Il est aujourd’hui temps d’introduire Demaerd Fitness Science : il s’agit d’une filiale de Demaerd Corp., la multinationale mondialement connue pour ses produits Demaerd, ses services Demaerd et surtout, ses idées Demaerd qui ont su ravir les petits et les grands du monde entier. Cette société est spécialisée dans la Science du Bien-Être et des corps humains sautillants, dans la bonne santé, les fesses roses et l’humeur joyeuse. Pour cela, elle produira tous les jours des produits et des services qui permettront à tous et chacun de se sentir bien dans sa peau.
A l’occasion du lancement de sa campagne marketing « Halte Aux Gros, Halte Aux Maigres, Halte Aux Mous » dont vous avez certainement entendu parler, la société se propose d’effectuer les démarches de lobbying nécessaire pour instaurer un véritable climat de fitness et de muscles bondissants sur l’ensemble de la population terrestre, en véroniquédavinant les citoyens festifs de 7 à 77 ans.
Immédiatement, la société se focalisera sur plusieurs points :
– Être Gros, C’est Mal. Une campagne d’information sera lancée à ce sujet pour que plus personne n’aille s’empifrer dans les chaînes type Burger King, Mc Donald’s ou autre.
– Être Maigre, C’est Mal. Une campagne d’information sera lancée à ce sujet pour que plus personne n’opte idiotement pour l’anorexie et le mannequinat squelettique.
– Être Mou, C’est Mal. Une campagne d’information sera lancée pour que les fauteuils mous et les canapés confortables soient bannis.
La société avait un temps envisagé une véritable campagne de sensibilisation aux Mains Propres et aux Anus Correctement Torchés, mais le service marketing a jugé qu’il fallait procéder par petites touches successives et commencer avec les éléments de base, comme la nourriture trop grasse, la nourriture pas assez grasse et les fauteuils trop mous.
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Tout est parti de la question initiale : « Mais que faire contre Burger King, et comment éviter ces incitations à la consommation d’aliments saturés de graisses ? », question tout à fait normale dans un cerveau imbibé de peps, de vitamines et de frétilline, cette molécule miracle qu’on extrait des citoyens festifs qu’on peut trouver – par exemple non exhaustif – agglutinés par meutes dans les raves-parties gadoueuses (en Bretagne par exemple).
La suite de l’étude marketing a permis de montrer que ce qui électrise vraiment le citoyen lambda, le consommateur ecoloconscient et socialement solidaire, c’est lorsque la campagne culpabilise sur des comportements anodins ou les incitations honteuses qui font, manifestement, du bien, comme s’allonger dans un gros fauteuil confortable : en effet, ne dit-on pas qu’une station assise prolongée peut entraîner des problèmes de santé ? Ne voit-on pas apparaître un comportement de moule de canapé lorsqu’on se laisse aller, lorsqu’on fait dangereusement baisser son taux de frétilline ?
Par extension, toute publicité dépeignant un sale individualiste en train de se repaître le fondement d’un bon coussin moelleux et dangereux pour sa santé est une honte ; en outre, il est évident que ce coussin, cet individualiste crasseux va forcément en user et en abuser jour après jour puisqu’il est (expression socialiste) con comme un pauvre jusqu’à se détruire les lombaires et finir lamentablement gros et moche. En effet, n’oublions pas que les gens, et les pauvres en particuliers, ont besoin de l’état et de l’intervention d’une nounou étatique enveloppée de Lycra pour s’en sortir : laissés à eux-mêmes, ils font n’importe quoi, et s’empiffrent de Burger King en regardant les séries françaises sur la 2.
La clé, sur le plan marketing, est donc dans la mesure. Si, il y a vingt ans, un étatiste enfariné nous avait seriné qu’il fallait absolument contraindre les gens à manger des choses plutôt que d’autres, dans la volonté de garder tout le monde sain et bien portant – youpi youpi- , nous en aurions ri de bon coeur. Maintenant tout le monde semble trouver ça normal.
La mesure est donc la clé : les collectivistes pensent que si on exploite raisonnablement l’Etat, celui-ci imposera raisonnablement des contraintes raisonnables, comme, par exemple, en interdisant de montrer quelqu’un qui fume une cigarette, qui boit du vin ou qui mange gras.
Cependant, là où l’on voit très bien où se situe la cigarette sur l’image, ou le verre de vin, il est nettement plus compliqué de comprendre que ce que le gars mastique joyeusement contient du gras : le cassoulet aussi c’est gras ! Et que dire des sardines à l’huile ? En toute bonne logique, il faudrait donc proposer une vaste campagne nationale de prévention pour informer les gens qu’ils ne doivent en aucun cas boire toute l’huile de la boîte de sardines : ça fait grossir, surtout si on mange 228 boîtes par jour.
La campagne marketing sera donc notoirement plus subtile en passant par des canaux visant à stigmatiser les gens hors normes : les gros, les maigres, les mous dans un premier temps. Et si vous chuchotez « discrimination », vous serez jeté en enfer.
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En fait, il apparaît que les bien-pensants, et spécialement ceux qui s’insurgent contre les publicités Burger King ou les campagnes tape-à-l’oeil des chaînes de fast-food, n’ont absolument rien à faire des gros et de leur santé.
Ce qu’ils veulent c’est la peau de ce sandwich, symbole de la culture américaine honnie, qui, en plus, (oh !) gagne des sous. En comparaison, la bouffe française est un feu d’artifice de gras et de sucres divers tous plus délicieux et myocardophages les uns que les autres ; si l’on devait vraiment s’attaquer à l’obésite, il n’est pas logique qu’on doive commencer par un pauvre sandwich.
Ce qui est magique dans tout ça, c’est qu’on considère que l’Etat qui régule est toujours raisonnable, et on l’emploie sur ces prémisses farfelues pour réguler des comportements de gens qui sont définis comme incapables d’être raisonnables.
Si la démocratie est l’illustration de la volonté du plus grand nombre, alors ceci prouve que le plus grand nombre est irresponsable, incapable du raisonnable…
Triste image.
Paradoxe de la social-democratie (ou etat-nounou) : les citoyens sont supposes irresponsables et incapables de se prendre en charge eux-memes, mais suffisamment responsables pour elire des gens qui prendront tout le monde en charge.
"une véritable campagne de sensibilisation aux Mains Propres"
Ah, alors la pub avec le gamin qui se gratte la joue, c’est pas Demaerd qui l’a faite ? L’état fraoôonçais a dû faire appel à quelqu’un d’autre.
Beaucoup de sous-traitants travaillant pour l’Etat Fraônçais sont en fait des filiales (en tout ou partie) de Demaerd 😉
Accessoirement, un petit coup d’oeil sur ce lien : daily mail ; ça fait froid dans le dos !