Aujourd’hui, ce sera mathématiques financières. Oh là, un peu de calme. J’en entends déjà qui grondent et qui rouspètent et qui auraient préféré une étude de la gastronomie à travers les âges, mais voilà, c’est comme ça, il y a des jours où on aurait mieux fait de rester couché. Et là, ce sera donc quelques additions et soustractions financières. Le produit manipulé ? Les dettes souveraines. Miam !
Il y a de cela sept ans, je tenais déjà ce blog et j’étais un des rares à parler dette souveraine. A l’époque, ce n’était pas vraiment trendy, la mode médiatique n’était pas encore branchée petits papiers d’État et seuls quelques illuminés s’époumonaient dans un désert aride à expliquer que les monceaux de dettes contractées par la France, par exemple, nous conduiraient droit au mur.
Quelques années, quelques crises et des douzaines de sommets européens aux farandoles de petits fours colorés plus tard, le sujet n’est plus si méconnu et on peut même commencer à s’aventurer sur le chemin scabreux des aspects plus techniques.
Les lecteurs ne fuient plus, et certains prêtent même l’oreille, sentant qu’il y va de leur portefeuille à plus ou moins long terme.
Comme vous le savez donc maintenant, les États, gros mammifères mous et griffus qui se nourrissent essentiellement de papier, passent actuellement leurs temps à déféquer de la dette. Jusque là, c’est du connu. Plus pittoresque : lorsqu’on les met ensemble, ces mêmes États s’envoient des boulettes de dettes à la figure, pour rire. Ça les amuse tant qu’ils passent d’ailleurs le plus clair de leurs temps à faire ça en agitant les bras et en se trémoussant de plaisir. Toute similitude avec certains animaux rigolos n’est pas fortuite.
Autrement dit, lorsque la France émet des dettes (chose qu’elle fait très très souvent, ce pachyderme ayant un transit intestinal particulièrement propice à leur production), ce sont d’autres États, essentiellement, qui l’achètent. Non pas parce que c’est bon. C’est très mauvais, même, mais s’ils font ça, c’est parce qu’en retour … la France achète leurs dettes.
Comme, de nos jours, les dettes servent essentiellement à financer les dépenses courantes, en bonne cavalerie typique de vieux monstres impécunieux et irresponsables, on comprend que tous nos États ont un intérêt puissant à faire perdurer le petit jeu de Je Te Tiens Par La Barbichette. Le premier qui lâche se retrouvant certes avec moins de dettes à rembourser, mais surtout plein d’Etats autour de lui qui font mine de s’effondrer, rendant immédiatement les finances du premier extrêmement tendues.
La récente panique à peine maîtrisée autour de la Grèce illustre fort à propos ce qui peut se passer lorsque ça ne passe pas : si la Grèce fait vraiment défaut, le petit jeu de chaises musicales risque de s’arrêter brutalement avec plusieurs chaises manquantes. Pour le moment, c’est le Portugal qui cherche à s’asseoir, mais rien ne dit que l’Espagne ou l’Italie trouveront elle aussi un tabouret salvateur.
Bref : tout le monde doit à tout le monde, et chaque round de nouvelle dette enferre un peu plus notre ribambelle de guignols dans leur attitude inconsciente.
Si on représente toutes ces dettes, le réseau peut se résumer à ce magnifique ouvrage ci-dessous avec de grosses flèches joufflues vertes et bleues qui partent dans tous les sens et qui font un peu peur. Surtout quand on sait que l’unité de travail, c’est le milliard d’euros. Un petit milliard par ci, un petit milliard par là, et rapidement, on en vient à parler d’autre chose que de petite monnaie.
Le lecteur habitué saura qu’il faut cliquer sur l’image pour la voir en grand. Mais même en petit, ça fiche un peu les miquettes.
Les dettes en Europe, avant netting international.
Et là, un groupe de Djeunzs qui en veulent s’est dit, tout de go : oui mais attendez là, si on faisait du « netting interbancaire » sur ces différentes sommes, quel résultat obtiendrions-nous ?
Je vous vois venir : oh là, netting interbancaire, qu’est-ce ?
C’est en réalité assez simple : lorsqu’une multinationale dispose de filiales dans différents pays, par exemple le pays A, B et C, les frais de change obligent à optimiser les flux de trésorerie entre les filiales qui, régulièrement, s’achètent et se vendent entre elles des biens et services. Plutôt que de se cogner les paiements, les transferts, leurs frais et ceux de change, la multinationale effectue un netting, c’est-à-dire une compensation interne (si A doit 10 à B et B doit 8 à A, seul A paye 2 à B). Le mécanisme est en réalité un peu plus complexe, mais le raisonnement reste simple et le but limpide : diminuer le nombre de transfert et le volume de ces derniers.
Revenons à mon groupe de djeunzs (de l’ESCP, une école de management) : partant de cette constatation et de l’image ci-dessus, ainsi que d’un paquet de données bien joufflues, il s’est alors fendu d’une simulation pour évaluer la situation finale, une fois toutes les opérations de compensation effectuées.
Et là, ô miracle dont on trouvera le détail sur le site dédié, la situation finale est beaucoup moins préoccupante.
Les dettes en Europe, après netting international
Il y a même quelques surprises. On y découvre ainsi que :
- Les pays peuvent réduire leur dette totale de 64% par l’annulation des dettes liées les unes aux autres, amenant la dette totale de ce réseau de 40.47% du PIB à seulement 14.58%.
- Six pays — Irlande, Italie, Espagne, Grande-Bretagne, France et Allemagne –- peuvent ainsi sucrer plus de 50% de leur dette restante.
- Trois de ces pays — Irlande, Italie et Allemagne -– peuvent réduire leurs obligations de telle façon qu’ils doivent plus de 1 milliard d’euros à seulement deux autres pays.
- L’Irlande peut réduire sa dette de quasiment 130% de son PIB à moins de 20%
- La France peut quasiment faire disparaître sa dette, la réduisant à 0.06% de son PIB.
Maintenant, du calme, lecteur bondissant !
Il y a, bien évidemment, un petit truc qui doit tempérer ton ardeur. Non, à ce point du raisonnement, on ne peut pas en déduire que la France n’aurait plus rien à devoir à personne.
Addendum : suite à quelques remarques dans les commentaires, je me rends compte que l’intention du billet n’est pas claire. J’ajoute donc le paragraphe suivant.
D'abord, comme expliqué un peu plus haut, ce netting serait en réalité bien plus compliqué à faire qu'une simple soustraction. Toutes les dettes ne se valent pas, et elles sont, in fine, détenues par des particuliers. Cela complique singulièrement les annulations. Mais ces graphiques montrent de façon éclatante l'interdépendance des pays entre eux, et l'extraordinaire engouement pour le financement de la sociale-démocrassie en Europe par la dette, tous États confondus.
Et parce que la France n’a pas contracté sa dette exclusivement en Europe mais en a aussi généreusement aspergé les autres États du monde. Eh oui : quand il y en a pour 26, il y en a aussi pour 200. Ce qui se traduit par une dette « extra-européenne » de plus de 1000 milliards qui lui restent sur les bras.
Oui, c’est un peu la douche froide, mais que voulez-vous, en matière de dettes, les solutions simples et rapides sont rares et généralement fumeuses.
… Ce qui soulève un autre problème : si, du jour au lendemain, les dettes françaises redescendaient de 82% du PIB à 64%, je peux prendre le pari sans risque que nos politiciens, gagnant soudainement deux ou trois crans à leur ceinture budgétaire, rattraperaient d’un coup cette extraordinaire « embellie » et repartiraient dans la folle dépense comme jamais auparavant.
C’est tentant, mais je m’étonne de l’approche « mercantiliste » (à défaut d’un meilleur terme) de ces graphiques.
Que je sache, les dettes ne sont pas détenues par des Etats, mais des banques localisées dans ces Etats. Des banques sensées être privées, ce qui rendrait la compensation très délicate vis-à-vis de la propriété (pour ce qu’il en reste).
En plus, le netting impliquerait l’annulation de papiers pas du tout équivalents. Parce qu’il faut bien l’admettre, 1 milliard emprunté à l’Allemagne n’est pas tout à fait identique à 1 milliard emprunté à l’Italie.
C’est une évidence : l’opération est très complexe et c’est une des raisons pour laquelle elle n’est pas tentée. Mais ça reste intéressant à noter, je trouve (d’où un petit billet tranquille de vendredi).
Et toutes les émissions d’emprunt d’état ne sont pas faites selon les mêmes conditions contractuelles (taux d’intérêt, maturité notamment), non ?
Donc il ne sont pas fongible ni compensables entre eux, si je ne me trompe.
Tous les papiers d’état ont un prix sur le marché et il est donc assez trivial de les compenser.
C’est tellement con cet histoire de netting qu’on se demande comment on y pas pensé avant,et depensé a tt vitesse tout ce nouveau gros paquet de brozouffs
brouzoufes
Les dettes sont détenues par des investisseurs institutionnels agissant pour le compte d’épargants. Ce type de graphes me fout en rogne: la dette française n’est pas vis à vis de l’italie ou de l’allemagne mais vis à vis d’épargants ayant placés leurs fonds auprès d’institutions italiennes ou allemandes; Ce qui n’a rien à voir.
On ne peut donc pas faire un « netting » simpliste.
Si, parce que c’est joli 🙂
Mais sinon, qu’on m’explique comment on « nette » 1 milliard d’€ souscrit à l’Etat Allemand à 10 ans à 2% annuel avec 1 milliard d’€ souscrit à l’Italie à 5 ans à 4.5% annuels…
Je crois que dans l’exercice de style réalisé par les djeunzs il y a ce genre de paramètre pris en compte. En effet, les gros patés qui illustrent se simplifient étrangement : on passe par exemple d’une dette France / Italie de 270.88 / 29.28 à 168.81. Ou encore, si on prend France / Irlande on passe de 11.37 / 20.44 à 0.91 / 9.98. Pourquoi reste-t’il une double flèche entre les deux pays ? Mystère. Le fichier explicatif n’est plus en ligne sur la source de h16.
Oui, c’est ce que je réponds à Stéphane ci-dessus. Le principe reste intéressant, même si difficilement applicable. Et, comme je le souligne, ce n’est pas une solution en soi, c’est, tout juste, une illustration de l’interdépendance des pays les uns avec les autres.
Accessoirement, ça montre aussi que la sociale-démocrassie basée sur la création de dette (expliquée dans les premiers paragraphes) n’est pas intrinsèque à la France, mais bien répandue dans toute l’Europe.
D’une part comme dit plus haut il faudrait réussir à convaincre les possesseurs de dettes allemandes qu’une dette espagnole c’est pareil, et d’autre part le problème de la dette ne sera absolument pas résolu : au lieu d’avoir des dettes énormes éparpillées sur toute la planête, les états auront des dettes énormes concentrées dans les mains de leurs citoyens. Ca peut avoir des avantages (« patriotisme économique » etc.), mais la dette ne sera pas remboursée d’un euro pour autant.
Je suis surpris de voir une erreur aussi grossière sur un blog qu’y m’a habitué à mieux.
Il ne s’agit pas d’une erreur : je veux simplement montrer les interdépendances entre les pays. Oui, ces dettes sont détenues par des organismes différents, particuliers, états, entreprises, et oui aussi, les dettes ne se valent pas toutes. Mais indépendamment, on voit que les pays se tiennent tous la barbichette. Et oui, je mentionne aussi que ce netting serait plus complexe dans la réalité.
Et pour répondre en détail, cela concentrerait le reste de la dette dans les mains des citoyens, pas ce qui a été compensé (pour autant qu’on parvienne à réaliser cette opération). Il y aurait, tout de même, une réduction sensible de certaines dettes.
Finalement cette petite démonstration est encore plus terrifiante que toutes les autres, dans la mesure où même si c’était techniquement faisable sans spolier l’épargnant, résorber le problème reviendrait à l’aggraver. C’est beau, la dettocratie.
Sinon, faites quand même attention en parlant de solution finale, on n’est jamais trop prudent avec tous ces algorithmes de détection de la nazisphère qui rôdent autour des sites libéraux. Z’êtes repassé de la gommette marron à la gommette bleue, n’allez pas perdre bêtement votre conditionnelle 🙂
Joli post ! Je le tweete.
Citation de H16 dans Lemonde…
« Un autre élément saillant de la « droitosphère », ce sont les blogs de libertariens, adeptes des théories des économistes Milton Friedman (1912-2006) ou Frédéric Bastiat (1801-1850). Malgré – ou du fait de – leur faible audience en France, où ils n’ont pas ou quasiment pas de représentation politique, ils forment une communauté assez active sur l’Internet, qui se situe, du moins selon leurs liens entrant et sortant, entre la « droitosphère » et la « fachosphère ». Un exemple est le blog Hashtable. »
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/02/la-gauche-domine-le-web-politique_1636754_1471069.html#ens_id=1637271
Ils croient donc que H16 voterai entre le bon Nico et la gentille Marine?
Mais comme il n’y a personne à cet endroit, et que même s’il y avait queqlqu’un il ne voterait pas pour lui, il a préféré créer son propre bulletin de vote, mais les gens du Monde n’en ont apparemment pas pris connaissance.
« voterait »
Oui, nous sommes tous pédonazis ici, tu ne le savais pas? 😉
felicitations H16 que l organe du parti vous cite. c est un honneur immense, enfin je n en suis pas si sur. peut etre que ca va ouvrir ou entrouvrir les yeux de quelqu uns qui viendront faire un tour ici. ni droite ni gauche, juste libre.
La raison pour laquelle la gauche domine le web est qu’elle communique sous un angle émotionnel centré sur le juste et l’injuste, le bien et le mal. Son action consiste d’avantage à punir l’injustice qu’à la réduire dans la réalité.
La sphère libérale essaie quant à elle de fonder son argumentation sur la raison, et son action sur l’efficacité en termes de résultats.
Belle analyse
@Tous
A la relecture, notamment des commentaires, je me rends compte qu’un amendement sensible du billet est nécessaire. Il n’était pas clair que le netting en question n’est pas une opération simple pour le cas qui nous occupe, et qu’il ne résout pas, au final, le problème intrinsèque de la dette. Merci d’avoir pointé les erreurs et les flous. En espérant que cette nouvelle version remette (un peu) les choses en perspectives.
l article d origine etait parfaitement comprehensible, c est plutot les jeunes de l ESC qui n ont rien compris. ce netting, c est la spoliation des economies tout simplement. ce que l etat n arrive pas a vous prendre pas les impots et l inflation, finalement il le prend quand meme.
En fait je pense que c’est surtout le titre qui induit en erreur.
Ce netting, c’est pas ce qui se passe en Grece actuellement?
Ils me semble qu’ils font du netting de la dette Grecque en faisant comme-ci toutes les dettes etaient d’Etat a Etat.
ex: La Grece doit 100 milliards a l’Allemagne, mais l’Allemagne doit 50 milliards a la Grece, donc on fait sauter 50 milliards de dette Grecque.
Alors on cherche dans les papiers…et on choisit parmi les banques Allemandes privees celles qui vont se faire sucrer 50 milliards pour permettre ce joli netting.
Ouais je le sens, ils font du netting sur le dos des banques et des particuliers detenant de la dette, en faisant comme-ci cette dette etait d’Etat a Etat.
Pour le coup, oui, c’est bien possible. Mais là, ce n’est pas du netting, c’est, purement et simplement, du défaut.
C’est possible seulement en Grèce, mais d’autres pays, comme le Portugal, ont contracté leur dette sous la loi britannique, empêchant de sucrer les créditeurs car la loi anglaise protège bien plus les investisseurs/créanciers/propriétaires que la loi grecque.
C’est clair que les journalistes se fichent pas mal de décrire correctement les choses.
Moi je suis un affreux gauchiste (mais je me soigne) et pourtant je trouve intéressant les points de vues développés ici.certains,à pas tous.
Bonne continuation
Il y a même un mouvement des libéraux de gauche. Qui soutient Bayrou, comme le Parti Libéral Démocrate, d’ailleurs.
Alors bien sûr, il y a des divergences, des différences, mais si on reste un peu ouvert, le dialogue est possible.
Ni droite, ni gauche : libres. C’est un bon résumé.
« » »Ni droite, ni gauche : libres » » »
+1
Moi je suis persuadé que beaucoup de « gauchistes » sont des libéraux qui s’ignorent.
Si on mettait les choses à plat et que les « gauchistes » savaient ce qu’ils paient et à qui ils le paient, je ne suis même pas sûr qu’il y aurait nécessité d’avoir un débat pour convaincre.
« Ni droite, ni gauche : libres » »
« Ni Dieu, ni Maître » :))
Tellement vrai, c’est exactement le trajet que j’ai fait.
C’est ce que je pense aussi.
« Ni droite, ni gauche : libres. »
Libres et lucides surtout, et en toute connaissance de cause, enfin…
C’est pourquoi quand « d’aucuns » terminent leur démonstration en signant par « CPEF » (ce pays est foutu » — pour les cancres las du fond du Net et d’ailleurs) ce n’est pas par sadisme, racisme ou néo-nazisme de mes deux ; c’est trop souvent le coeur lourd, le cerveau en compote, les bras à jamais tombés et parfois, les larmes aux yeux.
Comprenne qui pourra.
Et quand je lis l’article de l’ImMonde sur la Trouillosphère : oui, CPEF !
Tant qu’on peut chier des bons de trésors en euros à tour de bras, pourquoi pas continuer à en émettre, et utiliser le cash pour acheter des MPs.
On convertit doucement les comptes épargnes et comptes cash de la nation en or, grâce à de la dette émise en euro.
Une fois qu’on peut utiliser en interne l’or, on imprime de l’euro à mort pour payer nos créanciers, et hop, on a eu de l’or contre du papier qui ne vaut rien. Merci messieurs.
Non ?
Après, faut faire ça discrètement, et une fois que l’arnaque est connue et reconnue, va falloir miser sur nos rafales pourris, notre porte avion inutilisable, et nos sous marins nucléaires pour calmer les ardeurs de nos créanciers étrangers à coup de dissuasion nucléaire.
Ce qui fait deux paramètres ‘achement hasardeux, mais ça peut se tenter…
Mais qui s’empifrera alors? plus ceux qui ont ‘prete ‘ a la Grece a 15 ou 20% (etant donne le risque) mais pleure pour que l’Allemagne les debarasse du risque en couvrant les dettes grecques (mais sans les remunerer au taux risk free bien sur, en leur payant quand meme le premium Grec on sait vivre…)
Et puis cette interdépendance entre les états c’est aussi le moyen de montrer que les marchés financiers sont indispensables puisque toutes ces opérations d’emprunts effectuées par les états se font sur les marchés.
Dès les années 70, en fait dès le 1er budget voté en perte, mon père ne cessait de nous répéter que la France vivait au-dessus de ses moyens et qu’un jour elle devrait payer la note. C’est ce qui est en train de se produire bien que les socio-démocrates aient tenté pendant plusieurs décennies de faire disparaître la réalité toute simple et toute logique. Les faits sont têtus.
Petit lien montrant que H16 ne nous raconte pas de sornettes sur les previsions qu’il faisait (si tant est que les datations soient les bonnes, mais c’est invérifiable)
http://h16free.com/2005/10/27/40-le-grand-trou-que-personne-ne-voit
Rappelons toutefois que, de mémoire, Bayrou, à l’époque évoquait le problème de façon assez juste.
En oubliant de dire qu’il a voté entre 93 et 97 tous les budgets en déficit et les dettes qui allaient avec, qu’il a claqué avec enthousiasme et sans rechigner les centaines de milliards de francs qu’on lui a filés et qu’il a bien léché le cul des syndicalistes de sa boutique. Et en omettant un détail très important : le ministre du budget était un certain Nicolas S.
Et dire qu’il y a des libéraux qui appellent à voter pour ce Jean-Foutre.
Les bémols que tu apportes sont insuffisants. Ce n’est pas que le netting serait compliqué, c’est qu’il n’aurait aucun sens.
Ce n’est pas la France qui emprunte d’un coté et qui prête de l’autre. C’est l’Etat français qui emprunte d’un coté et des investisseurs français qui prêtent de l’autre. Envisager un netting revient à opérer une confusion entre l’Etat et les citoyens (une hérésie que je ne m’attendais pas à trouver ici). Cela reviendrait à considérer que quand Mme Michu achète des bons du trésor, on n’a pas besoin de la rembourser parce que c’est la France qui prête à la France.
C’est le type de raisonnements qu’on trouvait chez Econoclastes et tous les sites dettophiles qui nous expliquaient doctement que la dette n’était pas un problème puisqu’elle était portée par des investisseurs domestiques.
Oupsla. Ce n’est ABSOLUMENT pas ni ce que je préconise, ni même ce que je souhaite. Mais malheureusement, il y a une probabilité non nulle que ce soit ce à quoi on aboutisse, quand bien même cela n’a aucun sens.
Je rappelle ici la tirade de Gabin dans « Le Cave Se Rebiffe » : « Dis toi bien qu’en matière de monnaie, les États ont tous les droits et les particuliers aucun ! «
Je me doute bien que ce n’est pas ce que tu souhaites. Mais en ces temps où il faut inlassablement rappeler que la société et l’Etat sont distinctes, faut faire gaffe.
Ceci dit, si le grand netting citoyen arrive un jour, seuls seront spoliés ceux qui auront acheté des bons du trésor. Ca sera une sorte d’impôt sur les statophiles, un peu comme le loto est un impôt sur ceux qui ne savent pas compter 🙂
Exactement, le problème n’est pas technique, c’est un problème de principe. L’argument pêche par holisme méthodologique et dans la mesure où il intègre autre chose que des dettes entre gouvernements faillit à appréhender la réalité. Par conséquent il appelle netting ce qui serait de la répudiation de dette. Après on peut arguer en faveur de la répudiation mais c’est une autre affaire qui n’a rien à voir en soi avec le mécanisme de compensation.
En fait, ce qui me fait un peu peur à la relecture, c’est que h16 a RAISON, sous certaines hypothèses.
Le netting est impossible actuellement, pour des raisons liées à la non-équivalence des dettes, mais surtout au fait que celles-ci sont détenues par des banques qui elles-mêmes placent l’épargne de particuliers (voire leurs comptes courants…)
Mais!
Imaginons que la crise empire (pas difficile)
Imaginons que quelques gouvernements décident de « sauver » les banques en les nationalisant.
Imaginons que quelques gouvernements décident de « gérer » l’épargne en la nationalisant aussi (« donne-moi ta montre je te donnerai l’heure » – c’est ce qu’ils ont fait en Hongrie avec les fonds de retraite par capitalisation.)
Imaginons enfin que les gouvernements décident d’appliquer la compensation telle que décrite ci-dessus – en s’adressant à d’autres gouvernements, uniques interlocuteurs, ce qui a l’avantage d’être drôlement plus simple pour les négociations!
Tout d’un coup les schémas « simplifiés à l’échelle des pays » ne sont plus du tout simplistes: la réalité s’est ramenée à cela.
Peut-être bien que les décideurs européen du moment garderont les graphiques ci-dessus dans la manche pour les ressortir au moment opportun lorsqu’il faudra « vraiment » sabrer la dette publique – et d’autres trucs en passant.
La dette, c’est ce qui se voit (la preuve, les clowns à roulettes s’en sont emparés).
La dégradation de la monnaie comme moyen d’échange et garante de notre pouvoir d’achat : ce qui ne se voit pas.
L’émission excessive de dettes souveraines l’a bien dégradée, notre monnaie.
Je dois avouer que je ne comprenais strictement rien au premier graphique. Je voyais des montants de dettes sur chaque pays qui ne correspondait pas aux ordres de grandeur dont j’avais le souvenir. Je n’ai compris qu’à la fin du texte.
Il s’agit, pour chaque pays considéré, du montant de la dette nationale qui est due aux autres pays européens uniquement. Ce montant n’inclut pas la part de la dette qui est due aux pays extra-européens.
Il serait utile de le préciser au moment même où le graphique est introduit. 😉
Comme il serait utile d’expliquer le signification des flèches.
L’origine de la flèche indique le pays qui doit de l’argent ; l’extrémité de la flèche indique à quel pays il doit cet argent ; le montant décorant la flèche indique le montant dû.
En vertu de ces définitions, le montant de dette porté par un pays doit être égal à la somme des montants des flèches qui partent de ce pays.
Je note que mon explication ‘vulgarisante’ d’un pays qui doit de l’argent à un autre n’est vraie qu’en première approche.
En réalité, si j’ai bien compris, les préteurs ne sont pas des pays, mais des particuliers, des banques ou des institutions financières.
J’ai une certaine connaissance des mécanismes de compensation et de netting, et je dois avouer que votre explication m’a semblé très confuse, car faisant appel à d’autre notions elle-même non nécessairement connues.
Si Paul doit 10 € à Marie et que Marie doit 3 € à Paul, alors Paul doit 7 € à Marie et Marie ne doit rien à Paul. La compensation, c’est à peine plus compliqué que ça, la compensation.
Dans La vérité si je mens 2 , Patrick Abitbol explique, de retour des USA: » Les Californiens… y niquent plus… ils ont des dates…. »
Nous on a des dettes et on est niqué…
PS. Oui, c’est lourd, je sais mais « la vérité si je mens » fallait que ça sorte…
hahahaha
Bonjour,
je suis un lecteur passif et content de lire ce blog en général. J’interviens pour une fois par ce que j’ai l’impression que l’erreur sémantique commise par les ESCP en question(ils sont brillants ces jeunes, une de mes filles en fait d’ailleurs partie, mais ils sortent quand même du moule Educ Nat, les pauvres)nous a enfumés aujourd’hui. Essayons de revenir au départ: les dettes sont la traduction en emprunts des déficits cumulés année après année par des États nommés France, Grèce, etc. Cet argent dilapidé dans les tonneaux des Danaïdes vient de la poche d’épargnants gros ou petits, personnes morales qui habitent des pays du même nom ou des pays voisins. Ils habiteraient la lune, ça serait pareil! Pour « netter », il faudrait que les États soient en mesure chacun de dégager un excédent réel de leurs comptes publics transférable aux créanciers réels (ça s’appelle rembourser en Français courant): or ils ne parviennent à générer que du déficit, et poussent des hurlements d’autosatisfaction indécents quand ça ne dépasse pas 3% du PIB! On joue ici sur la confusion linguistique entre État X et prêteurs domiciliés dans le pays X ou Y. à moins que je ne me trompe. . .
Moui et non. Comme l’explique Xavier M (dans un autre commentaire), le problème n’est pas fondamentalement technique, mais de principe. Et comme l’explique aussi judicieusement Stéphane (dans un autre commentaire), si les Etats veulent vraiment faire du « netting » ou un mélange « netting »/annulation de dettes, ils pourront, en employant la force brute et en écrabouillant les principes en question.
Mais je suis d’accord sur le fond avec Xavier : après relecture tant du billet que de l’étude, on ne peut pas, présentement, faire une bête compensation bancaire entre les dettes.
J’ai un petit problème, pour moi, on ne peut pas netter des choux et de carottes.
Avec ce que je connais du réglement / livraison sur les marchés financiers, il me semble que l’on tord ici beaucoup la définition de netting.
Le netting a lieu sur les instructions de règlement de devises ou de les instructions de livraisons de titre.
Des instructions ne peuvent être nettées que si elles concernent la même partie, la même contrepartie et les mêmes devises ou titres.
Il me semble qu’on peut netter des achats de titre de dette, des règlements de coupons, mais pas tout d’un coup, puisque cela s’échelonne dans le temps.
Expliquez moi, je saisis pas où vous voulez en venir.
Sinon, je ne pense pas que les jeunes de l’ESCP ai voulu volontairement enfumer. Si erreur il y a, elle n’est pas voulue.
Un raisonnement comportement une étape fausse permet de démontrer n’importe quoi. Il est plus facile de se tromper que ne pas se tromper, a fortiori sur des systèmes aussi complexes que ceux là.
Bonjour,
Ne peut on pas, a minima, utiliser ce procédé pour que les créanciers d’un pays (par exemple, la France) ne soient plus les particuliers des pays voisins mais les particuliers français? Et si oui, ça change quelque chose? (cf dette du japon).
Merci par avance à celui qui prendra quelques minutes pour que je m’endorme ce soir en me sentant beaucoup plus malin…
@ chabenj : Bonne question. La réponse serait plus complexe. je me lance : N’est pas Japonais qui veut, loin de là ; par contre, d’après ce que je vois tous les jours, on peut être Français du jour au lendemain : il suffit de pisser sur une cathédrale par temps de grand froid. Ça réchauffe les pierres, parait-il…
Ces derniers jours, dans un débat télévisé, je ne sais plus quel politicien a justifié un déficit de 3% en expliquant que ce taux correspond aux investissement qui bénéficieront « à nos enfants », qu’il est donc légitime de leur laisser cette dette qu’ils auront les moyens de payer grâce à ces investissements.
Ce politicien a oublié que sa génération a bénéficié des investissements faits par l’Etat avant 1973 sans nous laisser de dette. Il oublie aussi le financement futur des retraites par répartition et autres dettes « hors bilan »…
Oui. Et puis ce serait vrai si les 3% de déficits correspondaient vraiment à 3% d’investissement. Là, on crée de la dette pour payer la dette (cavalerie). Cela fait au moins 20 ans qu’on n’investit plus avec ce déficit récurrent. Caca de taureau donc.
Désormais, pour des missions régaliennes de l’Etat, on s’endette hors-bilan via les « partenariats public-privé »: prisons, ministère de la défense… Des tribunaux, peut-être?
En plus des polices municipales, la sécurité civile, mission régalienne s’il en est, n’est trop souvent assurée que par des services privés: ce coût n’est pas décompté dans les prélèvements obligatoires!
Les 3,5 milliards d’euros du futur « Pentagone frenchie » sont ils comptés dans la dette publique?
Je te rassure H, tu es toujours super Trendy! Peut-être même méga-trendy! 😉
Un aspect que tu n’abordes pas, mais qui est essentiel, c’est le système « d’assurances » qui a été mis en place par les financiers. Je parle des CDS. Les montants concernés sont non seulement gigantesques au point que les montants en « dur » en sont ridicules, mais d’un part les facteurs déclencheurs (systémiques à mon avis car binaires) sont comme on l’a vu sujet à discussion (donc incertitude et nouveau transfert d’un aléa moral, sauf que ce coup-ci il ne peut y avoir de payeur en dernier ressort parce qu’on explose allègrement les 100 prochaines années de PIB mondial) mais il sont de facto sur-souscrits, avec l’équivallent d’un effet de levier gigantesque. Le mode même de commercialisation des produits auxquels ils participent, non en nominal mais à titre de garantie, et leur mode de comptabilisation (ou absence there of) en font un risque beaucoup plus grand en cas de faillite d’un état que la faillite elle-même.
Tout ce billet pour nous dire qu’il suffirait de reprendre l’argent que les particuliers ont épargné au lieu de payer des impôts…. ?
Heu. « Il suffirait » même pas. C’est ce qui nous pend au nez, ça, en revanche, c’est sûr (et c’est indépendant du clown qui sera au Palais à ce moment là).
Ce type de graphique provoque l’incompréhension, et laisse penser… que finalement toutes ces dettes c’est « virtuel », et que donc finalement ce n’est pas très important, cela ne concerne pas l' »homme de la rue » (nous).
Il a une certaine idéologie, un certain fumet derrière cela, un truc pas clair.
Il convient de vigoureusement combattre ces vues.
Bien au contraire… ces centaines de milliards de « brouzoufs » sont bien réels.
Le principe est simple : comptabilité double. Le passif des uns, est l’actif des autres !
Déjà vu sous cet angle, ça commence à gamberger.
En clair : j’ai piqué le pognon des veaux français, les fameuses assurances vie, et par « sécurité » (ah ah ah) j’ai acheté du papier pourri espagnol ou italien.
J’ai pris du souverain, et puis pour la bonne bouche (le rendement), j’ai rajouté du corporate italien bien mafieux, bien syndiqué, bien merdique.
Faisons donc du « netting ».
Que se passe t il ? Envolé le pognon des veaux français.
Retraites amoindries. Moins de consommation… Donc moins de boulot pour les entreprise… plus de chômeurs etc.
En sens inverse, idem, l’entreprise italienne aura moins de clients… activité réduite, licenciements, donc elle ne peut pas rembourser ses dettes… rebelotte de l’autre côté.
La toile d’araignée du graphique se transforme en filet : celui des pêcheurs , le filet filant, pour massacrer les poissons.
Plus largement, c’est le débat autour de la dette publique.
-« c’est pas juste »
-« nous ne sommes pas responsables »
-« les banquiers sont les coupables »
-« il suffit de faire défaut »
Même chose : ils oublient que cet argent n’a pas été virtuel. Il a été DEPENSE par l’état… injecté dans l’économie, par des dizaines de voies d’eau.
Même moi, boîte 100 privée, j’en ai profité. Mes clients, in fine, étaient des fonctionnaires, qui ont reçu du faux pouvoir d’achat basé sur de la dette.
Ce faux pouvoir d’achat basé sur de la dette a donc eu des effets bien réel. En plus, cette dette a été achetée par des gens pour qui se sont des actifs (ils en attendent un rendement par exemple)… ou qu’ils pourraient vouloir utiliser en colatéral pour… s’endetter.
Là aussi, des effets bien réels.
Un rond point à la con : argent public, dette… mais au final quelques dizaines d’ouvriers « payés » réellement. Qui se dépêcheront de régler leur loyer (donc revenu au rentier) ou d’acheter des Ipad.
Supprimez donc ces « dettes »…c’est tout le système qui implose littéralement.
Je parle de l’économie réelle.
Cette dernière a été phagocytée (en france) par la dette, surtout publique, polluée, violée par elle.
Les gens ne s’en rendent pas compte, mais la france est un état gentiment soviétique.
Supprimer la pompe à dettes publiques reviendrait à débrancher la prise de courant.
Violemment.
Voilà pourquoi les clowns de gauche ou de droite n’ont qu’une seule obsession : continuer.
Ce n’est pas tant pour « proroger les privilèges »… car… en fait nous avons tous bénéficié du système.
Tous.
Tous complices. Seule différence : actif ou passif.
Eh oui.
Mais je ne dis pas autre chose dans la plupart de mes posts, hein (et dans les commentaires de ce billet aussi).
Un tres bon article de Gilles Bouchard http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/politique-eco-conjoncture/monnaies-et-taux/221143155/creer-monnaie-c-est-tellement-