Les semaines, en France, se suivent et ne se ressemblent pas, sauf peut-être sur le constat qu’il devient de plus en plus difficile d’éviter les arrosages au plomb dans certains quartiers.

Et pour s’en convaincre, on pourra taper un mot comme « fusillade » (ou « tirs ») dans Google News, et obtenir assez rapidement un petit état des lieux des jours passés. Tout comme lorsqu’on entre « couteau » ou « poignard », la surprise est modérée : des articles, rarement vieux de plus de 48h, permettent de découvrir une France toujours en effervescence où les arts militaires se disputent aux gauloiseries bon enfant, où le saturnisme fulgurant de certains s’y dispute au détachement des autorités politiques beaucoup plus concernées par la présence d’automobilistes Crit’air 4 en centre ville que par ces petits débordements bruyants.

Bien évidemment, si les résultats changent d’une semaine à l’autre, leur nature et leur quantité, elles, ne changent pas et on constate toujours une profusion d’articles, pour une profusion de lieux et de protagonistes chamarrés qui nous permettent de redécouvrir tout le terroir français dans ses singularités locales réjouissantes.

On peut aussi noter que cela fait probablement un peu trop pour un pays dans lequel le port d’arme est (théoriquement) sévèrement encadré. Si l’on épluche rapidement la semaine passée, on trouve ainsi des échanges d’amabilités pas seulement plombées dès le 1er mars dernier, à Montpellier.

Le 2 mars, c’est à Apt qu’on déplore une fusillade, dont les élus estiment qu’elle serait dûe à du trafic de drogue. Dépassés, ils se demandent ce que font les autorités, oubliant dans une amnésie commode (et partagée par beaucoup) que les autorités, … c’est eux.

Le même jour, Avignon, ne voulant pas s’en laisser compter, organise un échange festif en plein jour, à proximité du tramway. Les conducteurs de ces véhicules décident étonnamment d’appliquer leur droit de retrait.

Point intéressant soulevé par les Forces de l’Ordre Approximatif : ce genre de petits dérapages saturnophiles semble se reproduire avec une certaine régularité, certains policiers évoquant une fréquence de 15 jours. Aux mauvaises langues qui s’interrogent donc sur ce que fait la police, la réponse est évidente : manifestement, elle tient des statistiques précises.

Le 3 mars, Grenoble déboule dans le palmarès avec détermination : la ville, désormais gérée par des écologistes et qui a donc logiquement été vendue aux cultivateurs d’herbes pas toutes locales mais en circuit court, offre de nouvelles perspectives pétaradantes à ses habitants qui découvrent ces dernières années les petits à-côtés de la stupéfaction commerciale.

Le 4 mars, Aix-en-Provence entre dans la danse guillerette de la semaine avec un jeune homme blessé par des tirs de fusil automatique. Que voulez-vous, il faut que jeunesse se passe et se préparer pour les prochaines olympiades demande certainement un entraînement quotidien.

Ce (très court) palmarès peut être reproduit chaque semaine, et offre depuis quelques temps l’opportunité de voir des noms de villes moyennes dans ces faits divers. Eh oui : magie du progrès ou extension réussie des trafics, ce qui ne concernait jadis essentiellement que certains quartiers de Marseille, Lyon ou Paris s’étend maintenant aux villes moyennes de tout le pays.

Et cette extension s’accompagne d’une véritable « montée en gamme » des arsenaux dont disposent les gangs dont tout indique qu’ils sont d’autant plus favorables au conflit russo-ukrainien qu’ils exfiltrent, grâce à ce dernier, des quantités toujours plus grandes d’armes vers nos riantes contrées, ce qui leur permet d’équiper même les petits trafiquants. On ne peut qu’admirer cette notable professionnalisation (qui a encore des progrès à faire côté formation des jeunes, ceci dit) et la démocratisation des armes de guerres pour ces commerçants véritablement déterminés…

Cependant, prenons à présent pendant deux minutes le point de vue du citoyen moyen pour constater que ces fusillades ne se font pas plus rares et démontrent chaque jour que l’État (au sens de l’entité chargée de faire régner la loi et l’ordre sur un territoire donné) semble complètement incompétent en la matière, ce qui est assez inquiétant compte-tenu des sommes maintenant colossales que les Français lui octroient (de gré ou de force). Avec une dette de plusieurs milliers de milliards d’euros et des déficits qui explorent chaque année de nouveaux records, on pourrait s’attendre, au moins, à un pays bien tenu. Que nenni, à tel point qu’on se demande s’il ne va pas falloir arrêter de payer pour demander enfin des comptes…

Alternativement, si l’on écarte l’incompétence de l’État, on se retrouve à imaginer que cette situation résulterait d’une absence de volonté politique d’endiguer le problème. Cette hypothèse hardie serait encore plus inquiétante puisqu’elle signifierait que ces politiciens en tirent un profit direct ou indirect. Imaginer ici que la classe politique serait ainsi fondamentalement viciée serait un pas qu’on devrait peut-être franchir pour éviter de revoter pour la même bande de maffieux la prochaine fois.

Bien évidemment, un panachage de ces deux grandes explications est possible mais impose aussi de se demander comment sortir de cette spirale qui nous entraîne assez loin d’un pays où l’on peut se déplacer en sécurité.

Une solution logique existe, mais elle est politiquement complexe à mettre en place puisqu’elle suppose de se débarrasser des baltringues actuels et aboutit à reprendre en main les prérogatives de l’État sur tous ces territoires perdus de la République. Ceci signifie notamment une fin brutale du laxisme judiciaire et la construction de prisons réellement efficaces, style Bukele. Dans un pays englué dans une bienpensance toxique, cela semble assez mal parti.

La solution plus rapide à court terme, et celle vers laquelle les citoyens finiront par se diriger, légalement ou non, consiste au port d’arme citoyen, seule mesure réellement capable d’égaliser le « terrain de jeu ». Il va de soi que les autorités s’y opposeront aussi fermement que possible, la probabilité que ces armes soient retournées contre elles étant de plus en plus forte.

Eh oui : comprenez bien qu’actuellement, le seul endroit où ces autorités acceptent de voir les citoyens porter une arme, c’est là où ils ont de bonnes chances de se faire éparpiller par des obus de 152mm…