à s’élever plus haut que celui de stand sur lequel le journal est posé, et le choix consternant des sujets rebondissant entre la paillette et le sordide.

Cela n’empêche pas l’Etat, malgré tout, d’aider généreusement le secteur. Régulièrement, des panoramas et des articles (de blog, en majorité) viennent rappeler que la presse nationale vit sous perfusion constante et massive de vitamines fiscales. Et l’avantage d’internet est qu’il conserve une trace assez fidèle, dans les dossiers officiels de la République, de ces nombreuses prébendes dont nos amis journalistes profitent.

Et le résultat, dans tout ça ?

Certes, la presse est massivement subventionnée.
Certes, la qualité générale de ce qu’elle produit est de plus en plus discutable.

Mais, le lectorat, suit-il, au moins ?

Eh bien non. Il est même bas au point d’en être alarmant : le chiffre du tirage de l’ensemble des quotidiens nationaux, une fois débarrassé de sa gangue de pipeau visant à le faire gonfler, s’établit maintenant à moins de 600.000 exemplaires.

Oui, vous avez bien lu : les grands quotidiens nationaux, si l’on omet les tirages distribués gratuitement, arrosent péniblement 600.000 lecteurs payants par jour. Pour 65 millions de Français, c’est plutôt mince. Cela fait un petit pourcent. Et si l’on considère seulement les foyers fiscaux qui payent quelque chose, soit 26 millions et des brouettes, cela veut donc dire que sur 100 Français qui payent pour cette presse sans fond et sans fonds, un peu plus de 2.26 la lisent.

Eh oui : plus de 97% des Français ne lisent pas les torchons baveux produits par notre élite journalistique.


(Cliquez pour agrandir. Ou alors, vous avez vraiment de bons yeux)

D’ailleurs, cela se traduit très concrètement par les difficultés de plus en plus grandes que ces quotidiens ont à masquer l’indigence de leur gestion et la faiblesse de leurs rentrées : la Tribune est si peu lue qu’elle s’est récemment placée en procédure de sauvegarde (étape par laquelle est passée Libération en son temps), le Monde est en déficit quasi-chronique depuis plusieurs années (déficit dont la taille ramène celui du Monde Diplodocus, serpillière gauchiste au lectorat confidentiel, au rang d’aimable bévue comptable); quant à l’inénarrable Libérasssion, vernis culturel officiel de l’intellectuel parisien à la mode, il patauge dans les pertes, d’argent et de lectorat, au point que les rats envisagent de plus en plus ouvertement de quitter un navire qui n’a rien du Titanic et tout d’une petite barcasse de pêcheur trouée, abandonnée à même la plage.

Maintenant, ne laissons pas tomber le combat ! Il continue, et il est absolument indispensable, vous, lecteur, que vous participiez vous aussi à terminer le travail entamé !

Interrompez votre abonnement ! Vous payez déjà (et beaucoup trop) pour les misérables informations dégueulées par cette presse qui vous pompe sans vous demander votre avis.

N’achetez plus la presse nationale ! Quand vous prenez un café, lisez autre chose. Mode & Travaux, Tuning Magasine, Penthouse si ça vous amuse, mais pas l’un de ces dépotoirs d’articles pour philosophes de Monoprix.

Les gens de qualité qui sont actuellement acoquinés à ces étrons de papier, pour des raisons alimentaires, j’en suis sûr, sauront se reconvertir, trouver des débouchés à leurs talents. Et les autres retourneront à leur métier de base : la voyance ou la chiromancie. Mais il faut stopper l’agonie pitoyable dans laquelle se vautrent ces lamentables quotidiens ! Les souffrances n’ont que trop duré : les contribuables peinent sous les ponctions pour une production journalistique chiantissime, et les pisse-copies continuent d’imaginer sauver le monde de leur plume que personne ne lit, alors que nul ne les réveille de leurs lubies scribouillardes. Il faut les sortir de leur univers onirique déconnecté de toute réalité.

La France peut avoir une presse de qualité. Mais avant cela, il faut définitivement terrasser l’exécrable production actuelle !

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Commentaires28

  1. Théo31

    C’est très simple d’avoir une presse de qualité à un prix correct : il suffit d’en finir avec les subventions et le monopole sur la distribution. Ainsi ces étrons seront ils obligés de s’adapter pour garder leur lectorat.

    Ce qui est marrant, c’est l’Immonde et Libère ton Etron à Sion subissent ce qu’ils prônent à longueur de feuille : le socialisme et son cortèges de pénuries.

    1. Nord

      N’oublions pas l’Immonde Diplodocus … Ceci dit, ça ne me gène pas plus que ça cette presse: ils ont bien le droit de diffuser leurs idées, mais il va de soi que je me demande de quel droit la diffusion desdites idées se fait dans un tel carcan … oh, j’ai bien une petite idée, mais on va encore médire ;-))

    1. C’est nettement différent : le niveau est pas terrible, mais elle est nettement moins subventionnée et beaucoup plus lue.

      1. channy

        le niveau de la presse régionale est carrément a chier vous voulez dire…et la rubrique courrier des lecteurs est du niveau de celle de télé star.
        je vous donne un morceau choisi du Dauphiné libéré faisant suite a l enquête nous désignant comme les personnes les plus pessimistes au monde
        le Dauphiné libéré a enquêté et la c est du lourd..du très lourd au point que personne n ose signé l article en question
        voila en 7 points pourquoi les français n ont pas le moral
        1) l hiver trop rigoureux
        2) des fêtes qui finissent par couter cher
        3) l immobilier au plus haut
        4) la fin de la prime a la casse
        5) le carburant qui bat des records( pourtant on est pas a 150 dollars comme en 2008)
        6) le prix des légumes frais et de la viande qui ne cessent d augmenter
        7) les jours fériés qui tombent mal en 2011

        je vous avez dit que c était du lourd, le Dauphiné libéré en pond de 3 à 4 par semaine des âneries de ce genre a 0,90 euros…cela fait cher le pécu
        par contre dans le genre subventionnés on peu s intéresser aux journaux en langue française dans les pays francophones entièrement subventionnés par nos impôts …quasiment invendables, ces journaux sont des repères de planqués paresseux incapables d écrire un article sans l aide des stagiaires français. et je ne parle pas de la qualité des articles qui vont du burlesques, en passant par débiles ou carrément xénophobes( le pompon que j ai lu fut un article pour un concours littéraire dans le cadre de la journée nationale de la haine…si si vous lisez bien journée nationale de la haine)

  2. Guillaume

    Le HErald Tribune c’est pas mal comme journal…Et cela me fait dire qu’il serait intéressant de comparer le déclin de la presse nationale avec la croissance de distribution de certains journaux type IHT

    1. deres

      Oui, je lis souvent le IHT en ligne et c’est pas mal. Ce qui est marrant c’est qu’il contient souvent des vrais articles de fond sur les tendances de la société actuelles ou des sujets économiques avec de vrais explications. Ca fait bizarre car on en voit jamais dans nos journaux. Ah, c’est donc cela le journalisme … J’exagère, parfois on retrouve exactement le même sujet pompé avec un mois de retard dans le figaro …

  3. kwak chung seok

    Les français vont sur internet pêcher l’info voilà tout, l’obsolescence du format papier s’invétère de plus en plus, jusqu’au point de non retour.

    Pourquoi lâcher des euros bêtement dans des journaux alors que tout est sur le net avant, en mieux, en plus précis, « gratuitement » et dans la langue que vous voulez (plus google traduction) ? Pas fous les gens !

    A terme, le « journal » tel qu’on l’a connu pourrait même disparaître, exceptées peut être des revues très spécialisées visant un lectorat restreint et ciblé.

    Je n’adhère pas aussi passionnément que vous et vos réguliers commentateurs aux écrits des penseurs libéraux mais vos billets ont ce mérite d’offrir avec constance une vraie matière à réflexion, et vous pouvez vous targuer d’un style d’une agréable fraîcheur corrosive !

    (relisons Hobbes et les légistes chinois, je pense que la philosophie politique libérale/utilitariste adopte une vision un peu trop naïve de l’individu, et se met des oeillères en rejetant tout le « mal » sur l’entité abstraite qu’est l’Etat; cela dit le point de vue libéral, qui, soit dit en passant, rejoint la poétique sagessse taoïste par bien des aspects, est souvent d’une belle pertinence).

    Bonne continuation donc, H16

    1. Stéphane

      Cela n’explique rien, tous les journaux français ont leur site web avec publicité et tout le tremblement. Certes, les frais et les gains rattachés à ce canal de diffusion ne sont pas exactement les mêmes, mais l’abandon du papier pour autre chose, je suis désolé, cela n’a rien de spécifiquement français.

      Et « tous » les journaux papier ne coulent pas, à l’étranger par exemple.

  4. Patron Méchant

    Oyez, oyez,
    Il n’y a pas de monopole de la distribution en France. Mais une seule messagerie est capable de recevoir les quotidiens à minuit et à les mettre en kiosque partout en France 5 heures plus tard – avec l’aide du contribuable.
    Le seul monopole qui vérole la production et la distribution est celui de la CGT-Livre, la seule à organiser une réunion du personnel impromptue au moment du tirage, alors que les camarades en surnombre se les roulent depuis deux heures.
    La PQR tient par les autocollants grâce à la rubrique nécrologique et aux pubs de la boucherie Sanzot. Quand à la presse nationale, je suis du même avis que vous, sa vacuité donne le vertige. Sans compter que les journalistes, sûrement complexés par le fait qu’ils ne font pas un travail pénible, ont un fort tropisme pour tout ce qui se passe à gauche, ce qui est terriblement agaçant.
    Quand aux spéciales ‘les meilleurs hôpitaux’, ‘l’immobiler’, et autres ‘tous les ans c’est Noël’, il me font fuir.

    1. Flak

      il y a une mafia de la presse et de la distribution qui travaille activement a supprimer des titres et faire couler de nouvelles publications, quitte a aller jusqu’a faire des operations criminelles (vol, destructions, chantage.)
      c’est un fait, c’est la fRance.

  5. InOut

    Bonjour,

    Mais ces chiffres n’étonnent plus personne !

    Normale et mille fois prévu.

    Paradoxe, nous sommes rentrés dans l’air de l’écrit !

    Nous pouvons, sans aucun doute, prévoir que la structure cérébrale des internautes sera complètement différente d’ici quelques années. (à suivre…)

    Par contre, derrière cette déliquescence établie de la presse, la récup d’internet fait fureur. Et avec les mêmes méthodes d’échec : Subventions, parrainages, copinages, désinformations, propagandes, monopolisation, censures,…, bref, toute la panoplie stérilisante du parfait petit manipulateur.

    Même, Médiapart est subventionné… Ah Ah Ah… Et le Figaro et bien d’autres tiennent leurs audiences de la multiplication de sites racoleurs… Hou…

    Non, le vrai problème c’est les FAI, les lois liberticides, les attaques sur la neutralité, la transparence opaque,… mille sujets qui démontrent qu’ils ont compris que leur impunité est menacée.

    Bon et alors, ils veulent le clash ? Ben, allons-y gaîment, car même en supprimant tous les informaticiens réseau de cette planète, il ne faudra que quelques secondes pour réinventer une structure opérationnelle !

    Commençons-nous à comprendre l’évolution en court ? Ce n’est pas internet leurs problèmes, c’est les multiples réseaux (insondables), l’interactivité (incomprise), la rapidité des outils informatiques (loi Moore), la Nanotechno (puissance invisible)… bref mille sujets qui en font une (R)évolution incontrôlable avec les vielles recettes.

    Alors la presse… Ba Ba Ba, nous lui attachons que trop d’importance, et si nous souhaitons un internet autre qu’une TV 0.2, alors zappons sans états d’âmes, ils s’adapteront… comme tout le monde.

    Don’t feed the trolls and Buzz the good for you…

      1. Branisk

        Il faut dire qu’ils font fort. Maintenant Zemmmour, apôtre du protectionnisme, du gaullisme et ainsi de suite est un horrible mangeur d’enfants libéral !

    1. Flak

      ‘crevure neoliberale’, c’est pas mal, ca sonne un peu comme ‘sale juif’; du bon journalisme de qualite francaise.

  6. boutros

    La Presse et la TV : qui est l’oeuf et qui est la poule ?
    Et puis ne minimisons pas : il y a une censure de fait du « discours public » qu’il soit journalistique ou politique, (dès qu’on me parle de liberté d’opinion ou d’expression dans ce pays,je sors mon quotidien).
    Il serait intéressant d’étudier un jour J toutes les infos I, relever tout ce qui n’est pas dit X, et comparer l’orientation idéologique générale du produit P. Etablir ensuite une comparaison avec la coloration politique et/ou partisane du pays (élections, sondages, courriers des lecteurs etc…). Et l’on se demanderait sûrement comment la presse existe encore (oui, je sais , il y a les perfusions mais sur un cadavre, est-ce bien rentable ou sérieux ?).
    L’informateur est devenu autrement plus important que l’information, il fait partie d’une caste de pouvoir.
    Dernière chose que j’adore : les « tollés » avant même que l’info ne soit passée.Il suffit de deux journaleux et trois coups de téléphone pour annoncer, à l’avance, le tollé qui ne manquera pas de tenir la planète en fibrillation.
    Conclusion : on a la presse qu’on mérite.

  7. Higgins

    Mon marchand de journaux, qui me confirme la baisse drastique des ventes des torchons, avance également une autre raison toute simple à cette désaffection: les gens lisent de moins en moins. Il est évident que la piètre qualité des publications n’incite pas à se lancer dans l’exercice. Même si cette médiocrité reste à mon sens la raison principale d ce naufrage, la remarque a son intérêt.

    1. mmm je ne suis pas tout à fait d’accord. Tout d’abord, ils lisent toujours autant de magazines (qui contiennent il est vrai peu de texte, mais bon). Et les livres eux-mêmes n’ont pas réellement de chute dans leur lectorat (je ne crois pas, en tout cas). Bref : j’hésite sur la cause « moins de lecture ». Ce n’est qu’un petit bout de l’explication, je pense.

  8. Lib

    Les subventions c’est comme l’héroïne. C’est agréable au début mais ça vous transforme en zombie.

    Tous les secteurs subventionnés sombrent de façon plus ou moins cataclysmique parce qu’ils cassent l’incitation à faire un travail de qualité pour les clients.

  9. René de Sévérac

    Au fond, la presse dite nationale (en fait parisienne) à l’instar de la TV n’a d’autre vocation qu’à propager la doxa.
    Il faut donc l’empêcher de mourir.

    A presse « non-subventionnée » (le terme choque !) se retrouvera à terme sur l’Internet, où il n’y a pas de lectorat captif (les internautes sont volages).
    Et cela ressemble à la période révolutionnaire où Camille Desmoulins (et tant d’autres) lançait un périodique (irrégulier par nature) qu’ils distribuaient aux chalands.

    La question reste les ressources. Et Hadopi qui peut à terme être reconfiguré afin de museler les audacieux.
    Wait and see.

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